Pour les Burkinabés, «le match retour des barrages entre l’Algérie et le Burkina a, à tous les niveaux, été émaillés d’anomalies», écrit le journal l’Indépendant qui se pose toutefois la question : «Ces irrégularités suffiront-elles à faire reprendre le match ou à donner le Burkina gagnant sur tapis vert face aux Fennecs d’Algérie ?» Le président de la FBF, à court d’arguments, est allé dans les généralités sans donner une réponse claire aux journalistes. En réalité, Sangaré vend du vent et il est lui-même convaincu que sa démarche n’a aucune chance d’aboutir. Il sait bien que la FIFA, en dehors des infractions que ses propres règles ne permettent pas, ne revient jamais sur le résultat d’un match et surtout quand la doléance concerne plus l’arbitre. Dans sa plainte déposée à la FIFA, le président de la FBF reproche à Badara Diatta, l’arbitre de la partie, d’avoir sifflé avant terme la fin du match.
«Tout le monde l’a vu à la télévision. J’ai même demandé la cassette du match que j’ai visionnée à tête reposée. J’ai remarqué que l’arbitre a mis fin au match au bout d’une minute de temps additionnel alors que le chrono en affichait 4 minutes. Je me suis posé la question de savoir si c’est parce que les Burkinabés étaient en train de pousser pour égaliser ou est-ce parce qu’on sait que les Burkinabés ont l’habitude de marquer en fin de partie ? Vraiment, je n’en sais rien. Curieusement, il a sifflé la fin après que la balle eut frappé le poteau algérien», s’est indigné le colonel Sita Sangaré. Poussant ses interrogations plus loin, il est même parvenu à la conclusion que «l’arbitre n’était pas maître de lui.» Et pour cause, «il nous refuse un but clair en début de partie et valide un but douteux pour les Algériens». Si pour le but, rien ne peut pas être fait pour le Burkina, Sita Sangaré se fonde sur les textes de la FIFA qui autorisent de faire une réclamation sur la base du temps de match non achevé», note l’Indépendant, feignant d’ignorer qu’une telle réclamation n’a aucune chance d’aboutir.
Pour faire croire que le dossier est lourd, le général Sangaré invente une fraude que les Algériens auraient utilisée : «Bougherra ne devait pas prendre part au match.» Le journal l’Indépendant nous éclaire mieux sur ce «scoop». «Le deuxième volet de la plainte de la FBF porte sur le capitaine des Fennecs, Madjid Bougherra, qui est même l’auteur de l’unique but contre le Burkina Faso. Pour le président Sangaré, même les recherches se poursuivent, Bougherra ne devait pas disputer le match contre le Burkina, car il avait un cumul de cartons jaunes. «Je dis bien que les recherches se poursuivent», a insisté Sita Sangaré. Mais en pleine conférence de presse, le président de la FBF sera vite démenti par le président de l’Association des journalistes sportifs du Burkina (AJSB), Alexis Konkobo, qui a apporté des informations qui battaient en brèche l’argument de la FBF. «J’ai essayé de vérifier l’information. Mais je me suis rendu compte que c’est face au Mali que Bougherra a écopé d’un jaune à la 83e minute. Face au Burkina, trois Algériens ont pris des cartons jaunes, mais Bougherra ne fait pas partie. Comme l’a dit le président de la FBF, les recherches se poursuivent», chute-t-il pour ne pas contredire le président de la fédération
Le conférencier ne manquera pas de s’attaquer aux supporters algériens coupables à ses yeux d’avoir mené la vie dure à la délégation de son pays : «Aucune équipe burkinabè n’a déjà été aussi sauvagement agressée. Je déplore ce comportement inamical qui a consisté à convoyer des supporters à notre hôtel pour faire du vacarme et empêcher nos joueurs de se reposer», s’est plaint M. Sangaré. Pire, le bus qui transportait les Etalons pour leur entraînement a été bloqué sur la route. Et à l’heure de la fin de l’entraînement, la direction du stade a coupé l’électricité. «Le commissaire de la FIFA était là. Il avait même dit qu’il noterait tout cela dans son rapport», a ajouté le seul conférencier de la soirée. A la fin de la rencontre, le bus des joueurs a encore été bloqué par des supporters algériens. Pour une distance d’environ 3 km, l’équipe burkinabè a mis plus de 3 heures pour la parcourir. Même le ministre des Sports et des Loisirs, Yacouba Ouédraogo, n’a pas été épargné. «Le ministre et moi avons dû abandonner notre véhicule en cours de route pour rejoindre l’hôtel à pieds», a précisé Sita Sangaré.
Voilà en gros le contenu de la plainte de la FBF auprès de la FIFA. Les Burkinabés gardent espoir que Blatter les réhabilitera. Ils attendent le 5 décembre prochain pour savoir si oui ou non ils iront au Mondial. L’Algérie, quant à elle, attend le 6 du même mois pour connaître ses adversaires au Brésil. Il est vrai que la plainte du Burkina frise le ridicule…