D’autant plus que cette coupe de France 2013/2014, était celle des surprises. Mais il n’y a pas eu surprise et la logique a été respectée. Non pas grâce à un Stade Rennais dominateur, mais grâce à un Foued Kadir des grands jours qui a inscrit l’unique but de ce match (1-0) et qui a obtenu l’expulsion d’un joueur auxerrois.
C’était le Kadir de Valenciennes
Alors que depuis sa blessure, on ne le voyait plus beaucoup sur le rectangle vert du Stade de la Route de Lorient de Rennes, le milieu de terrain international algérien du club de la capitale de la Bretagne, s’est vu offrir une chance hier, à l’instar des autres Fennecs qui étaient dans le même cas que lui, qu’il a saisi et bien saisi même. Comme on a retrouvé le Sofiane Feghouli de la Ligue des champions précédente, il y a quelques jours, face au FC Barcelone, avant-hier, à Auxerre, on a retrouvé le Foued Kadir de la première partie de la saison dernière, celui de Valenciennes FC. Kadir a joué sans calcul aucun, avec sa technique et son style de «numéro 10 à l’ancienne» et il en a récolté les fruits. Très remuant face à Auxerre, c’est lui qui a amené ce but et l’a marqué bien marqué. Sans l’intervention du Camerounais Jean II Makoun, auteur de la passe décisive sur les statistiques, on aurait pu dire que le mouvement offensif qui a amené ce but était de Foued Kadir, le centre de Foued Kadir et le but inscrit par Foued Kadir. Mais avant que Kadir ne fasse trembler les filets, et de bien belle manière, du pied gauche et avec beaucoup de sang froid devant la ligne de vérité auxerroise, il y a eu entretemps, le Bourguignon Coulibaly qui a repoussé le centre de l’Algérien à la va vite et dans l’axe, directement sur Makoun qui a remis dans le paquet en direction de l’Algérien, qui l’a joué «Pipo Inzaghi», pied droit pied gauche, dans le petit filet opposé. Nous étions à la 23e minute, Rennes menait 1-0 et ne sera plus rejoint jusqu’au coup de sifflet final.
Il répond sur le terrain à Labrune et Anigo
En inscrivant un but décisif, avec la manière, sur une chaîne du service public, donc visible par tout le monde, Foued Kadir a indirectement répondu, sur le rectangle vert, à son président de tutelle, puisqu’il appartient encore à l’Olympique de Marseille jusqu’en 2016 et est seulement prêté à Rennes, Vincent Labrune et au cumulard entraîneur/directeur sportif du club phocéen, José Anigo. Ces deux hommes l’avaient placé, il y a une semaine, dans une liste des «retours de prêts embarrassants». Et la direction de l’OM déclarait même craindre plus que tout un retour de prêt de ses joueurs sur lesquels elle ne compte plus du tout. Si Kadir conserve ce niveau jusqu’à la fin de la saison, il n’aura aucun mal à trouver preneur. Que monsieur Vincent Labrune se rassure.
«Ne m’enterrez pas trop vite» semblait-il dire
En seconde mi-temps, Kadir continuera à être remuant et technique, obligeant son adversaire Boe Kane, à le stopper de manière illégale et à se faire expulser pour double carton jaune à la 55e minute. Lorsqu’il a fêté son sixième but, toutes compétitions confondues, avec le Stade Rennais, un but qui vient rompre la «disette» de Kadir puisque son dernier but remontait au 26 octobre dernier, et lors de sa sortie à la 76e minute, lorsque la caméra de France 4, a zoomé sur son visage, l’Algérien habituellement peu expressif, avait un regard qui en disait long. Ses yeux semblaient dire : «Ne m’enterrez pas trop vite !» ou alors, «certes il y a de la concurrence au milieu de terrain, mais j’ai toujours mon mot à dire et des qualités à faire valoir». Car Foued Kadir, acculé à son poste par une concurrence impitoyable en équipe nationale et par le réveil de ses concurrents directs Feghouli, Brahimi, Boudebouz et consorts, n’avait d’autre choix que de réagir, comme l’avait fait Nabil Ghilas, la semaine précédente, pour rester dans la danse en vue de la participation à la Coupe du monde, Brésil 2014.
Les footballeurs algériens se rendent coup pour coup
Nous vous annoncions, très chers lecteurs, le jour de la fermeture du mercato hivernal que les trois prochains mois seraient passionnants pour les amateurs de football en général et de l’équipe nationale et de ses joueurs en particulier, car nous sommes en plein dans le «money time». Il n’y a plus de parachutes ou de filets de sécurité, ou encore de marge d’erreur pour les joueurs algériens de la liste élargie des 40 présélectionnés, comme Zeffane, Bentaleb ou Benlamri par exemple, et même ceux qui n’en font pas partie. Chaque joueur est en train de jouer son va tout pour se montrer sous son meilleur jour et essayer d’accrocher le précieux sésame pour le Brésil, en juin prochain, à savoir une des 23 places de la liste des capés algériens que Coach Vahid doit rédiger et envoyer à la FIFA. C’est ce qui explique que depuis la reprise, après la trêve hivernale, les joueurs algériens essayent de briller davantage.
Le message de Vahid est bien passé
S’il y a un message que le sélectionneur national, a su faire passer à l’ensemble des joueurs susceptibles de rejoindre l’équipe nationale, qu’ils évoluent aux pays ou à l’étranger, c’est que personne n’est privilégié, protégé ou encore assuré de figurer dans la liste, quel que soit son nom. Ce qui signifie que tout le monde a sa chance pour la course au Mondial. Et c’est ce système de «méritocratie» instauré par le Bosnien, qui régale en ce moment tous les supporters des Fennecs, qui étaient désabusés par le début de saison cauchemardesque de leurs chouchous qui, hormis la double confrontation face aux Etalons du Burkina Faso, avec la qualification pour le Mondial, le 20 novembre dernier, étaient soit blessés, soit placardisés, ou qui devaient se contenter de petits bouts de matches. Car en ce moment, tous les Fennecs sont sur le pied de guerre.
Personne ne veut rester sur le carreau
Avant cette reprise, seuls Hilal Soudani et Faouzi Ghoulam, avaient un parcours régulier. L’ancien joueur de l’ASO Chlef et celui de l’AS Saint-Etienne, étaient les seuls Fennec à être titulaires indiscutables avec les Verts et à donner pleinement satisfaction à leurs clubs, le Dynamo Zagreb et Napoli. Mais depuis la reprise, on assiste au réveil du gros des troupes de coach Vahid. Yacine Brahimi a enchaîné de bonnes prestations face notamment au Real Madrid et est maintenant une valeur sûre de son équipe et de la Liga. Quant au leader de ce groupe, Sofiane Feghouli, qui était au «troisième sous-sol» en club, depuis le début de saison, surtout sous l’ère Djukic, est aujourd’hui au «septième ciel». Il a retrouvé le niveau qui lui avait permis, la saison passée, de ridiculiser à lui tout seul, le grand Bayern de Munich. Il a fait une excellente prestation face au FC Barcelone puis face au Bétis Séville, avec deux victoires à la clef pour Valencia CF. Idem pour Nabil Ghilas, qui n’a eu sa chance que 7 minutes et en a profité pour qualifier le FC Porto, bien mal embarqué, en demi-finale de la coupe du Portugal. Que dire de Cadamuro, passé de «coiffeur» à titulaire indiscutable au Real Majorque et bien sûr de Slimani et Halliche qui se sont livré à un beau duel d’ex-joueurs locaux qui ont signé leur retour en grâce, en club. Foued Kadir, tout comme Rafik Djebbour, buteur dès son premier match avec Nottingham Forest, n’avaient d’autres choix que de «suivre» ou «se coucher», comme on dit dans le jargon du poker. Car le match amical face à la Slovénie se rapproche, tout comme le Mondial et l’heure n’est plus au poker menteur. Vahid n’emmènera au Brésil que les «As» et tous les joueurs en sont conscients. C’est pour cela qu’ils ont passé la vitesse surmultipliée.
M. B.