Bouazza : «Ils m’ont insulté, craché au sol et se sont jetés sur moi»

Dimanche dernier, il devait être 15h lorsque Hameur Bouazza, le joueur international algérien du Racing Santander, a été victime d’une agression, voire un véritable guet-apens, devant chez lui de la part de supporters avinés qui voulaient se venger de la défaite de leur club (0-1), une heure avant face à la formation de CE Sabadell dans le cadre de la 18e journée de championnat d’Espagne de deuxième division. Joint par nos soins 24 heures après les faits, Hameur Bouazza a bien voulu donner en exclusivité à Compétition tous les détails de cette triste affaire aux odeurs et aux relents de racisme à la petite semaine et d’alcoolisme.

- Hameur Bouazza, depuis hier, les médias espagnols en général et la presse régionale de Cantabrie ne parle que de l’agression dont vous avez fait l’objet. Nous voudrions dans un premier temps savoir si vous allez bien et vous assurer du soutien de l’ensemble de la rédaction de Compétition.

- Merci, c’est très gentil. El hamdoullah, physiquement, je vais bien, mais il s’en est fallu de peu pour que cela tourne mal.

- Pouvez-vous nous raconter exactement ce qui s’est passé ?

- Et bien, en fait, c’est très simple. Ce dimanche, nous avons joué en championnat d’Espagne face à l’équipe du CE Sabadell. J’ai joué tout le match, nous avons perdu le match 1-0. Il ne s’est rien passé d’extraordinaire, après le match, j’ai rempli mes obligations vis-à-vis de la presse, ensuite, je suis allé prendre ma douche. J’ai un peu discuté avec mes collègues joueurs et pris quelques photos avec des supporters qui se trouvaient devant le parking et, ensuite, j’ai pris ma voiture pour rentrer à la maison.

- L’agression n’a donc pas eu lieu au stade ?

- Non, pas du tout. Sur les quelques kilomètres qui séparent le stade de mon domicile, j’ai remarqué que j’étais suivi par une voiture. Au début, je croyais à la coïncidence, mais très vite, j’ai compris que j’étais suivi, puisque lorsque je passais le feu vert, ils grillaient le feu rouge pour ne pas me perdre de vue. Arrivé devant ma résidence, j’ai actionné la télécommande pour ouvrir la porte automatique du garage commun, et le temps que la porte se referme, ils sont entrés aussi.

- Combien étaient les occupants de cette voiture ?

- Ils étaient trois. Trois hommes de forte corpulence, dont un tenait une bouteille vide à la main. Dès que je suis descendu de ma voiture, ils se sont mis face à moi et se sont mis à me hurler dessus en espagnol, m’insultant et crachant au sol. Je leur ai fait comprendre que je ne comprenais rien à l’espagnol. Le premier d’entre eux s’est jeté sur moi. Dans un réflexe de survie, je lui ai asséné un «front kick», comme on dit en boxe thaï, en plein dans le sternum, ce qui l’a fait tomber au sol. Puis, immédiatement, le deuxième s’est jeté sur moi et a commencé à m’étrangler. Ma chance a été qu’il portait les cheveux très longs, j’ai attrapé ses cheveux et j’ai tiré de toutes mes forces, ce qui l’a obligé à lâcher prise. Puis, c’est au tour du plus ivre des trois, celui qui tenait la bouteille en verre vide qu’il venait sans doute de vider, qui a tenté de me porter un coup à la tête avec sa bouteille.

- Un véritable guet-apens, et dans le garage de votre résidence en plus. Et comment vous en êtes-vous sorti avec le troisième larron ?

- Et bien, grâce à un geste d’esquive instinctif que je ne m’explique toujours pas, j’ai évité le coup de bouteille. Puis, la bouteille lui a glissé des mains, je m’en suis saisi et je l’ai jetée le plus loin possible, puis elle s’est brisée.

- Et à ce moment là, que s’est-il passé ?

- La chance m’a souri. La porte automatique du garage qui était bloquée a commencé à se fermer, ils ont pris peur à l’idée de rester bloqué dans la résidence et se faire attraper par la police. Ils se sont enfuis.

- C’est une véritable embuscade que vous avez subie. D’autres joueurs ont-ils subi la même chose ?

- Non, je suis le seul à avoir subi cela.

- Comment l’expliquez-vous ?

- C’est ça le problème. Hier, j’ai fait un bon match. Certes, nous avons perdu 1-0, mais il ne s’est passé aucun évènement particulier me concernant. Je pense que c’est du racisme ordinaire. Ils ont voulu se payer un Arabe, heureusement que j’ai pu me défendre. Imaginez ce qu’il se serait passé s’ils avaient pris le dessus sur moi. J’aurais pu y rester. Une véritable ratonnade.

- Que comptez-vous faire ?

- Dans un premier temps, je compte déposer plainte. Je compte ensuite contacter mon capitaine, le président du club et mon agent pour faire en sorte que cela ne se reproduise plus.

- N’avez-vous pas l’impression d’être le bouc émissaire des supporters du Racing Santander ?

- Non, je pense que c’est seulement une chronique de racisme ordinaire mélangée à de l’alcool de la part de gens qui n’ont rien dans le cerveau, certes, mais qui doivent payer pour ce qu’ils m’ont fait.

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