Faouzi Ghoulam s’apprête à disputer sa deuxième CAN après celle de 2013 en Afrique du Sud. Certes il y a deux ans il n’avait pas joué le moindre match mais espère que ça sera différent cette fois ci. Dans cette interview qu’il nous a accordée en zone mixte hier lundi, le défenseur de Naples a répondu sans langue de bois à toutes nos questions.

Quinze jours seulement nous séparent du premier match face à l’Afrique du Sud, dans quel état d’esprit vous trouvez-vous avant ce grand rendez-vous ?

J’ai envie de dire qu’on n’est pas encore dedans dans le sens où la compétition est encore loin. Au moment où je vous parle (NDLR : entretien réalisé hier après-midi) le groupe n’est toujours pas au complet. Ce soir tout le monde sera présent et je pense qu’à partir de là la compétition va vraiment commencer pour nous. Jusque-là nous avions commencé à peaufiner les conditions des uns et des autres en attendant le reste du groupe pour entamer notre préparation avec la plus grande sérénité.

Cela n’est-il pas perturbant justement de voir les joueurs arriver au fur et à mesure ?

Je pense que c’est le cas pour toutes les sélections qui sont confrontées au même problème. En ce qui nous concerne, il est vrai que nous avons beaucoup de joueurs qui évoluent dans de très bons clubs et qui sont sollicités pour jouer des matchs lors de cette reprise, c’est flatteur pour nous car cela prouve que cette équipe algérienne est composé d’éléments qui sont importants dans leurs clubs, mais c’est aussi pénalisant pour l’équipe nationale du fait qu’ils arrivent un peu en retard. Mais bon comme je l’ai déjà dit,  presque toutes les équipes sont dans le même cas puisque tous nous aurons peu de temps pour nous préparer pour cette coupe d’Afrique des nations.

Dix jours seulement de préparation avant votre départ pour la Guinée Equatoriale alors qu’en 2013 ça avait duré près de 21 jours…

Il est vrai qu’en 2013 nous avions fait une très grosse préparation qui était même difficile. Après pour ce qui est du résultat, une fois que la compétition avait commencé nous avions proposé du beau jeu mais nous avons manqué de réussite et j’espère que cette fois ci la réussite sera de notre côté. Je rajouterai aussi qu’en 2013 nous n’avions pas la qualité que nous avons actuellement sur le plan offensif.

En 2013 vous n’avez pas eu l’occasion de jouer, cette CAN sera certainement l’occasion pour vous de montrer de quoi vous êtes capable ?

J’espère bien car je dois vous avouer que la dernière CAN m’avait vraiment mis en difficulté avec mon club. Cette fois ci j’espère que ça ne sera pas le cas, même si dans un sens tout le monde est un peu en difficulté puisque les joueurs sont obligés de lâcher leurs clubs, après ces derniers sont obligés soit de recruter soit de trouver d’autres solutions. Personnellement j’espère pouvoir jouer mais je ne me focalise pas pour autant sur ma personne car je préfère me consacrer plus à l’esprit collectif et à la gagne plutôt qu’à l’individu que je suis.

Un mot sur nos trois adversaires à savoir l’Afrique du Sud, le Ghana et le Sénégal ?

C’est un groupe très relevé et comme j’ai eu déjà l’occasion de le dire, le gagnant de la CAN qui sera issus du groupe C ou D méritera vraiment son trophée. Il ne faut pas oublié aussi que si on se qualifie pour le prochain tour on rencontrera une équipe du groupe D, ce qui ne sera pas une mince affaire. En gros, je pense que ça sera une belle compétition, mais au vu du groupe et l’effectif qu’on a, nous avons besoin de gros matchs et ça sera l’occasion de tester nos capacités sur le plan continental. Nous avons fait bonne figure lors de la coupe du monde et j’espère qu’on réussira aussi sur le plan africain.   

Avec ce statut de meilleure équipe africaine selon la FIFA, ne ressentez-vous pas une grosse pression à la veille de cette CAN ?

Certes c’est le classement FIFA mais croyez moi que pour les joueurs du Ghana, le Ghana est la meilleure équipe africaine et je pense que vous serez d’accord avec moi. Le fait qu’on soit classés meilleure équipe africaine est du à nos bons résultats, la coupe du monde que nous avons disputé mais aussi les joueurs renfermant notre effectif. Aujourd’hui l’Algérie en terme de quantité et de qualités fait partie des meilleures équipes africaines. Après avoir de très bons joueurs et être très bons en compétitions c’est différent. Toutefois à voir la qualité dont nous disposons offensivement, tout le monde peut nous redouter et c’est peut-être pour ça qu’on nous colle cette étiquette de favoris et j’espère qu’on sera à la hauteur.

Justement vous êtes nombreux à évoluer dans de grands clubs, mais est-ce que vous avez faims de titres  avec cette sélection algérienne ?

Avec mon club j’en ai déjà gagné un, mais il est vrai qu’en sélection nous les joueurs, tous on a faims de titres, encore plus pour le pays car on a vraiment envie de tout gagner et on essaiera de tout arracher la ba. Après on sait que tout ne dépend pas que de nous mais on donnera tout et j’espère que c’est ce qui fera la différence lors de cette Coupe d’Afrique des Nations.

Que pensez-vous du choix de la Tunisie alors que vous n’allez pas affronter d’équipe maghrébine ?

Peut-être bien en demi-finale ou même en finale on ne sait jamais. Franchement j’estime que c’est un bon choix car ça ne nous fera pas voyager très loin. Donc en terme de fatigue c’est beaucoup plus facile à gérer, côté déplacement aussi et je pense qu’en Tunisie il y aura des conditions optimales pour pouvoir pratiquer un bon football. Concernant la sélection  Tunisienne et au vu de leur parcours lors des éliminatoires, je dirai que c’est une très grande nation, il nous fallait un gros match contre une grosse équipe africaine et c’est vraiment un bon choix.

Vous avez beaucoup évoqué les qualités offensives de notre équipe, mais défensivement il y a le forfait de Belkalem, pensez-vous que cela influera sur l’équipe ?

Au vu des qualifications et le jeu qu’on propose, on est plus porté sur l’offensif que sur l’aspect défensif. Après moi je dis, plus on a le ballon, moins l’adversaire sera dangereux, et plus on attaque, plus ils défendront et ils seront contraints de subir et j’espère encaisser des buts. C’est pour vous dire que la défense, elle commence aussi par l’attaque et cela quel que soit les joueurs qui seront sur le terrain. Concernant Belkalem, c’est un joueur important au sein de notre effectif qui est là depuis plusieurs années et c’est vraiment dommage qu’il ne soit pas avec nous pour cette CAN, lui mais aussi Mehdi Abeid.  

Il n’y aura probablement pas de supporters algériens à Mongomo pour vous soutenir, ça vous fait quoi d’entendre ça ?

J’avoue que c’est pénalisant pour l’équipe d’Algérie de jouer sans supporters d’autant plus que la CAN devait avoir lieu au Maroc, qui aurait été pour nous dans un sens une CAN à domicile en raison de la proximité car les deux pays sont vraiment très proches, et il y aurait eu un nombre incalculable d’algériens qui se seraient déplacés. A présent il va falloir s’adapter à cet environnement qui sera très difficile pour les équipes maghrébines.

Tout comme vous en 2013 qui avait honoré votre première sélection à l’occasion de la CAN, Ahmed Kashi rejoint les Verts aujourd’hui, un mot particulier pour lui ?

Pour l’instant je ne l’ai pas encore vu, bien évidemment on va tous lui souhaiter la bienvenue et je pense qu’au bout d’un repas il s’intégrera très rapidement. Dès qu’un nouveau joueur arrive, au bout d’un repas il se sent tout de suite à l’aise car on est tous comme des frères avec une bonne ambiance, sans aucune tension. J’espère qu’il s’acclimatera rapidement et qu’il nous apportera ses qualités sur le terrain.

Vous sentez-vous mieux dans la peau d’un favori ou plutôt dans celui d’un outsider ?

Je pense que l’Algérie n’a jamais été dans la peau d’un favori et on verra qu’est-ce que ça donnera après la CAN.

Et dans vos têtes vous les joueurs, ne vous sentez-vous pas les grands favoris de cette CAN ?

Nous les joueurs sommes tous assez matures pour savoir qu’être dans la peau d’un favori et le prouver sur le terrain sont deux choses complétement différentes. Nous on sait qu’il faudra répondre présent sur le terrain et on tâchera d’être à la hauteur.

Quelle est l’équipe que vous craignez le plus dans cette compétition ?

Nous-mêmes…

Et pourquoi ?

Parce que cette équipe algérienne a beaucoup de qualités et si on déjoue ça sera tout simplement de notre faute, c’est pour cette raison qu’il faudra avant tout se préoccuper de nous-mêmes à savoir poser notre jeu et jouer, après s’occuper de l’adversaire.

A. H. A.

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