Saintfiet : «En Afrique, avoir des noms ne suffit pas»

Comme pour Djamel Belmadi, l’entraîneur belge Tom Santfiet jouera son premier match ce samedi à la tête de la Gambie. Même s’il avoue que l’Algérie est le grand favori de ce groupe, il précise néanmoins qu’il connaît bien les points faibles des Verts et que son équipe tentera d’en profiter. Le coach belge de la Gambie affirme aussi qu’il connaît bien Djamel Belmadi pour l’avoir entraîné en 2003, quelqu’un de très professionnel et exigeant qui à son sens réussira à la tête de l’équipe nationale algérienne.

Comme pour Belmadi, samedi, ça sera votre premier match avec l’équipe gambienne ?

Tout à fait, j’ai signé mon contrat avec la Fédération gambienne de football au mois de juillet dernier, et donc c’est la première fois que je rencontre les joueurs. Ces derniers sont arrivés mardi et le jour même nous avons effectué notre première séance d’entraînement. Donc, comme pour Belmadi, je n’ai pas eu le temps pour faire un match amical ou de préparer longuement mes éléments pour cette confrontation. Mais ça ne nous empêchera pas de donner tout ce qu’on a lors de ce match d’autant plus qu’on joue à la maison. En tout cas les joueurs sont très motivés, car ce n’est pas tous les jours qu’on joue contre une équipe comme celle de l’Algérie.  

 

Vous avez fait le choix de convoquer beaucoup de joueurs évoluant à l’étranger…

En effet, nous avons beaucoup de joueurs qui évoluent en Europe et en Asie, pas le même niveau dans lequel jouent les joueurs algériens, car la majorité d’entre eux sont en deuxième division, mais il y a quelques éléments qui jouent en Italie et en Suisse. J’ai opté pour ce choix de faire appel à 17 joueurs car on n’a pas les moyens de faire venir de l’étranger près de 23 ou 25 joueurs. Personnellement, j’aime beaucoup aussi travailler avec les locaux, mais malheureusement notre championnat s’est terminé au mois de mai et ne reprendra qu’en novembre. J’ai donc fait un mixe entre les deux, en bossant durant les deux dernières semaines avec les joueurs locaux qui font partie de ma liste afin qu’ils soient prêts pour cette confrontation.

 

L’objectif demeure la qualification pour la CAN malgré la défaite face au Bénin dans le premier match…

Dans notre groupe, le grand favori reste incontestablement l’Algérie, mais on doit y croire et penser que nous sommes capables de passer, car les deux premiers participeront à la prochaine CAN, même si le Togo et le Bénin sont de bonnes équipes aussi. Mais, je pense que le grand avantage dans notre groupe c’est que les quatre nations peuvent créer la surprise. A mon avis avec 8 ou 9 points on peut passer comme deuxième. Je ne suis pas sûr qu’on puisse réussir, mais on fera tout pour.

 

Vous avez fait aussi le choix d’opter pour des joueurs très jeunes…

Effectivement, notre groupe renferme beaucoup de jeunes éléments renfermant les qualités des joueurs de l’Afrique de l’Ouest, à savoir qu’ils sont forts et très rapides, mais on doit aussi mettre en place une discipline de jeu et une bonne organisation car cela est très important quand tu évolues contre les grands pays comme l’Algérie. Même s’il ne s’agit que de mon premier match, j’estime que nous avons une bonne équipe avec des joueurs hyper motivés et, incha Allah, ils seront prêts pour rendre la tâche difficile aux Algériens ce samedi à partir de 16h30.

 

On sait aussi que vous suivez de très près le football algérien…

Oui, c’est vrai, je suis un grand supporter du football algérien. Lors de la Coupe du monde 2014, j’ai fait beaucoup d’analyses sur l’équipe d’Algérie. J’aime la culture du football de ce pays, mais aussi les qualités du joueur algérien y compris ceux qui évoluent en Algérie. Pour moi le championnat algérien est l’un des meilleurs en Afrique avec de grands clubs qui sont très professionnels, et pour un entraîneur comme moi c’est toujours intéressant de bosser dans de grands clubs comme ça et de gagner des championnats, des coupes africaines ou même des coupes arabes.

  

Vous aviez d’ailleurs failli atterrir en Algérie avant de signer en Gambie…

Tout à fait, j’avais discuté et négocié avec deux clubs algériens, à savoir l’USM Alger et la JSK, mais finalement ça ne s’était pas fait. Au final, j’ai accepté l’offre gambienne et je suis content d’être là, peut-être un jour pourquoi pas.

 

Pour votre premier match à la tête de cette sélection, vous auriez peut-être préféré éviter l’Algérie, non ?

Franchement je sais très bien que la pression est surtout du côté des Algériens, car ils sont dans l’obligation de réussir un bon résultat et de gagner chez nous. Pour notre équipe qui n’a jamais pris part à une CAN auparavant, j’estime qu’un résultat nul sera le bienvenu, même si en tant que coach, je dirais que je joue avec toujours l’ambition de gagner. Toutefois, dans certains cas, il faut être réaliste et nous sommes preneurs pour un point, même si nous tenterons de faire plus.

 

Vous avez certainement dû visionner les derniers matchs de l’Algérie, vous en avez pensé quoi ?

Effectivement, j’ai visionné les cinq dernières rencontres disputées par l’Algérie, mais bon ce fut un autre entraîneur, et je ne sais pas pour quelle organisation optera au final Djamel. Je pense qu’ils devraient évoluer en 4-2-3-1 ou en 4-3-3 car ils sont très forts devant. On connaît les qualités des joueurs algériens surtout en attaque où le coach a vraiment beaucoup de choix. Il y a beaucoup de qualité, d’expérience, de créativité, ce n’est pas seulement un joueur mais plusieurs. Beaucoup parlent de Mahrez, mais il y a aussi Brahimi qui est un grand joueur, Slimani, Soudani, Ghezzal, avec Bentaleb au milieu et le retour de Mbolhi dans les bois. Donc, on connaît bien leurs qualités, mais on connaît aussi les points faibles de cette sélection et on devra saisir et profiter de cela pour tenter de marquer un but. Je sais qu’on n’aura pas beaucoup d’occasions lors de cette rencontre, mais les rares qui se présenteront à nous, on devra les concrétiser.

 

Les derniers matchs des Verts que vous avez visionnés, ce n’était pas fameux…

Je pense qu’il faut malgré tout rester objectif. Face au Cap Vert, l’Algérie a touché 7 fois le poteau, et le résultat aurait été tout autre si les occasions avaient été concrétisées. Après, je dirais que c’est peut-être pas bon pour nous que les Algériens aient vécu cette mauvaise période, car là on sait qu’ils sont super motivés avec un nouvel entraîneur. On n’a pas peur de l’Algérie mais ils ont forts comme je l’ai déjà précisé.

 

Djamel Belmadi que vous connaissez bien pour l’avoir eu comme joueur au Qatar…

En 2003 j’ai travaillé à El-Gharafa au Qatar comme entraîneur adjoint et Djamel était à l’époque un joueur de cette même équipe. C’est un professionnel, il a son caractère. Comme joueur il était très bon et très intelligeant. Il savait exactement où se placer, quand donner le ballon. Et comme entraîneur il fait son chemin aussi et fait tout pour gagner ses matchs et des trophées. La preuve, la carrière qu’il a faite au Qatar en gagnant beaucoup de titres comme coach. A présent, il est sélectionneur de l’Algérie, certes l’Afrique c’est différent de l’Asie, mais pour moi ça sera un match spécial et de revoir Djamel après toutes ces années. Certes, on ne sera peut-être pas amis pendant la rencontre, mais on le sera certainement à la fin de la confrontation.

 

Que voulez-vous dire en affirmant qu’il a un caractère spécial ?

C’est un grand professionnel, mais il n’est pas facile car il est très exigeant avec ceux avec qui il travaille. Il veut que tout le monde soit aussi professionnel et tire dans le même sens que lui.

 

A votre avis, qu’est-ce que peut apporter Belmadi à cette équipe d’Algérie ?

Et bien créer un groupe, motiver ses joueurs et trouver un bon mixe entre eux. Vous savez, ce n’est forcément pas les joueurs professionnels qui sont les meilleurs, mais plutôt ceux qui sont motivés et ambitieux et qui souhaitent travailler ensemble pour le pays. Mais bon, ça, c’est le travail de Djamel et il en est capable. J’espère que l’Algérie et la Gambie se qualifieront pour cette CAN.

 

Vous y croyez vraiment à cette qualification…

Jusque-là, que ce soit les joueurs, le peuple gambien, tout le monde pense qu’on joue les éliminatoires d’une CAN mais sans avoir la moindre chance pour se qualifier. Je veux changer ça et qu’ils se disent qu’avec du cœur et les qualités qu’on a, on peut réussir beaucoup de choses. C’est mon 6e pays africain, et je connais bien la mentalité de ces pays. Dans ce continent, ce n’est pas toujours les noms qui sortent victorieux, mais surtout le cœur et la discipline dans le jeu, et quand ça marche on peut rêver.

Des pays comme le Botswana et la Guinée Bissau ont réussi à le faire, pourquoi pas la Gambie.

 

Vous avez même suivi la dernière conférence de presse de Belmadi…

Oui, tout à fait, car j’espérais qu’il donne quelques indications quant à sa façon de jouer, mais je n’en ai pas eu beaucoup. Je voulais savoir aussi ce qu’il pensait de ses joueurs et comment se passer le stage. Après les questions des journalistes ne sont pas toujours pas faciles, mais lui il a l’expérience pour faire face à tout cela.

  1. H. A.

 

 

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