Cette 30e édition de la coupe d’Afrique des nations restera comme l’édition qui aura vu le moins de supporters algériens présents dans le tournoi.

Comme on le sait, faute d’installations et d’infrastructures, notamment les établissements hôteliers, les Vets ont été privés de leurs supporters pour cette compétition. En effet, cette mesure a été décidée par l’Etat et par les agences de voyage qui n’ont pas pu trouver de formule adéquate pour favoriser le transport de fans algériens à Mongomo. Cependant, si tout le monde a suivi à la lettre les consignes du ministère et des agences de voyage, cela n’a pas été le cas pour 6 personnes. 6 mordus de l’équipe nationale qui ont bravé les interdictions et toutes les difficultés et se sont retrouvés dans la ville de Mongomo pour suivre le déroulement de la compétition et soutenir les Verts au cours de leur match. Il s’agit d’Issam Oulmi, natif de Barika, Abdelkader Abdeldjebbar (Frenda, Tiaret), Ouadi Kadi (Reghaïa), Hamza Nedjadi (Saïda), Khaled Mezhoudi (les Issers, Boumerdès) et de Merouane Khemiri (Oued El-Alleug). Ces six supporters n’ont pas hésité un instant à faire le déplacement en Guinée Equatoriale par leurs propres moyens, sans attendre l’aide de personne et ont fait le long périple via Casablanca pour rejoindre Mongomo. Une fois sur place, ils ont directement pris la direction du stade municipal de Mongomo pour donner un parfum de Blida à une des séances d’entraînement des Verts qui étaient à la fois contents et surpris de voir leurs compatriotes se rendre aussi loin et bravant la chaleur et toutes les incommodités de la vie pour suivre une équipe nationale qui porte les espoirs de tout un peuple durant ce tournoi. Les 6 hommes sont de différentes tranches d’âge, mais ce paramètre peut sembler anodin, car avant tout, c’est l’amour de la patrie et de l’équipe nationale qui les a décidés à faire le périple pour être un tant soit peu le soutien moral des Algériens durant la compétition. Réglés comme une horloge, ils se présentent chaque jour aux entraînements pour soutenir les Verts et saluer le coach sans oublier bien sûr de mettre une belle ambiance avec leurs cris «1,2,3 Viva l’Algérie» Les 6 hommes sont très vite devenus l’une des attractions de la ville car ils suscitent la sympathie de tout le monde qui demande à poser en photo avec eux. 

 

Le Mauritanien
l’un des impératifs ici à Mongomo, c’est le fait que les supporters algériens n’ont pas pu trouver d’établissement pour les accueillir, de ce fait, ils n’ont pu se déplacer. Même nos confrères arrivés en retard ont trouvé les pires difficultés pour trouver un logement décent pour prendre leurs quartiers et s’installer durant le séjour des Verts dans cette ville. Alors comment s’en sont sortis les six supporters ?  Il faut dire que c’est grâce à l’aide d’un ressortissant mauritanien qui leur a fourni une habitation qu’ils ont louée et dont les conditions de vie sont acceptables surtout que, partout, les autres établissements sont tous trop chers puisque la simple nuitée revient à presque 200€. Il aura donc fallu que le Mauritanien fasse le geste et accueille les hommes en question en leur fournissant le logement et des conditions d’hébergement acceptables. D’ailleurs, ils disent tous : «Nous, quand on est arrivés, on s’est vu proposer des habitations trop cher à plus de 200€ la nuit dans certains cas, cependant, il y a eu le Mauritanien qui nous a accueillis et on a trouvé nos aises. C’est vrai que tout n’est pas parfait mais ce n’est pas l’horreur non plus. On mange et on a où dormir, c’est l’essentiel.»

 

Une habitude de suivre les Verts
Pour avoir le privilège d’assister à la plus prestigieuse des compétitions africaines, ces hommes ont dû payer le prix fort. Pas moins de 3000€ ont été nécessaires pour qu’ils débarquent ici. Ils n’en sont d’ailleurs pas à leur première puisque pour Aâmi Abdelkader et Kadi par exemple, c’est presque une tradition désormais de suivre la CAN et la coupe du Monde avec les Vets. Kadi, par exemple, a déjà vu 4 coupes d’Afrique et deux coupes du Monde, ça témoigne du grand attachement qu’il a envers cette équipe qui a procuré tant de bonheur et de joie chez les Algériens depuis son retour en force lors des dernières années.  Cette année, la donne n’a donc pas changé et ce malgré toutes les difficultés, ces hommes sont bel et bien là et ont suivi les deux premières rencontres face à l’Afrique du Sud et au Ghana. D’ailleurs, hier, ils se sont présentés encore une fois à la séance d’entraînement et ont encouragé les joueurs à leur arrivée au stade municipal Nguema. Ils sont devenus en un laps de temps très court, une véritable attraction pour tout le monde puisque télés, radios et même presse étrangère s’intéressent à eux et à leur histoire qui est au final une bien belle histoire, celle de supporters qui sont venus en Guinée Equatoriale juste pour suivre leurs favoris et les encourager tout en ayant l’espoir de les voir atteindre un tour avancé dans la compétition.

Malgré les recommandations
Quelques semaines avant le coup d’envoi de la compétition, le ministre des Sports, Mohamed Tahmi, douchait les derniers espoirs des supporters algériens qui attendaient un geste des instances pour un pont aérien afin de transporter les supporters sur place. D’ailleurs, le ministre avait même recommandé aux supporters algériens de ne pas s’y rendre. Cependant, pour les aventuriers algériens, pas question d’être déçus ou désespérés, il fallait absolument faire le déplacement et surtout ne pas rater un évènement d’une telle envergure avec des Verts qui peuvent faire la différence. Malgré les recommandations et les messages priant les fans de ne pas se déplacer, ces derniers n’ont pas donné suite à ce paramètre puisque rien n’aurait pu entraver leur grande volonté de rejoindre la Guinée et de faire la part des choses en jouant le rôle qui est le leur, c'est-à-dire celui de supporters.

Le Canadien
Les 6 hommes ont été rejoints depuis peu par un 7^e larron, il s’agit de Remdane Tezeka qui vit au Canada et qui est venu spécialement pour suivre les rencontres des Verts et apporter lui aussi son soutien indéfectible au onze national. D’ailleurs, comme relaté lors de notre édition d’hier, il est l’instigateur du message de condoléances à l’intention du coach.

Malabo
Maintenant que l’équipe nationale s’apprête à quitter Mongomo (du moins momentanément en attendant son classement final) pour rejoindre la capitale pour y jouer son dernier match, Issam, Kadi, Hamza, Aâmi Abdelkader et compagnie ont fait savoir hier qu’ils allaient prendre l’après-midi, la direction de Malabo pour aller prendre leurs quartiers là-bas. En effet, pour eux, il s’agira de faire le déplacement pour accueillir les joueurs et les encourager encore à donner le meilleur d’eux-mêmes durant la dernière rencontre face au Sénégal. Ainsi, ces fans sont comme des pigeons voyageurs, n’importe où va l’équipe nationale, ils se déplacent avec elles et font le nécessaire pour la soutenir du mieux qu’ils peuvent. Une belle preuve d’amour.

En attendant le trophée
Par ailleurs, même s’ils ne le disent pas clairement, ils sont convaincus que les Verts vont se transcender pour se qualifier pour la suite du parcours et aller chercher un titre qui n’est pas revenu en Algérie depuis maintenant 25 ans. Au fond d’eux-mêmes, ils sont convaincus que cette équipe peut aller chercher le sacre final.

I. Z.

Kadi (Réghaïa) : «Peu importe la distance, vive l’Algérie»
Le premier à prendre la parole, c’est l’Algérois Kadi qui affirme : «Je n’en suis pas à ma première coupe d’Afrique. J’ai assisté aussi à deux coupes du Monde. Mon seul souci c’est de voir l’équipe nationale et de la voir gagner ses matchs. C’est vrai que face au Ghana, ce n’était pas évident, mais je suis convaincu que ça ira et qu’on pourra se qualifier pour la suite du parcours.»

Issam : «On est à fond derrière les Verts»
Pour sa part, Issam de Barika abonde dans le même sens : «On était tous déçus par la tournure prise par les événements au cours de la rencontre face au Ghana mais cela ne doit pas tout remettre en cause. On sera à Malabo pour suivre les Verts et on espère qu’ils vont faire un gros match et se qualifier.»

Merouane : «La victoire, rien que la victoire»
Meroune, le gars des Issers, est lui plus pertinent et ne pense pas à un autre scénario possible : «Franchement, perdre de la sorte est vraiment difficile. Maintenant, il faudra chercher la qualification à Malabo. Un seul mot d’ordre, la victoire, rien que la victoire. On ne peut pas se permettre un autre résultat.»  
I. Z.