Taoussi : «Vahid ne doit pas confondre discipline et autorité militaire»

Les sélections qui prendront part à la CAN-2013 ont toutes commencé leur préparation, certaines sont déjà à un stade avancé, à l’image de la Tunisie, qui travaille déjà depuis déjà 10 jours aux Emirats, alors que d’autres comme les Verts ont préféré accorder aux joueurs quelques jours de repos avant d’entamer le travail.

Le voisin marocain a choisi, lui aussi, de commencer son boulot à la même date. D’ailleurs, les Lions de l’Atlas sont arrivés à Johannesburg moins d’une heure derrière les Verts dans un vol régulier d’Air France en provenance de Paris. Cela a coïncidé avec notre présence dans le même appareil, un Airbus A380 avec ses deux étages, où nous avons profité de l’occasion pour avoir une discussion avec le sélectionneur Taoussi. Le driver de l’équipe marocaine a bien voulu répondre à nos questions.

Tout comme Vahid, il a choisi de rejoindre l’Afrique du Sud très tôt et il nous explique ce choix.

 

- Vous entamez aujourd’hui la préparation de la CAN, pourquoi l’Afrique du Sud et non pas un autre pays ?

- Pour différents facteurs qui sont très importants. Géographiquement parlant, c’est un pays très loin, et nous ne voulons pas perturber et remettre à zéro une préparation par un long voyage, ça va agir un petit peu sur notre récupération. Le groupe dans lequel on va jouer nous pousse à nous déplacer. Le premier match à 1750m d’altitude, le second sera à Durban à 6 mètres d’altitude, donc vous voyez le contraste. On est donc obligés de se préparer là où on va jouer, d’autant que le climat sera aussi important, vu que ça se jouera en plein été. C’est pour ça qu’il faut s’acclimater le plus tôt possible avec cette chaleur et avec l’altitude pour le premier match. C’est un choix rationnel et scientifique.

- Vous avez hérité de l’Afrique du Sud, de l’Angola et du Cap Vert, est-ce qu’on peut déjà dire que votre mission est facile ?

- On va jouer le pays organisateur, donc il y aura beaucoup de facteurs qui vont aider l’adversaire, ça c’est pour l’Afsud. Le Cap Vert sur papier est un outsider, mais il a quand même éliminé le Cameroun qui n’est pas n’importe qui, et l’Angola est l’une des équipes en forme du continent, puisqu’elle a enchaîné un Mondial et une CAN l’an dernier, et possédant des joueurs de qualité qui jouent dans des championnats professionnels. C’est pour vous dire que notre mission n’est pas aussi facile que vous le croyez.

- Vous avez établi votre liste et tout le monde était étonné de constater l’absence de joueurs comme Chamakh ou encore Kharja, pouvez-vous nous expliquer ce qui a motivé vos choix ?

- Il y a aucun souci, c’était un choix, le mien, en fonction de mes convictions, en fonction des critères et tout en concertation avec mon staff technique. Je crois que chaque coach préfère apporter sa touche et je compte continuer ce que j’ai commencé il y a trois mois. On veut relancer cette EN qui, depuis 2006, n’a pas donné satisfaction. On ne passait plus le premier tour et je crois que maintenant est venu le moment de la construction, celui du changement, et cela ne touche pas seulement le staff technique, mais aussi les joueurs que je respecte beaucoup.

- Justement, ne trouvez-vous pas ça un peu délicat, car même chez nous, il y a eu la mise à l’écart d’un joueur comme Ziani, et les gens ont quelques difficultés à assimiler le choix…

- Ce n’est pas seulement au Maroc ou en Algérie, mais c’est partout, il y a des moments où des joueurs arrivent à leurs limites, mais ce n’est pas définitif, ce n’est qu’un choix du moment. Si ces joueurs évoluent et progressent dans le futur, bien sûr, la porte restera toujours ouverte.

- Si on revient un peu en arrière. Racontez-nous comment avez-vous su remobiliser votre groupe après la défaite 2-0 en Mozambique, on se souvient que le peuple marocain au match aller n’arrivait pas à comprendre, car il n’y croyait pas, vu que vous étiez appelés à gagner 3-0 pour passer ?

- Il y avait un désespoir, mais ils savaient en même temps qu’ils portaient les couleurs d’un pays, et lorsqu’on sait la cause pour laquelle on joue, je crois qu’on est supermotivés. C’est pour ça qu’on trouve ce déclic psychologique, mais il ne faut pas seulement ça, mais aussi une base. Par exemple, un changement au niveau du positionnement des joueurs, un changement tactique, libérer quelques joueurs qui  étaient crispés. On a eu confiance en nous-mêmes, mais aussi en nos jeunes, on leur a fait confiance, on a fait en sorte de chasser la spirale négative, tout en libérant le joueur de ses obstacles.

- Vous avez succédé à Gerets qui n’a pas réussi grand-chose avec les Lions de l’Atlas. Selon vous, quelles sont les raisons de cet échec et pensez-vous être en mesure de faire de meilleurs résultats ?

- Sur le plan déontologique, un entraîneur ne parle pas d’un autre entraîneur. Gerets, je le respecte, il n’a pas réussi sa mission, mais c’est à lui de faire une auto-évaluation. Moi, j’ai présenté mon plan de travail, et ce n’est qu’à la fin de ce travail qu’on pourra, à mon tour, me juger.

- Un mot sur la sélection algérienne et le groupe D dont les Verts ont hérité ?

- C’est le groupe de la mort. On aurait bien voulu aussi que les sélections maghrébines ne soient pas dans le même groupe, comme ça on avancera un max dans cette compétition, mais on y croit quand même en ces deux équipes, surtout pour l’Algérie, pour laquelle j’ai un amour particulier, car j’ai des liens de parenté à Koléa, à savoir une tante.

-Débuter une compétition avec un derby maghrébin, c’est le pire des scénarios, n’est-ce pas ?

-Exactement, mais je crois qu’ils doivent négocier les trois matches. C\'est-à-dire prendre les matches restants en considération.

- Vahid, vous le connaissez sans doute bien, comment vous voyez le travail qu’il fait à partir du Maroc ?

-On le connaît, il a un très grand passé, c’est un monsieur caractériel, un type discipliné qui va instaurer cette discipline au niveau de l’équipe, mais il ne faut pas qu’il dépasse les limites au point d’atteindre l’autorité militaire, là ça risque de lui générer quelques soucis.

S. M. A.

 

 

Les Marocains plus élégants

Malgré l’importance de la compétition africaine pour cette sélection marocaine version Taoussi, la Fédération royale n’a pas jugé utile d’envoyer l’équipe dans un avion spécial. Ils ont tout simplement embarqué avec des centaines de passagers dans un vol régulier d’Air France. Ils étaient même reconnaissables dès le premier regard, mis à part Belhadna et El-Arabi, les autres sont pratiquement tous des nouveaux, mais les quelque 800 passagers de l’Airbus A380 pouvaient bien reconnaître cette équipe sportive grâce à la tenue unie que les joueurs portaient, des costumes classiques haute classe, que les voyageurs ont appréciés. D’ailleurs, à leur arrivée à Johannesburg, les Sud-Africains se sont rués pour prendre des photos avec ces joueurs très élégants, alors que le passage des joueurs de l’EN quelques minutes plus tôt avec leurs survêtements est presque passé inaperçu.

 

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