Amoros défie l’Algérie : «Il faut l’enfoncer après sa CAN ratée»

Nommé sélectionneur du Bénin en janvier 2012, Manuel Amoros (51 ans) vit sa première expérience à la tête d\'une équipe. Ancien grand défenseur de l\'équipe de France (82 sélections, champion d\'Europe 1984, 3e de la Coupe du monde 1982, 4e en 1986) et de l\'Olympique de Marseille (champion d\'Europe 1993), le sélectionneur du Bénin a donné un coup de fouet aux Ecureuils. Après deux journées dans le groupe H, ils occupent la première place. Pour préparer son équipe au grand choc contre l\'Algérie, Manuel Amoros a réuni ses joueurs à Plan-de-Cuques, un village dans les environs de Marseille. De mardi à dimanche, le Bénin, privé de sa star Stéphane Sessegnon (blessé), va mettre en place son plan. D\'abord, réticent à l\'idée d\'ouvrir ses portes à un média algérien, Amoros a finalement accepté de nous accorder une interview après la première séance d\'entraînement de ses joueurs. «Ne donnez pas d\'infos à Vahid», nous a-t-il lancé en riant.

- Le Bénin est premier du groupe après deux matchs. Est-ce une surprise ?

- En fait, ni le staff ni les joueurs n\'ont été surpris par la victoire contre le Mali. Les gens autour, oui. Car le Bénin n\'avait jamais battu le Mali depuis son indépendance il y a 52 ans ! Cette victoire est devenue quelque chose d\'extraordinaire. On a réalisé un match avec beaucoup d\'agressivité et de conviction. On a arraché la victoire grâce à un gros collectif. Ensuite, on a concédé un nul contre le Rwanda sur un penalty litigieux.

- Ce début de parcours vous donne-t-il des idées ?

- Vous savez, quand on débute une compétition, c\'est pour gagner. Ces deux premiers résultats nous ont donné une dynamique. Nous sommes entrés dans un état psychologique où on peut se dire qu\'on a notre chance à jouer.

- Quelle sera votre approche contre l\'Algérie ?

- Si on les laisse faire, les Algériens vont nous marcher dessus. Car ils ont besoin de redorer leur blason après la Coupe d\'Afrique. A nous de les enfoncer encore plus. Il ne faut pas les regarder jouer. On doit faire notre match. On va défendre nos chances et essayer de les perturber.

- La sélection algérienne est-elle touchée moralement après la CAN ?

- C\'est difficile à dire. La CAN c\'est différent d\'une phase de qualification. Vahid Halilhodzic a changé beaucoup de joueurs par rapport à la CAN. Il peut se le permettre parce qu\'il peut s\'appuyer sur un effectif vaste à travers l\'Europe et même dans le championnat algérien. Au Bénin, le championnat n\'est pas très bon. C\'est compliqué. Nos joueurs n\'évoluent pas non plus dans les grands clubs européens comme c\'est le cas du côté algérien.

- Est-ce compliqué de trouver des joueurs béninois ?

- Il faut les chercher partout. C\'est un gros travail sur internet. On ne connaît pas tous les noms. Par exemple, Jordan Adeoti (Laval) qui évoluait l\'an passé à Colomiers. Quelqu\'un me l\'a signalé. J\'ai pris des renseignements auprès de son entraîneur William Prunier (ancien défenseur d\'Auxerre et Marseille dans les années 1980-90) que je connais.

- Quel regard portez-vous sur cette équipe d\'Algérie ?

- La CAN était un accident. L\'Algérie va rebondir, car elle a de très bons joueurs. On va tout faire pour qu\'elle ne se relève qu\'après le match contre nous.

- Quels atouts allez-vous opposer à l\'Algérie ?

- On a un groupe qui aime vivre ensemble. Depuis que j\'ai repris l\'équipe, on s\'en sort bien même s\'il y a encore beaucoup de travail. On a une équipe jeune. Il faut lui laisser le temps. On doit savoir aborder ce genre de grands matchs, car, en Algérie, 45.000 personnes vont pousser. On ne doit pas se contenter de défendre. Car si on subit, on va prendre des buts. On doit jouer notre jeu. Si on arrive à les priver de ballon, les Algériens vont souffrir. L\'inverse est valable aussi.

- En face, vous allez retrouver un coach bien connu en France. Que pensez-vous de Vahid Halilhodzic ?

- C\'est un entraîneur de qualité. Il est passé par de grands clubs comme Paris et Lille. Il a aussi dirigé des sélections. C\'est un amoureux du football. Il est parfois impulsif, mais c\'est son caractère. Quand on connaît l\'homme, le personnage, on sait que ce n\'est pas quelqu\'un d\'impulsif. Il aime la perfection et que ses joueurs se donnent à fond. Après l\'élimination à la CAN, il a pris ses responsabilités. Il n\'a pas chargé son groupe. C\'est un très bon coach.

- Vous l\'avez affronté dans les années 1980 quand vous étiez défenseur de Monaco et lui attaquant de Nantes. Quels souvenirs gardez-vous de vos affrontements ?

- En 1984, le premier match diffusé à la télé par Canal+ était un Nantes-Monaco et il avait marqué de la tête. Si j\'avais été à son marquage, il n\'aurait pas réussi ! (Il éclate de rires).

- Le Bénin ne s\'est jamais qualifié pour une coupe du monde. Est-ce votre objectif ?

- C\'est utopique d\'affirmer cela. Nous sommes des outsiders. Les grands favoris du groupe sont l\'Algérie et le Mali. On est premiers après deux matchs. On a donc une place à défendre. Il faut prendre les évènements comme ils viennent. D\'autant que nous ne bénéficions pas de la même préparation que nos adversaires. Nous n\'avons fait aucun match amical. Mais mes joueurs sont concentrés et concernés. Ils sont prêts à livrer un gros match.

- On croit savoir que Stéphane Sessegnon est forfait. Est-ce un coup dur pour votre sélection ?

- En plus de Sessegnon, on est aussi privé de Mickael Poté qui s\'est blessé au genou avec son club. Les absences font partie du football. Il faut savoir s\'adapter. On présentera une équipe compétitive. Et on jouera notre chance.

- Un mot sur votre situation personnel. C\'est votre premier défi sur un banc. Comment le vivez-vous ?

- J\'ai saisi une opportunité. En France, je n\'ai pas eu cette possibilité. Ce n\'est pas une fin en soi. C\'est avant tout une expérience à vivre de diriger une sélection étrangère. On découvre une nouvelle culture, une autre façon de vivre. On se renforce quand on est dans un monde totalement différent. Il faut s\'adapter à leur manière de faire. Il faut bien comprendre et faire passer les messages.

- «On fera tout pour que cette équipe ne se relève pas»

- «Si on les laisse faire, ils vont nous marcher dessus»

- «On ne se contentera pas de défendre»

- «Sessegon et Poté sont forfaits pour ce match»

- «Le Mali est l’Algérie sont toujours favoris de notre groupe»

 

 

 


Le Bénin s’est entraîné avec 19 joueurs

Le Bénin qui se prépare à Marseille en vue de la rencontre qui l’opposera à notre équipe nationale s’est entraîné hier avec 17 joueurs + deux gardiens. 19 joueurs étaient donc sous la houlette d’Amoros en attendant l’arrivée des derniers joueurs sachant que Sessegon et Paté sont forfaits pour la rencontre du 26 mars prochain.

 

 

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