- Baghdad, ça marche fort pour vous à l’Etoile du Sahel…
- Les premiers jours quand je suis arrivé à Sousse, j’avais un peu le mal du pays, car je découvrais un nouvel environnement pour moi, ce qui explique que j’ai mis un peu de temps pour m’adapter. Une fois ce stade dépassé, j’ai trouvé mes repères et surtout j’ai pu me faire des amis, ce qui accéléra mon adaptation. Quant à mes performances avec mon club, effectivement, je suis comblé car je n’ai pas trop attendu pour montrer ma valeur. Aujourd’hui, je suis le meilleur buteur du championnat de Tunisie avec 11 buts, ce qui fait que c’est bien parti pour moi dans cette nouvelle aventure.
- Sans cette suspension, votre capital en buts serait plus élevé, non ?
- On ne peut pas le savoir, en football tout peut arriver, j’ai raté des matches à cause d’une suspension, j’aurais pu me blesser, donc, je n’ai pas à me plaindre.
- Votre suspension a provoqué le courroux des supporters de l’ESS, cette marque de soutien témoigne de leur attachement pour vous, n’est-ce pas ?
- J’étais un peu excité, j’ai commis un geste que je ne devais pas faire, mais les supporters se sont révoltés lorsqu’ils ont appris que la sanction était lourde (six matches de suspension), alors que pour un geste identique, un joueur de l’Espérance de Tunis n’a pris que deux matches. Estimant que c’était injuste, les supporters de l’ESS ont même manifesté dans la rue, cette réaction des supporters a poussé la commission de discipline à revoir à la baisse ma sanction.
- Cela se serait-il produit chez nous en Algérie ?
- Déjà ici en Algérie, les joueurs perçoivent leurs salaires toujours en retard. En Tunisie, le joueur est bien pris en charge par le club, en plus on évolue sur des terrains de bonne qualité. Franchement, j’ai remarqué qu’en Tunisie on essaye toujours de mettre à l’aise les joueurs afin qu’ils ne se concentrent que sur les affaires du terrain. Je serai toujours reconnaissant envers les gens de Sousse qui ont été toujours corrects avec moi, plus particulièrement les supporters. Ce n’est pas pour critiquer le mode de fonctionnement de nos clubs, il n’y a pas photo, en Tunisie, c’est le vrai professionnalisme.
- Dire que Boualem Charef s’est opposé fermement à votre départ l’été dernier, finalement vous ne regrettez pas cette décision…
- Déjà un an auparavant, il m’avait bloqué alors que j’étais sur le point de rejoindre l’Espérance de Tunis et quand l’été passé cette opportunité de signer à l’Etoile de Sousse s’est présentée, j’ai tout fait pour ne pas la rater, car la chance ne vient qu’une ou deux fois, si vous la laissez filer, après on ne sait jamais qu’est-ce qui va se produire.
- En fin de compte, ce fut un bon choix…
- Pour l’heure oui, j’ai privilégié l’aspect sportif, j’aurais pu gagner énormément d’argent en optant pour un club du Golfe mais avec mes proches, on a établi un plan de carrière, je n’ai que 22 ans, ne l’oublions pas, la Tunisie peut me servir d’un bon tremplin pour réaliser mon rêve de jouer un jour dans un club européen.
- Ce qui justifie votre refus de répondre à l’appel de pied de Nabil Maâloul qui tenait à vous avoir avec lui au Qatar…
- Il n’y a pas que Nabil Maâloul qui me voulait (club d’El-Djeich). J’ai reçu des offres plus juteuses de l’Arabie Saoudite. Si je vais là-bas, je risque de m’enterrer alors que j’ai beaucoup d’ambitions sportives, l’argent, je peux le gagner après, si Dieu le veut.
- Un transfert en Turquie a été envisagé cet hiver, pourquoi il est tombé à l’eau ?
- Effectivement, Kayserispor (super- ligue turque) m’a contacté directement pour un transfert, j’étais d’accord, mais mon club qui a reçu une offre officielle a refusé de me libérer (Kayserispor a proposé à l’ESS le montant de 1,2 million d’euros et un salaire à Bounedjah de 300 000 euros, Ndlr). L’argument avancé par mes dirigeants est que je ne pouvais quitter le club, six mois après l’avoir rejoint.
- Y a-t-il un intérêt de Lens pour vous ?
- Je l’ai appris par la presse, sinon que voulez-vous que je dise, il reste neuf journées de championnat à jouer avec mon club, il serait présomptueux de ma part d’évoquer mon avenir à cette période de la saison. Comme je l’ai toujours déclaré, on parlera au moment voulu, mais pas maintenant, de mon avenir.
- Pourquoi êtes-vous si méfiant ?
- Non, je ne suis pas méfiant. Si je m’amuse à évoquer tout le temps mes contacts, je risque de perdre ma concentration alors que le club a besoin de moi pour marquer des buts, je veux rester à 100% concentré sur la mission qui m’attend avec l’Etoile de Sousse.
- On dit qu’en Tunisie les salaires sont plus attractifs, vous confirmez…
- C’est vrai, mais en Algérie, il y a des joueurs qui touchent des salaires élevés. Quand vous recevez une offre de 3 000 euros en France, il y a des clubs ici en Algérie qui peuvent s’aligner sur ces salaires, Lemouchia ou Ziaya ne sont pas revenus au pays pour des prunes, non ?
- Avec l’ESS, quels sont les challenges tracés pour cette saison ?
- Comme il y a un gros écart entre notre équipe et le leader, on cherche à décrocher la deuxième place afin de jouer la Ligue des champions africaine, on est toujours en lice en coupe de la CAF et celle de Tunisie, une fin de saison intéressante m’attend avec mon club.
- L’autre objectif pour vous est d’être rappelé en équipe nationale, pensez-vous l’atteindre dans l’immédiat ?
- Ah ! L’équipe nationale, j’en rêve, seulement je ne dois pas en faire une obsession, je vais continuer à bosser sérieusement et surtout m’illustrer avec mon club. Ma chance, je l’aurai un jour, c’est certain, d’autant que je suis encore très jeune.
- Paradoxalement, Vahid Halilhodzic vous a appelé alors que vous étiez à l’USMH, aujourd’hui vous claquez but sur but avec l’ESS, mais cela n’a pas suffi pour que le sélectionneur national vous fasse appel, comment l’expliquez-vous ?
- Quand Vahid Halihodzic m’a convoqué pour la première fois, il a été direct avec moi en me disant :«Tu es encore jeune, je continuerai à suivre tes performances en club». Même s’il n’y a pas eu de suite après, je ne vais pas baisser les bras. Vu mon âge, j’ai tout l’avenir devant moi pour atteindre cet objectif.
- Jouer la Coupe du monde est-il un rêve possible pour vous ?
- Quand vous avez un Slimani qui marque des buts importants dans un championnat de niveau relevé (Portugal) et que Belfodil et Ghilas qui évoluent dans de grands clubs lesquels ne viennent qu’au second rang, je suis réaliste pour l’heure, il est difficile pour moi de me frayer une place dans cette sélection.
- Mais au fond, vous gardez un petit espoir…
- Je n’ai qu’un souhait, que Vahid Halihodzic vienne me voir jouer avec mon club, peut-être que cela le fera changer d’avis.
- Mais le fait que Djabou ait flambé lors du dernier match face à la Slovénie vous redonne espoir…
- Un joueur quand il évolue dans le championnat d’Algérie doit saisir toutes les opportunités qui se présentent à lui, c’est vrai, le championnat tunisien n’est pas aussi relevé à comparer avec le football qu’on joue en Europe, mais quand vous regardez ce que font Djabou ou Belaïli avec leurs clubs respectifs, quand vous les voyez en sélection, cela n’a rien d’étonnant à ce que je sache.
- Entre l’ambition de jouer en EN et celle de rejoindre un club européen, que choisirez-vous ?
- Pourquoi pas les deux à la fois (rires !). Les deux font l’affaire car vous pouvez attirer les recruteurs en jouant avec l’équipe nationale et vice-versa, si vous flambez en Europe, cela conduira certainement le sélectionneur national à vous faire appel.
- Regarder un match de l’EN sur le petit écran, c’est une… souffrance pour vous…
- C’est une grande souffrance même, car je brûle d’envie d’y être un jour, le plus tôt serait le mieux, sinon j’étais content le soir de la qualification pour la Coupe du monde, j’ai même fait la fête avec mes copains, nous les Algériens, on est tous très attachés à la sélection nationale.
- Cette sélection a-t-elle le niveau de se qualifier pour le second tour ?
- Je ne vois pas pourquoi les gens sont pessimistes, on a un bon groupe de joueurs, un entraîneur qui maîtrise bien son sujet, on a tous les atouts possibles pour se qualifier au second tour au minimum, Ghana a failli se qualifier aux demi-finales de la dernière Coupe du monde. Désormais, il n’existe aucun fossé entre les grandes nations de football et celles de l’Afrique.
- Youssef Belaïli est au centre d’une polémique en Tunisie, êtes-vous solidaire avec lui ?
- Youssef est mon ami, un frère, mais désolé, je ne peux pas me mêler de ses affaires, ça ne me regarde même pas, j’ai appris à travers la radio qu’il existe un conflit entre lui et son club. Je lui souhaite de tout cœur qu’il règle rapidement son conflit.
- Vous pouvez être, un jour, confronté à une situation pareille…
- Je sais une chose, quand vous êtes performant sur le terrain, il faut en profiter pour améliorer sa situation sociale. En revanche, on peut éviter de telles mésaventures en étant sérieux dans son travail.
- Est-il vrai que Roger Lemerre serait remonté contre vous, après que vous soyez descendu à Oran sans l’autorisation du club ?
- C’est de l’intox, je ne peux voyager sans mon passeport, or celui-ci n’était pas sur moi. Pour le récupérer, je devais passer à l’administration du club, ce qui fait que mon employeur m’a autorisé à aller séjourner quelques jours chez moi à Oran
- Au fait, comment sont vos rapports avec Roger Lemerre ?
- Il m’a dit récemment qu’il pourrait m’aider à rejoindre la sélection nationale, à la seule condition que je continue à bosser durement. Selon Lemerre, pour jouer une Coupe du monde, il faut le mériter.
- Il est de notoriété publique que vous êtes un grand supporter du MCO, que vous inspire sa situation actuelle ?
- Je suis évidemment triste de voir le club dans cette situation, je suis un enfant d’Oran, ma famille est d’El- Hamri, mais cela n’a pas été suffisant pour que je puisse porter les couleurs du MCO, j’habite à trois minutes de… Habib Bouakeul (sa famille réside à la cité Mimosas), je pense que le MCO a besoin d’un grand lifting, cela passe inévitablement par le changement de toute la direction.
- Il y a trois ans, il était question que vous signez au club, pourquoi cela n’a pas abouti ?
- Le président de l’époque, je crois Tayeb Mehiaoui, a jugé que je n’ai pas le niveau pour jouer au MCO, certainement il a été induit en erreur par ses conseillers, lesquels, pour des raisons faciles à imaginer, préfèrent ramener des joueurs d’un faible niveau d’autres régions. Je tiens à signaler que Chérif El-Ouazzani que j’ai rencontré, avait mis mon nom dans la liste des recrues, mais on lui avait signifié que je n’avais pas le niveau pour porter les couleurs du MCO. En fin de compte, grâce à ma bonne foi et mes qualités, j’ai été transféré dans une grande équipe, quel dommage !
M. S.