Gourcuff : «Les joueurs ont subi un choc tactique»

Le sélectionneur national Christian Gourcuff était l’invité de nos confrères de la radio nationale Chaîne III. Une occasion pour balayer l’actualité de l’EN et aborder plusieurs sujets d’actualité. De la prochaine CAN, la qualification, Yacine Brahimi, les objectifs, son choix de l’Algérie et son travail, le Breton n’a rien laissé au hasard. Morceaux choisis.

Lorsque le coach national s’exprime, il ne laisse pas de place au doute. Premier sujet qui fait toujours l’actualité est celui de la prochaine édition de la CAN dont le déroulement n’est toujours pas connu et ce en raison des tergiversations du Maroc. Questionné, le coach répond : «Certes, on est déçus de ne pas être fixés sur ce qui va se passer. On aimerait bien jouer au Maroc car ce n’est pas trop loin et on peut faire une bonne préparation pour être prêt pour ce rendez-vous important. Cependant, s’il y a un changement, ça ne va nullement interférer dans notre préparation car nous nous adapterons à toutes les solutions possibles. Ce qu’il faut savoir, c’est qu’on veut être fixés le plus vite possible pour mettre en place notre programme.»

«On est plus sereins car on a su gérer l’après-Coupe du monde»

Une fois le sujet de la CAN abordé, l’ancien entraîneur de Lorient est revenu sur la performance de premier ordre de son équipe qui a réussi à se qualifier après un parcours tout bonnement exceptionnel puisque les Verts ont réussi un sans-faute en arrachant 12 points en 4 rencontres. Gourcuff se satisfait de cette performance et affirme : «Notre qualification apporte plus de sérénité pour tout le monde. Ça nous permet aussi de bien préparer la prochaine édition de la CAN. Sur le dernier match disputé face au Malawi, on a vu une bonne organisation sur le plan du jeu et sur l’organisation aussi, il y avait beaucoup de fluidité dans notre jeu. Je pense que c’était notre match le plus abouti depuis l’entame des qualifications. Bien sûr, la 2e mi-temps laisse un peu sur la faim puisqu’on n’a pas su exploiter les situations et il y a eu des changements. Globalement, je suis satisfait. Il faut progresser encore et ne pas s’arrêter là. C’est toujours difficile d’enchaîner après une Coupe du monde réussie. Prenons l’exemple de l’Allemagne, les Pays-Bas et le Nigeria sont des équipes en difficulté. C’est un danger que nous avons écarté lors de notre premier match en Ethiopie. On s’est remis dans une nouvelle dynamique et l’objectif à présent est de finir avec le maximum de points possibles.»

«Beaucoup de choses ont changé»

Continuant sur sa lancée, le coach national  est revenu sur le 4-4-2 qu’il prône : «Les joueurs ont subi un choc tactique mais aussi philosophique. Beaucoup de choses ont changé. Avant, on avait une défense individuelle, actuellement, on a une défense de zone. La philosophie a changé. Ça prend plus de temps, notamment pour les automatismes. Les joueurs, et pour la plupart, ont une bonne culture tactique. De plus, on a une marge de progression et ce n’est qu’en travaillant qu’on pourra avancer. Les résultats sont le fruit de l’aboutissement d’un travail.»

«Une bonne occupation du terrain»

Toujours concernant le jeu de son équipe, le sélectionneur national revient sur la remarque persistante qui dit que le jeu de l’EN penche beaucoup plus à gauche. Une donne confirmée mercredi face au Malawi puisque les Verts étaient beaucoup plus dangereux sur le flanc gauche. A cette question, le concerné réplique : «On dit que le jeu penche à gauche mais ce qu’il faut savoir, c’est que ça part de derrière. Ghoulam a plus d’aptitudes offensives qu’Aïssa Mandi. Après, oui, Lacen et Bentaleb sont tous les deux des gauchers et naturellement ils penchent beaucoup plus sur ce côté. Il y a aussi le fait que Brahimi est plus enclin à jouer à gauche. Cependant, sur le 2e but, on voit bien que l’amorce se fait à droite. Le 3e but a été un enchaînement de 10 passes et tout a été fait à une touche de balle.»

«La charnière Halliche-Medjani a bien tourné»

Au cours du dernier match, le coach a renouvelé sa confiance à la paire Halliche-Medjani pour constituer l’axe de la défense, un choix payant puisque l’équipe n’a pas encaissé. Cependant, est-ce un choix définitif ? Non, selon le coach : «Pour le premier rassemblement, je n’avais pas bougé en restant sur une charnière avec Belkalem et Medjani. En plus, il y avait un Halliche qui venait de signer au Qatar et qui n’était pas dans la course pour le premier match. Après, je vois des matchs de Rafik et je constate qu’il a récupéré toute sa forme. C’est normal que je lui fasse appel. J’ai constaté aussi que Belkalem était quelque peu fatigué par l’accumulation des matchs avec Trabzonspor. Maintenant, si elle est définitive, non je ne le pense pas. Il y a de la concurrence et tout le monde doit adhérer. En plus, il faut dire que la défense a bien marché et a été performante au cours du dernier match.»

«Je tiens mon ossature»

Maintenant que l’équipe nationale est officiellement qualifiée pour la phase finale de la coupe d’Afrique des nations, le coach peut tester d’autres joueurs en vue des deux prochaines rencontres des qualifications. D’ailleurs, il compte tirer profit de cette situation : «Je ne pense pas avoir fait de révolution dans le groupe. C’est le temps de jeu qui diffère et cette donne change tout. Il y a des joueurs qui n’ont pas un temps de jeu conséquent, mais qui peuvent toujours intégrer le groupe. On est toujours dans la découverte mais tout se fera sur la base du temps de jeu. Il y a des joueurs qui évoluent à un niveau supérieur et qui peuvent encore nous intéresser. Il y a aussi des joueurs qui jouent moins et qu’on ne peut pas juger. Il y a l’exemple de Guedioura qui ne joue pas. Maintenant, je ne peux pas m’immiscer dans ses choix de carrière. Il y a aussi Zeffane qui n’a pas beaucoup de temps de jeu à Lyon. Ce que je veux dire, c’est que parfois on peut jouer dans un championnat moins fort et avoir un grand temps de jeu. La sélection se base sur le temps de jeu. On est en train de suivre Abeid à Newcastle, mais on attend qu’il ait le temps de jeu qu’il faut.»

«L’équipe peut arriver à maturité en 2018»

La moyenne d’âge des joueurs algériens n’est pas élevée, une excellente chose pour le coach national : «Ce paramètre nous donne encore plus de perspectives vers l’avenir. Dans 3 ans, les joueurs seront arrivés à maturité. On arrive avec une génération qui a l’avenir devant elle. On peut donc à la fois avoir une progression et une équipe qui atteindra la maturité collective en 2018 lors du Mondial en Russie.»

«Brahimi est un joueur exceptionnel»

Le patron des Verts est ensuite revenu sur certains de ses éléments. A commencer par la nouvelle force de frappe, Yassine Brahimi, qui a reçu les louanges de son coach : «Yassine est un joueur exceptionnel. Je ne comprends toujours pas comment il a pu échouer à Rennes. Après il est parti à Grenade, mais on ne l’a pas trop suivi. Là depuis le début de la saison avec Porto, il confirme tout son potentiel et son niveau de jeu actuel. Il n’a pas les qualités athlétiques pour aller partout, mais il faut le mettre dans les meilleures conditions possibles. Le 4-4-2 souple lui permet d’avoir toute l’équipe qui l’entoure. Yassine vient en soutien et ça m’impose d’avoir un joueur de profondeur comme Islam Slimani qui est complémentaire.»

 «Les locaux ont une ouverture»

Etant le sélectionneur des A’ aussi, le coach laisse la porte ouverte aux joueurs issus du cru : «Je trouve que des joueurs comme Gourmi et Ziti sont très intéressants. Le premier, je l’ai suivi durant quelques rencontres et je l’ai convoqué. Quant à Ziti, je trouve qu’il a de grandes qualités et une bonne mentalité. La porte reste ouverte, il y a Neghiz qui s’occupe du championnat local et Mansouri s’occupe des professionnels. Tout reste ouvert pour les locaux et c’est là que les stages qu’on fait sont importants.»

 «J’ai enregistré les doléances des coachs»

Le sélectionneur national a rencontré ses homologues de la Ligue1 MOBILIS dernièrement : «Dans ma fonction, ce qui est évident, c’est de communiquer. Ma rencontre avec les coachs m’a permis d’enregistrer leurs doléances, notamment avec la programmation qui n’est pas fixe. On a évoqué la formation et échangé nos points de vue qu’on peut changer et mettre en place. La FAF ne peut pas tout faire. Il y a eu cette relation d’échange intéressante.»

«Pour la formation, il suffit de travailler»

Investi dans un projet de formation, le coach national donne plus d’informations : «Je n’ai pas la prétention de tout connaître. Je pense qu’avant de parler de centre de formation, il faut laisser le joueur jouer jusqu’à ses 13 ans. Après, il y a la pratique. Je vois des failles ici, mais ça ne passe pas forcément par des centres de formation. L’Allemagne a un système scolaire bien défini qui prend tout en considération. Cependant, il faut travailler la qualité car l’Algérie est ancrée dans le football qui fait partie de la vie sociale.»

«J’ai un contrat d’objectifs»

Concernant ses objectifs, le Breton affirme : «J’ai un contrat d’objectifs. Le président de la FAF peut venir à tout moment et me dire stop. C’est un peu ça aussi qui m’a convaincu. Je connaissais la donne, je ne vais pas avoir 25 ans comme à Lorient. Les premiers résultats sont importants. J’ai eu un contact avec des gens qui ont voulu réussir. J’ai pris le risque et j’ai même demandé les A’ car le développement passe par le produit local.»

«Il y a de la qualité en Ligue 1 Mobilis, mais…»

Depuis qu’il est installé à Alger, Gourcuff a suivi plusieurs matchs de championnat : «La qualité est là. Maintenant, c’est décousu. Je comprends parce qu’il y a aussi la pression du résultat. J’ai noté aussi un manque de sérénité dans les matchs. Les équipes se désunissent sur le plan tactique. Sinon, c’est dynamique et intense. Il y a aussi l’environnement qui est un peu violent et notamment le comportement des supporters.»

«L’engouement des supporters était un des aspects qui m’ont fait venir»

Par ailleurs, le sélectionneur national ne le cache pas, il a été impressionné par l’engouement que suscite le football en Algérie et plus précisément l’EN : «C’est vraiment incroyable, je suis connu partout. En Algérie, tout le monde vit le football, c’est comme au Brésil. Ça fait partie de la vie du pays. A présent, je le vis mais je ne m’attendais pas à ça. Certes, il faut tout cadrer pour ne pas qu’il y ait d’excès, cependant, je dois avouer que c’était l’une des raisons qui m’ont fait venir ici et qui ont fait que j’accepte le défi.»

Synthèse d’Islam Zemam

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