Hadj Adlane : «La JSK a la chance d’avoir Ebossé»

6 coupes d’Algérie, plus de 300 buts dans sa carrière. Hadj Adlane a été de toutes les victoires des équipes dont il a défendu les couleurs. De l’USMA à la JSK et puis retour à l’USMA, la terreur des surfaces de réparation régnait sur les défenseurs et dictait sa loi. Sur les 6 coupes d’Algérie qu’il a remportées, il a inscrit trois buts, dont un face justement à son ancienne équipe, la JSK, qu’il a battue avec l’USMA en finale. Un match particulier pour Hadj Adlane qui se remémore encore les bons souvenirs des coupes d’Algérie qu’il a remportées. Pour jeudi, Hadj Adlane a choisi son camp. Mieux, il prodigue des conseils à Ebossé, son successeur au poste, le joueur qu’il voit capable d’offrir la coupe à la JSK, dans cet entretien qu’il nous a aimablement accordé.

En plus de Monsieur But, Hadj Adlane est aussi connu pour être l’homme des coupes…

Et c’est le cas, je pense qu’avec Tchico Meftah on est les recordmen des victoires en coupe d’Algérie. On a remporté 6 fois le trophée, une performance inégalée jusque-là. Mieux, j’ai joué 6 finales et je les ai toutes gagnées, soit 100% de réussite.

 

Quel est le trophée qui vous est le plus cher ?

Les 6 coupes me sont toutes très chères. Chacune a sa particularité, mais celle que j’ai remportée avec l’USMA, ma première, restera gravée dans ma mémoire. J’étais jeune et je venais de prendre une coupe avec l’USMA. C’était la 2e du club et elle était aussi importante que la première. Avant ces succès, l’USMA avait pour mauvaise habitude de perdre ses finales. Elle avait donc un goût particulier cette coupe.

 

C’était aussi le début de la belle histoire de l’USMA…

Effectivement, on avait une génération dorée de joueurs avec un Boutamine à la manœuvre et bien d’autres. C’était la belle époque.

 

Votre 2e coupe a été gagnée sous les couleurs de la JSK…

Oui. C’était ma première saison à la JSK. On était en 1991 et le contexte politique était difficile. Je me souviens également de cette coupe, elle a une place particulière dans mon cœur. C’est comme si à l’époque on ne voulait pas que la JSK la remporte. La finale face à l’ASO devait se jouer au 5-Juillet. D’ailleurs, on s’était préparés pour jouer sur ce terrain avant qu’elle ne soit délocalisée et domiciliée à Oran au stade Ahmed Zabana.

 

Cette déprogrammation vous a perturbés…

Enormément. Aussi, la proximité de Chlef d’Oran a fait que nous avions pratiquement joué le match à l’extérieur. Les 2/3 du stade étaient acquis aux Chélifiens et quels Chélifiens. C’était l’époque des Talis, Benali et autres grands noms de ce club. Amaouche nous a délivrés. Ce but nous a offert la coupe et vous ne pouvez pas imaginer le grand bonheur dans lequel étaient plongés toute la Kabylie et les supporters de la JSK. Il faut dire que cette finale a fait beaucoup de bruit.

 

Et puis, en 1994, vous marquez votre premier but en finale…

Oui, c’était face à l’ASAM. Avant ce match, il faut rappeler que la coupe de l’année 1993 ne s’est pas jouée, autrement on aurait pu la prendre. On avait une bonne génération de joueurs qui avaient faim de titres et de gloire. On voulait tout gagner comme titres.

 

Mais face à l’ASAM, la victoire a été difficile à obtenir, votre but était même litigieux…

On avait un bloc défensif en face de nous. On s’est créé beaucoup d’occasions, mais le ballon ne voulait pas rentrer. Sur mon but, pour être franc, je n’ai pas vu de faute avant. Il paraît que Moussouni, c’est lui qui m’avait délivré la passe décisive, était légèrement hors jeu, mais bon l’arbitre a validé mon but et on a remporté cette coupe. On l’a méritée tout de même, quoi qu’on dise.

 

C’était votre dernière coupe avec la JSK…

Oui, trois ans après, j’ai quitté ce club pour un retour à l’USMA et le hasard a fait que ce retour soit couronné par un sacre en coupe. On a joué contre le CRB et on l’a battu en finale aux tirs au but. J’ai inscrit le mien.

 

En 1999, en finale, vous rencontré la JSK… 

Ah ! Ce match… A mon avis, c’est l’une des plus belles finales de coupe d’Algérie. En face, il y avait deux équipes d’égale valeur. Aucune d’elles ne méritait de perdre, mais il fallait bien un vainqueur.

 

Et c’est l’USMA avec vous comme buteur qui a remporté la coupe…

Je vous raconte une anecdote. La vieille de ce match, j’ai passé plus de temps avec les joueurs de la JSK qu’avec ceux de l’USMA. Il y avait beaucoup d’amitié entre nous. J’étais avec Driouèche, Doudane, Boubrit et d’autres joueurs et même des supporters qui m’ont pris en photo avec le fanion de la JSK. Je ne peux renier ce que ce club m’a apporté et je n’oublierai jamais l’amour qu’ont pour moi ses supporters. La JSK a une place particulière dans mon cœur.

 

Mais en finale,  c’est Hadj Adlane, l’Usmiste, qui va l’emporter…

Mais le jour du match, il fallait que je redevienne professionnel. Je n’étais plus un joueur de la JSK. J’ai un devoir envers l’USMA qui est aussi le club de mes premières amours. Il y avait comme un sentiment bizarre.

 

A 2 à 0 vous auriez pu ajouter d’autres buts, dans cette finale on vous sentait comme si vous ne vouliez pas marquer…

Vous n’êtes pas le seul a me faire ce genre de remarque mais que les gens sachent que le match n’était pas difficile. A un quart d’heure de la fin, Dziri marque le but. La JSK sortait d’une finale de championnat très frustrante face au MCA. L’arbitre n’a pas épargné les Canaris ce jour-là. Psychologiquement, les joueurs de la JSK étaient très fragiles. Ils ne pouvaient pas supporters d’autres charges émotionnelles trop fortes. Et puis, c’est vrai, je ne voulais pas leur ajouter du malheur. Le match était pratiquement plié, on savait que la JSK ne pouvait pas revenir dans le match.

 

Comme par hasard, les coupes que vous avez gagnées vous et Meftah ont été obtenues avec la JSK et l’USMA, chance ou parce que vous avez joué dans de grands clubs…

Les deux à la fois. Il y a le facteur chance, il y a aussi cette vérité et que l’USMA et la JSK cumulent à eux deux une trentaine de finales. 17 pour l’USMA et 10 pour la JSK. Ce n’est pas rien en 50 ans. Ce n’est pas rien…Tchiko et moi on peut s’estimer heureux d’avoir défendu et fait partie des générations de la JSK et de l’USMA qui avaient la culture de la gagne. C’est important… On a eu de la chance d’avoir fait partie des effectifs de ces grands clubs.

 

Par contre jouer le MCA en finale, vous ne l’aviez jamais eu cette opportunité vous la bête noire des Mouloudéens…

Et Dieu seul sait combien j’aurais aimé affronter ce club en finale. Ça a failli se produire en 1997 quand on a joué et gagné contre0 le CAB en finale. Le MCA a été battu par les Batnéens en ½ finales alors qu’ils étaient hyper favoris. On était déçu car on aime jouer ce genre de match. La motivation vient d’elle-même. Tu joues le MCA dans un 5-Juillet-1962 plein à craquer, ça n’a pas de prix. Ce sont de grands moments dans la carrière d’un joueur. Je n’ai pas eu l’occasion de jouer un tel match, ni avec la JSK ni avec l’USMA…

 

Et pourtant, un match pareil vous met un joueur sous forte pression…

Oui. Si un footballeur ne vit une telle situation, il peut dire qu’il  n’a jamais joué au foot. Je me rappelle qu’avec la JSK à chaque match il y avait de la pression. Rachid Adane, et pas lui seul car on le faisait tous d’ailleurs, prenait du Calcibronate, tellement on avait la tête au bord de l’explosion. Mais une fois sur le terrain, on donne tout. On ne s’est jamais plaints. Au contraire, on savait extérioriser cette pression.

 

Ce qui n’est plus le cas maintenant…

A mon avis, l’argent a pris le dessus sur cela. Quand un  président de club promet une prime de 20 ou même de 100 millions pour la victoire, le joueur ne sera concentré que sur ça. Il ne voit que l’argent devant lui…

 

JSK-MCA en finale le 1er mai, on imagine votre penchant…

Je l’ai déclaré et je le redis, je suis supporter numéro un de la JSK. Maintenant si mes obligations professionnelles en ma qualité de consultant à la radio et à la télé font que je vais commenter ce match, je me dois d’être neutre. Sinon, évidemment, j’ai un penchant pour la JSK.

 

La clé du match, selon vous…  

Ça va se jouer entre 4 éléments : le mental en premier, le match sera très serré. Ebossé ou Bouguèche qui peuvent faire la différence. La situation standard, la Hachoud côté MCA ou la Rial côté de la JSK en sont capables aussi de faire basculer le match. Sur le plan physique, je ne pense pas qu’il y aura un problème, les deux équipes ont pris un mois de congé… Les deux entraîneurs étaient des défenseurs, le match sera très serré et y aura peu d’espaces. 

 

Que se passe-t-il dans la tête d’un attaquant avant de jouer un match à forte pression…

Il a la pression, celle de marquer des buts. Pour cela, il faudrait qu’il soit en confiance et qu’il étudie bien les défenseurs centraux, ceux qu’il aura en face de lui tout le temps. Il faut qu’il soit décontracté et sûr de lui.

 

Un Ebossé par exemple, il arrivera confiant à la finale, lui qui a marqué un doublé face au RCA…

Oui, ça va lui donner encore plus de confiance. Même ses coéquipiers seront rassurés par sa présence. Ils savent qu’il est capable de les sortir des situations les plus compliquées.

 

Ce ne sera pas le cas pour Bouguèche…

Bouguèche a de l’expérience en plus. Il faudra le surveiller et ne jamais baisser la garde avec lui. Il restera un danger permanent pour la JSK. Mais Ebossé a faim. On sent qu’il veut tout gagner.

 

On doit jouer sur lui…

Je le pense, oui. Aït Djoudi ferait bien de baser son jeu sur ce joueur. Il est puissant et il a déclaré à maintes reprises que c’est un gagneur. Il l’a prouvé sur le terrain. Il sera encore l’homme clé de la finale. Ceci dit, je suis sûr qu’Azzeddine a aussi un plan B derrière la tête.

H. B.

 

 

 

3 fois Soulier d’Or

Hadj Adlane a été un véritable poison pour les défenses. Il claquait chaque année plus de 15 buts par saison. Il remporta trois années de suite le Soulier d’Or avec respectivement 18, 24 et 30 buts à son actif. Depuis 20 ans, aucun joueur n’est arrivé à le détrôner ou à faire mieux que lui

20 ans de médias

Hadj Adlane est aussi connu par les auditeurs de la radio comme consultant, un métier qu’il maîtrise bien et qui fait de lui une des références du genre en Algérie. Ses analyses pertinentes sont derrières cette longévité dans le milieu médiatique.

 

«Je reprendrai le terrain»

Il ne reste que le diplôme CAF 1 pour Hadj Adlane pour compléter sa formation d’entraîneur qu’il a entamée dans les jeunes catégories de l’USMA et qui l’a vu lancer des jeunes qui se sont affirmés par la suite comme Bouchama ou encore Niati et plein d’autres joueurs qui font le bonheur des clubs de D1. Le métier d’entraîneur intéresse toujours notre consultant qui promet de reprendre le terrain pour bientôt.

 

Bio express

Hadj Adlane est né le 11 décembre 1965. Terreur des défenseurs, il a acquis haut la main le titre honorifique de Monsieur but. Il est jusqu'à aujourd’hui le recordman du nombre de Soulier d'Or qu’il a remportés à trois reprises en 1990 (24 buts), 1994 (18 buts), 1995 (30 buts) et 1997.

Il est recordman avec Mahieddine Meftah  des coupes d’Algérie qu’il a remportées et qui sont au nombre de 6. Vainqueur en 1992 et 1994 avec la JSK et en 1988, 1997, 1999 et 2001 avec l'USM Alger. Il remporta 2 championnats d’Algérie avec la JSK en 1995 et l’USMA en 2002. Vainqueur de la coupe des vainqueurs coupes africaine avec la JSK en 1995. Il a défendu plusieurs fois les couleurs de l’EN.

 

 «Il est une des clés du match»

 

«Bouguèche est à surveiller, c’est un danger permanent»

 

«En 1991, c’est comme si on ne voulait pas que la JSK gagne la coupe»

 

«J’ai battu la JSK en finale. Ce fut un sentiment bizarre»

 

 

 

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