Meraga : «Le 3 à 0 de Tizi ne se reproduira pas»

C’est au complexe sportif Marie Victorin à Montréal, un complexe sportif couvert où s’entraînent régulièrement l’équipe professionnelle L’IMPACT de Montréal, qui évolue dans la Ligue professionnelle nord-américaine, la MLS, que nous avons rencontré les deux anciens joueurs, Nacer Meraga du MCA et Abderezak Djahnit de la JSK. Ils étaient ce jour-là venus, comme ils le font régulièrement, faire une partie de soccer avec des gens de la communauté. Une manière de rester actif et surtout avoir du fun avec les gens de la communauté algérienne.

Intérêt

La communauté algérienne à Montréal suit avec un intérêt particulier les événements sportifs du pays, et la finale du 1er mai prochain entre la JSK et le MCA ne laisse personne indifférent. Seulement, beaucoup n’auront pas le privilège de suivre la rencontre au sommet à la télévision, car le 1er mai n’est pas jour férié au Canada, ni aux Etats-Unis comme il l’est dans le reste du globe. La fête ou le jour  du travail (Labour Day) est célébré le premier lundi du mois de septembre en Amérique du Nord.

 

 

Meraga était le capitaine du Mouloudia, qui avait battu la JSK en finale du championnat en 1999. Fier de son  unique titre avec le Doyen, l’ex-milieu de terrain des Vert et Rouge était connu pour son abattage et sa combativité. Comme beaucoup de footballeurs algériens, il a choisi  le pays du hockey, le Canada, la Belle-Province (le Québec) pour s’installer lui et sa famille depuis 2010.

 

Qu’êtes-vous devenu après votre titre de champion en 1999 ?

C’était le seul titre, à ma connaissance, de champion d’Algérie joué sous forme de finale, je suis fier d’y avoir été et content de mon seul titre avec le Mouloudia. J’ai prolongé d’une année après le titre. C’était avec l’entraîneur Kermali que Dieu ait son âme. Après environ six matchs, c’est  Benzekri qui l’avait remplacé et puis en 2001 c’était l’ère du Belge Renquin. Cette année-là, j’ai opté pour le NAHD, j’y ai passé une saison. Et pour finir, j’ai joué une année et demie à Bouira pour arrêter définitivement le football par la suite. En 2010, je suis arrivé au Canada dans une procédure régulière d’immigration. L’adaptation s’est faite peu à peu. Dieu merci, je vais bien moi et les membres de ma famille. Aujourd’hui, on est venus se dégourdir sur un terrain de soccer avec les gens de la communauté.

 

Mais vous n’avez pas totalement quitté le monde footballistique…

Huit mois après mon arrivée, j’ai commencé à exercer. Pour avoir de l’expérience et par l’intermédiaire d’un réseau d’amis, j’ai commencé avec les catégories jeunes du club régional de Saint-Lambert et en 2011 j’ai dirigé son équipe première. Ensuite, on a dirigé  les U16. Avec le lancement d’une ligue semi-professionnelle, j’ai travaillé aux côtés de Mohamed Lakehal, un technicien algérien, on a dirigé les U21 et les seniors et ce fut une expérience vraiment bénéfique sur le plan personnel. Cependant, dans l’ensemble, et je me permets de le dire et cela reste un constat personnel, il n’y a pas de football dans ce pays, où du moins dans cette province. Les débouchées sont limités pour les joueurs. Une province de plus de 1,6 million de kilomètres carrés et environ huit millions d’habitants est représentée par une seule équipe professionnelle dans la MLS, l’Impact de Montréal, c’est très peu.

 

Pour vous, le Canada n’est pas  un pays de soccer…

Avec tout le respect que je dois à tout le monde, ex-collègues et amis qui exercent toujours dans le domaine, ce n’est pas un pays de football. Je ne suis pas le premier à l’avoir remarqué et qui le dit, et je ne serai pas le dernier. Il n’y a pas de culture de football dans ce grand pays…

 

Autant se reconvertir au hockey…

(Rires). A 49 ans, on ne peut pas faire ça. Mais ça reste le sport roi de ce pays intéressant à suivre de temps en temps. C’est le sport qui convient au climat.

 

Ceci nous ramène à parler de l’événement majeur qui se déroulera le 1er mai prochain où votre ancienne équipe, le MCA, va affronter la JSK…

Je continue à suivre le football algérien d’une manière assez régulière tout en étant supporter du Mouloudia. C’est vrai, l’affiche MCA-JSK en finale de coupe d’Algérie est une grande première dans les annales du football. On avait joué une finale de championnat quand la compétition s’est déroulée sous forme de poules et où j’étais capitaine d’équipe en 1999… Mais en coupe, ça va être spécial. C’est le match que tout le monde attend.

 

Vous suivez le Mouloudia d’une manière assez particulière, que pensez-vous de ses performances en dents de scie ces dernières années ?

Le Mouloudia n’échappe pas à la règle d’un football algérien malade, contrairement à la bonne vitrine qu’offre notre équipe nationale à l’échelle internationale. L’instabilité  n’est pas seulement au niveau des résultats. Le constat est facile à faire. Ceci dit, le MCA et la JSK essayent de sauver leur saison avec cette coupe. Le  MCA va tenter de jouer jusqu’à la dernière journée une place sur le podium qui n’est pas un titre en soi. Il offre juste un petit réconfort de participer à une compétition continentale. C’est pour cela que le Mouloudia ne sauvera sa saison que par le sacre en coupe d’Algérie.

 

(Voyons Djahnit entrer sur le terrain). Est-ce que vous avez eu l’occasion de le croiser quand vous étiez en exercice au pays ?

Oui, on a eu l’opportunité de croiser le fer. C’était un bon joueur qui a marqué son passage chez les Canaris. On en a disputé beaucoup et je me rappelle d’un match où il était le buteur. Au-delà ce cet événement qui rapproche ces deux équipes, le football nous a donné l’opportunité de rencontrer des hommes et des types de bonnes familles avec qui on est toujours restés en bons termes. Sur le terrain, chacun défendait les couleurs de son équipe avec hargne. Mais en dehors des terrains, on a gardé de très bonnes relations dans un très grand respect.

 

Reconnaissez-vous que le clasico MCA-JSK, même à votre époque, avait une connotation particulière bien différente d’un MCA-USMA même ?

Je suis tout à fait d’accord. Pour le Mouloudia, il y a avait deux grands matchs durant une saison : MCA-USMA était le grand derby algérois. Contre la JSK, on jouait, et je le dis sans exagérer, contre la meilleure équipe d’Algérie, le club le plus titré. Il y avait toujours une grande rivalité sportive entre les deux équipes. Nos matchs ont toujours drainé la grande foule dans une bonne ambiance qui n’a jamais été malsaine. Et les relations entre les deux clubs ont toujours été au top. Car un pan de l’histoire les relie ; il n’y a qu’à rappeler que la création de la JSK a été possible par l’aide des hommes du Mouloudia. D’ailleurs, à ses débuts, la JSK portait les mêmes couleurs que celles du Mouloudia.

  

Comment voyez-vous cette finale de ce 1er mai ?

Ce sera difficile pour les deux équipes. Même si la JSK a tout récemment gagné, d’une manière forte en championnat, je ne pense pas que les Canaris auront un ascendant psychologique, car la motivation sur un match et surtout dans une finale sera tout à fait différente pour les deux équipes. Ce sera donc serré et ça se jouera sur des petits détails.

 

Qu’appelez-vous petits détails, un joueur qui ferait la différence sur une balle arrêtée d’un côté ou de l’autre par exemple ?

Un détail, c’est quelque chose à laquelle on ne s’attend pas. Rappelez-vous la finale du championnat en 1999, le match était très équilibré et serré. Sur une balle presque anodine, le gardien de la JSK avait relâché le ballon et Rahmouni était là avec beaucoup de chance pour nous donner le but de la victoire. Individuellement, je ne vois aucun joueur qui sort du lot pour faire basculer le match d’un côté comme de l’autre, à moins que vous fassiez allusion à Hachoud, que les Mouloudéens attendent à chaque fois sur ses coups francs pour débloquer la situation, mais du côté de la JSK, ils ont des joueurs comme Rial qui a montré de belles choses à ce niveau-là. Je pense que le collectif le mieux préparé, surtout psychologiquement, fera la différence. La guéguerre psychologique qui a éclaté au lendemain du match de Tizi en fait partie d’ailleurs.  Moi, je souhaite voir une belle finale à la hauteur de la réputation des deux grands clubs. Et puis, que le meilleur gagne.

 

Pour un Mouloudéen, votre pronostic balance pour les Vert et Rouge…

Je vais le dire sans chauvinisme, même si l’année passée contre l’USMA je me suis trompé en disant que ça allait aboutir aux penalties, cette année, le Mouloudia a, au fond, une revanche à prendre sur le dernier résultat du championnat et surtout une revanche sur lui-même pour sauver sa saison par un titre. 

 

Un dernier mot pour les deux galeries…

Déjà, c’est un peu dommage que le match ne se joue pas au 5-Juillet. Je sais pour des raisons de sécurité, chanceux seront ceux qui pourront accéder aux gradins du stade de Blida. Il y aura quand même de l’ambiance et je sais que les supporters des deux équipes seront fidèles à leur réputation et que le  fair-play y régnera comme d’habitude. Ce sera aux finalistes de nous gratifier d’une belle rencontre.

A. K.

 

 

Bio express

Nacer Eddine Meraga est né le 24 janvier 1966 à Zéralda. Dès son jeune âge, il s’est démarqué par son grand talent de footballeur. Il est pris à 14 ans au NR Zéralda où il a fait pratiquement toutes ses classes. Grâce à sa vélocité et ses grandes capacités d'assimilation, il apprenait vite et gravit les échelons rapidement. En espoirs, il a été sollicité par la DNC qui venait juste d'accéder. Au bout d'une saison, il revenait en 1986/87 au NR Zéralda où il accomplit sa dernière saison avec ce club. L'année d'après, la JSM Chéraga s'attache ses services. En 1988, il participe au tournoi organisé par le grand Mouloudia d’Alger et le coach de l’époque, le défunt Abdelhamid Kermali, est sous son charme et le recrute au MCA avec le quel il sera champion en 1999. Il quittera par la suite le club sur la pointe des pieds et restera comme un joueur très apprécié par les supporters. Il met un terme à sa carrière après une dernière expérience à Bouira.

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