JSMB : Berkati fera-t-il sa révolution ?

L'argent fait-il le bonheur ? Pas toujours en football, en tout cas. La riche histoire de ce sport éminemment populaire regorge d'exemples de clubs qui ont dépensé le plus pour avoir le moins.

La JSMB semble être le dernier exemple local, avec des joueurs recrutés à coups de milliards et pour un objectif qui n’était pas si difficile à atteindre, vu ce qu’on pensait de leurs qualités en début de saison, avec des salaires dépassant largement ceux de nombreux clubs de Ligue 1 Mobilis. Au final, des résultats dignes d'un budget d’un petit club de commune.

 

D'aucuns se mettent à faire le procès du président du club, Fawzi Berkati, à qui on reproche d'avoir dépensé de l’argent sans que des résultats sportifs ne s’en suivent. Or, en dépit des erreurs qu'il a pu commettre, ce dernier a eu le mérite de faire de son mieux pour construire une équipe compétitive en y mettant des moyens bien supérieurs à ce qu’il ne fallait, au moment où les autres équipes de Ligue 2 Mobilis se penchaient sur des joueurs sur le déclin faute de moyens et que personne d’autre à Béjaïa ne s’était manifesté pour venir en aide à la JSMB.

 

Tiab et la relégation
Les nostalgiques de l'époque dorée des Vert et Rouge, comprise notamment entre 2008 l’année du seul titre dans l’histoire du doyen des clubs kabyles, et 2012 quand Gasmi and Co ont raté le titre de champion à la différence de buts avec l’ESS, regrettent le départ de Boualem Tiab, symbole des «années glorieuses». Or, la frustration leur fait oublier que ce même Boualem Tiab s'est montré incapable de sauver la JSMB de la relégation, la saison passée, avec un effectif pourtant pas si mauvais, pour une équipe qui jouait la Ligue des champions africaine une saison avant. Certains tendent à l'occulter. S'il est parti, c'est bien parce qu'il n'arrivait plus à trouver les ressources financières à même de permettre au club de reprendre sa dynamique de succès et qu’il avait perdu la confiance de la majorité des supporters de la JSMB. Berkati est venu en injectant de l'argent, assez d'argent. Par ces temps de crise et de disette que vivent les clubs algériens, c'est très positif que des industriels s'investissent dans le football. C'est même une nécessité économique incontournable pour la pratique du football professionnel et le fait que la JSMB puisse compter sur le président de la chambre d’industrie de la wilaya de Béjaïa ne peut être que bénéfique à long terme.

Recrutement mauvais et coûteux
Le problème de la JSMB n'est pas l'arrivée de Berkati, c'est plutôt la mauvaise utilisation de la masse financière qu'il a injectée. A tort ou à raison, il avait cru, où plutôt c’est ce que certains lui ont conseillé, qu'il suffisait de ramener les joueurs avec les plus gros salaires pour amasser les bons résultats et, en se montrant excessivement généreux envers des joueurs surcotés, il en a recruté une douzaine l'été dernier, et a laissé une autre douzaine de ceux qui avaient justement conduit le club vers la Ligue 2 Mobilis, parfois à l'aveuglette, à tour de bras, sans une étude des besoins réels sur le plan technique. Si les connaissances de Berkati sont peut-être limitées sur le plan de la gestion sportive, ceux qui étaient à ses côtés et qu'il a nommés justement pour gérer ce volet auraient dû lui ouvrir les yeux, ce qu'ils n'ont pas fait. Pis, le fait de prendre des joueurs dont on dit qu’ils ont le niveau pour le palier supérieur et très doués techniquement a fait rêver les supporters jusqu'à les amener à penser que l’accession allait être une simple formalité, c’est bien pour cela qu’ils décriaient le coach Fergani en début de saison, alors que l’équipe était leader du championnat à ce moment-là. Aujourd'hui, ils se sentent floués et crient à l'arnaque, sentiment normal pour un public qui se targait d'avoir le meilleur groupe de joueurs de la Ligue 2 Mobilis.

Mauvaise gestion de la barre technique
La deuxième erreur que Berkati a commise a été de ne s'être pas trop impliquée personnellement dans la gestion au quotidien. Il a trop fait confiance aux personnes qu'il a déléguées pour gérer à sa place et qui ne se sont pas toujours montrées à la hauteur de cette confiance. Le parfait exemple en la matière est le cas de la barre technique. En effet, avec Fergani l’équipe avait, certes, beaucoup d’insuffisances, mais était sur de bons rails pour retrouver l’élite, le coach a été poussé vers la sortie surtout parce qu’il n’a pu avoir le soutien dont il avait besoin. Après son départ, les choses se sont beaucoup plus compliquées, d’abord avec l’engagement de Heddane qui n’a pu supporter la pression du public plus d’une semaine, puis la barre technique a été confiée à un Ahcène Hammouche qui n’arrivait pas du tout à avoir le contrôle de son groupe et dont la seule raison pour laquelle certains ont voulu de lui est qu’il était de Béjaïa, une affaire de social en quelque sorte. La venue de Stéphane Paille a permis de retrouver un peu de sérieux dans le travail de l’équipe, mais il s’avère malheureusement que c’est déjà trop tard avec tous les points perdus bêtement précédemment et avec un groupe de joueurs dont la majorité est qualifiée de mercenaires.

 

Tout devra changer

A présent, parler d’accession devient assez utopique, il faut surtout assurer le maintien qui est loin de l’être, avec seulement trois points d’avance sur le premier relégable. C’est après cela qu’une véritable révolution doit être enclenchée par le président Berkati au sein du club pour permettre à la JSMB de retrouver sa bonne santé. En effet, la majorité des joueurs, cette saison, ont prouvé qu’ils ne méritaient pas de porter ce maillot si cher aux habitants de Bougie. Le changement devra surtout se faire dans l’entourage de l’équipe, les décisions techniques devront être prises par des connaisseurs. Dans ce sillage, l’engagement d’un nouveau manager général parait plus qu’indispensable, il faudra en plus le laisser travailler à sa guise et ne pas faire comme avec Medane qui est parti car il trouvait que beaucoup se mêlaient d’un travail qui était censé être le sien. En bon gestionnaire, Berkati doit certainement savoir ce qui n’a pas marché cette année et aura l’opportunité de faire les choses en mieux dès la saison prochaine, notamment en mettant en place une équipe réellement capable de remettre la JSMB à sa véritable place parmi l’élite. Sur le terrain et pas seulement sur le papier.

B. A. 

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