Il y a un compartiment de jeu où le Bosnien a déjà tranché sans hésitation, celui du front de l’attaque algérienne. C’est Islam Slimani, l’attaquant du Chabab Riadhi de Belouizdad, qui aura la lourde tâche de faire trembler les filets tunisiens mardi prochain dans un stade de Rustenburg qui sera chauffé à blanc par les supporters des deux équipes.
Islam devrait être titulaire face à la Tunisie
Revenons seulement une année en arrière. Qui aurait prévu que deux des trois avant-centres sélectionnés pour disputer la prochaine CAN seraient ceux du CRB et de l’Entente de Sétif ? Qui aurait pu parier il y a seulement quelques mois que l’attaquant vedette de l’Olympiakos avec ses 29 sélections et son expérience du très haut niveau resterait à la maison ? Personne, sauf Vahid Halilhodzic qui a misé sur ces deux joueurs en lesquels il croit beaucoup. Si Aoudia a été freiné dans son ascension par des problèmes de blessures au mauvais moment, Slimani, lui, a su saisir sa chance et en inscrivant 5 buts en 8 matchs disputés. Malgré sa grave blessure contractée la veille du tirage au sort de la CAN, malgré son manque de compétition, le Bosnien a décidé de miser toutes ses pièces sur le grand Islam pour essayer de faire la différence et remporter ce match à six points.
Le coach se fie à son instinct d’attaquant
Avant d’être celui que l’on appelle affectueusement «coach Vahid», notre sélectionneur attaquant a été un grand attaquant. A la fois dans son club de Mostar, à Nantes, au Paris Saint Germain, et dans son équipe nationale d’ex-Yougoslavie. Le Bosnien connait le compartiment offensif, les buts et le profil, surtout le style et le morphotype de l’attaquant adéquat par rapport à l’adversaire que l’on va affronter. Après avoir été buteur durant de longues années, Vahid Halilhodzic ne se fie plus seulement à son expérience et à ses capacités d’entraîneur, mais plus à son instinct, dans un sport où souvent, les méthodes académiques et théoriques ne suffisent plus, et où le flair a aussi son importance. Surtout sur le continent africain. C’est ce flair d’attaquant à attaquant qui a conduit le coach des Verts à renouveler sa confiance à Slimani malgré tous les problèmes physiques et psychologiques, auxquels l’attaquant du Chabab doit faire face. Vahid l’a répété à maintes reprises dans de précédentes déclarations. Ce qu’il apprécie chez Islam Slimani, c’est son sens du but et son instinct d’attaquant. Vahid reconnaît que la qualité première du Belouizdadi est qu’il a le sens du but. Son but face au Mali, tout en opportunisme, est souvent cité en exemple et il compte sur lui pour affoler et désarçonner la défense tunisienne.
Pourtant, le Belouzdadi revient de blessure…
Il est indéniable que chez le sélectionneur national, l’instinct a une grande part dans sa prise de décision. Car même si Slimani a fait une saison 2012 exceptionnelle, en club et en sélection, depuis sa blessure, le 20 octobre 2012, l’attaquant a fait face à des moments difficiles. Une intervention chirurgicale avec une rééducation dans la foulée qui l’a éloigné trop longtemps des terrains. Un retour le plus tôt possible pour essayer de «sauver les meubles» CAN 2013, qui ne lui a permis de ne jouer qu’un match de coupe d’Algérie où il a quand même inscrit deux buts. Une efficacité retrouvée rapidement, mais cela risque de coincer dans le domaine de la condition physique et du rythme.
… et manque de rythme
Car c’est dans ce compartiment-là qu’Islam Slimani est déficitaire, celui de la condition physique et du rythme. Car tous les joueurs ou les éducateurs de football vous le diront, qu’ils soient professionnels ou amateur, même si vous avez du talent et une valeur intrinsèque, cela ne suffit pas, il faut avoir de la condition physique et surtout du rythme. Et ces deux choses ne s’acquièrent que d’une seule manière, la répétition des matchs. On a senti face à l’Afrique du Sud et face aux Platinum Stars, que la coqueluche du CRB malgré toute la bonne volonté du monde manquait de fraîcheur physique et de rythme. Mais on a vu qu’au fil des minutes, il allait mieux. Même si Vahid Halilhodzic sait que son attaquant fétiche aurait bien eu besoin de deux autres matchs amicaux pour donner la plénitude de ses moyens, il devrait quand même miser sur lui face aux Aigles de Carthage, même s’il n’a pas marqué lors de cette préparation, pour l’ensemble de son œuvre en équipe nationale et surtout aussi pour son comportement exemplaire depuis qu’il est international.
Son abnégation plaide pour lui
Car même si ses statistiques continuent de plaider pour lui auprès du sélectionneur national qui ne jure que par les buts et l’opportunisme, c’est surtout le comportement exemplaire et l’abnégation de l’attaquant du Chabab qui plaît au Bosnien. Car dans une équipe nationale algérienne où la testostérone et les égos sont légions, et où toute décision prend des airs de «tragédie grecque», Slimani a toujours été calme, positif et respectueux. Slimani a toujours respecté les décisions du sélectionneur national, a appliqué les schémas tactiques à la lettre et a toujours été confiant et positif concernant l’équipe n’entrant jamais dans des polémiques stériles. Cerise sur le gâteau, il a toujours respecté le règlement intérieur tordant le coup à «l’image d’Epinal» du joueur local ingérable véhiculée par certains. Un comportement qui plaît beaucoup à Vahid et qui a sans doute pesé dans la décision de Vahid d’aligner le longiligne Slimani, face à la Tunisie, en plus de son profil de joueur.
M. B.
Il devrait être aligné en pointe face à la Tunisie
Slimani : «Que ce soit moi qui marque ou un autre, l’essentiel, c’est que l’Algérie gagne»
- «La pression commence à monter»
Islam Slimani devrait être titulaire mardi face à la Tunisie. Même si l’attaquant du CRB n’a pas marqué lors des derniers matchs des Verts, Vahid Halilhodzic devrait l’aligner d’entrée de jeu. A la fin du match face aux Platinum Stars, Islam Slimani s’est dit très content du résultat de l’équipe. Pour lui, le plus important, ce n’est pas qui va marquer, mais que l’équipe gagne. Concernant sa forme, l’attaquant des Verts dit se sentir mieux.
- Comment vous êtes-vous senti face aux Platinum Stars ?
- Je peux dire qu’aujourd’hui (NDLR : entretien réalisé après le match) tout s’est bien passé pour nous. Certes, en face, nous n’avions pas une sélection nationale, mais notre adversaire s’est bien battu et nous a causé quelques problèmes. Donc, le fait qu’on ait gagné cette rencontre avec un score large, ça nous fait du bien à quelques jours du grand rendez-vous face à la Tunisie.
- Il reste encore quelques jours de travail, à votre avis ça va suffire pour que vous soyez prêts pour le 22 ?
- Depuis notre arrivée en Afrique du Sud, nous avons beaucoup travaillé et là, nous entamons la dernière ligne droite de notre stage. Pour nous, le plus important c’est d’être prêts le 22, ni avant ni après, mais le jour J. On connaît l’importance de cette rencontre et on fera de notre mieux pour répondre présent et réaliser un bon résultat face à la Tunisie.
- Commencez-vous à ressentir la pression au fur et à mesure que le match approche ?
- Bien sûr qu’on ressent cette pression. C’est une Coupe d’Afrique et non un match ordinaire avec les meilleures équipes du continent. Mais ce que je peux vous dire, c’est que nous les joueurs savons pertinemment ce qui nous attend sur le terrain afin d’être à la hauteur et ne pas décevoir tous les Algériens qui attendent beaucoup de nous.
- C’est la deuxième rencontre de suite où vous ne marquez pas, un commentaire là-dessus ?
- Vous savez qu’aujourd’hui nous avons marqué quatre buts, c’est quand même pas mal. Donc, que ce soit moi qui marque ou quelqu’un d’autre, l’essentiel pour nous tous, c’est que l’Algérie sorte vainqueur. Tout le reste est secondaire.
A. H. A.