Christian Gourcuff, l’entraîneur de Lorient, est pressenti pour prendre la sélection olympique algérienne, peut-être même succéder à Vahid Halilhodzic après le Mondial, que pouvez-vous nous dire de lui ? C’est une très, très bonne idée ! C’est quelqu’un qui pourra être précieux auprès du président de la Fédération, comme conseiller et responsable de toutes les catégories, les éducateurs, les entraîneurs et la formation. C’est un garçon très sérieux, méticuleux. Il a quelques problèmes dans la communication et dans le relationnel.
C’est-à-dire ? ll est un petit timide, introverti, mais au niveau des compétences, du professionnalisme, c’est difficile de trouver mieux.
Vous le voyez plutôt avec l’EN olympique ou l’EN A ? Ce n’est pas une question à laquelle je peux répondre, ne m’en demandez pas trop ! Si vous me demandez les qualités et les défauts de Gourcuff, je ne vous donnerai que les qualités (rire).
Vous parlez de son rôle de formateur, vous semblez bien informé sur la mission qui lui sera dévolue… Bien informé, oui mais seulement dans le sens où je connais Gourcuff depuis plus de 20 ans. En France, je sais quand même qui est moyen, bon ou très bon. Gourcuff est dans la catégorie des très bons !
Vous en avez parlé entre vous ? Non, non, on ne s’appelle pas, on se dit bonjour quand on joue l’un contre l’autre, c’est tout. On n’a aucune relation professionnelle ou amicale. Il a toute ma sympathie et c’est réciproque. Il sait très bien que quand je parle de son équipe, je dis toujours que quand on joue Lorient, c’est comme un test. On rencontre une équipe toujours bien organisée, difficile à manœuvrer, ce n’est pas facile de battre Lorient de Gourcuff.
Et vous, avez-vous été un jour sollicité par Raouraoua, le président de la Fédération, pour contribuer à l’essor du football algérien ? On n’en a pas parlé, on n’y a peut-être jamais pensé aussi.
Est-ce que vous comprenez le conflit entre Raouraoua et Halilhodzic ? Je ne peux pas le comprendre parce que je ne sais pas exactement ce qui se passe.
Raouraoua souhaite renouveler le contrat de Vahid maintenant, alors que ce dernier souhaite attendre après le Mondial 2014… Chacun regarde ses intérêts. Si j’étais à la place de Raouraoua, je ferai comme lui, et si j’étais à la place de Vahid, peut-être que je ferai comme lui aussi. Il m’est impossible de dire qui a tort et qui a raison. Par contre, je peux comprendre la position des deux. Vous savez, je ne fais pas habituellement des compliments gratuits, mais je dis l’Algérie a de la chance d’avoir Raouraoua comme président de la Fédération. Gouverner c’est prévoir ? dit l’adage.
Surtout qu’il y aura les éliminatoires la Coupe d’Afrique des nations 2015 qui débuteront juste après le Mondial… Voilà ! Prévoir c’est anticiper les choses. Le mec qui réfléchit ainsi ne fait que démontrer encore une fois ses compétences. Après, si ça n’intéresse pas Vahid, que peut-on lui dire ou lui faire ? Raouraoua anticipe, c’est très intelligent, cela démontre qu’il a une confiance totale en Vahid et qu’il n’attend pas les résultats du Mondial pour la lui maintenir. Nous, en France, on est partis dans une coupe du Monde, en 2010, en expliquant au sélectionneur en place qu’il allait être remplacé par Laurent Blanc ! Et vous êtes étonnés après qu’il y ait l’affaire du bus, etc. Je me pince encore pour réaliser que je ne rêve pas. En France, on a fait cet «exploit» : nommer Laurent Blanc à la place de Raymond Domenech avant la Coupe du Monde ! On s’est étonné ensuite que Domenech ait perdu l’efficacité de son autorité vis-à-vis des joueurs. En président compétent, pas comme celui en France à l’époque et qui a commis une erreur psychologique gravissime, Raouraoua conforte Vahid et son autorité auprès des joueurs pour augmenter ses chances de faire une bonne Coupe du Monde. Même avec son refus, Vahid est quand même obligé d’apprécier cette confiance et de s’en servir pour la bonne gestion du Mondial, justement. Même si Vahid refuse, Raouraoua a réussi son coup quand même.
Suivez-vous le parcours de l’USMA ? Quand je suis arrivé, ce club était 11e avec un groupe très difficile à gérer. Velud a pris ma succession, il a trouvé un groupe construit avec beaucoup de professionnalisme et de malice, des jeunes qui sont montés, des gros salaires disparus. Aujourd’hui, je suis très content que Velud et mon staff aient pu continuer mon travail durant l’intersaison et les 10 premières journées du championnat qui est, maintenant, quasiment acquis pour l’USMA.
A propos des jeunes, où en êtes-vous avec Ferhat que vous souhaitez transférer à Montpellier ? Je serai en Algérie le 28 avril, je suis invité de la chaîne Dzaïr TV. J’en profiterai pour dire bonjour à tout le monde et aller voir Ali et Rebbouh Haddad afin de connaître leur position et la communiquer à mon président, à Montpellier.
Ya-t-il d’autres jeunes qui vous intéressent ? Pour le moment, il n’ya que Ferhat. Mais en dehors de l’USMA, il peut y en avoir une dizaine de joueurs qui m’intéressent. Bien sûr, je grade ça pour moi.
La finale de la Coupe d’Algérie sera animée par la JSK et le MCA, le 1er mai à Tchaker, qu’en dites-vous ? Comme je vous l’ai dit, je serai à Alger le 28 avril, je vais donc essayer de voir si on peut repousser mon rendez-vous avec Dzaïr TV au 1er mai, comme ça je pourrai faire d’une pierre, deux coups et assister à cette rencontre, parce qu’il faut le dire, elle magnifique cette finale !
En quoi l’est-elle, selon vous ? Ce sont deux grands clubs mythiques. La JSK représente la Kabylie, le Mouloudia d’Alger est pour la deuxième année d’affilée en finale, ce que n’a pas fait l’USMA et qui constitue mon seul regret de la saison.
Le MCA a perdu 3 à 0 contre l’USMA et la JSK… Allez demandez aux Usmistes s’ils n’auraient pas préféré perdre 3 à 0 en championnat, sans conséquence sur l’attribution du titre, et aller en finale de la Coupe d’Algérie à la place du Mouloudia ! Les supporters ont sans doute été contents le jour où ils ont gagné 3 à 0, mais ils auraient certainement apprécié davantage une place en finale de la coupe qui reste un événement majeur : un état de paix, avec le président de la république ou le Premier ministre. Moi, j’aurais préféré perdre 3-0 en championnat contre le Mouloudia et prendre sa place en finale, contre la JSK.
Comment ça se passe avec Montpellier depuis que vous en êtes l’entraîneur ? Depuis la phase retour, on a gagné cinq fois, fait six nuls et perdu à deux reprises, on est donc 5e des matches retour, on s’en contente. Mon staff, mes joueurs et moi-même, nous aurons peut-être à vivre des matches dans la nervosité, l’angoisse, la peur d’être relégables, ce n’est pas simple mais, malgré tout, on se débrouille pas mal.
Louis Nicollin, le président du Montpellier Hérault, est content de votre retour ? Allez sur le Net, connectez-vous sur le site du journal Le Midi Libre, vous y trouverez une interview dans laquelle il parle de moi. Ça m’évitera de dire tout le bien qu’il pense de moi. Je vous livre juste le titre : «Heureusement qu’il est la !»
Heureusement que vous êtes là aussi pour un joli mot de la fin ? Le Mondial 2014 approche, je serai supporter de deux pays, la France et l’Algérie. Et je ne peux m’empêcher de vous dire : one, two, three, viva l’Algérie !
H. D.
Bio express Rolland Courbis, de son nom complet Rolland Alexandre Courbis, est né le 12 août 1953 à Marseille. Il a joué à l’Olympique de Marseille, l’AC Ajaccio, l’Olympiakos, le FC Sochaux, l’AS Monaco et le Sporting Toulon, gagnant trois fois le championnat de France, une Coupe de France et un titre de champion de Grèce. Devenu entraîneur, il a dirigé le Sporting Toulon, Endoume, les Girondins de Bordeaux, le Toulouse FC, l’Olympique de Marseille, le RC Lens, l’AC Ajaccio, Al-Wahda Club (Emirats), Alania Vladikavkaz (Russie), le Montpellier HSC, la sélection du Niger (conseiller technique à la CAN), le FC Sion et l’USM Alger avec laquelle il a remporté la Coupe d’Algérie et la Coupe arabe.
Mené 0-4 à la mi-temps, il s’impose 5-4 avec l’OM Quand il était le coach de l’OM, Rolland Courbis a pris la courageuse décision de lancer Stéphane Porato au détriment d'Andreas Köpke, l’ex-portier de la sélection allemande. A la 3e journée, l'OM reçoit Montpellier au Stade Vélodrome, il se fait mener 0-4 à la mi-temps ! Dans les tribunes, on réclame la tête des joueurs, du président et de l'entraîneur mais Courbis garde son sang-froid dans les vestiaires et dit à ses hommes : «Imaginez qu'on joue à la pétanque. On est mené 12-0. Mais la partie est en 13 points. Alors, maintenant, soit on jette les boules à la mer, soit on gagne 13 à 12.» À la fin du match, Marseille s’est imposé 5-4 !
Zizou, c’est lui ! On le sait, Zinedine Zidane, l’ancien international français et ex-joueur du Real Madrid, est aussi affectueusement dénommé Zizou. Mais ce que beaucoup ignorent c’est que c’est Rolland Courbis qui lui a attribué ce surnom.
- «Gourcuff est dans la catégorie des très bons !»
- «Vahid est obligé d’apprécier la confiance de Raouraoua»
- «One, two, three, viva l’Algérie au Brésil !»
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