Le MCA et la JSK vont se retrouver en finale de la coupe d’Algérie, cela doit forcément vous rappeler un bon souvenir, n’est-ce pas ?
Et comment ! Quand on évoque une telle rencontre, cela nous renvoie automatiquement vers la finale du championnat, en 1999, qui a réuni les deux clubs et qui s’est achevée sur le sacre du Mouloudia, au stade Zabana d’Oran. On ne peut pas oublier un tel match, même si cela fait déjà 15 ans qu’il s’est joué. Le MCA n’avait plus gagné le titre depuis 2O ans, il y remédia de façon extraordinaire.
Quel est le souvenir le plus marquant qui ressurgit dans votre esprit ? Sans hésitation, je dirais l’ambiance de folie qui a régné ce jour-là dans le stade ! Les Chnaoua ont enflammé Zabana, c’était indescriptible.
Vous ne vous remémorez pas surtout votre but, l’unique de la partie, et qui a donné la victoire au Doyen ? Vous m’en parlez et j’ai l’impression de le revivre encore. Je ne le cache pas, de temps à autre, je revois ce but sur vidéo, je ne m’en lasse pas. On jouait la 118’, à 2 minutes de la fin des prolongations. Au début, c’est Aziz Benhamlat, le joueur de la JSK, qui a renvoyé le ballon de sa surface de réparation. J’allais remonter dans mon camp, quand Hakim Benhamlat, le frère d’Aziz et qui jouait avec nous, a remballé le cuir en direction de la même surface. J’ai alors fait marche arrière et je me suis rapproché de Bougherara, le gardien de la JSK. Il allait se saisir de la balle mais j’avais espéré qu’il la relâchera puisqu’il y avait beaucoup d’humidité ce jour-là. C’est ce qui s’est produit finalement, j’ai saisi l’aubaine et j’ai marqué le but qui a délivré les millions de supporters du Mouloudia.
Il paraît qu’il s’est produit un fait incroyable une minute avant ce but, entre vous et Fodil Dob, pouvez-vous nous le relater ? Ah, oui ! Effectivement, je me rappelle avoir croisé Fodil Dob au centre du terrain, il avait peur que le match aille aux tirs au but. Il m’a dit que si c’était le cas, il irait voir Cheikh Kermali, Allah yerrahmou, pour lui dire qu’il ne se présenterait pas pour tirer tant il redoutait la chose. Je lui ai instinctivement répondu : «Ne t’inquiètes pas, on n’en arrivera pas là et, incha Allah, nous allons leur marquer un but.» Je n’avais presque pas fini ma phrase que cela s’est produit ! Je vous laisse imaginer dans quel état était Fodil Dob qui accourait vers moi peu après m’avoir entendu tenir de tels propos…
Au coup de sifflet final, c’était la folie… C’est le cas de le dire. Les supporters nous ont accompagnés jusqu’à l’hôtel, à Mostaganem. On n’a pas dormi de la nuit. On devait regagner Alger par avion, mais on nous a appelés de la capitale pour nous signifier qu’il fallait prendre le bus et revenir par route, dans un gigantesque cortège en compagnie des Chnaoua qui ont fait le trajet avec nous jusqu’à l’arrivée triomphale au stade du 5-Juillet.
Vous êtes nostalgique de cette époque… Qui ne le serait pas après avoir vécu de telles sensations ? On ne voit plus des joueurs comme Dob, Saïfi et Bourahli ou des équipes comme le MCA, la JSK et le CRB de l’époque, c’était vraiment un bon championnat.
Vous rappelez-vous exactement quand les Chnaoua ont entonné pour la première fois le célèbre refrain «chebka ya Rahmouni» ? Cheb Toufik est venu me voir pour me dire qu’il avait composé une chanson en mon honneur, c’était lors du match retour en championnat contre l’USMA. Tout le 5-Juillet s’est mis à reprendre la chanson jusqu’à notre victoire 2 à 1. Sur le second but, j’ai éliminé le latéral droit usmiste avant d’adresser un centre victorieux à Gasmi, Allah yerrahmou. Ce refrain a été ensuite repris en France, en Allemagne et presque partout, comme me l’avait dit Djouad, l’ancien président du MCA.
Aujourd’hui, Hamened, votre ancien équipier gardien de but, affirme que le MCA a été chanceux de gagner… Comment ça ? Il était avec nous et il dit ça maintenant ! Si on avait gagné par hasard, on n’aurait pas perdu uniquement deux matches durant toute la saison. Et puis, le match s’est déroulé à Oran, pas au 5-Juillet, à ce que je sache, le match était télévisé et tout le monde a vu notre belle consécration.
Peu avant votre but, y avait-il penalty pour Ghazi, selon vous ? Admettons que l’arbitre ait sifflé penalty ce jour-là, la JSK aurait marqué, le match se serait achevé 1 à 1. On serait alors passés aux tirs au but, et si on avait gagné on aurait encore parlé de la chance… Penalty ou pas pour Ghazi, l’Histoire retiendra que le MCA a été champion d’Algérie en 1999 et c’est tout !
Comment voyez-vous la prochaine finale entre les deux clubs ? Le match aura lieu à Blida, ce sera du 50/50. Une finale ne tient pas compte de la réputation de l’adversaire et de sa forme du moment, celui qui sera bien appliqué, concentré et organisé sur le terrain l’emportera. Il s’agit surtout de ne pas perdre patience jusqu’au bout.
Quel regard portez-vous sur les deux équipes actuellement ? Pour moi, la force du MCA réside dans son attaque, même si elle ne marque pas beaucoup de buts, elle reste dangereuse et peut faire mal à tout moment. Quant à la JSK, son point fort réside dans sa défense qui est solide. En somme, on devrait assister à un match entre une attaque redoutable et une défense qui sait se faire respecter.
Ce serait une belle finale, ainsi présentée ? C’est ce je crois, du moins. En plus, le fait d’évoluer sur une pelouse aussi bonne que celle de Tchaker offre encore des garanties dans ce sens. J’espère qu’on assistera au match de la saison ! J’aurais quand même préféré que le rencontre se déroule au 5-Juillet rempli à moitié par les supporters du MCA et l’autre par ceux de la JSK, cela serait encore plus impressionnant.
Le MCA part favori psychologiquement après son succès en 1999, le fantôme de Zabana sera-t-il présent à Tchaker ? Le MCA peut effectivement se sentir un peu mieux grâce à sa victoire à Oran, mais il ne faut pas trop en tenir compte, les temps ont changé et cela fait 15 ans que ce match s’est joué.
15 ans après, peut-on connaître la vraie raison qui vous a incité à quitter le MCA après un tel sacre ? Après la consécration de Zabana, j’ai joué encore la phase aller de la saison suivante au MCA. J’ai eu une altercation avec le libero de l’équipe dont j’ai oublié le nom…
Nacer Meraga… Voilà, on s’est disputés et sur un moment de colère, j’ai pris la décision de plier bagage. Sans cela, j’aurais poursuivi l’aventure et joué la coupe d’Afrique avec le Mouloudia. C’est le mektoub, je n’y pouvais rien malgré les sollicitudes de Djouad et de mes équipiers.
Que faites-vous maintenant ? Il y a deux ans j’ai passé mes diplômes d’entraîneur, en compagnie de Belmadi, entre autres, maintenant je dirige les juniors de l’USM Sétif. Je viens d’être sacré champion avec mon équipe. Ce sont de jeunes éléments avec lesquels j’ai entamé le travail depuis qu’ils évoluent en cadets. On a fait le chemin ensemble jusqu’à cette belle consécration.
Félicitations, y a-t-il des joueurs qui promettent dans votre équipe ? Je pourrais citer deux éléments : Belhocine et Berdali qui pourraient intégrer les seniors dans une ou deux saisons.
On dit aussi que vous faites aussi du commerce, quoi au juste ? Effectivement, j’ai un commerce à Sétif, j’y vends des chaussures et autres broutilles.
On vous laisse conclure… Je voudrais vous remercier de vous être souvenu de moi, cela montre que Compétition ne m’a pas oublié. Je veux également remercier les Chnaoua qui ne m’ont pas oublié, eux non plus, et qui me le font savoir chaque fois que je les croise sur mon chemin. J’espère que le Mouloudia remportera la coupe d’Algérie et sauvera par la même sa saison.
Vous serez présent à Tchaker ? Oui, si Dieu le veut, j’y serai. En tout cas, je fais la promesse d’être au stade le jour J. Mieux, j’irai voir les joueurs à l’hôtel, lors de la mise au vert. Incha Allah, je leur transmettrai ma baraka !
H. D.
- «Voilà ce que j’ai dit à Dob 1 minute avant mon but à Zabana»
- «Quoi que dise Hamened, le MCA restera champion 1999»
- «J’ai gagné le titre avec les juniors de l’USM Sétif»
Bio express Né le 29 mai 1968, Hamid Rahmouni a débuté avec l’école de football de l’ESS où il a fait toutes ses classes jusqu’aux seniors. Ensuite, il est parti en Tunisie où il a évolué sous le maillot du Sade Tunisien. De retour au pays, il a opté pour le MCA, avant d’atterrir au NAHD puis à l’US Biskra avant de raccrocher. Avec l’Entente, il a été champion d’Algérie en 1987, vainqueur de l’ex-coupe d’Afrique des clubs champions en 1988 et champion afro-asiatique en 1990. Avec le Mouloudia d’Alger, il a été sacré champion d’Algérie en 1999. Avec la sélection nationale, il a remporté l’unique titre des Verts : la CAN 1990.
«Chemma ya Rahmouni !» Hamid Rahmouni ne jouait pratiquement jamais sans avoir la «chemma» (tabac à chiquer) à portée de main. «Sans cela, il pouvait être déstabilisé», témoignaient ses équipiers qui assuraient qu’il avait toujours «un paquet de chique enfoui dans les bas», à tel point que le célèbre refrain «chebka ya Rahmouini» a failli se transformer en «chemma ya Rahmouni !»…
Il flairait les buts Hamid Rahmouni avait le sens du but. «Avant chaque match, il savait s’il allait marquer ou pas et il venait toujours me le dire, en cachette. Ce qui était surprenant, c’est qu’il ne se trompait presque pas», confie Tarek Lazizi, son ancien capitaine au MCA. En d’autres termes, c’est aussi ça avoir le sens du but. Durant sa saison au Mouloudia, Rahmouni a inscrit 23 buts, dont 10 en coupe d’Algérie, sans compter les passes décisives qu’il distribuait et qui étaient encore plus nombreuses.