Merzekane, le championnat est pratiquement terminé, on connaît le champion, deux relégables sur trois, reste à prendre les places d’accessits. Quel commentaire faites-vous sur cet exercice 2013-2014 ?
Et bien, contrairement aux saisons précédentes, où deux, voire trois équipes se livraient bataille pour le titre de champion, je crois que cette année l’USMA a pratiquement fait cavalier seul. Avec deux défaites, à ce jour bien sûr, l’USM Alger a écrasé la concurrence. Au sortir de la trêve hivernale, les Usmistes avaient déjà pris option pour le titre en alignant victoire sur victoire, tuant pratiquement le suspense depuis de longues semaines maintenant, même si Sétif avait tenté de s’accrocher, en vain. L’ESS engagée en Ligue des champions africaine n’a pu suivre le rythme imposé par l’USMA. Ce fut très difficile pour les Sétifiens parce qu’il est compliqué de gérer deux compétions à la fois. Je crois que le président Haddad est à l’heure avec son plan de marche. A sa venue, il avait demandé un laps de temps pour gagner des titre et bien voilà, maintenant c’est fait, bien que l’USMA a déjà gagné avec lui la coupe d’Algérie et la coupe arabe, mais là c’est différent, c’est le championnat qu’il gagne et de quelle manière ! C’est amplement mérité pour l’USMA.
Qu’est-ce que vous retiendrez de cette saison ?
Je retiendrais deux choses. La première, c’est l’émergence du MC El- Eulma qui réalise un excellent parcours, le nouveau promu, le RC Arba, qui assure avec une aisance déconcertante son maintien. Ces deux équipes jouent un beau football, la preuve elles sont devant. La deuxième chose, c’est la très médiocre saison de la JSM Béjaïa qui est aujourd’hui, à deux journées de la fin, un potentiel relégable. Je suis déçu pour cette équipe de Béjaïa qui devait rajeunir son effectif, mais qui éprouve toutes les peines du monde à trouver son équilibre.
Il y a Bel-Abbès qui revient en Ligue 1 après une année de purgatoire, elle sera accompagnée par l’ASM Oran. Il reste une place qui se jouera cet après-midi entre le NA Hussein Dey votre équipe de cœur et de toujours et l’O Médéa. Comment voyez-vous l’issue de cette importante rencontre ?
Vous savez, ce n’est pas la première fois que le NAHD joue sa montée en Ligue 1 à la toute dernière journée. C’est dire si le club a de l’expérience dans le domaine. En 2000, on jouait le RC Kouba chez nous pour le compte de la dernière journée, un nul suffisait à Kouba pour monter en L1, nous l’avons battu en inscrivant un but à la toute première minute du match. Et il y a d’autres matches encore dans ce même contexte que le NAHD a joués et gagnés et un en particulier contre l’O Médéa. De ce fait que l’avantage psychologique est pour le Nasria, d’autant plus que ce match se joue au 20-Août-1955 dans le fief nahdiste. Le NAHD a très mal débuté la saison, mais avec l’arrivée d’Younès Ifticen, celui-ci a réussi à mettre l’équipe sur les rails et remobiliser les troupes. Médéa n’a rien à perdre, cette équipe viendra jouer son va-tout. Mais il ne faut pas perdre de vue le fait qu’il y a une troisième équipe concernée, il s’agit de l’US Chaouia. Celle-ci peut tirer les marrons du feu, si le NAHD et l’OM font match nul, ce qui est fort probable que l’USC gagne à Tlemcen, c’est elle qui va en Ligue 1. Mais pour moi : avantage NAHD.
Vous connaissez le NAHD dans ses moindres recoins, étant un enfant du club. Ces deux dernières années, les moyens financiers ne manquent pas, le club est très bien nanti. Pensez-vous que désormais il ne faut plus faire l’ascenseur, maintenant qu’il y a les moyens ?
Moi, je pense que sans les moyens d’aujourd’hui quand on jouait dans notre propre stade on arrivait à se maintenir pendant des années. Notre problème, c’est notre stade. Il nous faut notre stade point barre. Il nous arrive parfois d’aller quémander un stade, à Boufarik, à Rouib, à El- Harrach ou Kouba, alors que nous avons un stade. Voilà ce qui nous manque pour éviter l’ascenseur. Ce problème de stade, j’en ai parlé assez souvent avec tous les responsables de l’administration locale. Voilà le premier problème à régler. Nous ne demandons pas la lune, on veut juste une infrastructure pour la commune d’Hussein Dey, est-ce trop demander ? Non, bien sûr. Il était prévu un stade au Caroubier, et là j’entends dire qu’on va construire une grande salle omnisport. Moi, je suis un farouche militant pour un stade de football au profit du NAHD et de la daïra d’Hussein Dey. Je me demande encore pourquoi notre club ne joue pas dans son stade. Bon, s’il faut apporter quelques réaménagements, on les apportera mais qu’on nous rétablisse notre droit de jouir de notre propre stade.
Si on comprend bien, vous appelez à ce que le NAHD soit domicilié à Zioui…
Il est anormal qu’un club ne reçoive pas chez lui. Je parle plus en ma qualité d’Hussein-Déen que de Nahdiste. A Hussein Dey, il y avait trois salles de cinéma qui ont disparu, un stade où il ne se passe jamais rien. Alors comment font les jeunes pour se distraire, si ce n’est que d’aller au cinéma ou au stade pour voir un match ?
Parlons maintenant équipe nationale si vous le voulez bien. Aujourd’hui, les 30 sont connus, quelle lecture faites-vous de cette liste que vient de communiquer le sélectionneur ?
Moi, j’ai toujours dis que les portes de l’équipe nationale sont toujours et tout le temps ouvertes pour tout joueur algérien. Alors souvent j’entends les gens dire pourquoi untel a fait tous les éliminatoires et on ne le prend pas pour le Mondial ? Je dis que quand on a un excellent joueur qui frappe à la porte, il faut bien lui faire de la place même s’il n’a pas fait ces éliminatoires. Dans un tournoi pareil, on prend les onze meilleurs et leurs remplaçants. On ne prend pas spécialement les 23 meilleurs. Pour construire une équipe, il vous faut les onze meilleurs et des remplaçants qui peuvent donner le plus. Gérer un vestiaire et le banc obéit à certaines règles. Je donne un exemple, dans l’animation offensive, on prend le meilleur joueur dans ce rôle et pas un deuxième. Son remplaçant devrait être quelqu’un qui a besoin de prouver et qui apportera le plus s’il sera amené à rentrer en cours de jeu. On ne prend pas quelqu’un qui est déjà affirmé et qui pense qu’il est lésé alors qu’il est sur le banc. Cela risque de créer un problème dans le groupe. Ceux qui n’ont pas participé aux éliminatoires méritent d’être dans cette liste, ce sont des jeunes qui ont des qualités, c’est bien de les prendre.
Vous auriez accepté de laisser votre place en 1982 à un autre qui n’avait pas fait les éliminatoires…
Si je parle de moi, excusez-moi, en 1982 j’étais le meilleur à mon poste.
Pour ce qui nous concerne, il n’y a aucun doute là-dessus. Cependant, on imagine un instant que vous ne l’êtes pas aux yeux du sélectionneur…
Non, mais j’étais le meilleur, il n’y a pas à dire. Tenez par exemple, lors du Mondial mexicain en 1986, j’étais convoqué par Saâdane, mais comme je n’étais pas au mieux de ma forme j’ai dû dire au sélectionneur de prendre quelqu’un d’autre, et je ne suis pas allé au Mondial. Si vous vous rappelez bien, à cette époque j’étais considéré comme le meilleur par tout le monde, sauf par moi-même. Saâdane a dû prendre quelqu’un d’autre et il avait bien fait.
D’aucuns estiment que Ferhat mérite d’être dans le groupe…
Il est jeune, il a toute la vie devant lui. Il va aller à Montpellier dans un championnat très relevé, il va encore s’améliorer, il devrait être donc dans le groupe des éliminatoires de la CAN 2015. Je l’ai vu jouer contre l’Arba, il a sorti un gros match, je crois qu’il n’est pas déçu et c’est tant mieux. Il est jeune, il a encore à apprendre.
Et qu’en est-il des chances algériennes dans ce Mondial ?
On peut réussir quelque chose de bien, quelque chose d’intéressant. Tout dépendra dans quel état de forme on y arrive, mais vous n’êtes pas sans savoir qu’en football ce n’est pas toujours les meilleurs qui gagnent, c’est pourquoi il y a les schémas tactiques, la stratégie du jeu, etc. Après, il est vrai que la Belgique est une très bonne équipe, mais pour autant il faut jouer, attaquer et essayer de la bousculer. C’est en jouant qu’on gagne et pas en restant derrière. Il ne faut pas faire comme en 2010 où nous avons été plus spectateurs qu’acteurs.
C’est ça votre philosophie du football, jouer pour gagner…
Absolument. Comment pensez-vous mettre en difficulté la Belgique, la Russie et la Corée du Sud en défendant ? Non, il faut au contraire jouer.
M. O.
Bio express
Chaâbane Merzekane est né le 8 mars 1959 à Leveilley (Hussein Dey). Comme tous les enfants de son âge, il a joué d’abord au foot dans la rue avant de signer une licence au NAHD. Chez les Sang et Or, Chaâbane en a fait toutes ses classes. Joueur atypique, Merzekane ne laisse personne indifférent tant ses frasques et ses coups de gueule sont très appréciés par les jeunes de sa génération dont il est une des plus grandes idoles. Après une carrière bien remplie, Merzekane va épouser la carrière d’entraîneur. Il réussira de multiples accessions avec de nombreuses équipes, comme le CB Mila et le NAHD. Consultant émérite à la radio nationale et à la chaîne de télé KBC, il reste néanmoins très proche du terrain puisqu’il dirige une école de football à Hussein Dey.