La Confédération africaine de football a désigné la Guinée équatoriale pour organiser la Coupe d’Afrique des nations 2015. Le choix d’un ancien pays hôte, avec toutes les infrastructures nécessaires. Issa Hayatou pense que c’était la meilleure solution. «Quand on a eu ce problème de report, on s’est directement adressé aux pays qui ont déjà organisé la CAN, entre autres la Guinée équatoriale qui a co-accueilli le tournoi en 2012 (…) Je suis venu hier pour rencontrer le président. Aujourd’hui (14 novembre), il a accepté.
«Pas de problème d’hôtellerie en Guinée »
La Guinée est un petit pays. L’annonce de la nouvelle a donc fait peur à beaucoup de sélections, mais aussi d’organes de presse qui couvriront l’événement. Interrogé à ce propos, le président de la CAF dira : «Depuis la CAN 2012, les Équato-Guinéens ont construit deux stades à l’intérieur du pays. (…) Ce sont ces deux villes (Mongomo et Ebebiyin) que l’on va visiter maintenant. Quant aux problèmes d’hôtellerie, il n’y en a pas. Nous sommes en train de manger dans un hôtel quasiment 5 étoiles à Mongomo. Donc, il n’y a pas de problèmes particuliers. Je vais voir le reste des infrastructures.»
«On n’a jamais sollicité l’Egypte, l’Angola et le Nigeria»
La Guinée équatoriale ne faisait pas partie des quatre pays pressentis au départ, à savoir l'Afrique du Sud, l'Algérie, le Ghana et le Soudan. Mais au final, c’est elle qui a fini par avoir l’honneur d’abriter ce rendez-vous. «Nous avons eu des déboires avec eux. D’autres pays sont concernés par des élections ou manquent d’infrastructures. On s’est donc replié vers la Guinée équatoriale. (…) Nous avons entendu ici et là que la candidature de l’Angola était étudiée. Nous n’avons jamais saisi l’Angola, le Nigeria et l’Egypte. On connaît quand même le continent africain ! On sait où sont les problèmes et où on peut aller ou pas», précisera Hayatou.
«Voilà pourquoi l’Algérie a dit non»
Au cours de cette interview, Issa Hayatou a tenu à expliquer le refus des pays sollicités officiellement par la CAF, il répondra : «Le Soudan a dit ‘‘non’’ parce qu’ils ont des élections présidentielles en janvier-février. Le Ghana a expliqué que sa population n’était pas favorable à la CAN par peur du virus Ebola. L’Algérie a expliqué que ses infrastructures ne seraient pas prêtes à temps. (…) Tous les autres pays candidats, ça relève de l’imagination de la presse. (…)
«Je reconnais que 64 jours ne suffiront jamais pour préparer cette Coupe d’Afrique»
Le président de la CAF s’est montré réaliste. Il a reconnu que la CAN 2015 ne sera pas parfaite. «Honnêtement, c’est un délai assez court. Mais on ne peut pas faire autrement. La Guinée équatoriale et la CAF vont se mobiliser jour et nuit pour essayer de faire au mieux. Il y aura des imperfections. Il ne faut pas se voiler la face. Soixante-quatre jours ne suffisent pas à organiser une telle compétition normalement. Mais nous allons faire le maximum (…) pour que cette compétition se déroule dans de très bonnes compétitions. Le tirage au sort aura lieu le 3 décembre à Malabo. (…).»
«La solution du Qatar était là aussi»
Issa hayatou a catégoriquement refusé que la CAN se déroule dans un pays non africain. Il a insisté sur la solution africaine pour cette CAN 2015. «On ne s’est pas découragé. (…) La solution du Qatar était là aussi. Les Qatariens ont dit que si nous le leur demandions, et que si nous n’avions pas de solution, ils étaient là, entièrement disposés à voler à notre secours. Fort heureusement, la Guinée équatoriale a accepté. Il nous reste à remercier le Qatar pour sa bonne volonté et sa coopération.»
«Le Maroc sera sanctionné »
Faut-il s’attendre à de sévères sanctions de la part de la CAF vis-à-vis du Maroc, qui devait organiser la CAN 2015, mais qui en a été dessaisi après deux demandes de report du tournoi ? La question a été posée à Hayatou et ce dernier répondra : «On appliquera nos règlements. Ils sont clairs. Souvenez-vous, en 1996, le Nigeria avait boycotté la compétition. Le Président avait refusé que son pays aille en Afrique du Sud. Pendant quatre ans, ils ont été suspendus. Une sanction prévue par le règlement. Il n’y aura pas deux poids, deux mesures. Il n’est pas question de laisser cet état d’esprit s’instaurer. Cela risque de porter préjudice sérieusement au football en Afrique.»
«Pas d’Ebola en guinée équatoriale»
La Guinée équatoriale n’est pas concernée, pour l’instant, par le virus Ebola. Des mesures sanitaires particulières seront mises en place. «Oui. Dans un premier temps, le Président avait fait fermer ses lignes aériennes avec les pays concernés (par l’épidémie) car il n’était pas équipé. Aujourd’hui, il a rouvert les frontières, mais il y aura des contrôles partout, notamment dans les aéroports. Il a acheté tout ce qu’il faut pour veiller à l’entrée et à la sortie des gens de son territoire.»
«La Guinée remplace le Maroc »
La Guinée équatoriale a été disqualifiée de ces éliminatoires après avoir aligné un joueur non éligible. Bien que c’est un peu gênant pour la CAF de qualifier ce pays, Hayatou dira qu’il n’avait pas le choix. «On l’avait disqualifiée en raison de la présence d’un joueur non réglementaire. Qu’allez-vous me conseiller ? De ne pas les prendre ? A l’heure actuelle, nous n’avons pas le choix. Ils ont volé à notre secours. La Guinée équatoriale sera présente, à la place du Maroc. Il n’y aucun problème.»
«Je suis optimiste et soulagé»
«La Coupe d’Afrique des nations est attendue par toutes les populations du continent africain. Même bien au-delà. Les joueurs, les médias, tout le monde attend cette fête. Nous sommes optimistes. Maintenant que nous avons trouvé un lieu pour l’organiser, vous verrez que l’engouement sera présent, comme lors des éditions précédentes. Tout se passera dans de très bonnes conditions. Je suis très soulagé ! Depuis un mois, je ne dors pas. Je crois que je vais enfin trouver un sommeil profond !» dira Issa Hayatou pour conclure cette interview accordée à RFI.
Synthèse S. B.