Quand on évoque Djahnit à la JSK, pour beaucoup on se rappelle surtout du but en ¼ de finale de la coupe des clubs champions 1990, contre le club kenyan du FC Léopard, sur un double crochet et qui a redonné l’’espoire à l’équipe et ouvert la voie des demi-finales et ensuite le sacre, qu’en pensez-vous ?
C’est vrai, il est un des buts les plus importants de ma carrière et du temps que j’ai passé à la JSK. Et ce but est d’autant plus anecdotique, car, ce jour-là, l’entraîneur Fergani m’a injustement privé dune place de titulaire du moment que j’étais en super forme. Sachez qu’à l’époque, à la période qui a précédé ce match, il y avait un malentendu entre l’équipe dirigeante et Ali Fergani. L’ambiance était lourde, à la limite du supportable et c’est moi qui ai subi les frais de cette crise.
Est-ce que vous étiez à l’origine du conflit entre Fergani et la direction du club ?
Non, pas du tout. Ni de près ni de loin. Pour régler ses comptes avec les dirigeants du club, il m’a choisi comme bouc-émissaire pour se venger d’eux. On ne va pas trop creuser dans le passé. Cela fait partie de la vie d’un joueur ou d’un club. Pour revenir audit match, les choses tournaient très mal pour l’équipe sur le terrain. Menée deux zéro par l’équipe kenyane qui dominait les débats et qui a même failli nous mettre un troisième, il s’est finalement résolu à me faire entrer lors des dernières minutes. Heureusement que j’ai gardé toute ma concentration et mon envie de jouer. Je me suis conduis en véritable professionnel et je voulais montrer qu’on pouvait toujours compter sur moi et j’ai pu donner de la joie aux fans et même à Fergani qui m’avait lésé. Dans les dernières minutes, de la partie, j’ai réussi à marquer le but qui nous a mis en confiance et nous a donné de l’espoir pour le match retour. Une qualification qui nous a ouvert les portes des demi-finales et tracé la route vers la finale qu’on a gagnée cette annéel-à. Vous avez bien fait d’évoquer ce but, car, effectivement, j’avais pris beaucoup de risque sur l’action sur une transversale de Saïb, j’ai pris mes vis-à-vis de vitesse, je pouvais enchaîner par une frappe, mais J’ai fait un premier crochet pour éliminer un défenseur et un second pour fixer le gardien et mettre le ballon dans un angle pratiquement fermé. Il était effectivement un des buts les plus importants de ma carrière.
Par la suite, vous n’avez pas tardé à la JSK et vous avez choisi une expérience à l’étranger…
Effectivement, je suis parti après le sacre en coupe d’Algérie contre Chlef. Il est vrai qu’à la JSK, après le départ de la paire Khalef-Zywotko et le retrait du président feu Benkaci, les choses ont changé. Ce n’était plus la même ambiance et les bonnes conditions qu’auparavant. Ce n’était plus la même ambiance, ni la même façon de penser ni de fonctionner. Une autre génération a pris les rênes du club. C’est une page de l’histoire du club qui a été tournée. Il fallait que je change d’air. Cependant, je resterai tout de même toujours reconnaissant envers un club pour qui j’ai tout donné et qui m’a permis de m’épanouir. J’ai opté pour un club professionnel belge de deuxième division, le KRC harelebeke, , où j’ai passé une année. Par la suite, j’ai accepté l’offre et le challenge de l’Etoile du Sahel en Tunisie. On a terminé vice-champions et on a perdu une finale de coupe de Tunisie. Athmane Jenayeh qui avait pris les rênes de l’équipe une année auparavant avait sauvé l’équipe de la relégation et aura par la suite dominé le football tunisien et même africain par la suite.
Et après l’expérience tunisienne, que s’est-il passé
Malgré l’insistance des Tunisiens pour que je reste, j’ai répondu à l’appel du cœur du président Hannachi qui voulait monter quelque chose de grand. Mais ce ne fut pas une bonne expérience et ni à ce que je m’attendais, alors je suis reparti de sitôt, ce n’était plus la JSK d’avant. Par la suite, j’ai passé deux ans en Tchéquie et j’ai vadrouillé un peu partout avant de revenir une dernière fois au pays en 1999 avec la jeune équipe de la JSM Tébessa quand le championnat s’est joué en format de poules. J’ai mis un terme à ma carrière cette année-là.
Et c’est la reconversion par la suite…
Tout à fait, j’ai entamé les diplômes et j’ai obtenu celui de 2e degré à l’ISTS d’Aïn Benian où j’ai eu la chance d’être encadré par nos valeureux techniciens à l’image de Laroum, Soltani, Oukaci et Feletan pour ne citer que ceux-là. Mais, malheureusement, les choses n’ont pas suivi comme je l’espérais. On a toujours reproché aux anciens joueurs et aux internationaux comme moi de ne pas faire des études et d’avoir des diplômes. Et quand c’était fait, on ne regardait pas dans notre direction. Nous nous pouvions tant donner pour nos jeunes dans le métier que nous aimons. Personne ne m’a fait signe malheureusement. Ce n’est pas dans ma nature d’être demandeur et un lèche-bottes, excusez l’expression, je mes sentais marginalisé et je ne voulais pas mourir à petit feu. J’ai souffert de la marginalisation, alors j’ai pris mes cliques et mes claques et j’ai quitté le pays avec une grande amertume.
Pour débarquer « icite » au Québec !
Le Canada, c’est loin, c’est froid mais c’est un pays qui émerge, c’est un pays des droits de l’homme qui offre la sécurité et les opportunités de s’épanouir, j’ai pensé à mon avenir et à celui de mes enfants. J’ai pris mon courage à deux mains et j’ai atterri ici…
Vous vous sentez épanoui là-bas…
Effectivement, j’exerce le métier que j’aime. J’ai commencé par l’équipe du FC Saint Bruno sur la rive sud de Montréal où on s’occupait du développement des jeunes footballeurs. Nous avons aussi élaboré des programmes spécifiques aux écoles. J’aurais tant aimé faire ça au pays, en Algérie, car la base ça reste le sport scolaire et les jeunes. Je peux vous dire que je suis content de ce que je fais. Et récemment, j’ai pris les commandes du club de la région de Boucherville où il est extraordinaire et gratifiant de travailler avec les jeunes. Le technicien algérien est recherché pour ses connaissances et ses compétences.
Justement, tout à l’heure, Meraga, lors de votre discussion, a insisté à vous faire comprendre et à nous aussi que le football dans ce pays n’est fait que pour les jeunes. La carrière d’un joueur s’arrête à 20 ans presque, du moment que le seul réel débouché dans toute la province est L’IMPACT de Montréal, le seul club professionnel de tout le Québec qui est contrôlé de main de maître par les Italiens…
Je suis, à un certain degré, d’accord avec lui. N’oubliez pas que le Canada est un très vaste pays, presque quatre fois plus grand que l’Algérie. En plus, c’est le pays du hockey et de la neige. Ce n’est pas évident de monter un championnat d’un bout à l’autre. J’insiste sur le fait qu’on met beaucoup de moyens et d’infrastructures dans le développement de la discipline. Même les parents y vont de leur poche. Il n’y a qu’à voir les résultats, ils sont qualifiés pour le championnat du monde des U 17 et le Canada organise cette année la Coupe du monde des U20 féminine. C’est un pays qui va doucement, mais sûrement. C’est vrai qu’il n’y a que trois clubs canadiens dans la MLS (Major League Soccer), mais les Canadiens essayent de suivre leurs voisins américains qui sont en avance sur eux, mais ils tentent de faire aussi bien qu’eux. L’important est qu’ils ont une feuille de route et ils sont sur la bonne voie.
Revenons au pays et au football algérien, on présume que vous suivez son actualité, en particulier celle de la JSK qui jouera le 1er mai une finale de coupe d’Algérie…
La JSK fait partie de ma vie, ça restera pour toujours ma seconde famille. Je la suis avec un intérêt particulier.
Que pensez-vous du parcours de la bande à Aït Djoudi qui est revenu à la barre technique cette année ?
Je peux dire qu’il y a de bonnes intentions. J’espère que ça continuera dans la construction de quelque chose de solide qui durera. Aït Djoudi est revenu avec de grandes ambitions et il a ramené du renouveau. J’espère qu’ils le laisseront aller au bout de ses projets et de sa mission. Sans intention de lui jeter des fleurs, et je ne le dirai jamais assez, je pense qu’Aït Djoudi est l’une des portes du salut pour la JSK. Avec sa vision des choses, il réussira à faire revire le grand Jumbo- JET et redonner à la JSK sa grandeur d’antan.
Même s’il a déjà gagné des titres avec la JSK, gagner le trophée du 1er mai prouvera qu’il est sur la bonne Voie, n’est-ce pas ?
Pas forcément. S’il la gagne, tant mieux. Il enrichira le palmarès du club et le sien surtout et fera beaucoup de bien aux supporters. Mais ce n’est pas une fin en soi. Le projet ne s’arrêtera pas avec cette finale ou un titre. C’est la continuité dans la construction de quelque chose de solide, les titres suivront après.
Revenons à l’affiche du 1er mai contre le MCA, qu’est-ce quelle vous inspire ?
C’est une finale de rêve. On n’a pas cela tous les ans. J’ai toujours rêvé de participer à une finale pareille. J’espère qu’on assistera à une grande fête, que le spectacle sera de la partie et que le fair-play régnera, car, nous les Algériens, on a besoin de moments de joie et de sérénité. Et que le meilleur gagne.
Comparativement à votre époque, c’est quoi la particularité de jouer un MCA-JSK ?
Je vais vous faire une confidence que je ne pense pas avoir révélé dans la presse : je suis à l’origine un supporter du Mouloudia depuis mon enfance. Je suis un amoureux du Mouloudia, vous me faites rappeler la finale de la coupe d’Afrique de 1976 où on n’avait pas la télévision et c’est sur un écran noir et blanc, chez les voisins, que je suis allé la regarder, pratiquement dehors. Il y avait du monde et il pleuvait, j’avais la moitié de mon dos mouillé. Mais vous ne pouvez pas imaginer quelle joie j’ai éprouvée en voyant les Betrouni, Draoui, Bachi et autres Zenir pour ne citer que ceux-là gagner le premier trophée africain pour le Mouloudia et l’Algérie. Et j’ai cessé d’être un fan du MCA en 1983 et je n’ai gardé que les vieux souvenirs d’avant...
Et pourquoi donc ?
Quand j’étais à Khemis Miliana, à 22 ans, pratiquement tous les clubs d’Algérie me convoitaient et voulaient s’attacher mes services sauf le Mouloudia. Cela m’a fait mal. Le contact de la JSK était venu bien après l’entrevue avec le MCA. Pour vous dire la vérité, c’est moi-même qui suis allé offrir mes services; je suis allé au siège du club à la Sonatrach à El-Biar. j’ai parlé à Ourabia, je me rappelle du soigneur Amou qui était là et puis il y avait Hamid Zouba qui était dans le couloir qui m’a entendu dire à Ourabia que je suis un fan du Mouloudia et j’ai plusieurs contacts mais c’est au MCA que je veux jouer et prouver ce que je vaux . C’est un club que je porte dans mon cœur. Ils ont juste pris mes coordonnées et ils ne m’ont pas rappelé. Je suis parti en vacances en Hongrie et à mon retour, ma mère Allah yerhemha m’a remis la convocation de la JSK signée Khalef Mahieddine. Je ne m’attendais pas à cela et je ne peux vous décrire ma joie d’être sollicité par un des plus grands clubs d’Algérie et d’Afrique et j’allais enfin prouver ce que je valais, notamment aux Mouloudéens qui ont refusé mes services.
Vous l’avez prouvé sur le terrain, on présume…
En quelque sorte, oui. Sans prétention aucune, c’est moi qui battais le Mouloudia trois années de suite. J’étais buteur à deux fois (1-0) et une fois on a gagné par 5 buts et moi j’en avais mis deux.
Est-ce qu’on a essayé de vous contacter par la suite ?
Non, il n’avait plus rien à espérer de mon côté. La JSk est devenu le club de mon cœur et il le restera pour toujours. C’est la JSK qui m’a donné un nom et le Mouloudia restera dans mes souvenirs d’enfance et depuis à chaque confrontation entre les deux clubs mon cœur va pour la JSK.
Un mot sur la finale qui arrive…
Ce sont deux clubs que je respecte beaucoup. Ce sont les deux clubs les plus titrés avec le plus grand nombre de supporters et ce sont les deux équipes qui offrent souvent les meilleurs spectacles.
Un pronostic…
Ce sera serré, mais la JSK se suffira de 1 à 0 pour l’emporter.
Un mot pour les deux galeries…
C’est dommage que la finale ne se joue pas au 5-Juillet, on se rappelera les grands classico d’antan des années 1980. J’ai beaucoup de respect et d’affection pour les deux clubs. Je demande aux deux galeries d’être dignes de la réputation de ces deux monuments du football algérien. Oubliez les différends qui ont éclaté çà et là récemment. Faites-leur honneur !
A.K
Avec Fergani, je t’aime, moi non plus
«Fergani, pour régler ses comptes avec les dirigeants du club, m’a choisi comme bouc-émissaire pour se venger d’eux. On ne va pas trop creuser dans le passé. Cela fait partie de la vie d’un joueur ou d’un club. Lors d’un match en coupe d’Afrique, les choses tournaient très mal pour l’équipe. Menée deux à zéro par l’équipe kenyane qui dominait les débats et qui a même failli nous mettre un troisième, Fergani s’est finalement résolu à me faire entrer lors des dernières minutes. Heureusement que j’ai gardé toute ma concentration et mon envie de jouer. Je me suis conduis en véritable professionnel et je voulais montrer qu’on pouvait toujours compter sur moi et j’ai pu donner de la joie aux fans et même à Fergani qui m’avait lésé », dira Djahnit.
«Le but le plus important de ma carrière»
«Dans les dernières minutes de la partie, j’ai réussi à marquer le but qui nous a mis en confiance et nous a donné de l’espoir pour le match retour. Une qualification qui nous a ouvert les portes des demi-finales et tracé la route vers la finale qu’on a gagnée cette année-là. J’avais pris beaucoup de risque sur l’action. Sur une transversale de Saïb, j’ai pris mes vis-à-vis de vitesse, je pouvais enchaîner par une frappe, mais J’ai fait un premier crochet pour éliminer un défenseur et un second pour fixer le gardien et mettre le ballon dans un angle pratiquement fermé. Il était effectivement un des buts les plus importants de ma carrière.