Brahimi : «C'est dur de jouer en Afrique»

Dans un entretien accordé à Onze Mondial, l’international algérien, Yacine Brahimi, parle de sa personnalité, de ses ambitions dans le football et de la sélection algérienne.

 

Le milieu de terrain offensif de Porto semble heureux dans son club même s’il n’écarte pas l’éventualité d’un départ. Brahimi se définit comme un gars très généreux et surtout très famille : «Je suis quelqu’un de très généreux, très famille. Quand j’aime, je donne tout. Mes proches représentent tout, c’est pour eux que je fais tout ça chaque jour. Je suis simple. Le foot ne me fera jamais changer. Il peut tout m’arriver, ça ne me changera jamais. C’est clair, j’ai ma fierté. La dignité, c’est plus important que tout. Il y a des choses que je ne pourrai jamais faire par dignité, par fierté.» A propos d’amitié, l’ex-joueur de Granada n’hésite pas à désigner ses amis et les joueurs avec qui il s’entend bien. «J’ai de bons amis. Le foot m’a permis de connaître de vraies personnes comme Walid Mesloub. Je m’entends aussi super bien avec Moussa Marega, Riyad Mahrez. En sélection, il y a Aïssa Mandi, Nabil Bentaleb, des gars que j’apprécie beaucoup en tant qu’hommes. Moi, je n’apprécie pas un type sur ses qualités footballistiques. Je l’apprécie pour ses valeurs humaines.»

 

«Je dois trouver le juste milieu»

Le joueur reconnaît qu’il est parfois un peu trop individualiste dans le jeu où il fait certains trucs sur le terrain en plus qui normalement devait l’éviter comme il a tenu à l’expliquer. «Parfois, j’ai envie de trop bien faire, c’est peut-être là où je vais faire la touche de trop et ça va me desservir, desservir mon équipe. À chaque fois, je dois trouver le juste milieu pour être au top. Pour briller, j’ai besoin de mes coéquipiers même si je réalise parfois des choses qui sortent un peu de l’ordinaire. Plus tu es dans une bonne équipe, plus c’est facile. C’est logique», a assuré  l’international algérien.

 

«Je ne regrette rien»

Le parcours du joueur algérien n’a pas été facile mais sa bonne formation de footballeur lui a permis de progresser et d’aller vers l’avant. Il a parfois galéré mais son talent l’a propulsé pour aller jouer dans un grand club comme le FC Porto. A 28 ans, Brahimi a encore de beaux restes devant lui. «A 28 ans, je n’imaginais pas connaître autant d’étapes dans ma carrière. Mais, je suis heureux. J’ai fait de bons et de mauvais choix, je ne regrette rien. Aujourd’hui, je suis heureux. J’ai mes enfants, ma femme, ma famille et ça, c’est ma plus grande réussite. Et si Dieu veut, il me restera encore pas mal d’années devant moi.»

 

«L’Algérie, un choix du cœur»

Formé en France, Brahimi a été sélectionné régulièrement chez les Bleuets de 2005 à 2010. En août 2010, il est retenu par Erick Mombaerts en équipe de France espoir, mais reste dans les tribunes lors d'un match perdu par les Bleuets face à la Belgique (0-1). Il fait finalement ses débuts avec l'équipe de France espoir le 7 septembre 2010 face à Malte, et délivre une passe décisive lors de ce match mais le joueur va choisir de jouer pour son pays d’origine, l’Algérie Il est convoqué pour la première fois par l'équipe nationale algérienne en mars 2013, pour jouer contre le Bénin : «Comme j'ai dit, ma décision était prise depuis un moment. Ça a été un choix du cœur donc ça n'a pas été un choix compliqué à faire. Voilà. Franchement, je suis super fier.»

 

«On sera la plus belle génération si on gagne des titres»

Interrogé sur l’actuelle génération qui compose la sélection algérienne  et sur le fait qu’on dit que c’est une génération dorée, Brahimi même s’il reconnaît le grand  talent  de certains joueurs de l’EN mais il reste tout de même réaliste car pour lui la meilleure génération c’est celle qui gagne des titres. «Pour moi, il y a deux choses différentes : on a de supers joueurs, ça, c'est clair. Après, je pense qu'on sera la plus belle génération si on gagne des choses. Ce qui fait de toi le meilleur, ce sont les titres. Si tu ne gagnes pas, tu n'existes pas. J'espère dans un premier temps qu'on va se qualifier pour la Coupe d'Afrique 2019 et derrière tout faire pour la gagner. Le but est de remporter un titre avec cette génération», a indiqué l’ex-joueur du Stade Rennais.

 

«L’instabilité n’a pas aidé l’EN» 

Questionné sur les raisons du recul de la sélection algérienne depuis sa participation  positive au Mondial de 2014, l’international algérien évoque plusieurs causes entre autres l’instabilité au niveau de la barre technique, tout en reconnaissant que les joueurs ont également leur part de responsabilité notamment lors de la CAN 2017 au Gabon : «On sort d'une Coupe du Monde 2014 extraordinaire. On a été en huitième de finale, c'était historique. On perd contre les champions du monde en prolongation. Ensuite, on reprend bien. Avec Christian Gourcuff, tout se passe hyper bien. Bon, c'est vrai qu'on ne gagne pas la Coupe d'Afrique, on perd en quart de finale contre la Côte d'Ivoire, le futur vainqueur. Pour beaucoup d'entre nous, c'était la première Coupe d'Afrique. Et la CAN, on sait tous comment c'est. Ce n'est pas facile. Après, il y a une succession d'entraîneurs, quatre en une année. Ça, ça fait mal à la sélection. L'instabilité n'a pas aidé l'équipe nationale. Après, nous aussi, joueurs, avons notre part de responsabilité parce que nous sommes sur le terrain. Comme à la dernière Coupe d'Afrique, c'est nous qui avons merdé. Maintenant, je pense qu'on a un groupe. Je ne dirais pas qu'il est en train de se reconstruire mais, mentalement, il est en train de repartir. On a de plus en plus l'expérience africaine. J'espère qu'on répondra présent lors des prochaines échéances», a expliqué le joueur originaire d’El-Goléa.

 

«L’échec de la dernière CAN m’est restée en travers de la gorge»

Toujours à propos de la sélection algérienne et la passion qu’il ya tout autour, Brahimi reconnaît que cela est parfois très dur gérer car il sait bien ce que représente la sélection pour 40 millions d’Algériens. Le joueur n’arrive toujours pas à expliquer la déroute de la sélection algérienne au Gabon.  Pour lui il y a des trucs qu’on n’arrive pas à expliquer : «Parfois, les gens ne se rendent pas compte que nous avons encore plus envie qu'eux. On représente notre pays, on représente 40 millions de personnes, on représente nos familles. Donc c'est sûr que ce n'est pas facile. Pour eux, comme pour nous. Mais, bien sûr que je les comprends. Franchement, avec l'équipe qu'on a, même nous, on se demande ce qui se passe. Parfois, il n'y a pas d'explications. Comme la dernière Coupe d'Afrique, si tu me demandes, je ne saurais même pas te dire pourquoi on n'arrivait pas à jouer, pourquoi on n'arrivait pas à gagner un match. Parfois, il y a des choses qui ne s'expliquent pas et ça rend fou». A propos des difficultés que la sélection algérienne trouve lorsqu’elle évolue dans le continent africain, le milieu de terrain offensif des Dragons confirme bien cela en précisant qu’il n’est pas facile de jouer sur les stades africains notamment à cause des conditions climatiques. «C'est dur de jouer en Afrique. On ne va pas se mentir. Celui qui me dit que ce n'est pas dur de jouer en Afrique, c'est un menteur. Surtout pour nous. Parfois, il fait 40 degrés, la plupart du temps, les terrains sont catastrophiques. Mais voilà, on fait partie de l'Afrique, on se doit de représenter notre pays en toutes circonstances», a précisé Brahimi.

 

«Je comprends la réaction de Mahrez»

Concernant l’échec du transfert de Riyad Mahrez à Manchester City lors du dernier mercato hivernal et la réaction du joueur qui n’a pas digéré cela, Brahimi s’est dit comprendre parfaitement la réaction de son coéquipier en sélection : «Concernant Riyad Mahrez, il a prouvé et démontré qu'il pouvait jouer dans un grand club. C'est tout. Tout ça, c'est clair. Bien sûr. C'est très dur de t'imaginer dans un club et de ne pas y aller. Après, je ne sais pas ce qui s'est passé exactement.»

 

«Je veux gagner des titres à Porto»

Interrogé sur son avenir sportif, Brahimi se dit être concentré avec son équipe sur la fin de la saison et surtout pour remporter un maximum de titres : «J'espère gagner le maximum de titres avec Porto. On est encore en course en Coupe du Portugal et en championnat qui reste l'objectif principal. La seule chose qui m'intéresse, c'est de gagner le championnat, c'est tout. Ça, ça ne sort pas de ma tête et ça ne sortira pas de ma tête jusqu'à la fin de la saison. Je veux vraiment, vraiment, vraiment gagner des titres avec Porto», a conclu l’international algérien.

Synthèse K. H.

 

 

 

 

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