De Marcoussis à Rio : acte 2

Un long travail qui a fini par payer.

 

CAN 2013 : la gifle

Fort de ses succès durant le second semestre de l’année 2012, avec de nombreux buts marqués et du bon comportement de son équipe à l’extérieur, avec une seule ombre au tableau, la défaite face au Mali de Seydou Keita, c’est un Vahid Halilhodzic ambitieux qui arrive à Rustenburg pour disputer la CAN 2013.

L’E.N retombe dans ses travers

Au lieu de commuer avec son public comme elle l’avait fait jusqu’au match barrage face à la Libye, l’équipe nationale décide de changer de stratégie et de s’isoler dans un «hôtel bunker» et, protégé par une cohorte de policiers et de vigiles, se coupe de ses supporters et du monde. Un isolement qui va peser par la suite, puisqu’il y aura une explication verbale énergique entre le sélectionneur national et la presse et certains joueurs seront même pris à partie par les supporters à l’aéroport de Johannesburg.

L’effectif est verrouillé

Comme il l’avait annoncé à son arrivée à Marcoussis et après avoir enrôlé le Stéphanois, Faouzi Ghoulam, et pris acte du refus de l’attaquant de Parme, Ishak Belfodil, de rejoindre les Verts pour la CAN, l’entraîneur national décide de verrouiller l’effectif et proclame que pour garantir la stabilité de l’équipe, il va désormais travailler avec ce groupe de 23 joueurs qui s’apprête à faire la CAN sous ses ordres.

Une équipe encore trop verte

Alors que l’équipe est encore en construction, qu’elle est jeune et  encore inexpérimentée, la rue algérienne, la Fédération et les autorités de tutelle, dopés par les bons résultats se sont mis à rêver d’une victoire et ont mis une pression supplémentaire sur ces jeunes joueurs.

Préparation physique : la seule erreur de Vahid

L’équipe nationale dispose, grâce à la trêve hivernale, d’un mois pour préparer cette CAN. Et pour la première fois depuis son arrivée, Halilhodzic et ses deux préparateurs physiques, Cyril Moine et l’Italien, Bischotti, vont commettre leur première et seule erreur. Ils vont faire une préparation trop musclée pour la période, avec une charge de travail trop intense qui, avec le soleil de plomb de l’été austral, va vider les batteries des joueurs qui n’auront plus de jus pour aborder la compétition.

12 janvier 2013 : le premier signe inquiétant

Et ce «coup de bambou» physique de notre équipe nationale va se voir dès les deux matchs amicaux. Surtout dans celui qui les a opposés aux Bafana Bafana sud-africains dans l’antre du Orlando stadium de Soweto. Un triste 0-0 d’une équipe nationale version 2013 qui joue à contre-courant, puisque c’est la défense à outrance qui est privilégiée et plus aucun but de marqué. Idem quelques jours plus tard face au club des Platinium Stars au Muroleng stadium.

22 au 26 janvier 2013 : le cauchemar

Le signe avant-coureur détecté lors des matchs amicaux s’est confirmé quelques jours plus tard, lors de l’entrée de nos Fennecs dans la compétition face à la Tunisie. Même si le fléchissement physique a été compensé par l’envie de bien faire, notre équipe nationale a dominé sans gagner toute la rencontre, mais a été piégée par la naïveté et la fatigue par l’Aigle de Carthage, Msakni, qui place une mine en pleine lucarne. L’équipe nationale a perdu son premier match, c’est la stupeur.

26 janvier 2013 : le Togo enfonce les Verts

Même si la défaite face aux Tunisiens a fait mal à l’égo des joueurs et du staff, elle n’a pas suffi à tout remettre en question et lors de la conférence de presse annonçant le second match face au Togo, on nous annonce, à coups de statistiques, que rien ne serait changé. Encore une fois, l’Algérie confirme l’adage «Dominer n’est pas gagner», puisqu’après avoir dominé techniquement les débats, avec une dose de fatigue en plus, les Fennecs prennent deux contres et enfoncent les Verts. Deux matchs, zéro point, l’Algérie est éliminée.

Vahid plébiscité par le public malgré l’élimination

Alors que tous les médias nationaux et internationaux s’attendent au limogeage du technicien bosnien, comme cela se fait souvent en Afrique, grâce à une campagne sans précédant des supporters dans les réseaux sociaux, les télévisions et les radios, et aussi avec l’approche de l’échéance des éliminatoires de la Coupe du monde 2014, il est maintenu à son poste par le président de la Fédération algérienne de football.

30 janvier 2013 : objectif, rachat

L’Algérie éliminée, le troisième match face aux Eléphants de Côte d’Ivoire n’ayant plus d’enjeu, les joueurs algériens, piqués dans leur orgueil, et dont la cote est fragilisée chez les supporters par rapport à un isolement total, ont décidé de jouer le coup à fond pour «se racheter». Libérée de la pression et d’un schéma tactique  contre nature, l’Algérie fait un très beau match, mène 2-0 et se fait remonter 2-2 en fin de rencontre. Cette CAN 2013 doit être vite oubliée et l’objectif Coupe du monde est relancé.

Boudebouz victime de l’affaire de la chicha

Cette CAN aura quand même laissé des traces, puisque Vahid Halilhodzic décide de suspendre, pour une durée indéterminée, deux joueurs : Hameur Bouazza, mais surtout Ryad Boudebouz, déjà suspendus deux fois pour non-présentation de blessures et retard pour consommation de chicha à l’hôtel en Afrique du Sud. La suspension de Boudebouz durera 11 mois et il ne sera rappelé que pour le dernier match, face au Burkina Faso, dans la liste élargie.

Bilan de la CAN : Vahid revoit sa stratégie

Alors qu’il avait déclaré que le groupe était verrouillé, Vahid Halilhodzic, après avoir fait le bilan de l’échec à la CAN, se ravise et décide de renforcer son effectif. Et pour repartir à l’assaut d’une des cinq places africaines pour la Coupe du monde, le Bosnien décide de faire appel à trois nouveaux : Saphir Taïder, Yacine Brahimi et Nabil Ghilas, qui claque pas mal de buts en Ligue 1 portugaise.

26 mars 2013 : la machine repart

Et cette remise en question tactique et ce renforcement de l’effectif vont payer, puisque l’équipe nationale, qui abordait la suite des éliminatoires du Brésil 2014 face au Bénin à Blida, avec beaucoup d’interrogations et sur une mauvaise tendance, se sort de ce piège en l’emportant 3-1 en pratiquant le même football offensif et chatoyant qu’elle pratiquait avant la CAN. Les nouveaux arrivants, Ghoulam (qui a joué titulaire), Taïder et Brahimi, ont réussi leur entrée et l’EN a retrouvé son efficacité offensive.

2 juin 2013 : Bougherra revient face au Burkina. Un signe du destin

Alors que l’axe Belkalem – Medjani se débrouille pas mal, le capitaine, Madjid Bougherra, enfin rétabli de sa longue blessure, reprend sa place lors d’un match amical face au Burkina Faso. Sans doute un signe du destin. Même si ce match sent les vacances pour les 22 acteurs, le retour de Bougherra a permis de solidifier et fiabiliser plus la défense des Fennecs. L’Algérie s’impose 2-0 face aux Etalons grâce à ses snipers, Slimani et Soudani, mais il y aura par la suite une revanche et une belle.

16 juin 2013 : l’équipe change de dimension

Alors que les footballeurs algériens avaient la réputation de se transcender à domicile pour flancher à l’extérieur, ce match de Porto Novo, face au Bénin, dans le cadre des éliminatoires de la Coupe du monde marquera un changement de mentalité, voire de dimension. Après avoir encaissé un but contre le cours du jeu sur balle arrêtée, les Verts feront preuve de caractère et l’emporteront 3-1 grâce à l’inévitable Slimani, qui devient le meilleur buteur des éliminatoires zone Afrique et Ghilas qui ouvre son compteur buts.

16 juin 2013 : qualifiés avant le dernier match

Alors que les footballeurs professionnels sont en vacances, le groupe Algérie s’envole pour Kigali, pour y affronter le Rwanda et ramener trois points dans ce duel à distance qui les oppose au Mali, l’autre favori de la poule. Et l’objectif est plus que rempli, puisqu’au moment où l’Algérie gagnait encore à l’extérieur, le Mali commettait un faux pas chez lui, à Bamako. L’équipe nationale se qualifie pour le barrage avant même le dernier match face au Mali, qui devient un match  gala.

Taïder et Brahimi les nouveaux cadres

Lors de ce match, les deux «petits jeunes», avec leurs mois d’ancienneté deviennent des cadres de l’équipe, puisque l’Algérie s’impose 1-0, grâce à un but de Saphir Taïder et que lors de ce match, Yacine Brahimi a été impérial. Cette forme de Taïder le mènera à l’Inter de Milan.

Juillet - août 2013 : l’appel de l’Interiste Belfodil

Alors qu’un seul match amical face à la Guinée (2-2) est planifié, un match qui n’apportera aucun enseignement nouveau, cet été 2013 sera marqué par l’appel de l’attaquant, Ishak Belfodil, qui vient de signer à l’Inter de Milan et qui se déclare enfin disponible pour les Verts. Belfodil viendra en équipe nationale, mais Vahid, qui n’a toujours pas digéré la CAN, fera la moue pendant longtemps.

10 septembre 2013 :la revanche face au Mali

Le match face au Mali, qui devait être la finale du groupe, s’est réduit, enjeu oblige, à un simple match amical de prestige. Un match remporté par les Verts 1-0 grâce à Soudani qui rejoint Slimani à 9 buts inscrits en EN.

12 octobre : barrage aller ou l’injustice de Ouaga

Les Fennecs, sur une bonne tendance, arrive surmotivé à Ouagadougou pour y affronter le Burkina Faso pour et bien se placer en prévision du match retour. Mais ce match va prendre une toute autre tournure, à cause d’un arbitre incompétent, qui refusera un penalty à Feghouli et en accordera un imaginaire aux Etalons. Malgré ce douzième homme, les Verts chauffés par leur supporters, nombreux à Ouaga, inscriront deux buts à l’extérieur. 3- 2 pour le Burkina Faso, score final et un but à remonter pour l’Algérie.

19 octobre : barrage retour, le rêve est devenu réalité

Alors que tout le peuple algérien est mobilisé depuis plus de dix jours, c’est sous une météo glaciale et dans un stade Tchaker chauffé à blanc comme jamais que l’équipe nationale aborde ce barrage retour. Alors que la rencontre est crispée et la pression énorme, Madjid Bougherra réussit, à la manière d’Anthar Yahia il y a 4 ans, à inscrire l’unique but qui va permettre à l’Algérie d’aller au Brésil l’été prochain. L’Algérie en a rêvé, Vahid Halilhodzic et les joueurs l’ont fait. La boucle de Marcoussis est bouclée, place à la seconde étape, celle de passer enfin un tour au Mondial.

Mohamed Bouguerra

 

 

 

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