Solinas : «Entraîner la JSMB, le cadeau de ma vie»

L’entraîneur italien, Gianni Solinas, n’entraînera plus la JSMB. La conférence de presse qu’il a tenue avant-hier était pour confirmer son départ mais aussi celle des adieux. Solinas nous a apporté des détails sur les modalités de la séparation et nous ouvre son cœur dans un contexte émouvant.

«On a fini par trouver un terrain d’entente»

«Le manager général du club m’a appelé pour une réunion à l’usine de M. Tiab Boualem, j’y ai été, et comme les deux parties cherchaient une issue à l’amiable, nous avions fini par trouver un consensus qui satisfait tout le monde.»

«Je prends 20 jours de salaire et je suis satisfait»

«Comme j’avais exigé qu’on me donne le un mois et demi de salaire qui me restait des six mois que j’ai passés au club, on est parvenus à diviser la somme, c\'est-à-dire, je prends 20 jours de salaire, et je suis pleinement satisfait, du moment que je voulais au moins le minimum, de quoi combler mes frais actuels, car j’en avais vraiment besoin.»

«J’ai signé la résiliation»

«J’avoue que je me suis trompé sur la modalité de la clause, elle devait être mieux élaborée pour éviter d’arriver à ce malentendu qui nous a fait perdre tout ce temps. Je confirme que la direction m’avait proposé six mois à ma venue et, moi, j’avais exigé au minimum 18 mois, car j’avais jugé qu’il était impossible, compte tenu de la politique du club qui misait sur la jeunesse et le travail à long terme, de signer seulement six mois. Il fallait bien allonger la période selon la politique du club, mais là où il y avait une ambigüité, c’était dans la formule de la clause que j’avais exigée, laquelle devait définir au mieux les droits de chaque partie de façon plus explicite.»

«Tiab et Redjradj étaient au départ d’accord pour me donner un mois et demi de salaire»

«La première fois qu’on s’est réunis, le président Tiab Boualem, Redjradj Rachid et moi étions d’accord pour me payer un mois et demi de salaire, mais c’était un membre du conseil d’administration qui s’est opposé à cette option. J’estime, en tout cas, que même si c’est moi qui avais demandé à résilier le contrat, donc elle est unilatérale, j’ai tout de même accompli la phase retour et j’ai pu assurer l’objectif du club en championnat, qui était le maintien et faire rentrer le club encore dans l’histoire de la coupe africaine, en allant jusqu’au 3e tour de la LDC puis les 1/8 de finale bis de la coupe de la CAF, qui est une première pour la JSMB. De ce fait, j’estime que ce que j’avais demandé était raisonnable compte tenu des résultats, et aussi, que je n’avais pas laissé le club avant la fin de la saison, et dans une période où il aurait été difficile de trouver un entraîneur par exemple, j’ai été correct de ce côté-là.»

«Je n’ai aucun contact avec Ras El-Kheïma»

«Si vous pouvez contacter les dirigeants de Ras El-Kheïma, faites-le et demandez-leur s’ils ont contacté Solinas, je vous mets au défi. La seule approche indirecte et officieuse que j’ai eue, et avec laquelle il n’y eu aucune évolution, c’est le club de deuxième division des Emirats arabes, El-Kalba, et pour plus vous informer, je ne suis en contact avec aucun club.»

«Je n’ai pas de problème avec Hamouche ni avec personne d’autre»

«Que pour vous le sachiez, il n’y a personne spécifiquement derrière mon départ de la JSMB, c’est une question de principe pour moi seulement. Ma vision des choses diffère sur certains points primordiaux pour moi de celles des dirigeants. Puis, bien sûr, il y a d’autres raisons sur lesquelles je reviendrai plus tard, et je n’ai aucun problème avec Hamouche Hacène, avec lequel je m’entends super bien, ni avec aucune autre personne dans le staff ou avec les joueurs.»

«J’avais pris une décision réfléchie avant le match de l’Etoile»

«Tout ce qui s’est dit à propos de moi était faux, je n’ai jamais négocié avec la direction concernant la nouvelle saison, j’avais pris la décision de partir avant même le match retour face à l’Etoile du Sahel. C’est vrai que le président Tiab a tout fait pour me convaincre de continuer, mais je me suis excusé de ne plus pouvoir rester pour des raisons que je vais citer, et je précise qu’il n’y a jamais eu de négociation pour la saison prochaine.»

«Tout est une question de principes pour moi»

«Si je suis arrivé au point d’arrêter, et je dis bien à contrecœur, car ça m’a pris vraiment plusieurs jours et nuits pour prendre cette décision, c’était pour des raisons liées aux principes. Je suis ainsi fait, pour moi, les principes passent avant tout.»

«L’éloignement de la famille est un handicap»

«L’une des raisons qui ont fait que je ne pouvais plus continuer avec ce club qui me tient à cœur, et au détriment de ma volonté, c’est une question familiale. L’éloignement me perturbe, j’en suis arrivé à faire des sacrifices, parfois, je suis obligé de rentrer voir ma fille par exemple, mais je reporte, seulement, ça ne peut plus durer, car à un moment, il faudrait que je rentre chez moi, et cela peut prendre plusieurs jours, ce qui va très certainement handicaper le club. Déjà moi-même, je ne peux pas accepter une chose pareille, le travail est sacré et c’est un respect pour l’engagement avec autrui, je ne pourrai pas regarder de face les dirigeants et les joueurs pour lesquels je suis censé donner l’exemple de rigueur et de discipline. Et j’ajoute que si au départ j’avais reçu en parallèle de la proposition de Redjradj d’entraîner la JSMB, une offre de l’étranger, j’aurais opté pour cette dernière pour plus m’approcher de ma famille.»

«En Ligue des champions, les dirigeants étaient indifférents»

«L’autre principe qui a nourri ma décision de partir concerne l’indifférence des dirigeants quant au challenge africain, je ne comprends pas comment on puisse se taire et ne pas aller défendre ses droits quand l’arbitrage vient vous priver de la qualification, comme face à l’EST puis face à l’Etoile. Puis à un moment, ils décident de ne plus prendre part au match de la coupe de la CAF, puis ils reviennent sur leur décision, je n’ai rien compris, ils avaient déployé tant de moyens, humains, matériels et financiers pour qu’à la fin agir de la sorte. Non, ce n’est pas comme ça que ça se passe, les clubs se fixent des objectifs en début de saisons, ils rêvent d’accrocher la LDC ou la CAF. Sinon à quoi bon de jouer les premiers rôles ? Ce point m’a beaucoup déçu.»

«Recruter sans m’aviser, ça ne passe pas pour moi»

«Mettez-vous à ma place, allez-vous faire comme si de rien n’était alors qu’on fasse venir des joueurs et que vous êtes, de par votre poste, le plus connaisseur des besoins de l’équipe, de par votre profession. Je ne pense pas que vous allez apprécier la chose.»

«On a réussi la saison avec les moyens du bord»

«Cette saison pour la JSMB était délicate, elle était très difficile, que ce soit côté effectif ou sur d’autres plans. Il a fallu travailler avec les moyens du bord, et il faut s’en réjouir d’avoir accompli le maintien et ce parcours très honorable en coupes d’Afrique (Ligue des champions et coupe de la CAF) avec un effectif manquant d’expérience. Ce groupe mérite le soutien et l’encouragement de tous, car il est promis à un bel avenir à condition de persévérer dans le travail et mettre les moyens nécessaires.»

«Zeghli a commis une bêtise»

«Je ne comprends pas comment Zeghli en est venu à une bêtise pareille, certainement, c’est une erreur de jeunesse, il était mal conseillé, j’espère qu’il va en tirer une leçon pour l’avenir.»

«J’espère qu’il sera réintégré»

«Ce joueur est un capital pour le club, j’espère vraiment que les dirigeants seront indulgents et vont l’intégrer, il a, certes, mal agi, mais il faudra le protéger, lui pardonner, car avant tout c’est un enfant du club.»

«C’est mon produit»

«Avant que je vienne, on entendait parler d’un Zeghli, un bon joueur d’avenir, il avait seulement joué un match à peine. Avec moi, on a découvert Zeghli, il est talentueux et pétri de qualités, quant je l’ai reconverti en arrière gauche, tout le monde m’avait dit que j’étais fou, et le terrain leur a répondu à ma place.»

«Le métier d’entraîneur est ingrat»

«Le métier d’entraîneur est le plus difficile au monde, car même lors de la victoire, il y a toujours des critiques, des gens qui ne sont pas satisfaits, et je vous épargne de parler de la défaite puisque vous connaissez tous la réponse. On est toujours sous pression, et ce quoi qu’on fasse. On ne voit jamais le travail qui se fait à l’entraînement, toute cette préparation continuelle, pour les gens, tout se résume à un match, et on tient compte seulement de son côté financier, pas de ce qu’il aura accompli.»

«Je ne cherche pas à devenir riche, mais vivre»

«Ce métier ne m’a pas enrichi que par les valeurs morales, je ne cours pas derrière l’argent, juste de quoi vivre et répondre aux besoins de ma famille. D’ailleurs, avec le préparateur physique, qui était venu avec moi, nous avions signé pour des salaires modestes par rapport à bien d’autres qui font de l’argent leur premier souci.»

«Le projet sportif ? Est-ce qu’il m’intéresse ?»

«Se baser sur les jeunes, c’est une bonne chose, mais c’est un objectif à long terme, j’aime les défis et j’aimerais détenir une équipe compétitive. Pour cela, il faudra bien des éléments qui en correspondent, ça ne pourra pas marcher avec seulement de jeunes joueurs.»

«Tatem est un bon apport à l’équipe»

«Des recrues actuelles du club, sur lesquelles j’ai une idée, Tatem est un bon élément, et il va certainement apporter un plus à l’équipe. Les autres, je ne les connais pas, et là c’était juste un avis, puisque je ne me permets pas de parler du recrutement, du moment que je ne suis plus entraîneur de la JSMB.»

«A la JSMB, j’ai connu des hommes»

«Je suis vraiment chanceux d’avoir eu l’occasion d’entraîner la JSMB, c’est un cadeau de la vie, j’ai découvert des hommes, je me suis attaché à ce club qui m’est désormais ancré dans le cœur, pour lequel je resterai un fervent supporter. Je rends hommage et je remercie tous ceux que j’ai connus au club et m’ont donné l’opportunité de vivre cette expérience inédite, à savoir le président Tiab Boualem, tous les responsables, Redjradj Rachid, tous les employés de la direction, les joueurs, qui m’ont adopté et que j’ai adorés, mes collègues à la barre technique, Hamouche et Sebaâ, ceux du staff médical, les jeunes catégories, tous les supporters du club, et tous ceux que j’ai connus à Béjaïa sans exception et un hommage particulier à mon cher ami et adorable cuisinier du club.»

N. A.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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