Blessé aux adducteurs, Sofiane Feghouli a repris les entraînements hier mardi et sera du voyage pour Almeria demain afin de disputer la rencontre avec son équipe. Comme à son habitude, sans langue de bois et en toute franchise il nous parle de ce qu’il a changé pour lui au FC Valence depuis l’arrivée d’Antonio Pizzi. Le milieu de terrain des Verts a tenu aussi à s’expliquer sur son absence lors du dernier match amical face à la Slovénie, affirmant qu’il n’y a aucun malaise entre lui et Vahid Halilhodzic. Il nous parle aussi de ses objectifs, à savoir qu’il fera tout pour jouer la finale de l’Europa Leaugue à Turin cette année. Enfin, il précise qu’il ne pense pas quitter Valence cette saison. Entretien.

 «Si je ne l’avais pas fait durant le stage, ça pouvait me porter préjudice pour le Mondial»

«Face à la Slovénie, tout le monde a fait son match, preuve que nul n’est indispensable»

«L’équipe a fait preuve d’une grande rigueur tactique»

- Avant tout, vous étiez blessé au cours de ces derniers jours, comment ça va à présent ?

- Je me suis blessé à l’adducteur lors de dernier match face à la Real Socieded. D’ailleurs, j’ai fini le match avec une petite gêne. Le lendemain, la douleur s’était accentuée et j’ai dû donc faire une échographie. Dieu merci, l’examen n’a révélé aucune lésion, et la douleur était juste due à la surcharge. Là, ça va beaucoup mieux, d’ailleurs j’ai repris l’entraînement ce matin (NDLR : entretien réalisé en fin d’après-midi d’hier).

- Vous serez donc dans le groupe pour le match de ce jeudi face à Almeria ?

- Oui, normalement. Comme je viens de vous le dire, j’ai repris les entraînements avec l’équipe et je ferai partie du groupe pour le déplacement d’Almeria. 

- Depuis l’arrivée du nouveau coach, Antonio Pizzi, en l’occurrence, à la tête de la barre technique du FC Valence, on voit un tout autre Feghouli, souvent décisif, qu’est-ce qui a changé pour vous ?

- Ce qui a changé, c’est surtout au niveau du groupe, il y a eu des départs, il y a eu aussi des arrivées avec notamment le nouveau coach et chacun de nous a pris conscience que le début de saison était mitigé et qu’il fallait se reprendre en main rapidement et ne pas gâcher totalement la saison, et l’entraîneur  a mis en œuvre sa philosophie à laquelle le groupe a adhéré…

- Et sur un plan un peu plus personnel…

- Ce que me demande l’entraîneur me convient parfaitement. Sur le plan offensif, le coach m’a clairement dit qu’il fallait participer au jeu et à sa création. De jouer libéré développant mon football, de bouger sur le terrain et ne pas rester spécialement sur le côté et faire en sorte d’être présent aussi dans la finition du jeu. Défensivement, par contre, il me demande de bien bloquer mon couloir et d’aider mon latéral.

- On croit savoir que vous avez eu à un certain moment une remise à niveau par le préparateur physique du club, est-ce vrai ?

- Non, non, nous avons un préparateur physique pour l’ensemble de l’effectif et je n’ai pas eu droit à un programme spécifique à ce niveau-là. Simplement, quand j’ai eu l’opportunité de jouer plusieurs matchs d’affilée, j’ai pris le rythme et l’intensité nécessaire pour être performant. Avant, je n’avais pas l’occasion d’enchaîner les matchs, je jouais un match après je n’en jouais pas deux, ça m’est aussi arrivé de ne pas être convoqué, des fois je revenais titulaire en jouant 60’, du coup, il n’y avait aucune logique, aucun cycle pour trouver la forme, et là c’est totalement différent. Il y a une équipe qui se dégage et le fait de jouer de façon régulière me facilite la tâche.

- Avez-vous été affecté moralement lors de cette période où vous ne jouiez pas beaucoup ?

- Pour que je sois affecté, il m’en faut plus que ça quand même, mais bon c’est toujours une situation compliquée quand tu ne joues pas et il faut se remettre en question, moi le premier et ne pas dire que c’est la faute d’un tel ou d’un autre, mais chercher ce qui ne va pas et qu’est-ce qu’il faut faire pour améliorer la situation afin que je sois indispensable à mon entraîneur et à mon équipe. A partir de là, quand on m’a donné l’opportunité de jouer en Russie où j’ai eu l’occasion de marquer, juste après face à Bilbao où j’avais fait un bon match et aussi face au Real de Madrid et après l’arrivée du nouvel entraîneur, j’ai presque joué la totalité des matchs.

- Votre principal objectif était une place pour la Ligue des champions, à présent l’écart s’est creusé, on imagine que l’objectif du FC Valence a changé…

- On a pris un tel retard que jouer la Ligue des champions est devenu quasiment impossible. Mais bon, il y a cette septième place qualificative pour l’Europa League, on en est à six points et elle reste accessible à huit journées de la fin. Il faudrait enchaîner les bons résultats en espérant que les autres fassent des faux pas pour recoller.

- Justement, vous jouerez le FC Bâle, estimez-vous que c’est un bon tirage sachant que vous jouerez le match retour à Valence ?

- Il est clair que c’est toujours mieux de jouer le retour à domicile, peut-être que sur le papier on peut considérer que le FC Bâle est un bon tirage mais après, la vérité du terrain est toute autre. Le FC Bâle a joué la Ligue des champions et a été reversé en Europa League, il a battu Chelsea deux fois avec un gros public, avec aussi des bons joueurs, il faudrait s’en méfier…

- Cette Europa League vous en discutez entre vous, vous vous dites finalement c’est possible… 

- On est à quatre matchs d’une finale et bien sûr que c’est dans la tête de chacun de nous et c’est un objectif d’arriver en finale à Turin et on fera le maximum et on jouera cette Europa Leaugue à fond. Moi, personnellement, j’ai encore cette demi-finale perdue en travers de la gorge contre l’Atletico de Madrid, même si l’Atletico a mérité le trophée, se faire éliminer aux portes d’une finale c’est toujours difficile, et cette année j’ai encore l’occasion d’y parvenir et je vais tout faire pour que ça soit la bonne.

- On va parler de l’équipe nationale, le coach a déclaré en pleine conférence de presse après le match contre la Slovénie qu’il n’avait pas apprécié le fait que vous vous fassiez opérer en plein stage…

- D’abord, je dirais que le coach était informé bien à l’avance de mon opération. D’ailleurs, que ce soit le médecin qui était le premier au courant, le président de la fédération ou le coach, tout le monde était au courant et il n’y avait aucun souci de ce côté-là. C’était une situation urgente et il fallait prendre une décision dans l’intérêt de tous et de l’équipe nationale avant tout, car si je n’avais pas réglé ce souci à cette date- là, cela pouvait me porter préjudice pour la Coupe du monde.

- Il y a eu aussi des choses qui ont été dites quant au fait que vous ayez préféré rater un match de l’EN et pas celui de votre club…

- Il faut savoir que je suis propriétaire de mon club, il y avait une date FIFA avec un match amical le 5 mars, mon équipe jouait un match tous les trois jours, et les dirigeants ont voulu que je me fasse opérer en début de semaine, c'est-à-dire un lundi 3 mars car cela les arrangeait, et c’est ce qui a été fait dans mon intérêt, celui du FC Valence et aussi de l’équipe nationale en prévision du Mondial afin d’être tranquille et d’en finir avec ce problème de façon définitive. Pour rappel, c’est un souci qui m’avait gêné pendant une longue période mais El-HamdoulilAllah aujourd’hui c’est terminé.

- Comment expliquez-vous alors la réaction du coach national vous concernant ?

- On connaît le coach comment il est avec tout le monde, il veut tellement bien faire son boulot que ça peut arriver qu’il pousse le bouchon un peu loin, mais ce n’est pas de la mauvaise intention de sa part car c’est dans l’intérêt de l’équipe nationale.

- On croit savoir aussi qu’après cela il y a eu des échanges des sms et que vous vous êtes parlé pour régler tout ça…

- Vous savez, avec le staff technique on est tout le temps en contact, jusqu’à aujourd’hui d’ailleurs. J’étais récemment blessé à l’adducteur, j’ai reçu un message, donc c’est normal qu’on se tienne au courant entre joueurs de la sélection et le staff technique.

- On peut dire donc qu’il n’y a aucun souci entre vous et l’entraîneur national Vahid Halilhodzic…

- Non, non il n’y a aucun malaise entre le coach et moi, d’ailleurs je n’ai de problèmes avec personne.

- Vous avez certainement dû suivre la rencontre face à la Slovénie, comment avez-vous trouvé vos coéquipiers ?

- L’équipe a joué libérée et a essayé de produire du jeu. Il y avait aussi beaucoup d’intensité dans la rencontre. Franchement, j’étais content car j’ai vu un beau match. Maintenant, je ne vous cache pas que je m’attendais à un adversaire un peu plus coriace, certes, on ne les a pas laissés jouer mais la Slovénie non plus n’a pas montré un grand niveau, mais bon c’est toujours bon de se confronter à une équipe non africaine et gagner à domicile pour engranger de la confiance et donner l’opportunité à certains de prendre leurs repères si on leur fera appel en sélection.

 

- Justement, en votre absence, Djabou a eu sa chance et s’est illustré lors de cette rencontre…

- Tout le monde a réalisé son match, je ne veux pas citer de noms car on a vraiment vu une équipe portée vers l’offensive, une équipe qui a essayé de partir de derrière et de jouer avec ses qualités, mais qui a surtout fait preuve d’une très grande rigueur tactique. J’aurais préféré qu’on marque davantage, mais deux à zéro c’est bien et à présent il faudrait bien se préparer pour le Mondial.  

- Dans ce match, il y a eu un nouveau joueur, en l’occurrence, Nabil Bentaleb, qu’en avez-vous pensé ?

- Comme je l’ai dit à l’image de toute l’équipe, on a vu Liassine qui jouait dans l’axe, Nabil et Djabou aussi. En fait, tous ceux qui ont joué ont montré qu’on pouvait leur faire appel à n’importe quel moment et que dans cette équipe personne n’était indispensable et il faut vraiment féliciter tout le monde.

- Pour le Mondial, le coach aura un groupe au complet pour une durée totale de 17 jours, pensez-vous que ça sera suffisant pour préparer cette Coupe du monde ?

- Ce groupe se connaît depuis environ deux ans, je pense maintenant, à part quelques-uns qui sont arrivés récemment, qu’on a les automatismes, le système prôné par Vahid c’est régulièrement le même, donc je pense que ce n’est pas le volet technique ou tactique qu’on va travailler mais surtout l’aspect physique. Il y aura des joueurs qui arriveront vraiment fatigués et d’autres qui auront au contraire pas beaucoup de temps de jeu et c’est sur cet aspect-là qu’on devrait être très pointilleux.  

- Dans la presse espagnole, on parle beaucoup de votre probable départ du FC Valence, pensez-vous partir cet été ?

- Franchement, ça ne m’a même pas traversé l’esprit. J’ai encore deux ans de contrat avec Valence, je suis très bien ici et le championnat me correspond parfaitement, en plus nous sommes en pleine transition car le club est en phase d’être racheté par un investisseur et donc c’est un tournant. Pour ma part, je suis tranquille dans la situation où je suis et je ne me pose pas la question de quitter Valence. Après, on ne sait jamais avec le club, mais ma position est que je continue ici et je me vois dans le très, très long terme.

Asma H. A.