Bouali : «Le MCA a besoin d’un grand président»

Foued Bouali quitte le Mouloudia après l’avoir hissé en finale de la coupe d’Algérie et soulevé le trophée qui lui a échappé la saison passée. Son successeur a pour nom Charef, il le confirme en soulignant que l’ex-technicien de l’USMH sera en mesure de mener loin le Mouloudia, à la condition que celui-ci se dote d’un président digne de son rang. Dans cet entretien, l’ancien libero de charme du WA Tlemcen ignore superbement Moumen, le joueur du MCA qui l’a critiqué sur ces colonnes, il donne aussi une indication sur sa prochaine destination. Le CRB ?

Quelle a été votre réaction en prenant lecture des derniers propos de Moumen à votre encontre ?

Moumen, celui qui était notre joueur au MCA ? Je vous jure que j’ignore tout de ce qu’il aurait dit. Depuis quelque temps, j’ai pris pour habitude de ne pas trop voir ce qui se passe dans les journaux. Cela s’est passé quand ? Et qu’a-t-il dit ?

C’était le jour de votre match à El-Eulma, il a dit que «Bouali, c’est comme des légumes sur un couscous»…

La meilleure réponse serait de poser à tous les joueurs du MCA, ceux qui ont joué et ceux qui ne l’ont pas fait. Si je lui réponds, ce serait descendre très bas, et pour ne pas dire de méchanceté, je préfère cette réponse.

Il dit que vous lui auriez laissé entendre que son cas vous dépassait et qu’on ne voulait pas de lui…

C’est un mensonge. Je lui ai dit que le mieux pour lui serait de trouver un autre club. On s’est dit au revoir et  c’est tout. Je me demande pourquoi ce monsieur n’a rien dit depuis six mois, alors que là… Vous me connaissez assez, vous savez que je ne réponds pas à ça et que ce n’est pas ce qui me donnerait des nuits blanches. Essayez juste de sonder deux ou trois joueurs à ce sujet, quelle que soit leur réponse, ce sera celle-là qu’on prendra en considération.

Justement, il affirme que vous lui auriez dit qu’il y avait quatre joueurs qui ne voulaient pas de lui…

Non, jamais ! On n’a pas le droit de faire du mal aux autres, je ne lui réponds même pas. Vous savez, dans la vie, les gens s’égarent facilement. C’est valable même pour la presse. Il n’y a pas longtemps, on a titré : «Le meilleur coach d’Algérie arrive au Mouloudia», aujourd’hui, c’est comme si je n’avais jamais existé. Les gens oublient qu’aujourd’hui il y a les archives et beaucoup de choses qu’on peut revoir et relire.

Vous et le MCA, c’est fini. Sans regret ?

Il y a le travail accompli qui restera. Le journal Maracana a élu Hachoud meilleur joueur du championnat, Zeghdane meilleur espoir, c’est une fierté. Aussi, c’est une première dans notre championnat, notre gardien Djemili a joué 36 matches sans être remplacé : les 30 journées du championnat et les 6 de la coupe d’Algérie. Je suis surtout content parce que l’objectif assigné au départ a été atteint, à savoir participer à une joute continentale. Cela s’est fait en dépit des problèmes montres rencontrés et grâce aux efforts déployés pour préserver mon groupe de beaucoup de choses négatives.

Quels problèmes au juste ?

Quels qu’étaient les résultats qu’on enregistrait, il y avait un groupuscule de pseudo-supporters qui était tout le temps là pour nous insulter afin de nous détourner de l’objectif. On a résisté à tout ça et on est allé jusqu’au bout. Dieu merci, on a vu ensuite combien de vrais supporters du MCA sont sortis dans la rue et la joie qu’on leur a donnée.

Et le conflit Boumella-Kaci Saïd ?

C’est dommage qu’il y ait eu tous ces problèmes entre eux. Normalement, tout ce qui se passe à la maison doit rester à la maison. Ce n’est surtout pas dans la presse qu’on doit les étaler. Le plus gros souci du MCA, c’est que tout ce qui se passe dans le vestiaire et dans l’administration est étalé le lendemain dans les journaux. Cela ne doit pas être le cas.

Après cette expérience au MCA, que faut-il faire, selon vous, pour que ce club redevienne grand ?

D’abord, je dois dire que je suis très content d’entendre que ce sera mon ami Charef qui prendra le relais. Je suis très honoré par sa nomination. Je lui souhaite beaucoup de succès avec sa nouvelle équipe. Charef connaît son boulot, il est super compétent, il peut apporter le plus attendu. C’est une bonne chose pour le Mouloudia qui fait ainsi un pas pour grandir. Mais il faut encore autre chose pour que ce club prenne plus d’envergure. Le MCA a besoin d’un grand président. J’estime que le Mouloudia a assez d’hommes sages, assez de grandes personnalités pour en désigner un capable de se projeter et réfléchir à moyen et long termes. Le Doyen a besoin d’une grande personnalité pour le diriger et surtout mettre en place une grande structure de travail qui lui permettrait de se propulser et se hisser à la tête des grandes équipes africaines. C’est aux gens qui aiment ce grand club de se réunir pour désigner l’homme qui convient.

Au niveau de son effectif, dans quels secteurs le MCA doit-il se renforcer ?

Charef le dira, c’est lui qui déterminera le recrutement approprié en fonction de sa stratégie de jeu. Les joueurs ciblés sont différents selon qu’on songe à jouer en 3-5-2, en 4-1-4-1, en 4-3-3 ou autre. J’espère que le recrutement se fera intelligemment. Ainsi, le coach pourra disposer des joueurs qui lui permettraient de réussir  sa mission.

Au fait, est-il vrai que vous avez piqué une colère en apprenant que vous avez eu droit à la même prime du wali que tous les autres membres de votre staff ?

Non, pas du tout. Au contraire, c’est très bien pour les membres de mon staff qu’ils aient bénéficié d’une grosse prime. Ils travaillent beaucoup et on ne reconnaît pas assez leur travail.

Moumen affirme que deux supporters auraient perçu cette prime de 50 millions de centimes, est-ce exact ?

Je ne le sais pas, sincèrement. En revanche, je sais que j’ai tout fait pour que mon staff médical, le responsable du matériel et le chauffeur bénéficient de cette prime. Maintenant, s’il y a d’autres qui en ont bénéficié, ce n’est pas de mon ressort. Ce n’est pas moi qui ai établi la liste. Moi, j’ai défendu mon staff et j’ai élargi la chose jusqu’au chauffeur.

Où vous reverra-t-on la saison prochaine ?

J’aimerais bien le savoir tout de suite, ainsi je pourrais aussitôt me consacrer aux vacances ! Non, je plaisante. J’ai été honnête avec le MCA, j’ai eu des touches avant la fin de saison, mais je n’y ai donné aucune suite. Juste après la finale de la coupe d’Algérie, je suis resté à l’hôtel, à Blida, j’ai bien réfléchi et, le soir même, j’avais pris la décision de m’en aller. Mais avant cette finale, jamais je n’ai parlé ni négocié avec quiconque, par respect au club et ma profession. Maintenant que l’exercice est terminé, je peux parler avec les gens et négocier avec eux.

On vous reverra en Algérie ou à l’étranger ?

On verra le jour J. Je ne le cache pas, il y aura le volet financier qui sera pris en considération. Après, si c’est un club étranger, je suivrai mon mektoub. Mais si c’est en Algérie, il y a bien un club qui m’intéresse. Je ne dévoilerai pas son nom, seulement je dois reconnaître que j’ai eu beaucoup de plaisir à l’entraîner.

Il semble clair que vous parlez du CRB, on se trompe ?

Ça reste votre conclusion, moi, je ne dis rien. Je respecte les clubs, mes collègues et je ne veux mettre la pression sur personne. Tout ce que je dis est que si je ne signe pas dans un club étranger, j’aimerais bien réintégrer ce club où j’ai déjà entraîné et où j’ai entretenu de bons rapports.

H. D.

«Charef peut apporter un plus au Mouloudia»

«Moumen ? Je préfère ne pas répondre» 

«J’aimerais reprendre le club que j’ai déjà entraîné…» 

 

Bio express

Né le 8 février 1960, Fouad Bouali a débuté sa carrière au WA Tlemcen. Parti en France suivre ses études, il a endossé le maillot du club de Val-d’Oise avant de réintégrer une nouvelle fois le WAT pour y passer l’essentiel de sa carrière. Ensuite, il est passé de l’autre côté de la barrière, c’est également au WAT qu’il commença avec les jeunes catégories du club, avant de devenir directeur sportif de la formation des Zianides. Il a ensuite entraîné Maghnia, l’ASM Oran, le MC El-Eulma, le CA Batna, l’USM Blida, la JSM Béjaïa, le CR Belouizdad et l’Etoile de Benghazi. Il a gagné deux coupes d’Algérie.

Au dernier match, les joueurs lui ont offert leurs maillots

«Au terme du dernier match de la saison à El-Eulma, mes joueurs m’ont fait un geste extraordinaire. Ils sont venus, pour la plupart, me remettre leurs maillots en guise de remerciements. Cela m’a touché, je leur souhaite le meilleur ainsi que pour le Mouloudia», relate Fouad Bouali qui a été très sensible à cette marque de sympathie qui, il faut le dire, est peu coutumière dans notre championnat.

«Je pardonne à ceux qui m’ont insulté»

Fouad Bouali a été maintes fois la cible de quelques pseudo-supporters du Doyen qui l’ont insulté. Tel un seigneur, il ne leur en tient pas rigueur. «Ceux qui m’ont insulté, je leur pardonne. Je leur demande juste d’être avec leur club qui a besoin de beaucoup de solidarité.»

 

 

Tags:

Classement