Ziani : «Il faut laisser Vahid travailler en paix»

Mis à l’écart par le coach national à la fleur de l’âge, Karim Ziani, contrairement à ce que pensent la majorité des Algériens, ne tient aucune rancune à Vahid Halilhodzic, bien au contraire. Dans une interview accordée à la chaîne satarie Al-Jazzera Sport, le numéro 10 d’Al-Djeïch a parlé de son parcours avec son club, de la Champions League asiatique qu’il va disputer pour la première fois cette année, et a bien accepté, exclusivement pour cette chaîne, de répondre à quelques questions relatives à la sélection nationale d’Algérie.

L’encre et la salive qu’a fait couler la mise à l’écart de l’un des meilleurs joueurs algériens toujours en activité, artisan principal de l’exploit de 2010, on parle bien évidemment de Karim Ziani, n’a pas réussi à faire réagir ce dernier. L’ancien stratège de l’OM a toujours évité de polémiquer. Ses rares déclarations sur la sélection étaient toutes dignes du «nationaliste» qu’il est. Beaucoup à sa place auraient «incendié» Vahid (certains l’ont fait), surtout après l’échec de ce dernier lors de la CAN, pas Ziani. Interrogé à ce propos et poussé même à vider son sac après que Djebbour et Bougherra aient été rappelés, Ziani est resté fidele à ses principes. «Pourquoi devrais-je tenir rancune à Vahid ? Je suis un joueur comme les autres. Le coach peut faire appel à moi, il peut aussi ne pas le faire. Après tout, il est payé pour sélectionner les joueurs qu’il voit, lui, les plus aptes à représenter les couleurs de l’Algérie. Faire des choix, c’est son job. Ceci dit, je respecte ses choix et tout le monde se doit de faire de même», dira Karim Ziani contre toute attente.  

 

«Peut-être que mon profil ne lui convient pas…»

Ce n’était pas facile pour un joueur de sa trempe de se voir rejeter de la sélection auquel il a donné les meilleures années de sa carrière sans raison apparente. Les arguments donnés par Vahid pour expliquer sa mise à l’écart n’ont convaincu personne, à commencer par le joueur lui-même. S’attendre à ce qu’il demande des explications, se lâche ou même critique l’actuel sélectionneur serait ne pas connaître Karim Ziani. La preuve : «Bien sûr que l’équipe nationale me manque. C’est depuis 2004 que j’y suis, j’ai de magnifiques souvenirs en sélection… Mais que voulez-vous que je fasse ? C’est la loi du football. J’aurais aimé être présent, mais…», avant d’enchaîner : «Je ne connais pas les vraies raisons du coach, mais ce dont je suis sûr, c’est qu’il a ses raisons. Peut-être que mon profil de joueur ne lui convient pas… Vous savez, on peut être bon dans son club et ne pas l’être en sélection. Peut-être que son organisation de jeu ne convient pas à mon style… Je ne sais pas… En tous les cas, quelles que soient ses raisons, je les accepte et je respecte son choix comme je l’ai fait avec tous les entraîneurs avec lesquels j’ai travaillés. De l’intérieur ou de l’extérieur, je suis toujours là pour mon pays. Je ne lui tournerai jamais le dos.»

 

«Il ne faut pas trop exiger de cette équipe, on n’est pas le Brésil ou l’Espagne !»

Appelé à donner son avis sur l’actuelle équipe et surtout son parcours lors de la dernière CAN, le meneur de jeu d’El- Djeïch nous dira avec beaucoup de sagesse : «Ecoutez, je pense qu’on demande trop à cette équipe. Il ne faut pas trop exiger de la sélection, car on n’est pas le Brésil ou l’Espagne. On ne peut gagner à tous les coups. Je pense qu’ont devrait laisser grandir cette équipe, la soutenir dans la victoire comme dans la défaite. J’appelle aussi tout le monde à laisser Vahid Halilhodzic travailler dans la sérénité. On a certes raté la CAN, mais il nous reste les qualifications pour le Mondial, et ça, croyez-moi, c’est l’affaire de tous et pas seulement celle du coach, le président ou les joueurs…»

 

«On n’était pas meilleurs que l’actuelle équipe, mais on avait un meilleur état d’esprit»

 

Karim Ziani est convaincu qu’il y a du potentiel dans l’actuelle équipe nationale. Dans une petite comparaison entre la génération qui s’est qualifiée pour le Mondial et a joué la demi-finaliste de la Coupe d’Afrique 2010 qui s’est tenue en Angola et la génération de Sofiane Feghouli, Essaid Belkalem et autres Islam Slimani, l’ancien homme à tout faire avec les Verts expliquera : «Je ne pense pas que notre génération, celle qui s’est qualifiée au Mondial, est footballistiquement meilleure que l’actuelle équipe, parce qu’il faut le dire, il y a de bons joueurs en sélection maintenant. La différence est, à mon avis, dans l’état d’esprit. Je pense qu’on était plus soudés que l’actuel groupe. Il y avait une meilleure ambiance, on était une famille…», avant d’ajouter : «Si Vahid Halilhodzic réussit à semer cet état d’esprit chez les joueurs, je suis sûr qu’il pourra réussir quelque chose d’extraordinaire en sélection, c’est ça qu’il faudra qu’il trouve…»

 

«Au Golfe, on attend beaucoup de nous qui venons d’Europe…»

 

Sur son expérience au Qatar, il dira que les clubs et responsables du football au Qatar et partout dans le Golfe attendent plus des joueurs qu’ils font venir d’Europe. «Vous ne les avez pas peut-être, mais nous les joueurs pros qui venons d’Europe sommes appelés à fournir plus d’efforts sur et en dehors du terrain. Il y a une grande attente de la part de nos dirigeants et cela nous responsabilise et nous met des fois la pression. Personnellement, je suis appelé à fournir plus d’efforts aux entraînements pour montrer l’exemple d’abord et ensuite pouvoir faire ce qu’on attend de moi sur le terrain. Lors des matchs, c’est la même chose, je cours et je défends des fois plus que je ne le faisais dans les clubs que j’ai connus en Europe. Ces efforts se font ressentir après et c’est peut-être l’une des raisons qui ont poussé Vahid Halilhodzic à ne pas faire appel à moi et aux autres joueurs évoluant ici au Qatar…», dira Karim Ziani.

A. B.

 

- «J’accepte et je respecte son choix»

- «Je ne tournerai jamais le dos à mon pays»

- «Notre équipe était plus solidaire, plus compacte»

 

 

 

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