EN : Feghouli, son «club», c’est l’EN

En 2009, on parlait de la «génération Ziani». Depuis l’arrivée de Vahid Halilhodzic à la tête de la sélection et le changement générationnel qu’il a opéré dans l’effectif, on qualifie cette équipe nationale, version 2013, de «génération Feghouli».

En effet, depuis son arrivée en équipe nationale, Sofiane Feghouli est la figure de proue du bateau «Algérie». Il a été le leader naturel de cette équipe depuis le premier stage qu’il a effectué en novembre 2011 et surtout son premier but un certain 29 février 2012, dans l’enfer du stade de Banjul, sous un soleil de plomb. Car il est arrivé en équipe nationale en étant le titulaire indiscutable d’un club pensionnaire de la Ligue des champions et troisième de Liga, le FC Valence de l’époque. Même si, cette saison, les choses ne se passent pas de la meilleure des manières pour lui, puisqu’il a perdu sa place de titulaire et que son club n’est pas au mieux, on voit mal comment le sélectionneur national pourrait se passer de son stratège numéro 1. Même s’il y a aujourd’hui Brahimi et Taïder dans le milieu algérien, il n’y a qu’à regarder l’attitude de celui que ses fans appellent «Soso» et de lire ses interviews d’après-match et les positions courageuses qu’il prend, même après des défaites amères, pour comprendre que la locomotive de ce groupe jeune, c’est lui et personne d’autre. Car si Bougherra, Mesbah ou encore Lacen, dans une moindre mesure, s’occupent de la gestion globale de l’équipe, en ce qui concerne les «petits jeunes» du groupe, et les supporters, le leader c’est Feghouli.

Victime collatérale du chaos qui règne au FC Valence

Sofiane Feghouli, depuis deux saisons, «marchait littéralement sur l’eau», en étant le numéro 10, le maître du jeu de cette équipe, enchaînant les buts, mais surtout les passes décisives avec son club. Qui était le chouchou du stade Mestalla. Mais en football, les années passent et ne se ressemblent pas. A son retour de vacances, après avoir obtenu une qualification au match barrage de haute lutte à Kigali, Sofiane Feghouli s’est aperçu que non seulement son club avait changé, mais qu’il n’était plus en odeur de sainteté. Car, si son club, en vendant ses meilleurs joueurs, Costa, Albelda, mais surtout Soldado, qui enchaînait but sur but et s’entendait à merveille avec le stratège algérien, a fait une remarquable plus-value financière sur le plan sportif, surtout en ce qui concerne le mercato, on voit mal comment le pauvre international portugais Postiga fera pour égaler Soldado, l’idole et l’icône de tout Valence. Leur ratio minutes jouées-buts inscrits n’étant en rien comparable. Il faut ajouter à cela, la venue d’un nouvel entraîneur, Djukic,  qui ne semble plus compter sur lui, et qui doit faire face à un énorme mouvement de grogne dans son vestiaire. Il n’y a qu’à lire les déclarations de l’international français, Adil Rami, dans la presse ibérique, pour se rendre compte du contexte dans lequel évolue Feghouli. Valencia CF n’est plus le club ambitieux qu’il était, c’est devenu un club aux joueurs fantomatiques sur le terrain à cause de conflits internes au vestiaire et une fronde menée par certains joueurs contre le coach. Et dans ce «chaos» valencian, il y a un dommage collatéral nommé Sofiane Feghouli. Le numéro 10 des Verts, qui fonctionne souvent à l’affectif et à la confiance, semble ébranlé par ce nouveau FC Valence, qui, même s’il vient d’enchaîner deux victoires de suite, ne respire pas la santé et la joie de vivre. Et ses statistiques s’en ressentent malheureusement.

En manque de temps de jeu

En météorologie, on parle souvent de  «l’effet papillon». La fameuse théorie qui dit qu’un battement d’ailes de papillon en Indonésie peut se transformer en tornade aux Etats-Unis. En football, c’est pareil, une crise au FC Valence et une mise sur le banc de Sofiane Feghouli peuvent avoir d’énormes conséquences sur l’équipe nationale algérienne. Et c’est en grande partie à la suite du déficit de temps de jeu de Feghouli, que Vahid Halilhodzic, inquiet, avait décidé de tirer la sonnette d’alarme. Mais même s’il ne joue pas beaucoup ces derniers temps, un joueur comme Feghouli ne perd pas son football pour autant. Comme l’a dit justement Nordine Kourichi, parlant de Lakhdar Belloumi : «Même à 60 ans, un joueur ne perd jamais sa technique et sa vision du jeu. C’est physiquement et en termes de rythme, que le problème se pose.» Nous avons pu le constater de visu, mercredi dernier, sur la pelouse de Granada, où «Soso» a fait une très bonne entrée à la 74e minute. Et comme l’a dit Nasser Sandjak, concernant le fait que Karim Ziani ne joue pas à la veille du match d’Oumdourmane : «Sur 90 ou 180 minutes, un joueur qui s’entraîne bien et se prépare spécifiquement peut tenir son rôle, même s’il ne joue pas de match avec son club.» Sofiane Feghouli, qui est un footballeur très intelligent, doit à coup sûr, compenser son manque de temps de jeu par un travail physique plus intense, car, comme il le signale à chacune de ses déclarations, la double confrontation face au Burkina Faso, il y pense tous les jours. Il n’y a donc pas péril en la demeure.

L’équipe nationale doit devenir son club

L’ancien génie du football argentin, le numéro 10 de l’équipe d’Argentine, de Boca Junior et de Villareal, Juan Pablo Riquelme, a prononcé une parole historique en conférence de presse, alors qu’il était assis aux côtés de son sélectionneur national. Interrogé sur le fait qu’il avait été sélectionné, alors qu’il ne jouait plus du tout avec son club de l’époque, et surtout s’il allait tenir le choc physiquement, le stratège argentin a déclaré : « Mon club, aujourd’hui, c’est l’équipe nationale ! Tout mon travail aux entraînements et à mon domicile ces derniers mois a consisté à être prêt pour ce match avec l’Argentine. Donc, ne vous inquiétez pas pour moi !» C’est exactement ce qu’à dû penser Sofiane Feghouli, en voyant que Djukic ne lui donnait pas énormément de temps de jeu. Cette saison, il  a joué 5 matchs, dont 4 en tant que remplaçant, contre une titularisation. Soit 185 minutes jouées sur 450 possibles. Feghouli travaille dur aux entraînements, il s’alimente bien et a une bonne hygiène de vie. Sur deux fois 90 minutes face au Burkina Faso, il sera à coup sûr opérationnel, comme l’a été avant lui le grand Riquelme.

Un Sofiane Feghouli, ça ne se remplace pas comme ça, car ça ne se trouve pas sous le sabot d’un cheval. Certes, chez nous, les numéros 8 et 10 et les dribbleurs sont légion, mais les leaders et les meneurs d’hommes comme Feghouli ne courent pas les rues.

Mohamed Bouguerra

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