Avant-hier aux abords du stade 1er-Novembre-1954, il n’y a pas eu l’horreur, comme il n’y a pas eu mort d’homme, fort heureusement, mais la bête immonde était bel et bien là. Alors faut-il attendre que l’irréparable se produise pour qu’enfin on daigne prendre des mesures ?
La rivalité sportive entre les deux formations ne saurait se traduire par cette violence aveugle. Rien, absolument rien ne peut justifier ce type de comportement. Harrachis et Mouloudéens sont à plaindre dans ce cas-là, tout comme la LFP organisatrice de cette simple rencontre de football. De ces deux protagonistes et la Ligue, les responsabilités son partagées, mais pas en parts égales. Le club recevant, l’USMH, est responsable de l’organisation, au vu des règlements généraux qui régissent notre sport roi. Cependant, leur responsabilité est très limitée en ce sens où ils ne sont que simples locataires dans ce stade qui appartient à l’APC. L’USMH, comme nous l’écrivions hier dans ces mêmes colonnes, a à peine le droit de disposer d’un vestiaire et à ses joueurs de prendre une douche après le match. Comment les dirigeants harrachis peuvent-ils être tenus pour responsables alors qu’eux-mêmes sont de simples spectateurs sans aucune emprise sur ce qui se passe dans les gradins ? Ceux du Mouloudia ne le sont pas tout autant que leurs homologues harrachis. Si on peut reprocher quelque chose aux dirigeants des deux clubs, c’est de ne pas avoir communiqué entre eux avant le match afin de trouver une solution aux supporters mouloudéens fortement indésirables au stade 1er-Novembre-1954. L’autre partie à devoir assumer une grosse part de responsabilité, c’est la LFP. Oui, la Ligue de football professionnel, sachant l’extrême tension régnant entre les supporters des deux camps, aurait dû prendre la sage décision de ne pas «soumettre» le club local, l’USMH, à mettre à la disposition du club visiteur, le MCA, des places réservées pour ses supporters.
Interdiction
La LFP peut, dans la limite de ses prérogatives, interdire l’accès aux supporters mouloudéens au stade d’El-Harrach. En effet, la LFP aurait pu ne pas «obliger» l’USMH à réserver cet espace aux supporters mouloudéens, ceci se fait à travers le monde et les exemples ne manquent pas. Et il n’y a pas que la Ligue qui aurait dû prendre une mesure d’interdiction, la wilaya déléguée d’El-Harrach pouvait elle aussi le faire. Au mois d’octobre dernier, la préfecture du Finistère (France) avait interdit le déplacement des supporters du FC Metz de se rendre à Brest. La préfecture du Finistère ayant pris cette mesure en raison de «Probables risques de débordements». Le match USMH-MCA sentait la poudre, et ceux qui ont la charge de gérer le football ne pouvaient pas dire qu’ils n’avaient rien senti. Une mesure préventive allant dans le sens de l’interdiction aux supporters mouloudéens à aller à 1er-Novembre-1954 nous aurait épargné tous ces débordements, ces moments de violences et permis au match de se dérouler dans une autre ambiance. De toutes les manières si, devant de telles violences il n’y a pas de réponse ferme et rigoureuse de la part des gestionnaires du football, il ne faut en aucun cas parler de l’éradication de la violence. La LFP et la FAF aussi (celle-ci étant impliquée de fait dans la gestion des différentes championnats) qui ont souvent pris des mesures populistes, tendant à couper la poire en deux dans des cas similaires sont les premières sur la ligne de front dans le combat de la violence. De la fermeté dans leur stricte application de la loi, de leur façon à mettre tous les clubs sur un pied d’égalité dépendra la victoire finale sur la bête immonde. Mis à part l’intransigeance de la LFP et de la FAF à appliquer la loi dans tout sa rigueur, aucune autre solution n’est envisageable pour éradiquer ce fléau qu’est la violence dans nos stades. Et ce n’est certainement pas le nombre de policiers qu’il faut multiplier par deux qui va arranger les choses.
M. M.
Doumi : «Les dirigeants sont en grande partie responsables de la violence dans les stades»
L’un des supporters de l’USMH et actuellement membre du CSA, Mustapha Doumi, revient sur les incidents qui se sont produits au stade 1er Novembre d’El-Harrach. Pour lui, les dirigeants des deux équipes sont responsables des violences dans les stades, comme ce fut le cas lors du derby USMH-MCA. «Avant de parler des incidents qui se sont produits, je tiens à remercier les joueurs et le staff technique pour la victoire dans ce derby. Je dois dire que c’était un match à grande sensibilité et les deux directions auraient dû prendre les mesures nécessaires à l’avance. Les deux directions n’ont pas avisé les supporters de l’obtention des billets des supporters du MCA. Tout a été fait en cachette, mais si nous avions été mis au courant, nous aurions su sensibiliser nos supporters et nous préparer à accueillir les supporters du MCA. Que je sache, nous sommes tous algériens. Nous devons passer à autre chose. Ce qui s’est passé entre les supporters du Mouloudia et ceux d’El-Harrach ne doit pas se reproduire. Mais si les deux directions étaient plus honnêtes, je pense qu’on n’en serait pas arrivés là. Ils auraient dû parler dans les médias pour calmer les esprits, mais on dirait que ça leur plaît. J’assume ce que je dis et j’accuse Kaci Saïd, tout comme j’accuse Boumella et Laïb, de n’avoir rien fait pour changer les choses. Jusqu’à quand allons-nous continuer à nous chercher des querelles ? Pourquoi ne pas organiser un match amical pour une réconciliation définitive ? A Mohammadia ou à Bologhine, afin que ces scènes de violence soient bannies de nos stades.»
Bensemra : «Au fond, les supporters ne savent même pas pourquoi ils se déchirent»
Le vice-président de l’USMH regrette les incidents qui ont émaillé le derby algérois. Pour lui, il n’y a pas de vraie raison pour qu’il y ait tant de haine entre deux galeries qui étaient par le passé frères.
Connu pour sa sagesse et sa droiture, le vice-président de l’USMH, Fayçal Bensemra, ira droit au but concernant les dépassements qui ont eu lieu avant le derby USMH-MCA. Gardant espoir que les choses rentrent dans l’ordre, il appelle les galeries des deux clubs à une réconciliation. «Je pense qu’à l’occasion du match d’avant-hier, nous avons fait un grand pas. Cette saison, les supporters de l’USMH ont assisté au match à Bologhine et maintenant ceux du MCA sont venus à Mohammadia. Je pense que c’est déjà un bon début. Je pense qu’il faut voir le bon côté des choses. Certes, avant la rencontre, il y a eu quelques échauffourées, mais dès l’entame du match, le calme est revenu et la rencontre s’est déroulée normalement. Durant les 90 minutes, il n’y a rien eu. C’est vraiment regrettable de voir deux frères se déchirer. Mais au fond si nous prenons les supporters un par un pour leur demander pourquoi y a-t-il cette rivalité, personne ne pourra donner de réponse. En réalité, ce sont deux anciens joueurs qui ont déclenché cette rivalité, des années après avoir pris leur retraite, les supporters des deux clubs se détestent. Je pense qu’il faut tourner la page désormais, il est grand temps de passer à autre chose, les provocations entre supporters ne doivent pas avoir lieu, comme ce fut le cas dans le derby d’avant-hier. D’ailleurs j’ai parlé avec Boumella et je lui ai proposé d’organiser un match de gala entre les deux équipes pour une réconciliation et ôter cette tension qui règne entre les deux clubs. J’aimerais aussi souligner un point qui me paraît important, c’est l’entrée de Bouguèche aux côtés de Doukha dans les vestiaires alors qu’ils étaient la main dans la main, ce qui a créé la confusion chez les supporters qui ne savaient pas s’ils devaient insulter ou applaudir, pour qu’enfin ils applaudissent la scène, donc, à partir de là, je pense que l’espoir d’entrevoir une réconciliation est tout à fait possible.»
Boumella : «Nos supporters étaient dans leur droit»
Le président du conseil d’administration du vieux club de la capitale, Boudjemaâ Boumella, était choqué par ce qui est arrivé au stade Lavigerie mardi passé.
En effet, comme rapporté dans notre édition d’hier, le président algérois voulait engager un processus de réconciliation entre les deux camps, mais malheureusement, les Harrachis ont apposé un niet catégorique. «On est venus aujourd’hui pour tenter d’apaiser les esprits et surtout amorcer une réconciliation, malheureusement pour nous, les supporters d’El-Harrach ont apporté un refus catégorique.» Hier encore, nous avons repris attache avec le chairman algérois pour en savoir un peu plus sur cette histoire et le déplacement des supporters du Mouloudia au stade Lavigerie. A cet effet, Boumella affirme que les Chnaoua étaient dans leur droit le plus absolu en se déplaçant au stade du 1er -Novembre de Mohamadia. A cet effet, il dit : «Je ne vois pas pourquoi toute une montagne pour une rencontre de football. Ils sont venus à Bologhine et sont entrés et ont pu assister à la rencontre le plus normalement du monde. Je ne vois pas pourquoi nos supporters n’avaient pas le droit d’en faire de même. Ils étaient dans leur droit le plus absolu. Ils sont venus pour encourager leur équipe. Avant la rencontre, j’ai appris que nos supporters étaient toujours dehors et attendaient de pouvoir pénétrer dans l’enceinte. Je me suis alors déplacé vers le chef de la police pour lui demander de laisser entrer nos fans et prendre leurs places dans les tribunes. Je ne comprends pas pourquoi ils n’auraient pas le droit de venir encourager leur équipe dans cette rencontre. Nos fans étaient exemplaires.»
I. Z.