Liguue 1 Mbilis : Première partie de saison mouvementée

Le championnat national de Ligue 1 et Ligue 2 Mobilis prend fin officiellement ce weekend avec le déroulement du dernier match retard de l’élite ayant opposé l’USM Alger à l’ES Sétif, la 15e et dernière journée de la Ligue 2, cet après-midi avec huit matches au programme.

Certes, les responsables de la programmation de la compétition au niveau de la Ligue nationale pourraient se targuer d’avoir disputé les 15 journées avant la fin du mois de novembre, mais force est de reconnaître que cela n’est pas exempt de toute lacune. Les championnats de L1 et L2 post-Mahfoud Kerbadj a enregistré de nombreux évènements, de soubresauts et surtout d’incidents et palabres. Aucun club n’a épargné le nouveau président de la Ligue de football professionnel (LFP) Abdelkrim Medouar. Ce dernier a pourtant été élu à la majorité malgré la présence de quatre autres candidats, à savoir Mohamed Morro, Azzedine ArabNoureddine Bouchoul et Mourad Lahlou, mais après seulement cinq mois d’exercice, rares sont les clubs, aussi bien en Ligue 1 qu’en Ligue 2, qui n’ont pas émis la moindre critique. Il faut dire que pour l’état des lieux de cette première partie de la saison, le constat est loin d’être rassurant.

 

Calage au démarrage

Abdelkrim Medouar, qui a remplacé Mahfoud Kerbadj après deux mandats pleins de controverses également, a tenté de marquer son territoire au début de la saison. Avec des décisions extrêmes, même si certains pourraient dire qu’elles sont justes, l’ancien président de l’ASO Chlef s’est attiré les foudres des clubs sanctionnés. Jamais une entame de saison n’a été aussi mouvementée que celle de 2018/2019. Avec ses 21 recommandations avant l’entame de l’exercice, Medouar et sa Ligue étaient loin de faire l’unanimité, aussi bien chez les clubs, les joueurs, les entraîneurs que les présidents de club. A titre d’exemple, le fait de délivrer deux licences seulement aux entraîneurs par saison, et l’enregistrement ne se fera que pendant la période du mercato, a soulevé la colère des techniciens dont certains ont même trouvé des astuces pour pouvoir exercer. La programmation a été également le plus grand souci des responsables de la LFP, qui ont tout fait pour terminer la phase aller avant le mois de décembre quels que soient les résultats qui en découlent. Des clubs comme le CRB et l’ASAM en Ligue 1, l’USMAn, l’USMH, le RCK et l’USMB en Ligue 2 ont été les premiers pénalisés. Le Chabab pour une histoire de dettes impayées et de non-payement de frais d’engagement ; les M’lilis qui retrouvent l’élite après 16 ans d’absence ont été privés de leur stade fétiche  Demène-Debbih ou encore les clubs de la Ligue 2, auxquels on a refusé des licences à leurs nouveaux joueurs.

 

Des décisions incompréhensibles

Contrairement à ce que faisaient les différentes anciennes Ligues, celle que préside Medouar a été sans pitié. Il n’y avait aucune concession et aucun compromis n’a été envisagé pour trouver des solutions. Le CRB s’est vu défalquer trois points lors de la première journée en raison de son forfait face à l’ASAM. Cette dernière, l’AS Aïn-M’lila, est le seul club sur les 32 dits professionnels qui reçoit ses adversaires à l’«extérieur» puisque la commission d’homologation des stades n’a pas donné le feu vert à l’enceinte sportive Demène-Debbih de Aïn-M’lila pour accueillir les matches de la Ligue. La nouvelle direction de l’USM Annaba se retrouve dans une situation qui lui est étrangère puisque la LFP et la FAF exigent le payement des dettes de l’ancienne direction annabie. L’USM Harrach, le RC Kouba et l’USM Blida payent cash la décision de la Ligue qui les a privés de leurs nouveaux joueurs pendant plusieurs journées. Conséquences : les trois clubs occupent respectivement les 14e, 15e et 16e places du championnat de Ligue 2. Pourtant, d’autres formations ont bénéficié de quelques largesses et on peut même citer l’ESS en exemple : la dernière recommandation de la FIFA qui exige de la formation phare des Hauts Plateaux de payer ses dettes envers des joueurs comme Amada et Ziti, sans pour autant sanctionné le club. Une chose est sûre, la Ligue est le principal acteur de la première partie de la saison, positivement ou négativement.

Ilyès Nassim

 

La première

Défalcation de 3 points pour le CRB

La saison a été entamée sur les chapeaux de roues. Première grosse décision, la défalcation de 3 points pour le CR Belouizdad. La Ligue a été expéditive dans sa première grande prise de décision. Le Chabab, qui devait recevoir l’AS Aïn-M’lila pour le compte de la première journée, ne s’était pas présenté au stade du 20-Août. La raison, le club n’avait aucune licence en sa possession puisque la LFP a refusé leur délivrance en raison de non-paiement des dettes de l’ancienne direction du CRB. En plus de cette sanction sportive, ironie du sort, le club, qui croule sous les dettes, s’est vu infliger une sanction financière de l’ordre de 100 millions de centimes. Une première sous l’ère du professionnalisme. Devant cette situation, le Chabab a décidé de faire une requête auprès du Bureau fédéral pour demander réparation et annuler la décision de la LFP. Le CRB a demandé aussi que le match soit rejoué, mais pour le moment, aucune contre-décision n’a été prise.

  1. N.

 

La colère

Ça grogne à El-Harrach, Kouba, Blida et Annaba

Le début de la saison a également été marqué par le cas des trois clubs du Centre du pays, à savoir l’USM Harrach, le RC Kouba et l’USM Blida, qui n’ont pas été épargnés par une décision extrême par la LFP. Ces trois formations ont été privées de leurs nouvelles recrues ; il a fallu attendre quatre journées pour les deux premiers et cinq pour le troisième pour pouvoir bénéficier de leurs nouveaux éléments. Cette situation a provoqué beaucoup de dégâts pour ces formations, mais ce ne sont pas les seules à avoir affiché leur colère. L’USM Annaba a été également ciblée par le payement des dettes antérieures que l’actuelle direction ne reconnaît pas. Une véritable cacophonie s’en est suivie et jusqu’à maintenant on n’a toujours pas réglé cette affaire. D’ailleurs, le président de l’USM Annaba Abdelbasset Zaïm menace même de saisir la FIFA.

  1. N.

 

La valse

Seuls 3 entraîneurs épargnés

Malgré les restrictions de la Ligue dans le mouvement des techniciens, le football algérien n’échappe jamais à la valse des entraîneurs. D’ailleurs, ce n’est pas une surprise. Seules trois équipes n’ont pas changé d’entraîneur : il s’agit de l’USMA avec Thierry Froger, de la JSK sous la houlette de Franck Dumas et de la JSS avec Nabil Neghiz. Les autres ont, au moins, changé une fois de coach. Le dernier en date est le coach de l’ESS Rachid Taoussi, qui a cédé sa place au revenant Nourredine Zekri. Il faut savoir que seul Neghiz est le rescapé de la précédente saison toujours en activité. Les quatre autres reconduits de la saison dernière ont été tous remerciés ; on cite Hamadi Edou (DRB Tadjenanet), Amrani (CS Constantine), Casoni (MC Alger) et Dziri (NA Husseïn-Dey). Hammouche a également été limogé par l’Olympique Médéa pour être remplacé par Rouabah, sans oublier la démission de Lakhdar Adjali de l’AS Aïn-M’lila, remplacé par Janakovic. Le triste record de limogeage-démission est détenu par le DRB Tadjenanet qui est à son troisième entraîneur après Edou, Bouhellal et maintenant Bougherara, alors que l’aller n’a pas été consommé. Le CABBA a lâché Noguès, Alain Michel a fait les frais de la mauvaise passe du MOB, Casoni a été remplacé Adel Amrouche et Bououkaz a quitté l’USM Bel-Abbes pour céder sa place à Bouzidi… Il faut savoir qu’il ne reste que quatre entraîneurs étrangers ; il s’agit de Froger (USMA), Dumas (JSK), Chalo (PAC) et Janakovic (ASAM). Les autres sont des techniciens algériens avec Neghiz (JSS), Lacete (NAHD), Zekri (ESS), Adel Amrouche (MCA), Arab (CSC), Belatoui (MCO), Madoui (MOB), Rouabah (OM), Dziri CABBA), Bouzidi (USMBA), Bougherara (DRBT) et Lotfi Amrouche (CRB).

  1. N.

 

L’arbitrage

La grande fausse note

Des choses anormales se produisent au sein de la CFA. L’arbitrage est toujours au cœur de la polémique dans le championnat national. Les dernières sorties du président de la JSK Chérif Mellal, qui a accusé d’impartialité l’arbitre de la rencontre ayant opposé son équipe au CA Bordj Bou-Arréridj, ou encore les propos très graves du manager du MC Oran Zoubir Ouasti, qui n’a pas été tendre envers l’homme en noir lors du match NAHD-MCO sont des exemples en traitant les arbitres de «corrompus et de voleurs». Ils tombent au mauvais moment lorsqu’on sait que même au niveau international, l’arbitre algérien Mehdi Abid Charef est suspendu par la CAF suite à des soupçons de corruption. Force est de reconnaître que la commission de désignation des arbitres opère dans un domaine rétréci puisque les mêmes noms d’arbitres reviennent chaque semaine. Pourtant, ces derniers ont besoin de repos surtout lorsqu’ils officient des rencontres à haute intensité. Les noms de Mial, Necib, Bouslimani, Bekouassa Lyes, Bouzerar, Arab, Bessiri… entre autres, reviennent toujours et sont désignés chaque semaine.

  1. N. 

L’homme de la phase aller

Chérif qui remplace Mohand

On connaissait Mohand-Chérif Hannachi. Il a été président de la JS Kabylie de 1993 à 2017, soit pendant 24 ans ; en d’autres termes pendant 6 mandats olympiques. Aucun responsable de club n’a fait mieux. Mais en moins d’une année, Chérif Mellal est arrivé sans grand bruit à la tête du club phare du Djurdjura. En moins d’une année, il devient un véritable acteur de la scène footballistique algérienne. Lors de la précédente saison, il s’était distingué par ses positions, notamment lors du match JSK-MCA en coupe d’Algérie. Chérif Mellal, on l’aime ou on ne l’aime pas, c’est simple. Beaucoup lui ont reproché d’avoir décidé de faire jouer le match à Constantine, alors qu’il existait une énorme animosité entre les supporters du MCA et ceux du CSC. Il faut savoir que le président Mellal s’était distingué bien avant. Lorsque la commission de la Coupe d’Algérie lui avait refusé la domiciliation au stade du 1er-Novembre du match de l’épreuve populaire face à l’USM Blida, il avait tout fait pour recouvrer les droits de son club. C’est à partir de là que la relation entre le fraîchement président élu et la Ligue s’est détériorée. Avec l’arrivée de Medouar, les choses se sont empirées. Il faut dire que le président de la JSK n’a jamais porté dans son cœur le premier responsable de la LFP. La programmation du match USMA-JSK fut la goutte qui a fait déborder le vase.

 

Son conflit avec Medouar

Dans cette guéguerre entre les deux hommes, c’est finalement Mellal qui a remporté la bataille, mettant à nu les carences de cette nouvelle Ligue complètement dépassée par les évènements. Il a suffi qu’un président la contredise pour que l’édifice s’écroule. D’ailleurs, au final, il a eu gain de cause puisque la sanction que lui a infligée la commission de discipline de la LFP a été purement et simplement annulée. Il faut dire que Mellal ne s’est pas distingué uniquement par ses querelles avec la Ligue ; le président a remis de l’ordre au sein de la JSK, qui a réussi à retrouver des couleurs après plusieurs saisons où elle a frôlé la relégation. Mellal a monté une équipe dont tous les Kabyles sont fiers. Elle occupe la deuxième place au classement ; il a réussi à faire revenir les supporters au stade du 1er-Novembre. La JSK, qui évoluait devant des gradins tristement vides les précédentes saisons, voit les travées du stade fétiche de la ville des Genêts revivre. Sans conteste, et même si certains trouvent à dire, Chérif Mellal est l’homme de cette phase aller. La JSK a toujours «Chérif».

Ilyès Nassim     

 

L’affaire

La sortie de Zerouati

Il n’y a pas que Chérif Mellal qui a fulminé contre les responsables de la balle ronde algérienne. Le controversé président de la JS Saoura Mohamed Zerouati n’a pas été tendre envers le président de la Fédération algérienne de football (FAF) Kheireddine Zetchi, en portant de graves accusations contre lui. Il a accusé le président de la FAF d’être à l’origine d’un complot visant son club et d’avoir les preuves de tout ce qu’il a avancé. «J’accuse ouvertement Zetchi, qui, en dépit de mes sollicitations pour faire face aux erreurs d’arbitrage, n’a pas branché. C’est une personne qui est nourrie par ses intérêts», avait-il indiqué. Zerouati a été sanctionné et on n’a plus entendu parler de lui.

  1. N.

 

L’hégémonie

La domination de l’USMA entachée par la défaite d’hier

Mettons de côté le volet «problèmes» pour parler de l’âme de cette Ligue et le pourquoi de sa création. Le volet sportif est loin d’être reluisant. Le niveau de notre championnat ne pourrait s’élever par enchantement. Cependant, il faut dire qu’il y avait tout de même des rencontres d’un niveau appréciable. La régularité de l’USM Alger a fait de cette équipe la meilleure de la première partie du championnat. Les Rouge et Noir ont surmonté leur déception «africaine» en écrasant tout sur leur chemin en compétition domestique. Les Usmistes évoluent avec un rythme avancé par rapport aux autres formations de la Ligue 1. C’est le parcours d’un futur champion tant l’USM Alger a largement dominé la compétition, même si elle a perdu son dernier match hier face à l’ESS au stade Omar-Hamadi. D’ailleurs, c’est la seule défaite des Usmistes chez eux. L’USMA a gagné 10 fois, a fait 3 nuls et n’a enregistré que deux défaites face à la JSS (0-3) et l’ESS (0-1). L’équipe a inscrit 27 buts (meilleure attaque) et en a encaissé 12 (3e meilleure défense). Les Rouge et Noir terminent la phase aller avec 7 points sur le 2e, la JSK.

  1. N.

 

L’agréable surprise

Le visage séduisant de la JSK

Avec un parcours remarquable, la JSK a longtemps caracolé en tête du classement. Mais les quatre dernières journées n’ont pas été à la hauteur. Les Canaris ont terminé à la 2e place avec 26 points et ont enchaîné 10 matches sans enregistrer la moindre défaite. En matière de chiffres, l’arrière-garde kabyle est la 2e meilleure défense du championnat (10 buts encaissés), juste derrière celle de la JS Saoura (6 buts). On peut donc affirmer que le club du Djurdjura est un séduisant dauphin.

  1. N.

 

Le chiffre

La manita de la JSK

La première partie de la saison n’a pas été riche en enseignements sur le plan sportif. 240 buts ont été marqués lors des 120 matchs disputés jusque-là, après le but inscrit lors de la rencontre USMA-ESS. Il s’agit d’une moyenne de 2 buts par match. La journée la plus prolifique est la 5e (27 réalisations), alors que 8 buts ont été marqués seulement lors de la 11e journée. Cependant, le chiffre à retenir de cette première partie de la saison est cette victoire retentissante de la JSK devant le MCA au stade Omar-Hamadi. Une manita infligée au MCA, qui a enfoncé le club algérois dans d’énormes problèmes.

  1. N.

 

Le boycott

Le message des supporters du MCA

Très déçus par ce tout qui se passe dans leur club, les supporters du MCA sont passés à une autre forme de contestation. Ils ont lancé de nombreux appels à travers les réseaux sociaux pour boycotter le match de leur équipe face à Al-Nasr d’Arabie saoudite pour le compte des 1/8 de finale de la Coupe arabe. Pour la première fois de la saison, un match du MC Alger s’est joué avec une affluence de moins 20.000 supporters au stade du 5-Juillet. Mercredi dernier, le stade était affreusement vide. Les Chnaoua ont toujours affiché leur amour à leur club malgré tous les problèmes qu’il vit et les résultats loin d’être à la hauteur de son standing. Les fans du MCA ont également boycotté la rencontre en signe de protestation contre le policier qui a tabassé un de leurs fans, lors du dernier match de l’équipe disputé dans ce même stade contre l’USM Bel Abbes en championnat. Ainsi, la plupart des supporters qui s’étaient déplacés au stade étaient des adolescents, alors que les supporters habitués à assister aux matches du Mouloudia ont brillé par leur absence. Le match s’était déroulé devant un public clairsemé pour ne pas dire absent.

  1. N.

 

L’exemple

Des familles à Tizi

L’arrivée de Chérif Mellal a quelque peu changé les mentalités des supporters, notamment à Tizi-Ouzou. En effet, il a réservé des tribunes spéciales au stade du 1er-Novembre pour accueillir des familles. On a vu des femmes, jeunes, moins jeunes et des vieilles, arborant leurs tenues traditionnelles venues soutenir les camarades de Benkhalifa. Ces femmes ont été un «porte-bonheur» pour les Canaris puisque la JSK n’a perdu qu’un seul match à Tizi. C’était face au CSC (0-2) pour le compte de la 12e journée. Une défaite acceptée avec sportivité par les supporters de la JSK.

  1. N.

 

Les images

Violences à Bordj et fan tabassé par le policier

Rien ne présageait de tels évènements au stade 20-Août de Bordj Bou Arréridj. La violence dans les stades a fait repris lors du match entre le CABBA et le MCA. Les joueurs du Mouloudia n’ont pas été épargnés par des agressions de la part des supporters bordjiens déchaînés. L’autre image de cette phase aller est celle du policier qui s’acharnait à tabasser un fan du MCA. Cette scène a fait le tour des réseaux sociaux et a même été évoquée dans la presse étrangère.

  1. N.

 

Le onze-type de l’aller

Zemmamouche (USMA), Allati (NAHD), Chetti  (JSK), Bedrane (ESS), Tizi-Bouali (JSK), Dieng (MCA), Meziane (USMA), Boudaoui (PAC), Naïdji (PAC), Benkhelifa (JSK), Hamia (JSS)

 

Le coach de l’aller

Thierry Froger, un parcours exemplaire pour une première, et Franck Dumas qui a réalisé l’impossible avec un effectif jeune.

 

L’arbitre de l’aller

Ghorbal

 

Le public de l’aller

Les supporters du CRB, malgré la difficulté

 

Le joueur de l’aller

L’attaquant du Paradou AC Zakaria Naïdji, meilleur buteur du championnat.

 

 

Classement