EN : Boudebouz répond à Vahid

Dans son 106e opus, le mensuel français spécialisé dans le football « So Foot » a décidé de consacrer un long portrait au milieu de terrain algérien du FC Sochaux, Ryad Boudebouz.

Dans cette sorte d’interview-vérité, comme seul So Foot en a le secret, l’Algérien, qui fait face à une vague d’attaques et de critiques sans précédent, en a profité pour répondre à ses détracteurs du côté du stade Bonal, qui lui reprochent son rendement, en particulier son sélectionneur national Vahid Halilhodzic après l’affaire dite de la « chicha » et au journaliste français Daniel Riolo qui s’en prend à lui dans son dernier livre intitulé « Racaille football club ». Nous vous proposons, chers lecteurs, quelques morceaux choisis de l’interview de Boudebouz, qui fait beaucoup de bruit dans l’Hexagone.

«Halilhodzic a été trop loin en parlant de drogue»

La première flèche décochée par l’Algérien lors de cet entretien avec le journaliste français Paul Bemer a été pour le sélectionneur national. Pour la première fois, celui que ses fans appellent « RB7 » ne se contente pas de se justifier. Il revient sur les faits, met en doute la parole du Bosniaque quant à ce qui se serait vraiment passé et répond aux accusations de drogue avec véhémence. Jugez-en plutôt :

« La femme de ménage a trouvé une chicha dans la chambre de Boudebouz et ce n’est pas la première fois. » L’attaque est signée Vahid Halilhodzic le 23 mars dernier. Le sélectionneur national prenait un gros coup de chaud en conférence de presse (…). « Et il n’y avait pas que la chicha, nous avons trouvé des choses encore plus graves pour sa santé. Car il faut savoir qu’il y a la chicha et il y a ce qu’on peut mettre dans la chicha… D’ailleurs, Ryad est déjà tombé malade sans vraiment qu’on sache pourquoi. (…). La chicha équivaut à 30 cigarettes et on peut y mettre beaucoup de choses pour planer. Or, je ne demande pas à mes joueurs de planer, je leur demande d’être efficaces sur le terrain ! »

A quelques semaines d’intervalle, l’accusé répond. Oui, il est déjà arrivé à Ryad Boudebouz de tirer sur le narguilé, mais il y a des mais. «  Déjà, ce jour-là, la chicha était dans ma chambre, mais le mois d’avant, elle était dans une autre. Et puis, toute cette histoire de femme de ménage… La meuf vient d’Afrique Du Sud, ne comprend rien à notre langue, mais elle va quand même aller dire au coach qu’elle a trouvé des trucs chelous dans une chambre … Sérieusement ??? »

«Comment tu peux parler de ça, alors que je me cogne des contrôles tous les trois mois»

Sérieusement, Boudebouz n’a pas vraiment apprécié de se voir ainsi cloué au pilori par son coach. « C’est n’importe quoi !  Et puis, il est allé trop loin en parlant de drogue. Comment tu peux parler de ça, alors que je me cogne des contrôles tous les trois mois, que ce soit en sélection ou avec mon club ? »

Jamais une clope, jamais un joint

Selon son ami d’enfance et colocataire, Zakaria, le Sochalien n’a jamais « n’a jamais fumé une clope ou fumé un joint et on se connaît depuis l’enfance ».

Son choix de l’Algérie a toujours été clair

Dans les colonnes de So Foot, Ryad Boudebouz est revenu sur son choix en faveur de l’équipe nationale d’Algérie. Le Sochalien a encore une fois déclaré que même si dans le cadre de son cursus de formation, il avait évolué dans les équipes de France des jeunes catégories, son choix en faveur de la sélection algérienne a toujours été une évidence pour lui. C’est après une question relative aux critiques concernant le fait que Benzema ne chante pas La Marseillaise que la question est venue sur le tapis : « Il faut arrêter avec le coup de La Marseillaise (…)Benzema, puisque c’est lui qui symbolise beaucoup les choses en ce moment, s’il met un doublé au prochain match, vous verrez que ce qu’on lui reproche sera oublié (…) Ryad Boudebouz, qui se dit « Français dans sa tête », a lui choisi l’Algérie. Malgré une poignée de sélections en Bleu U17 et U19.

« j’ai choisi mon pays avec tout mon cœur »

« Même lorsque je jouais en équipe de France de jeunes, je racontais à tout le monde que je les recroiserais avec le maillot de l’Algérie sur les épaules. L’important pour moi, c’est que les gens sachent que j’ai choisi mon pays avec tout mon cœur. »

« Mon père m’a toujours bercé avec les Lakhdar Belloumi, Rabah Madjer et Salah Assad »

Il faut comprendre qu’il y a des fois des vrais choix familiaux, ou autres qui sont aussi importants les uns que les autres. Moi, mon père m’a toujours bercé avec les Lakhdar Belloumi, Rabah Madjer et Salah Assad. L’histoire du match Allemagne – Autriche, etc. Je n’étais peut-être pas né à l’époque mais j’ai l’impression de connaître ça depuis toujours. »

Hier victime du racisme, aujourd’hui accusé de racisme

Enfin, après avoir évoqué longuement son enfance à Colmar, dans l’est de la France, dans un quartier difficile et le combat qu’il a dû livrer et les sacrifices il a dû consentir pour devenir professionnel un jour, l’Algérien est revenu non seulement sur les propos racistes dont il a été victime cette saison, venant de certains supporters du stade Bonal mais aussi sur l’image de « racaille » et de « raciste anti-Français », un mot très à la mode en France en ce moment, que donne de lui le journaliste de RMC Daniel Riolo, dans son dernier livre, Racaille Football Club. Boudebouz s’est exprimé sans langue de bois aucune. (…) Une banderole « Ryad casse-toi !» en tribune et un « Dégage sale Arabe, ici tu n’es pas chez toi ! »à la sortie du stade. « Ma mère ne vient jamais au stade et pile poil le jour où elle vient, il se passe ça… », enrage encore le joueur.

Tout récemment, le joueur a été mis en cause dans le livre « Racaille Football Club » de Daniel Riolo. Dans un passage, le journaliste de RMC cite

«  un joueur de L1 évoluant dans un club important et ancien international ». Lequel évoque Ryad Boudebouz en train de faire « sa racaille » et de balancer des « Sale Cé-fran » (sale Français ) sur le terrain. Même son ami de toujours, le Français Marvin Martin intervient pour le défendre.

«  Rien n’est vrai dans ces accusations »

Question : Après Ribéry, Anelka, Nasri et Mvila. Boudebouz est- il en train de devenir le nouveau « grand méchant loup » du football français ? Mépris du pays, des éducateurs et du public ? Marvin Martin, l’un de ses meilleurs amis, hausse les épaules. « Mais non, c’est n’importe quoi ! Ce n’est pas du tout le Ryad que je connais ! Y a qu’à regarder les noms de ses potes du centre de formation. Mathieu Peybernes, Pierrick Cros… C’est quand même bien français tout ça ! Et puis, Ryad était celui dont la famille habitait le plus près de Sochaux. On a tous passé des week-ends chez lui à Colmar. Ses parents, ses frères et ses sœurs m’ont toujours accueilli comme si je faisais partie de la famille. Celui qui dit ça sur lui, c’est sûrement un type dont on ne parle pas dans les médias et à qui Ryad a mis un petit pont un jour. »

On veut me coller une image de « racaille » qui n’est pas la mienne

Une certitude, cela ne fait pas du tout rire Ryad. «Rien n’est vrai là-dedans ! Cela commence à me gonfler ces gens qui m’inventent une image à partir de rien du tout ! Demandez à tous les joueurs de ligue 1 comment je me comporte sur le terrain et ils vous diront tous la même chose…» Limage de Racaille des joueurs de ligue 1, le milieu de terrain sochalien commence à en avoir soupé. «Ok, on peut parfois paraître grande gueule, mais lorsque tu viens d’un quartier, tu dois apprendre à ne pas te laisser faire.»

Synthèse Mohamed Bouguerra

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