CAN 2013 : Compétition dans le nid des Super Eagles

Il était 16h30, avant-hier, à l’Olympia Stadion de Rustenburg, l’ancien stade de la ville avant la construction du Royal Bafokeng Stadium, que sont arrivés sous bonne escorte policière, les Super Eagles du Nigeria, pour une séance d’entraînement.

Contrairement à ses homologues algériens et ivoiriens, l’équipe nationale du Nigeria a décidé d’imiter le Togo dans sa gestion de la pression. Tout le monde, médias, mais aussi supporters, a été autorisé à entrer 20 minutes sur la main courante et au milieu des joueurs.

Le Nigeria de plus en plus cool

Alors que nous étions à la veille d’un match capital, nous sommes tous entrés sur le terrain en groupe, joueurs, staff, journalistes et supporters. Arrivés sur le terrain, les 20 premières minutes, tout le monde a pu poser des questions, discuter, ou même se prendre en photo avec ses idoles. Une attitude «cool» qui permet aux joueurs de ne pas avoir la pression, aux supporters de communier avec les joueurs et à la presse de travailler dignement. Une attitude qui diffère de celle de notre équipe nationale. Notre équipe, en se «bunkerisant», s’est mise toute seule la pression inutilement. En plus le Togo et le Nigeria, en ouvrant les portes, se sont qualifiés au second tour. L’Algérie devra donc les imiter à la prochaine CAN pour être «cool» sur le terrain et non tendue comme elle l’a été durant le tournoi.

Trop cool même, un retard de 30 minutes

Ce Nigeria de Stephen Keshi est tellement «cool» que la délégation n’est arrivée à l’entraînement qu’à 16h30 au lieu de 16h, l’heure initialement prévue. Nous avons failli manquer l’entraînement des Ivoiriens, prévu à 18h à l’autre bout de la ville.

Une sécurité minimum, une proximité maximum

Les policiers étaient présents à l’Olympiapark Stadion, mais ne sont pas du tout intervenus sur instruction des Super Eagles et tout s’est bien passé. Malgré la présence de stars comme Obi Mikel ou Yobo, il n’y a eu aucun incident à signaler.

M. B.

Keshi : «Nous jouerons le coup à fond !»

Alors que nous n’avions même pas pris rendez-vous, et que son entraînement allait commencer, le sélectionneur national des Super Eagles, Stephen Keshi, a accepté de répondre aux questions de Compétition, sans «faire de chichi», à la  bonne franquette» comme on dit familièrement.

- Un match difficile vous attend face à la Côte d’Ivoire dimanche, comment appréhendez-vous ce match ?

- Nous l’attendons avec impatience. C’est le genre de grosse affiche que tout joueur rêve de jouer. C’est un choc du football africain. Comme je vous l’ai dit, nous avons hâte d’y être.

- Un mot sur votre adversaire la Côte d’Ivoire ?

- La Côte d’Ivoire est une très bonne équipe. Je crois qu’en disant ça, je ne trahi pas un secret. C’est une équipe qui joue bien au ballon. Nous aussi, nous jouons bien au ballon, donc les spectateurs vont se régaler.

- Vous avez déclaré à votre arrivée à Johannesburg que votre objectif réel, ce n’était pas la CAN, mais aguerrir votre jeune effectif en vue de la qualifier au prochain Mondial. Vous êtes toujours dans cette optique ?

- Bien sûr que oui. Je pouvais faire appel une nouvelle fois aux anciens pour assurer. Mais j’ai préféré sélectionner 17 jeunes sur 23, entourés de joueurs comme Joseph Yobo ou John Obi Mikel, ou encore Moses, qui ne sont plus à présenter pour leur transmettre leur expérience. Mais je vous rassure, si sur notre route, nous avons l’occasion de prendre cette CAN, nous n’allons pas nous gêner pour le faire. Si on gagne cette CAN avec ce jeune effectif, nous remercierons Dieu.

- Tout le monde voit la Côte d’Ivoire favoris. Cela ne vous agace-t-il pas ?

- Non ça ne m’agace pas. Au contraire, je trouve cela normal. C’est le même effectif depuis quatre CAN. Il n’ya que de bons joueurs dans cette équipe et qui jouent ensemble depuis plus de dix ans. C’est normal que les gens en fassent les favoris. Mais le football ne se joue pas sur les statistiques, l’ancienneté ou le CV. Le football c’est 11 hommes contre 11 autres sur une pelouse en 90 minutes. Et dans ces 90 minutes tout peut arriver. C’est la magie de ce sport et nous ferons tout pour créer la surprise.

- Justement, ne pensez-vous pas que ce Nigeria outsider peut créer la surprise dans une «configuration coupe» ?

- Oui je vous l’ai dit, tout est possible en football. Le Cap Vert qualifié et la Zambie, l’Algérie et la Tunisie éliminés. On a vu aussi le Togo en quart de final et le Burkina Faso premier du groupe. C’est sur cette incertitude du sport, que nous allons jouer le coup à fond.

- Le peuple algérien aurait aimé un quart Nigeria Algérie ?

- Moi aussi, mais que voulez-vous, c’est le sport. Je sais qu’en Algérie, on aime les Super Eagles et je suis sûr que dimanche vous nous supporterez face à la Côte d’Ivoire. Et pourquoi pas un Algérie – Nigeria en amical qui sait (rire) ? Comme vous dites «Inchallah».

M. B.

Obi Mikel : «Nous débuterons ce match à 50/50 »

- «Seule la loi du terrain compte»

C’est un John Obi Mikel, aussi détendu et relax que le reste de son équipe, qui nous a invités à nous assoir à côté de lui sur le banc de touche du Olympiapark Stadion et a accepté de répondre à nos questions pendant qu’il mettait ses chaussures.

- Quelles sont vos impressions à 48 heures de ce gros match face aux Ivoiriens ?

- Je pense que ce match sera à la fois plaisant, car c’est une grosse affiche, mais difficile pour les deux équipes. Ils ont une grosse équipe, très expérimenté et nous une équipe jeune. Mais nous sommes prêts et au coup d’envoi de l’arbitre nous partirons à 50/50. Car seule la loi du  terrain compte.

- Vous ne snobez jamais votre équipe nationale, alors que d’autres joueurs africains moins prestigieux que vous le font. Quelle est votre opinion là-dessus ?

- Snober le Nigeria m’est impossible. Je ne comprends pas les joueurs qu’ils soient Africains où non qui refusent la sélection. En plus d’être un devoir, je suis fier de représenter mon pays et de porter ses couleurs. J’ai de très bonnes relations avec les supporters et mes compatriotes nigérians. Je gagne bien ma vie, et quand je viens en sélection, ce n’est que pour le drapeau. Je savoure chaque sélection et avant chaque rencontre, j’ai ce petit frisson que je ne ressens nulle part ailleurs.

M. B.

Yobo : «Prêts physiquement et surtout mentalement.»

Alors que son échauffement venait de commencer et qu’il faisait quelques jongles sur la ligne de touche, le capitaine des Super Eagles, Joseph Yobo, l’homme qui a joué déjà 6 CAN, a accepté de répondre aux questions de Compétition.

- Pouvez-vous nous donner l’opinion du capitaine des Super Eagles, à 48 heures de ce grand match face à la Côte d’Ivoire ?

- Ce match sera très difficile. Ça sera un match plaisant à jouer, car ça sera un match d’hommes. Nous nous sommes préparés, nous avons travaillé dur et nous continuons de le faire pour  être prêts à ce genre de rencontre. Ce sera un match intéressant, je ne peux pas vous en donner le résultat à l’avance, mais je peux vous dire que nous vendrons chèrement notre peau.

- Mais est-ce que vos jeunes joueurs sont prêts psychologiquement ?

- Oui tout le monde est prêt. Nous avons gagné le dernier match mentalement. Nous arrivons à ce match avec un moral d’acier et nous n’avons rien à perdre. Nous perdons c’est normal, vu l’adversaire, nous gagnons, nous créons l’exploit. Donc, vous voyez, aucun problème. 

- La Côte d’Ivoire est tout de même un sérieux client ?

- Oui c’est une bonne équipe. Mais nous aussi avons des arguments et des joueurs prestigieux. Ils sont forts, ils ont de l’expérience, mais en football, la volonté peut déplacer des montagnes et ce n’est pas toujours le plus fort qui gagne à la fin.

M. B.

Une prime de 50 000 $ pour les Super Eagles en cas de victoire

Selon une source bien informée,  proche du staff des Super Eagles, nous avons appris que le gouvernement nigérian, pour motiver son équipe, avait promis aux joueurs une prime de 50 000 dollars par joueur en cas de victoire face à la Côte d’Ivoire et qualification pour les demi- finales, l’objectif alloué à Keshi et ses ouailles. Une motivation supplémentaire pour les joueurs.

 

 

Compétition dans la tanière des Eléphants

Est-ce dû au passage de Vahid Halilhodzic à leur tête, mais l’équipe des Eléphants de la Côte d’Ivoire ressemble vraiment à notre équipe nationale dans sa gestion. Il était 18h hier, lorsque nous nous sommes présentés au Royal Bafokeng Sport Campus, le camp d’entraînement des Eléphants, pour assister à l’entraînement. Après nous être présenté deux fois à deux check point différents, nous sommes enfin arrivés sur le lieu d’entraînement de l’équipe et nous n’avons pu assister qu’à 15 minutes d’échauffement de très loin. Dommage que nous n’avions pas de jumelles pour distinguer les points  orange qui s’agitaient au loin.

Une Côte d’Ivoire faussement zen

Durant ces quinze minutes, où les journalistes ivoiriens n’étaient pas présents, les joueurs de la Côte d’Ivoire nous ont joué la comédie du «nous sommes zen», «on rigole, on se fend la poire», lors de l’exercice ludique de leur préparateur physique, M. Ancian, qui ressemblait plus à des exercices de cours de récréation. On sentait que les joueurs jouaient la bonne humeur et que le but était de faire passer le message à la presse que la Côte d’Ivoire n’avait pas la pression.

On sent qu’ils se mettent la pression

Malgré cette opération communication, on a senti que la Côte d’Ivoire avait énormément de pression, et pour cause, ils auront gros à jouer. Une pression augmentée par leur enfermement et leur service de sécurité privé, à l’algérienne.

M. B.

 

 

 

Quarts de finale

Côte d’Ivoire – Nigeria 17h

Une finale avant l’heure

Cet après-midi, à 16h heure locale, débutera au Royal Bafokeng Stadium de Rustenburg un quart de finale qui va sentir la poudre. Les deux équipes croyaient qu’elles n’allaient se rencontrer qu’au tour suivant, mais la bonne santé du Burkina Faso en a décidé autrement. Même si sur papier, la Côte d’Ivoire est donnée favoris, bien malin celui qui pourra dire qui va remporter cette finale avant l’heure.

Des conférences de presse 48 heures avant le match

Alors que d’ordinaire, les conférences de presse d’avant-match ont lieu la veille du match, la CAF a décidé d’innover cette fois-ci, en organisant la conférence de presse du Nigeria et de la Côte d’Ivoire, 48 heures avant la rencontre. Nombres de journalistes, non informés à temps, ont manqué les conférences.

Lamouchi : «En quarts, celui qui perd rentre à la maison»

C’est un Sabri Lamouchi, tendu, qui est apparu devant les journalistes avant-hier, bien qu’il voulait donner le change et paraître relaxe. Un Sabri Lamouchi qui, en bon professionnel, a répondu  à toutes les questions, même les plus farfelues, et souvent hors de propos puisqu’elles ne concernaient pas le quart de finale face au Nigeria, émanant de certains confrères ivoiriens qui profitaient de la présence de l’entraîneur national pour poser des questions qu’ils n’avaient pas eu l’opportunité de poser avant. Concernant la rencontre de ce soir, Sabri Lamouchi a déclaré : «C’est un quart de final qui ne sera pas facile. L’équipe du Nigeria a un grand passé footballistique. Même si ce n’est plus l’équipe mythique des Kanu et Okocha, elle reste une grande équipe. Nos joueurs pour le moment ne sont concentrés que sur ce quart de finale. Je ne peux pas communiquer, vous le comprenez bien, le 11 de départ, car il reste 48 heures, mais sachez que j’alignerai le meilleur 11 ivoirien en mon âme et conscience comme je l’ai toujours fait. Il faut bien comprendre une chose. Un quart de finale, ça n’a rien avoir avec le premier tour. Vous gagnez, vous continuez l’aventure, vous perdez, vous rentrez à la maison. Même si cette équipe du Nigeria est jeune et inexpérimentée, elle a en son sein de grands joueurs et monte en puissance. Sur un match, en football, tout est possible et la moindre erreur se paye cash. Il y a une bonne ambiance dans le groupe et tout le monde est conscient de la tâche.»

Max Gradel : «Nous sommes déterminés à gagner»

Le sélectionneur national ivoirien, Sabri Lamouchi, était accompagné à cette conférence de presse de Max Gradel et de Ya Konan. Mais le discours tenu par Gradel a été le plus intéressant. Max Gradel a déclaré : «Les 23 joueurs qui composent l’effectif des Eléphants de la Côte d’Ivoire sont vraiment déterminés à se qualifier pour les demi-finale, car l’objectif final pour nous est de remporter cette CAN. Nous n’aurons pas d’autre choix que de gagner dimanche pour continuer la route vers la finale. Concernant l’effectif, il n’y a aucun blessé à signaler.»

 

Classement