USMA-Branci : «Il nous arrive toujours quelque chose avant la finale contre le MCA»

L’ex-gardien de but de l’USMA, Boukhalfa Branci, a toujours été fidèle à son équipe. Même lorsqu’il a mis fin à sa carrière de joueur, il est resté dans le staff technique des Rouge puisqu’il a été entraîneur des gardiens de but de longues années durant avant de quitter l’équipe au mois de novembre dernier pour rejoindre le staff d’une de nos sélections nationales.

Branci, Boukha pour les intimes, est un véritable monument à l’USMA, il était l’un des meilleurs gardiens d’Algérie dans les années 70. Actuellement, il occupe le poste d’entraîneur des gardiens de but de la sélection A’.

Pour nous parler de la finale qui se profile à l’horizon entre l’USMA et le MCA, nous avons jugé utile de le contacter pour nous donner son avis sur ce derby un peu spécial entre deux équipes voisines qui ne se connaissent que trop bien. Branci a vécu les 4 finales disputées entre les deux équipes depuis l’Indépendance en tant que joueur et en tant qu’entraîneur. Pour la 5e finale prévue le 1er mai, l’ex-keeper des Rouge et Noir espère que cette fois l’USMA décrochera le trophée, mais son souhait, c’est que le fair-play soit présent dans cette fête du football algérien.

 

-Vous êtes l’un des joueurs de l’USMA qui a pratiquement vécu toutes les finales disputées par l’USMA depuis l’Indépendance…

- Oui, je suis fier d’appartenir à la famille usmiste, j’ai vécu des moments formidables et extraordinaires dans cette équipe. J’ai vécu aussi des moments de tristesse et de peine, mais beaucoup de joie. Le football est magique, il nous donne l’occasion de connaitre des hommes dans la vie. Toutes ces années passées à l’USMA… C’est les plus belles années de ma vie, car on était une seule famille unie et solidaire jouant pour les couleurs de l’USMA.

- Les rencontres entre l’USMA et le MCA ont toujours été passionnantes et spectaculaires. Quel est le secret de ce derby si particulier ?

- Il faut dire que ce derby est particulier, il s’agit de deux équipes issues du même quartier, certes elles sont rivales, mais elles se respectent beaucoup. C’est une histoire de familles, vous trouvez dans une seule famille ceux qui supportent le MCA et ceux qui soutiennent l’USMA. Personnellement,  je suis actuellement grand-père, vous trouvez dans ma famille des supporters de l’USMA et  des supporters du MCA, c’est ça la particularité de ce derby algérois.

- On dit qu’entre les deux galeries, il n’y a jamais eu de problèmes ?

- Il ne peut pas y avoir de problèmes, comme je vous l’ai dit, c’est une histoire de famille. Avant les matches, l’ambiance est formidable et chaque public essaye de narguer l’autre, mais dans le respect et sans dépassement. Je souhaite que pour cette 5e finale de coupe d’Algérie qui opposera les deux équipes, la rencontre se déroulera dans le fair-play et que le meilleur gagne.

- Revenons un peu à la première finale de coupe d’Algérie disputée entre les deux équipes en 1971 au stade du 20-Août où vous étiez à l’époque dans les bois de l’USMA. D’ailleurs dans ce match, le MCA l’a emporté sur le score de 2-0…

- Je me souviens très bien de cette finale de 1971 jouée au stade du 20-Août où j’étais le gardien titulaire de l’USMA. Mais avant de vous parler de ce match, je dois vous parler de la demi-finale retour jouée contre l’USM Khenchela à Khenchela même. A l’époque, les demi-finales se jouaient en aller retour. Lors du match aller, nous avons gagné sur le score de 2-0, mais au match retour à Khenchela, nous avons vécu l’enfer, car l’équipe locale voulait se qualifier à tout prix. L’arbitre de la rencontre a été obligé de nous faire jouer 3 mi-temps pour permettre à Khenchela de marquer devant un public déchainé. D’ailleurs, à chaque fois la partie était interrompue par un envahissement de terrain de la part du public adverse. C’était indescriptible. Des moments de grande peur… Les anciens se souviennent encore parce qu’il y a eu de très graves dépassements à Khenchela.

- Et puis, qu’est ce qui s’est passé à la fin ?

- Le match a débuté à 14h00, mais il s’et achevé à 19h00, c’était  l’enfer. Heureusement pour nous, la gendarmerie nous a sauvés, car on a failli être lynchés et la rencontre s’est terminée sur le score de 2-2, ce qui nous a permis de nous qualifier pour la finale.

- Comment avez-vous préparé la finale de 1971 ?

 - Au lendemain du match contre l’USMK, on apprenait que la finale contre le MCA se jouerait dans 6 jours. Les joueurs étaient traumatisés déjà par tout ce qui s’était passé à Khenchela, on avait eu beaucoup de blessés dans nos rangs, ce qui fait qu’on avait préparé la finale de 1971 dans des conditions difficiles, contrairement au MCA qui a joué au grand complet.

- Parlez-nous de la finale ?

- La rencontre était fort disputée et spectaculaire. Nous avons bien résisté, mais le Mouloudia a su décrocher la victoire par deux buts à zéro.

- Puis deux ans plus tard en 1973, vous vous êtes rencontrés, cette fois au stade du 5-Juillet. Parlez-nous de la préparation de l’USMA pour cette finale ?

- A l’époque, l’USMA était entrainée par Zitouni Abdelghani qui faisait partie du corps de la police nationale. Au cours de la semaine qui avait précédé la finale de 1973, il n’a pas assuré les entraînements, il était pris par son travail où il était tout le temps de permanences, ce qui fait que l’équipe était perturbée avant la finale.

- Le match de 1973 était spectaculaire puisque la rencontre est allée aux prolongations, et le MCA l’a emporté sur le score de 4-2. Parlez-nous de ce match ?

- Pour cette finale, j’étais remplaçant de Zerga. La rencontre était d’un grand niveau technique avec un match poursuite palpitant. Le public était ravi du spectacle, c’était extraordinaire. A l’époque, Kaoua Abdennour est rentré comme joueur de champ dans les prolongations et il a marqué le 4e but pour son équipe. Malgré la défaite, nous avons mouillé le maillot jusqu’à la dernière minute.

- Depuis 1973, les deux équipes ne se sont pas rencontrées jusqu’en 2006…

- Franchement, avant cette finale, l’USMA était archi favori eu égard à la qualité de ses joueurs et le niveau de l’équipe, mais ce jour-là, un homme va s’illustrer, c’est l’arbitre. Il sort un carton rouge tout ce qu’il y a d’injuste en expulsant Ghazi après 20 minutes de jeu. Ça y est, les dés étaient jetés par l’arbitre qui a complètement faussé le cours du jeu par sa décision tout ce qu’il y a d’inique. Ce qui a permis au MCA de jouer pratiquement toute la rencontre avec une supériorité numérique. Malgré ce handicap, l’arbitre, va une fois de plus, mettre du sien en nous privant d’un pénalty après fauchage de Doucouré dans la surface de réparation que lui seul parmi les 90.000 présents au stade n’a pas vu. Finalement, le MCA l’a emporté sur le score de 2-1.

- En 2007, les deux voisins se sont donné rendez-vous encore une fois au 5 juillet …

- J’étais dans le staff technique de l’USMA, et tout ce que je peux vous dire c’est que c’était une finale de piètre qualité où les deux équipes étaient paralysées par l’enjeu. La chance était du coté du MCA puisque Hadjadj, d’un tir anodin, marque le but et offre la victoire au Mouloudia d’Alger.

- Pour la 5e fois, les deux équipes vont disputer la finale de la coupe d’Algérie. Comment voyez-vous le  match de ce mercredi ?

- Je pense que le match se jouera sur des petits détails et l’équipe la mieux concentrée et la mieux préparée a de fortes chances de l’emporter. J’espère que l’USMA sera dans un bon jour et décroche le trophée.

K. H.

 

«MCA-USMA, c’est surtout une histoire de familles»

«En 1971, on a perdu la finale avant de la jouer»

«En 1973, notre entraîneur, qui était policier à l’époque, était de permanence» 

«En 2006, l’arbitre nous a cassés après 20 minutes de jeu»

«Pour moi, la finale de 2007 est la plus faible»

 

 

 

 

 

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