Vahid : «Notre qualification au Mondial n’était pas facile»

Après avoir parlé de ses larmes au soir de la qualification de l’Algérie pour la Coupe du monde de la FIFA, Brésil 2014, de sa fierté d’entraîner les Fennecs, de son douloureux licenciement de Côte d’Ivoire il y a quatre ans et de son amour du métier, Vahid Halilhodzic revient dans cette seconde partie de l’entretien accordé à FIFA.com sur la campagne qualificative de son équipe pour l’épreuve reine, sur le rôle de son capitaine Madjid Bougherra et, aussi, ce qui attend les Verts l’été prochain.

La plupart des Algériens pensent que le groupe de l’Algérie lors des éliminatoires pour la CM fut à notre portée, mais Vahid n’est pas du tout de cet avis. «L’Algérie est tombée dans un groupe qualificatif assez compliqué, avec le Bénin, le Rwanda et surtout le Mali, qui est depuis plusieurs années une des meilleures formations d’Afrique. Le Mali a fini troisième lors des deux dernières Coupes d'Afrique des Nations, ce qui est révélateur de sa régularité au plus haut niveau. Mais on a réussi un bon parcours en terminant largement en tête, avec sept points d’avance. Cela a «boosté» la confiance de mes joueurs. Au barrage, on a été confrontés à une autre équipe de qualité, le Burkina Faso, finaliste de la dernière CAN. Cela a été deux matches très compliqués. Mais nous avons tout de même réussi à vaincre cette équipe et à nous qualifier pour la Coupe du monde. Mon équipe est jeune et pleine d’espoir. Elle a été complètement renouvelée il y a deux ans et demi. On peut encore beaucoup évoluer et progresser. Cette qualification va nous le permettre», raconte Vahid.

«J’ai révolutionné le jeu des Verts»

Le coach national n’a pas raté cette occasion pour piquer l’ancienne génération et sa façon de jouer. «Avant mon arrivée, l’Algérie jouait un jeu davantage défensif avec une tactique basée sur un bloc défensif très bas, avec un seul attaquant en pointe. Bien sûr, cette équipe a eu certains résultats. Mais j’ai voulu changer pour ne pas dire révolutionner sa façon de jouer. En tant qu’ancien attaquant, je suis davantage tourné vers l’offensive, et j’ai voulu instaurer la culture de la victoire pour chaque match, que ce soit à domicile ou à l’extérieur. L’Algérie a toujours eu l’habitude de gagner à domicile, mais pas à l’extérieur. Là aussi, j’ai essayé de changer les choses en parlant, en travaillant, en essayant de faire prendre conscience à mes joueurs qu’ils pouvaient gagner à l’extérieur. Au match aller, au Burkina Faso, on y allait pour gagner. J’avais aligné une équipe très offensive. On a inscrit deux buts, mais on a manqué deux occasions nettes. Mes attaquants ont manqué de réalisme et de chance. J’insiste pour dire qu’à chaque fois qu’on a joué à l’extérieur, on est partis pour chercher la victoire. Là, ça n’a pas marché.»

 

«Le Burkina ? Jamais je n’aurais pensé travailler autant pour un match !»

«… Au match retour, la tension était énorme. Toute l’Algérie attendait impatiemment ce match. Ce n’était pas facile de préparer ce match. On a beaucoup travaillé. D’ailleurs, jamais je n’aurais pensé travailler autant pour un match. Autant de petits détails, autant de préparation… Cela a été énorme. Et ça s’est bien fini, puisqu’on s’est qualifiés. On est un peu fatigués (sourire). Mais on est fiers du travail accompli.» A propos de son capitaine, il dira : «Dans une équipe, il y a toujours deux ou trois capitaines. Notre premier capitaine, c’est lui. Madjid est un des rares rescapés de l’ancienne équipe. J’attends de lui qu’il soit un leader positif. Ce qui est le cas. Il doit servir de transmission entre moi et les autres joueurs, surtout pendant le match. A un moment, je lui ai mis la pression, parce qu’il avait quelques kilos de trop. Je l’ai poussé à retrouver davantage la forme. Cela se passe bien entre nous, c’est important de trouver un capitaine qui prend le rôle du sélectionneur sur le terrain. Je dispose d’autres joueurs capables de porter le brassard, mais lui joue pleinement son rôle.»

 

«Battre la Belgique, pourquoi pas ?» 

«La Belgique est parmi les deux ou trois meilleures équipes d’Europe. Elle possède de belles individualités, à l’image d’Eden Hazard, que je connais bien pour l’avoir eu sous mes ordres à Lille. Cette sélection peut être l’équipe surprise de la prochaine Coupe du monde. Pour nous, ce sera un grand test. La Belgique sera le grand favori face à nous. On va tout faire pour ne pas perdre en tout cas, et peut-être créer l’exploit», dira Halilhodzic sur la Belgique. Concernant la Corée du Sud, il ajoutera : «Normalement dans ce groupe, c’est l’équipe la plus faible, avec l’Algérie. C’est une équipe compacte et complexe qui propose un bon football, tout en passes, en vitesse et en changement de rythme. Elle peut poser problème à mon équipe. Comme à chaque match, il faudra se préparer avec autant de passion que de sérieux, ne sous-estimer personne, car il n’y a pas de petits matches en Coupe du monde.»  

 

«Capello force le respect»

Vahid Halilhodzic a beaucoup de respect pour Fabio Capello. Appelé à donner son avis sur la Russie, il a, sans le vouloir, loué les mérites de l’Italien. «Déjà, quand une équipe a un entraîneur comme Fabio Capello, cela force le respect… C’est un grand entraîneur, et la Russie est une grande nation du football.  Depuis quelque temps, la Russie commence les compétitions à plein régime, mais lève le pied ensuite. Mais avec un technicien comme Capello, cela ne va pas être le même refrain. Lui sait préparer son équipe que ce soit physiquement, tactiquement, mentalement ou techniquement. Dans notre groupe, la Belgique et la Russie sont les favoris. La Corée du Sud et notre équipe peuvent éventuellement créer la surprise. Mais cela va être compliqué.» Enfin, et à la question relative aux chances de l’Algérie de passer le premier tour, le Bosnien dira : «Si je ne pense pas qu’on peut faire quelque chose, j’arrête le football ! Je suis un gagneur. Je suis aussi conscient que l’Algérie est moins forte que la Belgique ou la Russie, mais combien de fois, j’ai vu des petites équipes gagner contre de grands favoris ? Il faut se préparer, garder l’espoir et tenter quelque chose.»

 

«Je me dois d’être exemplaire»

«Aujourd’hui, la qualification n’a pas des conséquences uniquement sportives, mais également politiques et économiques. L’Algérie est le seul représentant des pays du Maghreb. Cela induit une certaine fierté, mais aussi une responsabilité. L’Algérie ne peut qu’être flattée de participer à une Coupe du monde. Quant à moi, en tant que sélectionneur, quel honneur ! Je me dois d’être exemplaire afin d’obtenir la même conduite de la part de mes joueurs. Mais sur ce point précis, je n’ai rencontré pour l’instant aucune difficulté», conclut Vahid.  

Synthèse Amirouche Boudjedou

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