Gourcuff : «L’humilité fait partie des grandes équipes»

Le sélectionneur national s’est confié au micro d’Echourouk TV. L’occasion pour lui de balayer l’actualité de l’EN marquée par la tenue de la CAN. L’ancien coach de Lorient aborde aussi son effectif, pointe les bons points et se montre optimiste pour l’avenir. Il affirme que l’humilité est un ingrédient de succès.

La CAN n’aura pas lieu au Maroc, êtes-vous déçu de cette donne et surtout est-ce que cela vous perturbe quand on sait que le pays qui abritera la compétition n’est toujours pas désigné ?

De la déception, bien sûr, on est très déçus car c’était bien (disputer la CAN au Maroc) de jouer dans des conditions qui étaient favorables. Le Maroc est juste à côté, c’était des conditions de jeu et climatiques qui étaient bien pour nous. Tout était vraiment parfait pour nous. Si cela va nous perturber, on va attendre, on saura très rapidement où on jouera. J’espère déjà qu’on va jouer cette CAN en janvier. On va s’adapter car ce qui serait une déception, c’est le fait de reporter la CAN d’une année. Ce serait différé et là ce serait vraiment une catastrophe. On serait obligés d’attendre un an pour cette équipe et ça, c’est vraiment dommageable.

 

Jusqu’à maintenant, on ne connaît toujours pas le pays qui remplacera le Maroc…

Non, je pense que dès demain (aujorud’hui, ndlr) la CAF va faire une annonce. Voilà, nous, on va attendre et on va se préparer en conséquence pour ce rendez-vous.

Coach, 4 joueurs de l’EN sont nominés pour le titre de meilleur joueur africain. Qu’en pensez-vous et quel est votre classement ?

Je ne veux pas créer de polémique au sein de mon équipe. Déjà pour le football algérien, c’est formidable qu’il y ait 4 joueurs nominés. C’est tout à fait logique au vu de ce qu’ils ont fait en club et avec la sélection.

 

L’Entente de Sétif est sacré championne d’Afrique alors qu’il n’y a pas de joueurs internationaux. Quel est votre jugement sur le joueur local ?

Vous savez, il y a eu déjà deux rassemblement pour les A’. Ça me permet d’avoir une meilleure image sur les joueurs. En plus, j’ai vu beaucoup de matchs du championnat local donc, ça permet là aussi de juger un peu le joueur local. Evidemment, il y a une grosse différence entre les championnats européens et le championnat algérien en termes de qualité bien entendu. Cependant, j’ai vu lors du dernier rassemblement des A’, des jeunes joueurs qui ont beaucoup de qualités techniques et physiques. Maintenant, sur le plan tactique, il y a encore beaucoup de choses à faire et c’est pour ça que les stages des A’ sont intéressants pour eux parce que ça les aide à préparer aussi à entrevoir les A. Moi ça me permet de les voir, donc, c’est vraiment intéressant d’avoir les A et les A’. J’ai vu des joueurs d’une tranche d’âge intéressante de 23 ans qui sont tout à fait intéressants pour l’avenir.

 

Etant qualifiés pour la phase finale de la CAN, peut-on dire que les objectifs sont atteints ?

Non, pour moi, je place les objectifs en termes de jeu. Ce qui est intéressant, c’est que sur le dernier match face au Malawi, j’ai constaté une bonne évolution sur le plan du jeu, l’organisation, la qualité du jeu collectif avec des joueurs qui s’expriment comme Yacine Brahimi. Ça tire vers le haut, il y a une progression. Sur le plan des résultats, la qualification était une nécessité. De l’avoir acquise au bout de 4 matchs c’est une grosse satisfaction. Maintenant, les objectifs sont de bien figurer durant la CAN. On doit être ambitieux. La victoire, ce n’est pas le fruit du hasard, il y a à la fois beaucoup de solidarité au sein du groupe et aussi une qualité de jeu qui nous permettent de franchir cette étape.

 

Vous avez parlé d’un projet à long terme avec l’Algérie. Peut-on dire que c’est lancé ?

Il y a eu une évolution. C’est toujours difficile car en équipe nationale, on a peu de temps pour travailler. J’étais habitué à travailler en club et je savais que ça allait être différent. C’était à la fois le challenge et la difficulté en prenant l’équipe nationale. Maintenant, je suis très optimiste pour l’évolution du groupe. Il faut mettre à profit les deux matchs pour progresser encore dans notre qualité de jeu.

 

Les Algériens commencent à parler de titre africain. L’EN peut-elle gagner la CAN ?

Il faut être ambitieux, mais il faut savoir rester lucide aussi. Dans le football, il y a des aspects aléatoires, on peut avoir de la chance mais il faut essayer de maîtriser tout ce qu’on peut. Il faut maîtriser encore plus le jeu collectif et apprendre à moins subir les évènements. Après c’est une compétition avec des équipes de qualité. L’humilité, ça fait partie des grandes équipes. Il ne faut jamais arriver dans une compétition en roulant la mécanique pour ne pas avoir de grosses désillusions. Comme je l’ai dit, l’humilité est importante, mais ça se conjugue aussi avec de l’ambition.

 

Durant chaque stage, vous faites appel à de nouveaux joueurs. Est-ce que ça entre dans la stratégie que vous avez évoquée ?

Oui bien sûr, il y a une ossature avec laquelle il faut travailler pour faire avancer les choses. Après, il y a des ouvertures avec des jeunes joueurs comme Mehdi Abeid et Nabil Ghilas que je voulais revoir. Il n’était pas là pour les deux derniers rassemblements. Bounedjah que je ne connais pas bien. Ça ne veut pas dire que ceux qui ne sont pas là sont exclus. La sélection c’est toujours une affaire de conjoncture. Il y a des joueurs qui sont un peu moins bien en club et d’autres qui sont mieux. L’ossature reste stable. C’est important de travailler avec une ossature.

 

Les supporters aiment avoir des nouvelles des joueurs. Y a-t-il du nouveau pour Nabil Fekir ?

Pour Fekir, la situation est simple, je l’ai rencontré en août. Je lui ai fait part de mon intérêt et de celui de l’équipe nationale. Je l’ai eu plusieurs fois au téléphone. Maintenant, il a demandé un temps de réflexion. On en est là. Une fois que la sélection algérienne s’est manifestée, c’est à lui de décider. Il faudra respecter son choix.

 

Mbolhi sans compétition, comment allez-vous faire pour gérer ce cas ?

On va trouver une solution. Déjà là, il y a les entraînements. Certes, ça ne remplace pas la compétition, mais Raïs va s’entraîner et on va trouver une solution pour qu’il puisse s’entraîner et gérer cette situation pour le mois et demi avant la CAN.

 

Les résultats de l’EN étaient-ils prévisibles ?

On n’a pas fait d’exploit mais c’était des matchs difficiles. Je pense aux deux matchs qu’on a joués en Ethiopie et au Malawi. C’est une satisfaction mais pas un aboutissement. Voir une évolution dans le jeu est un motif d’optimisme.

 

Vous ne connaissiez pas l’Afrique. Comment avez-vous trouvé le continent ?

Je m’y attendais un petit peu, mais c’est vrai que sur les déplacements, notamment en Ethiopie et au Malawi, j’étais loin de penser ce que c’était. C’était une découverte,  un choc par rapport à l’Europe. Les matchs se jouent dans des conditions difficiles pour les équipes structurées.

 

Vous irez au Mali, y allez-vous pour gagner ?

Ce sera un match difficile. Il faut gérer le match de l’Ethiopie. L’humilité fait partie des bagages d’un compétiteur. Le Mali a de la qualité sur le plan athlétique. Il faudra bien le préparer et le négocier. Ils peuvent nous poser des problèmes. Ils risquent d’être dans une configuration de match de qualification. C’est un match intéressant à jouer.

I. Z.

«Déçu de ne pas jouer la CAN au Maroc»

«Je voulais revoir Ghilas»

«C’est bien d’avoir les A et les A’»

«Il y a une évolution dans le jeu»

«Il faut être ambitieux» 

Classement