Les deux techniciens ciblés étaient français. Il s’agit de Didier Six, l’ancien coach du Togo, et de Claude Leroy, qui n’est plus à présenter étant donné qu’il a conduit de nombreuses sélections africaines par le passé, remportant une CAN avec le Cameroun.
Pour Six comme pour Leroy, l'Algérie de Vahid Halilhodzic a vraisemblablement une carte à jouer, malgré une petite faiblesse devant : «L'Algérie est difficile à manier, avec un coach qui a beaucoup d'expérience. Ca sera une équipe poil à gratter, compliquée à jouer», affirme Leroy.
Trop d’individualisme
L’entraîneur national Vahid Halilhodzic a toujours insisté sur le jeu collectif, ce qui n’est pas nouveau, mais en même temps, il réclame des joueurs explosifs, capables de faire la différence. Il s’agit là de la preuve que les joueurs qu’il avait sous sa coupe ne le faisaient pas comme il le voulait, leur excès d’individualisme tuait le jeu de l’EN. C’est ce qui aurait été remarqué aussi par Didier Six. C’est du moins ce qu’on comprend à travers ses conseils, qui, à ses yeux, seront la clé d’une éventuelle réussite de l’EN au Brésil. «Vahid est malin et s'il arrive à faire comprendre aux quelques stars que le groupe doit primer, ils peuvent réussir», juge Six qui connaît assez bien l’EN pour l’avoir déjà jouée lors de la dernière CAN. Il aurait donc noté l’individualisme de certains éléments ou stars…
Expérience
Cameroun 1990, Sénégal 2002 et Ghana 2010 : trois fois où l'Afrique a réussi à placer un de ses représentants en quart de finale du Mondial. Cette année, au Brésil, il sera difficile de faire mieux, mais la Côte d'Ivoire a beaucoup d'atouts. Claude Leroy, sélectionneur du Congo, se souvient qu'il aurait dû être franchi en 2010 quand une main volontaire sur sa ligne de l'Uruguayen Suarez avait privé le Ghana d'une place dans le dernier carré. «Normalement, on ne devrait plus avoir à parler de la malédiction des quarts. Le Ghana aurait dû être en demi-finale», estime celui qui a été sélectionneur des Black Stars, mais aussi du Cameroun et du Sénégal. «Au Brésil, on aura cinq équipes qui étaient déjà en Afrique du Sud et on ne pourra pas parler de l'inexpérience des équipes africaines. Et je pense que les sélections francophones ont un coup d'avance», a-t-il ajouté.
Parmi celles-ci, la Côte d'Ivoire de Sabri Lamouchi fait figure de meilleure chance pour l'Afrique. Avec Yaya Touré, les Eléphants ont, en effet, l'un des meilleurs joueurs du monde, tous postes confondus. Leur défense tient la route et avec Gervinho, Kalou et Drogba, ils ont un vrai potentiel offensif.
Eléphants
Selon Leroy, le risque pour les Ivoiriens se cache peut-être paradoxalement dans un tirage au sort pour une fois clément (Colombie, Grèce et Japon). «Il faut éviter le péché d'orgueil. Ils sont toujours tombés dans des groupes impossibles, et là, on a l'impression qu'ils sont déjà en 8e de finale. Il faut dire qu'ils ont tellement de joueurs qui ont brillé cette saison. Je pense que c'est une équipe qui peut enflammer le tournoi», a-t-il dit. «Yaya a dépassé tout ce qu'on pouvait imaginer. Il a capitalisé une confiance terrible et peut la transmettre autour de lui. C'est un soleil. Quant à Drogba, c'est son dernier Mondial et il est assez intelligent pour se mettre entièrement à disposition de l'équipe», a-t-il ajouté.
Solidarité
Malgré un groupe au contraire relevé (Brésil, Croatie, Mexique), le Cameroun a aussi des atouts, à commencer par Samuel Eto'o, «un joueur qui reste magique», selon Didier Six, ancien sélectionneur du Togo. «Sur un tournoi comme le Mondial, avoir un joueur pareiln ça compte», a dit l'ancien attaquant de l'équipe de France.
Pour Leroy, «le Cameroun a effectivement de grandes qualités avec une kyrielle de bons joueurs, mais il faut que le mot solidarité prenne tout son sens et que l'intérêt collectif passe avant l'intérêt individuel».
Outsiders
Pour le Ghana, placé dans un groupe terrible (Allemagne, Portugal, Etats-Unis), les pronostics sont moins optimistes : «Il y a un pont de générations entre des joueurs exceptionnels, mais plutôt en fin de carrière, et des jeunes qui n'ont pas forcément confirmé. Ce sera peut-être un peu trop tôt ou un peu trop tard», pense Leroy.
Quant aux Nigérians, «ils peuvent surprendre, ce sont des outsiders, des battants, à l'image de leur coach Stephen Kheshi, qui fait du très bon boulot», a conclu Six.
M. A.