L’année débute avec une certaine lenteur, le championnat dans sa première partie est dominé par l’USMA. Derrière, la meute sonne la charge. Les championnats de Ligue 1 et de Ligue 2 sont assez passionnants, la chasse derrière l’USMA est lancée, en L2, Bel-Abbès, Chaouia, Blida, Médéa et le NAHD affichent clairement leurs ambitions et prennent position dans le bon wagon. Tout va bien comme dans le meilleur des mondes. Engagée en Ligue des champions d’Afrique, l’Entente Sétifienne n’est pas le favori de l’épreuve. La formation algérienne est juste un outsider. Un outsider dont l’objectif est d’atteindre les Poules. Mais les regards sont tous orientés vers le Brésil là où la FIFA devrait effectuer le tirage au sort de la Coupe du monde, prévue au mois de juin au Brésil. Toute l’Algérie du football est suspendue à cette opération. Le tirage au sort donne la Belgique, la Corée du Sud et la Russie comme futurs adversaires des Verts. Les paris s’enflamment, les avis divergents, les pronostics vont bon train. Le championnat national de son côté se poursuit, l’USM Alger creuse l’écart, à la fin février les Rouges pointent devant avec une avance rassurante. Coupe du monde oblige, le championnat et la coupe d’Algérie sont menés au pas de charge, pas de répit pour les clubs qui engrangent les matches, chaque semaine quand ce n’est pas deux en sept jours. L’USMA file droit vers le sacre, la JSK suit derrière et joue sur les deux fronts coupe-championnat. A la fin du mois d’avril, la boucle est bouclée. A une semaine d’intervalle, la capitale a vibré aux rythmes endiablés des supporters mouloudéens dont l’équipe a remporté la coupe face à la JSK, et à la fiesta des fans usmistes qui fêtent le sixième titre de champion arraché de haute lutte. Mais une fois le faste de ces deux succès passé, c’est vers le Brésil et la Coupe du monde que les regards de tout un pays sont braqués. Entre- temps, c’est le drame, l’Algérie du football perd un des ses plus illustres footballeurs. Nabil Hemani, le joueur du NAHD, décède. Victime d’une chute mortelle dans un chantier où il était allé voir le futur appartement d’un des amis, Hemani rendra l’âme à l’hôpital. Cette mort est ressentie avec force douleur par l’ensemble des sportifs algériens qui lui rendent un vibrant hommage.
Bom dia Brasil, obrigado Argelia
Le 12 juin 2014 débute la Coupe du Monde, toute l’Algérie n’a d’yeux que pour ses Verts. En face, il y a du lourd, la Belgique, la meilleure équipe européenne du moment, la Russie de Fabio Capello et, enfin, la grande inconnue, la Corée du Sud. Mardi 16 juin, la bande à Halilhodzic entre en jeu. En cette après-midi de juin, le temps semblait s’être arrêté, toutes les villes du pays se sont vidées en un clin d’œil. Comme partout dans l’immensité de cette Algérie revêtue de vert pour la circonstance, les chaumières au fin fond du pays ont vibré aux exploits des Feghouli, Halliche et autres Mbolhi et Medjani. Les Diables rouges, cette meilleure équipe européenne est tenue en respect, sa victoire très étriquée sur l’Algérie l’a fait douter. Cette première défaite des Algériens va métamorphoser les Verts. A chaque chose malheur est bon, dit-on. La suite ne sera qu’heureuse, quatre jours plus tard, l’Algérie se «balade» contre la Corée du Sud, quatre buts à deux. Proposant un jeu alléchant, résolument offensif , les camarades d’Yassine Brahimi éblouissent le Mondial et vont faire mieux en passant aux quarts de finale en tenant en échec mister Capello et son équipe. Ils joueront l’Allemagne. Un match épique pour les Verts qui ébranlent sérieusement la citadelle Mannschaft.
L’Algérie quitte le Mondial la tête haute, très haute. Le peuple est content, l’Algérie a de nouveau séduit la planète foot, elle rêve d’autres sacres maintenant. Halilhodzic est parti, Gourcuff est arrivée. Le changement de sélectionneur se fait en douce, même si quelques voix se sont élevées çà et là pour demander au Bosniaque de rester encore en poste jusqu’à la prochaine CAN.
Au pays, c’est la reprise des entraînements des clubs pros, le mercato tire à sa fin, chacun s’est approvisionné selon ses moyens, le Mouloudia a tiré le ticket gagnant. Les meilleurs joueurs de l’USMH et leur entraîneur ont signé, ceux de l’ESS aussi. Le Mouloudia est l’un des plus sérieux favoris pour le sacre de cette saison. Comme d’habitude, le contingent des clubs qui partent en Tunisie se préparer est le plus gros.
Ebossé, la catastrophe
Le championnat débute le samedi 16 août. Une semaine plus tard, c’est le choc de la journée, JSK-USMA. Cette affiche se termine par un drame. Ebossé est mort. Le joueur camerounais de la JSK Albert Ebossé Bodjango a été tué par un objet contondant lancé à partir de la tribune. Tout le pays est en émoi. Plus qu’un drame, c’est une véritable catastrophe pour tout le pays. Après seulement deux journées, le championnat de football est neutralisé. La JSK est touchée dans ses fondements même. Le club kabyle qui, même aujourd’hui n’en finit pas de pleurer son joueur, est touché dans sa chair, le football algérien en entier est meurtri. Les hommages pour Albert Ebossé viennent de toute l’Algérie, tous s’inclinent devant la mémoire du meilleur buteur du championnat de la saison écoulée. Tous sans exception aucune, même les politiques. Quelques semaines plus tard, le championnat reprend ses droits dans une ambiance morose, à la limite funeste. Les jambes sont lourdes pour tous. Le cœur n’y est pas vraiment, mais on doit reprendre quand même.
Sétif, la sensation
En cette fin de l’été, un club s’attire les feux de la rampe, c’est l’Entente Sétifienne. Qualifiée pour les Poules de la plus prestigieuse compétition des clubs d’Afrique, l’ESS aligne les résultats positifs et montre clairement ses ambitions : se hisser dans le dernier carré. Une fois l’objectif revu à la hausse, le club d’Aïn El-Fouara appuie sur le champignon, et mate les plus terrifiants des clubs africains, le Tout-Puissant Mazembe est à terre, l’Aigle Noir est passé par là. L’ESS est en finale de la Ligue des champions africaine. Quelle belle histoire qu’est en train d’écrire le club sétifien ?! Et les Sétifiens ne vont pas s’arrêter en si bon chemin, stoïques ils vont forcer le passage et se hisser sur la plus haute marche du podium. Il est vrai qu’il y a eu de la joie, du bonheur pour cette année 2014 pour le football algérien, mais aussi des moments difficiles, pénibles.
M. O.
Kheiredine Madoui
Né le 27 mars 1977 à Sétif
L’année 2014 aura été marquée par la performance du jeune entraîneur de l’Entente de Sétif, Kheiredine Madoui. Agé à peine de 37 ans, le coach aura réussi à relever (l’impossible) pari de conduire une équipe à une victoire finale en Ligue des champions d’Afrique. La belle histoire à laquelle personne ne s’attendait, y compris les responsables du football national, a débuté quand Madoui a remplacé au pied levé Alain Geiger. Désigné entraîneur intérimaire, il s’affirmera rapidement. L’Entente réalise de bons résultats en compétition locale et en coupe d’Afrique. Madoui mène l’équipe en phase des poules de la Champions League. L’appétit vient en mangeant, il enchaîne par une belle qualification en finale de l’épreuve aux dépens de l’ogre congolais du TP Mazembe. L’Algérie se met alors à rêver d’une Ligue des champions que les clubs algériens ne pouvaient avoir. Devant les autres Congolais de Vita Club, Madoui défie tout le monde et rend le rêve réalité. L’Entente monte ostentatoirement sur le toit de l’Afrique. Un jeune technicien local réhabilite le cadre algérien. Madoui marque l’histoire du football algérien. C’est l’une de ses belles performances qu’il n’a pas pu obtenir en tant que joueur. Défenseur axial talentueux, et surtout élégant, Madoui fera l’essentiel de sa carrière à l’Entente de Sétif (1997-2000 et 2002-2005). Il enchaîne par un passage au CR Belouizdad (2000-2002). Ancien international, Madoui fait partie de la belle génération sacrifiée pendant les années de braise qu’a connues le pays.
Hemani Nabil
Né le 1re septembre 1979
Décédé le 12 juin 2014 (à 34 ans)
Ville : Alger
Par Rachid Hamadi
Le regretté Nabil Hemani a débuté sa carrière professionnelle au sein de l’OMR El Annasser en 2004. Au bout d’une belle saison avec ce club, il a été repéré par la JSK où il a brillé dès ses premières apparitions sous le maillot jaune et vert. L’attaquant quittera les Canaris en 2008 pour jouer une saison à l’ESS avant de revenir à la JSK où il jouera encore une nouvelle saison. En 2013, il quitte encore une fois ce club pour rejoindre sa formation du NAHD. Un club avec qui il accédera en L1. Arrivé à ce niveau avec les Sang et Or, il décédera à 34 ans à la suite d’un tragique accident après une chute mortelle qui a choqué toute la famille du football algérien. Ayant évolué dans plusieurs grands clubs, il a été sélectionné en équipe nationale en 2008 où il jouera 5 matches. Un homme qu’on n’est pas près d’oublier, surtout qu’il possédait de grandes qualités humaines et footballistiques.
Albert Dominique Ebossé Bodjongo Dika
Né le 6 octobre 1989 à Douala (Cameroun)
Décédé le 23 août 2014 à Tizi Ouzou (à 24ans)
Albert Ebossé qui nous a quittés cette année au stade de Tizi-Ouzou après avoir reçu un coup fatal est un attaquant camerounais qui était adulé par le public de la JSK. Avant d’atterrir dans ce club, il avait évolué auparavant au Coton Sport au Cameroun. C’est dans ce club que sa carrière professionnelle a débuté en 2008 et restera dans ce grand club deux saisons avant de se distinguer. En 2010, il rejoint l’autre club camerounais de l’Unisport de Bafang où il restera une saison. Convoité par plusieurs clubs, il rejoindra ensuite le Douala AC avec qui il marquera 9 buts en 10 matches. Par la suite, Ebossé quittera le championnat camerounais pour joindre celui de la Malaisie pour signer au Perak FA et y jouer en 2012-2013. Ses performances et ses 11 buts en 16 matches ont attiré l’attention de la JSK qui le recrutera en 2013. Durant sa première saison, il finira meilleur buteur de la L1. Au début de la saison en cours, il était bien parti pour rester sur la même dynamique avant de succomber au stade du 1er-Novembre où il aura inscrit un dernier but avant de rendre l’âme. Au total, il aura joué 41 matches avec la JSK et inscrit 21 buts au total. Le joueur de nationalité camerounaise était sur le point de rejoindre les Lions indomptables. Sa disparition tragique, qui a choqué les peuples camerounais et algérien, est l’un des faits marquants du football algérien.
Djamel Belmadi
Né le 25 mars 1976 à Champigny-sur-Marne (France)
Djamel Belmadi a débuté sa carrière de footballeur au sein du Paris SG. C’est en 1992 qu’il débute en professionnel chez les Parisiens où il jouera jusqu’en 1996. Après 4 bonnes années, il change de club pour signer au FC Martigues où il jouera en 1996-1997. Vite repéré par l’O Marseille, il rejoindra les Phocéens l’été 1997 et y restera une année où il n’aura pas beaucoup joué avant de rejoindre l’AS Cannes. En 1998, il change complètement de championnat pour tenter une expérience en Espagne pour signer au Celta Vigo en 1999. Ayant mûri et gagné en expérience, il reviendra à l’OM où il restera deux saisons et demie et jouera pas moins de 75 matches et inscrira 14 buts. C’est, en effet, une bonne année pour Belmadi puisqu’il sera convoqué en EN en 2000 pour mettre un terme à sa carrière internationale quatre ans plus tard, soit après la CAN. Il aura en tout fait 20 sélections et inscrit 5 buts avec l’Algérie dont un face à l’équipe de France lors du fameux 4-1. L’hiver 2003, il rejoindra le championnat d’Angleterre en quittant Marseille pour Manchester City. Six mois après, il reçoit une offre alléchante du club qatari d’Al Gharrafa de Doha et s’engagera avec ce club l’été 2003 avant de changer de club et aller à Al Kharytiath. Il reviendra en Premier League pour porter les couleurs de Southampton et rester dans ce club de 2005 à 2007. L’été 2007, il reviendra une dernière fois dans le championnat français et jouera deux saisons pour Valenciennes FC avant de passer de l’autre côté de la barrière.
Entraîneur en 2010
Raccrochant les crampons, Belmadi deviendra entraîneur. Sa première équipe sera Lekhwiya avec laquelle il réalisera une accession et remportera l’an d’après le championnat du Qatar. En 2013, il remporte la coupe du Golfe des nations avec les Olympiques du Qatar et refera le coup une année plus tard avec l’équipe A du même pays. N’ayant pas réussi à remporter de titres en joueur, la carrière d’entraîneur semble lui sourire et lui aussi aura marqué cette année qui sera certainement une de plus belles de sa carrière.
Vahid Halilhodi?
Né le 15 octobre 1952
Vahid Halilhodi? restera certainement l’une des personnalités qui auront marqués l’année 2014 en Algérie. L’ex-sélectionneur des Verts aura réalisé un parcours remarquable à la tête de la sélection algérienne.
Ancien attaquant vedette du PSG, il aura également drivé le club prestigieux de Paris. Après une riche carrière de joueur, l’international a débuté en 1976 avec la sélection yougoslave jusqu’à fin 1985. Passé par pas moins de onze équipes dont la sélection de la Côte d’ivoire, il arrivera en 2011 en sélection algérienne. Avant cela, il sera passé par Lille de 1998 en 2002 avant de rejoindre Rennes, puis le PSG en 2003 qu’il quittera en 2005. Mais sa plus grande expérience sera certainement l’année 2014 qui aura été sa dernière avec l’Algérie avec qui il jouera une Coupe du monde après avoir raté la CAN 2013. Il réussira une qualification historique avec les Verts en huitièmes de finale et concédera une défaite face à l’Allemagne sur le score de 2 à 1 après les prolongations. La National Mannschaft remportera cette coupe du monde 2014 et marquera l’histoire en battant le Brésil par 7 buts à un. Vahid Halilhodzic deviendra le héros de tout un peuple. Après la Coupe du monde, les Algériens lui ont demandé de rester alors qu’il avait déjà pris sa décision de partir. Même le président de la République lui avait demandé de rester, mais Vahid a choisi de quitter l’EN pour aller retrouver le Trabzonsport où il n’aura pas fait long feu en raison de ses résultats négatifs. Cependant, Vahid restera certainement une des plus grandes personnalités de l’Algérie du football grâce notamment à la qualification en huitièmes de finale de la Coupe du monde et aura gravé son nom dans l’histoire grâce à cette année 2014.