Au moment où les millions de téléspectateurs algériens étaient branchés devant leur petit écran pour suivre ce match fou entre les Etalons du Burkina Faso et les Fennecs algériens, dans les coulisses, un autre duel, non moins serré, opposait les médias au sujet des droits de retransmission de la rencontre.

Al-Jazeera Sport, détentrice des droits TV auprès de l’agence asiatique Sport Five, jouait au chantage avec l’ENTV. Les deux chaînes se livraient un match rendu quasiment déséquilibré en raison du contexte dépassant tout sens de commercialité dans lequel s’étaient déroulés les pourparlers. Le vis-à-vis asiatique a tout entrepris pour faire échouer les négociations. Pourtant, la partie algérienne n’a ménagé aucun effort pour trouver une solution garantissant les intérêts des deux parties.

Al-Jazeera réclamait 1,5M€ et la réouverture de son bureau à Alger
La chaîne qatarie en a voulu autrement. Dans un premier temps, Al-Jazeera Sport a fixé le prix fort de 5 millions de dollars, avant de revoir ses exigences à la baisse. A 24 heures du match, la chaîne qatarie a continué à marchander, ce qui a mis l’ENTV dans une situation, le moins que l’on puisse dire, inconfortable. Les responsables de la télévision nationale ont fait preuve de bon sens en tentant de trouver un accord. La matinée du match, des sources proches du Boulevard des Martyrs parlent d’un marchandage condamnable d’Al-Jazeera qui, tout en révisant à la baisse ses revendications financières les portant à 1,5 million d’euros, non sans réclamer cependant la réouverture du bureau d’Alger. Les choses sortent désormais de leur contexte commercial et prennent une autre tournure. Puis, subitement, la chaîne nationale annonce l’acquisition des droits TV. Sans pour autant fournir des détails. Mais les journalistes (algériens) d’Al-Jazeera, Hafid Derradji et Lakhder Berriche, jettent un véritable pavé dans la mare en annonçant, en live, que «l’ENTV a diffusé en direct le match sur sa chaîne terrestre sans l’obtention des droits TV.»

L'affaire connaîtra des prolongements juridiques...
Des accusations réitérées à la fin du match par un technicien à travers une banderole contenant le texte suivant : «Le match est diffusé par la TV nationale algérienne de façon illégale, sans qu’elle n’ait obtenu aucune autorisation.» L'ENTV s'est défendue hier, lors du JT de 20h. Quoi qu’il en soit, en agissant ainsi, la télévision a quelque part dénoncé la gestion très reprochable des droits TV d'une telle rencontre qui, selon les responsables de l'ENTV, doivent être régis par l’instance internationale (FIFA). En effet, la télé algérienne estime inconcevable, voire indécent, que les droits soient détenus par une société (Sport Five) établie en Asie qui revendra (par mesure de voisinage ?) l’exclusivité à Al-Jazeera. L'ENTV aura défendu son principe de toujours qui veut que ce soit une boîte africaine qui vende la chose aux Africains. En ce qui nous concerne, on a un résultat palpable : le téléspectateur algérien, dans son pays, a bel et bien pu voir le match sur la chaîne terrestre. La suite connaîtra sans doute des prolongements juridiques.  Affaire à suivre...

M. F.

La riposte du Boulevard des Martyrs
Comme il fallait s’y attendre, l’ENTV a réagi hier dans son journal de 20 heures aux accusations d’Al-Jazeera. Par la voie de son présentateur (Hicham Saâdoudi), la télévision nationale a reconnu d’abord avoir été «obligée» de pirater les images de la télévision burkinabé (RTB), mais dans ce sillage, elle accuse ouvertement Sport Five et Al-Jazeera d’avoir transgressé les règles internationales organisant le marché des droits de télévision. La chaîne algérienne a, en outre, descendu en flammes Al-Jazeera et son commentateur en lui rappelant le jour où cette chaîne qatarie a piraté la finale de la coupe d’Algérie de la saison passée (USMA-MCA), sans avoir obtenu les droits de retransmission, au préalable...

M. F.