Bennaï Arab nous ouvre son cœur : «Le MOB, c\'est toute ma vie»

Il est l\'un des symboles du MOB, l\'homme de la situation grâce à qui certaines œuvres ont été accomplies, comme en témoignent ses 4 accessions en 2000, 2002, 2010 et 2013. Lui, c\'est Bennaï Arab et l\'on se demande aujourd\'hui si le MOB devra se passer de ses précieux services, puisqu\'il est démissionnaire de la présidence du CSA. Dans ce long entretien que nous publierons en deux parties, il nous parle des raisons de son retrait, nous plonge dans le passé et évoque l\'avenir du club dont il est persuadé qu\'il sera rayonnant.

- Vous avez surpris la famille du MOB avec votre retrait annoncé à l\'ultime journée du championnat, est-ce définitif et pourquoi ?

- Mon retrait est irrévocable, je n\'ai ni les capacités morales ni financières pour rester dans la gestion, c\'est plus fort que moi, je ne peux plus continuer.

- Avez-vous déposé votre démission ?

- Je vais déposer ma démission de vice-président et me retirer du conseil d\'administration lors de l\'assemblée générale des actionnaires prévue demain (Ndlr - réalisé avant-hier), puis ma démission du CSA lors de l\'assemblée générale ordinaire lorsque je remettrai les bilans moral et financier.

- Beaucoup n\'ont toujours pas compris comment est-ce possible que vous soyez à la fois au CA et au CSA ?

- A priori, je n\'ai pas le droit d\'être au four et au moulin, mais il fallait quelqu\'un pour le faire cette saison, et à un moment où les choses allaient mal, il fallait bien se manifester et prendre les choses en main afin de garder la stabilité du club, cela a été fait avec l\'approbation de tous les dirigeants, et il n\'y avait pas de conflits là-dessus.

- Mais dorénavant, vous savez que ce ne sera plus possible d\'occuper deux tâches, car la règlementation est intransigeante, vous devez en être conscient…

- Cela ne pose plus aucun souci du moment que je suis démissionnaire. Dorénavant, les choses se feront comme le règlement le stipule, quoique ce que j\'ai fait était dans l\'intérêt du MOB afin d\'assurer sa bonne marche vers l\'objectif assimilé.

- Et si on vous demandait de renoncer à votre décision ?

- Quoiqu\'on fasse ce sera une perte de temps, il est inutile d\'insister, j\'ai envie de prendre du recul, je reconnais que je ne peux plus rien apporter à ce club, si ce n\'est actuellement resté attaché en tant que premier supporter qui revient et aura à jamais le cœur acquis aux couleurs vert et noir.

- Même en tant actionnaire, vous n\'y serez plus ?

- Puisque je vous dis que je n\'ai plus de ressources financières pour alimenter ce club, je ne vous cache pas que j\'ai mis tout ce que je possède comme bien financier dans ce club, là où j\'en suis, je n\'ai plus rien, mais cela me réjouit encore plus.

- Et comment cela ?

- Certes, j\'ai investi tout ce que j\'avais dans ce club, mais j\'ai eu un retour meilleur, il n\'est pas d\'ordre financier, mais d\'avoir contribué à quatre accession du club, ça n\'a pas de prix, croyez-moi, la fierté que ça m\'a procuré va au-delà des meilleures jouissances de la vie.

- Beaucoup vous considèrent comme l\'homme de l\'an 2000 du MOB par rapport aux accessions, dont vous étiez l\'un des artisans…

- Dieu merci, et encore j\'ai de la chance de contribuer à faire l\'histoire de ce club, on a pu ramener ce club du régional à l\'élite du football national en l\'espace de 13 ans, c\'est prolifique pour nous, mais cela est le fruit de l\'abnégation et le sacrifice surtout des dirigeants de l\'époque, comme pour mon frère Zahir qui a été pour beaucoup dans les deux accessions 2000 et 2002.

- Concernant les rapports avec votre frère Zahir, beaucoup relatent son retrait à l\'origine d\'un conflit entre vous, éclairez-nous sur le sujet…

- C\'est faux. Avec mon frère Zahir, on entretient de bons rapports, son retrait était aussi dû au manque d\'argent à l\'époque, préférant alors céder sa place à ceux qui pourront apporter une aide financière.

- Dans ce même contexte, le président démissionnaire lui aussi du CA vous a accompagné durant des années…

- Effectivement, il a lui aussi apporté sa pierre à l\'édifice, on reconnaît tous le travail qu\'il a accompli, on a formé un groupe solidaire qui a apporté la stabilité escomptée.

- Qu\'en est-il du problème qu\'il y a eu entre vous en début de saison ?

- C\'était un désaccord concernant le siège du club, mais tout était vite rentré dans l\'ordre, lui et moi, on est complémentaires.

- Votre retrait du club coïncidait avec le retrait également de Bouchebbah et du manager général Natouri, la décision était-elle commune ?

- Pas du tout. De mon côté, je ne me suis concerté avec personne, je crois que c\'est de même pour eux. Je crois qu\'on est tous arrivés à un terme où on a vu utile d\'apporter du sang neuf pouvant apporter tous les moyens qui assureront le maintien durable de ce club parmi l\'élite.

- Comme vous étiez membre du CA, vous êtes donc au courant de ce qui se passait, pourquoi ce conflit entre Bouchebbah et Attia ?

- En premier lieu, je trouve vraiment triste qu\'on en arrive là, il faut absolument trouver une solution pour y remédier. Il me semble que c\'est lié à cette histoire de présidence, mais je suis persuadé que c\'est parti d\'un rien puis ça a pris une ampleur inutile. Bref, c\'est un truc qui les concerne et cette histoire n\'avait pas lieu d\'être.

- Et vous n\'avez pas songé à les réconcilier ?

- On va tout faire pour l\'intérêt du club, les deux hommes font partie de la gestion du club, on espère qu\'ils finiront par trouver un terrain d\'entente. En tout cas, on fera de notre mieux pour les raisonner lors de l\'AG extraordinaire des actionnaires.

- Et vos rapports avec Attia Zahir ?

- Je n\'ai aucun problème avec lui. J\'avais même donné ma signature pour qu\'il soit président de la CA quand il était question qu\'il le soit à son arrivée.

- Revenons à vous. Y a-t-il d\'autres raisons qui vous ont poussé à vous retirer ?

- Franchement, je ne vous cache pas que l\'incident du début de saison après la défaite face à l\'ASMO m\'a brisé. J\'ai failli laisser ma vie, ma famille était ciblée, j\'ai été tabassé jusqu\'à me retrouver aux urgences et hospitalisé. Alors que mon seul tort était de m\'être sacrifié pour un club auquel j\'ai tout donné, voilà comment on me remercie.

- Que s\'est-il passé ce jour-là ?

- Après la défaite de l\'ASMO, une grande foule s\'est rendue au siège du club, qui était d\'ailleurs saccagé, j\'avais décidé naturellement de les affronter pour calmer leurs ardeurs, leur faire comprendre qu\'il n\'y avait pas le feu. Mais une partie s\'est déchaînée sur moi, c\'est ainsi que je me suis retrouvé à l\'hôpital, je suis persuadé que cette frange de supporters qui s\'en est pris à moi était manipulée et m\'avait pris ma famille et moi pour cibles.

- Ce ne serait pas l\'origine de votre décision de votre départ ?

- Les séquelles sont toujours là, et j\'ajoute que ma famille m\'en veut terriblement, car elle m\'avait fait jurer de ne pas remettre plus les pieds au club, elle s\'est révoltée contre ceux qui ont été ingrats avec moi. Mais mon attachement indéfectible m\'a fait encore réagir à l\'appel du club au moment des difficultés, j\'avais mal décidé d\'aller jusqu\'au bout.

- Et pourquoi persister à résister malgré le mal ?

- Le MOB c\'est toute ma vie, bien sûr, j\'ai ma famille, mais le MOB est incrusté en moi, je ne pourrai jamais lui résister.

- Et vos sacrifices vont s\'avérer payants à la fin…

- C\'est une justice divine à mon égard, je remercie Dieu, cette accession est une délivrance, une récompense autant qu\'une une réponse aux détracteurs. Maintenant, je peux partir la conscience tranquille, après avoir mené avec les dirigeants ce club de la régionale à la L1, mon rêve d\'enfance je l\'ai réalisé. Je n\'en dirais pas plus sur moi, mais quatre accessions sont là pour en parler.

- Vous êtes aussi le créateur de l\'association du club, n\'est-ce pas ?

- C\'est exact, c\'est moi qui ai créé la première association sportive du club, je l\'ai fait au moment où le club était à l\'abandon, notamment après la relégation en amateur, mais on s\'est sacrifié, avec Bouchebbah, pour faire remonter ce club en l\'espace d\'une saison à la L2, puis on a raté l\'année d\'après d\'un point l\'accession en L1, avant de la réussir cette saison.

N. A.

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