Entretien réalisé par Halim Djender
- Vous voilà une nouvelle fois en finale de la coupe d’Algérie…
- Dieu merci, cela me fait vraiment plaisir. C’est la quatrième fois que j’atteins la finale de la coupe d’Algérie, c’est la troisième fois consécutivement que j’arrive à ce stade. En effet, en 2009, j’ai perdu avec le CABBA contre le CRB, en 2012, j’ai gagné avec l’ESS contre le CRB, en 2013, l’USMA nous a battus et, cette année, ce sera une finale entre le MCA et la JSK que je vais vivre. Je ne sais pas si quelqu’un avant moi a réussi l’exploit de parvenir trois fois de suite en finale de l’épreuve populaire.
- On consultera les archives et on y répondra…
- O.-K. ! Mais je crois être le seul ou un des rares à avoir accompli cela. Mais le plus important sera de gagner cette nouvelle finale, surtout après celle ratée la saison écoulée, la finale ratée, l’histoire de la médaille… On veut se rattraper !
- Cette fois, votre parcours a été relativement aisé, puisque vous n’avez pas affronté de grosses cylindrées…
- C’était tout de même compliqué face à l’US Chaouia chez elle. On a été menés 2 à 0 par l’USC, on a réussi la grande performance de revenir au score en inscrivant 2 buts en 5 minutes. Ce jour-là, je crois que la coupe nous a donné la preuve qu’elle nous veut. On y a cru tout le temps, surtout avec l’apport du coach qui nous a beaucoup apporté. Avant l’arrivée de Bouali, on évoluait avec une pression terrible. Il a su trouver les mots pour nous apaiser. Il nous a dit : promettez-moi la coupe d’Algérie, je vous promettrai une bonne place en championnat. Le match de Hadjout aussi était pénible avec l’incroyable pression de son public. On allait jouer le CSC à Constantine, finalement, c’est la JSMC qu’on a affronté et à Bologhine. Il n’y a presque pas de doute : la coupe nous veut. On a une dette envers notre public après avoir échoué contre l’USMA l’année dernière, on doit l’effacer en gagnant cette année.
- Vous retrouverez en finale la JSK, cette équipe qui vous a corrigés (3 à 0) récemment à Tizi Ouzou…
- Il faut le souligner, cette année, la JSK n’est pas celle des trois saisons passées. Ils ont maintenant un groupe, une équipe. Ils sont en finale de la coupe d’Algérie, seconds en championnat, et ils viennent de nous infliger une défaite par 3 à 0, ça nous a affectés. On est conscients de l’adversaire qu’on va affronter. Un club qui a un nom en Algérie et en Afrique, mais on veut notre revanche !
- Pour ce 3 à 0, votre public vous a réservé quelques insultes avant le début du match contre Chéraga…
- Je le comprends, mais après l’échauffement, il s’est mis à nous encourager. Nos supporters font la part des choses, ce sont des connaisseurs. Dans les moments difficiles, les Chnaoua redeviennent les grands supporters que tout le monde nous envie.
- Ne croyez-vous pas que c’est surtout à cause du 3 à 0 contre l’USMA qu’il n’arrive pas à vous pardonner ?
- C’est vrai, mais le public ne doit pas regarder que le score, il faut aussi voir le rendement. On n’a pas été ridicules. Maintenant, on leur a rendu un peu le sourire. En gagnant la coupe, on s’acquittera de notre dette. Le stage que nous effectuerons prochainement à Tlemcen nous fera du bien. On a un groupe pour revenir de Tchaker avec le trophée. Aussi, en championnat, on peut gagner nos deux prochains matches et devenir seconds, car la JSK aura à effectuer deux sorties pénibles. On devra réaliser la surprise à El-Harrach et tout ira dans le sens souhaité.
- Si vous battez la JSK en finale, vous retrouverez l’USMA en Supercoupe d’Algérie…
- Là, on prendra notre revanche ! Mais chaque chose en son temps. D’abord, remportons la coupe d’Algérie. Pour ce faire, il s’agira de bien se préparer durant le stage, surtout moralement. On doit évacuer le stress et la pression terrible vécus ces trois ou quatre derniers mois. Le MCA est supporté dans 40 wilayas, il n’est pas aisé de vivre la pression qui vient après un échec.
- Hannachi avait parlé d’argent haram (illicite) que vous gagnez…
- Hannachi, je le connais bien, c’est une personnalité. Il est bon et je ne crois pas une seconde qu’il l’ait dit cela du fond du cœur. Il l’a sans doute fait dans un moment de colère. Le MCA et la JSK resteront amis, leurs supporters aussi. Pas de fitna entre nous !
- Comment expliquez-vous votre réussite cette saison avec tant de buts à votre actif, ce qui fait de vous, un latéral droit, le meilleur buteur de l’équipe ?
- L’année passée, j’avais une grosse pression sur moi, on n’arrêtait pas de parler de l’argent que je gagne au MCA. Cela m’a empêché de bien m’exprimer sur le terrain. Je suis passé par une période sans. Me mettant un jour devant un miroir, je me suis dis : tu dois redevenir le vrai Hachoud ! Grâce à Bouali, à Kaci Saïd, à Geiger, je suis revenu. Et si je marque autant cette saison, c’est grâce aux attaquants qui provoquent les coups francs qui me donnent l’occasion d’essayer de les transformer en buts. J’en profite pour lancer un appel aux supporters et leur dire qu’il faut soutenir Bouguèche, Djallit et Yachir, c’est uniquement la pression qui les empêche de marquer.
- Tirer les coups francs, c’est un don ? Comment faites-vous pour vous perfectionner ?
- A l’âge de 10 ou 11 ans, quand j’étais minime à El-Attaf, j’avais un entraîneur nommé cheikh Belkhoukh, à qui je souhaite un prompt rétablissement, qui me donnait 12 ballons que je gardais à la maison. Je sortais de l’école à 16h, j’allais à entraînement prévu à 17h, donc une heure avant tous mes camarades pour travailler plus que les autres. C’est ainsi que, dans toutes les équipes où j’ai jouées, à savoir El-Attaff, le MCA, le CABBA et l’ESS, j’ai pu développer ce qui était un don. Je sais que dois encore me perfectionner. J’ai encore à apprendre et corriger notamment quelques défauts dans le domaine défensif. Latéral droit n’est pas mon poste de prédilection. J’ai commencé en tant que numéro 10, mon premier match avec les seniors du Mouloudia était NAHD-MCA à Zioui. Je suis rentré à la place de Badji, la partie s’est terminée sur le score de 1 à 1, avec des buts de Bouguèche et Halliche. Je suis aussi un Chenoui dans le sang. Depuis tout petit, je voyais tous les matches du MCA. J’ai notamment fait le déplacement à Tiaret pour le fameux match de l’accession…
- La sélection nationale, le Brésil, vous y pensez ?
- Bien sûr, ce qui me fait plaisir, c’est qu’Halilhodzic donne sa chance au joueur local. Il voit nos matchs en championnat et en coupe d’Algérie. On n’a qu’à bosser pour mériter une place dans son équipe. Je peux travailler ensuite sérieusement, mais tranquillement, j’ai confiance en mes chances d’aller au Brésil.
- Quel est votre principal rival pour le poste ?
- Mon véritable adversaire est le travail. Si je bosse bien, sérieusement, tout pourra venir par la suite. Le coach, quand il voit que son joueur se donne à fond, il lui fait confiance. Après, que la place soit prise par Cadamuro, Khoualed, Mehdi Mostefa ou moi-même, le meilleur sera le bienvenu. Si Vahid me fait appel, tant mieux, sinon, je serai le premier supporter de l’Algérie. Il n’y a aucun doute sur ce sujet.
- La saison prochaine, les salaires seront plafonnés et ne dépasseront pas les 120 millions de centimes par mois, qu’en dites-vous, vous qui percevez beaucoup plus ?
- Je suis foncièrement contre cela. A l’étranger, ce n’est pas du tout le cas. Gareth Bale, le Gallois du Real Madrid, a réalisé le plus gros transfert de l’histoire du football, dit-on, mais il ne fait pas grand-chose sur le terrain. Pour autant, personne n’a songé à la limite du salaire. Comme on dit chez nous, c’est rezk rabi et il ne faut pas y toucher. Regardez Largot, l’ex-joueur du MCA, il a eu le tibia et le péroné fracturés. Qui pense à lui maintenant ? A part l’USMA, qui prend en charge correctement Boualem Hamia et lui verse ses salaires, aucun autre club ne ferait ça. Si demain, je me blesse, personne ne pensera à moi, alors je suis totalement contre le plafonnement des salaires. En Tunisie, le dernier salaire d’un footballeur égal celui du meilleur en Algérie. Que je sache, personne n’a demandé à Djabou de réduire son salaire. En Egypte, les footballeurs perçoivent l’équivalent de 15 à 16 milliards de nos centimes. En réalité, le problème est ailleurs, il est au niveau des terrains, de l’arbitrage, des stades et j’en passe. Je me limiterai à donner un exemple qui, je l’espère, donnera matière à réfléchir. L’an passé, on a joué la demi-finale de la coupe d’Algérie contre l’ESS au 5-Juillet devant 80 000 spectateurs. Cette année, on a joué à Bologhine devant 8000 supporters. Vous voyez, le problème est vraiment ailleurs ! Et laissez-moi vous dire que s’ils appliquent le plafonnement des salaires, j’irai ailleurs, j’irai exercer mon métier en Tunisie ou en France !
H. D.