Pas évident de rester en stage sans voir la famille et les amis pendant près de 25 jours. Certes la première partie de ce rassemblement a eu lieu en Algérie, entrecoupée par un match amical en Tunisie, mais depuis le 15 janvier dernier, c’est-à-dire pendant près de 10 jours maintenant, les joueurs de notre équipe nationale se trouvent à Mongomo au niveau de leur camp de base, l’hôtel Akoakam. Il est vrai que la Fédération algérienne de football a fait de son mieux pour mettre l’équipe dans les meilleures conditions possibles, mais les poulains de Gourcuff sont malgré tout contraints de passer la majorité de leur temps dans leurs chambres lorsqu’ils ne sont pas à l’entraînement. Il y a un manque criant d’infrastructures dans cette ville de Mongomo, il n’existe aucun endroit pour que les joueurs puissent prendre un peu d’air. D’ailleurs pour effectuer une balade, les joueurs étaient à chaque fois contraints de sortir et de marcher dehors sous un soleil de plomb : «Ce n’est vraiment pas évident pour les joueurs de rester 24H/24 dans un hôtel pendant plusieurs jours, il y a de quoi devenir fou», nous a fait savoir un membre de la délégation avant de poursuivre : «Pour tenir dans ces conditions, il est impératif d’avoir un bon état d’esprit sinon impossible de résister», nous a-t-il précisé.
L’état d’esprit, justement un paramètre évoqué par le capitaine Madjid Bougherra avant-hier en conférence de presse lorsqu’il a déclaré : «En équipe nationale les choses étaient claires depuis le tout début. On est tous une famille unie pour défendre les couleurs du drapeau national, donc s’il y a quelqu’un qui peut mettre en péril le groupe il n’a qu’à partir», a fait savoir Bougy vendredi soir.
Une déclaration qui n’est bien évidemment pas du tout anodine, puisque depuis le premier match face à l’Afrique du Sud certains éléments qui a priori ne font pas partie des plans de l’entraîneur national font la fine bouche. Certains au sein de la sélection évoquent même le fait que les joueurs issus du championnat national sont lésés, vu qu’ils ne jouent pas. Pour ces derniers, la meilleure preuve c’est face au Ghana, aucun joueur local n’avait été titularisé, chose qui n’est pas arrivée depuis le fameux match face au Maroc à Marrakech en juin 2011, où les Verts avaient essuyé une lourde défaite de 4 buts à 0.
Il faut dire aussi que Hilal Soudani et Abdelmoumen Djabou ne sont pas les seuls à avoir le sentiment qu’ils n’ont pas encore eu leur chance durant cette CAN, puisque même Islam Slimani était très déçu de ne pas jouer d’entrée face au Ghana. Lui qui est le buteur attitré de l’EN avec 14 réalisations pensait pouvoir confirmer après la rencontre face à l’Afrique du Sud avec son troisième but marqué, mais au final c’est Ishak Belfodil qui lui a été préféré. D’ailleurs on croit savoir qu’il aurait eu une discussion avec l’entraîneur adjoint Yazid Mansouri par rapport à cela. C’est pour dire que la pression que vit actuellement le groupe confiné au niveau de l’hôtel influe sur beaucoup sur le moral. Du coup, c’est le capitaine Madjid Bougherra qui a pour mission de remobiliser un peu tout le monde 48 heures avant ce match décisif face au Sénégal. Il sera certainement épaulé dans sa mission par d’autres cadres de l’équipe à l’image de Halliche, Mesbah ou Lacen. On a d’ailleurs pu voir hier avant l’entame de la séance le défenseur des Verts discuter longuement avec Djabou et Soudani pour les motiver. Une façon de leur préciser que s’ils sont là c’est qu’ils sont importants pour l’équipe.
Ainsi donc, et en plus de corriger le tir sur le plan technique après-demain face à la troupe d’Alain Giresse, il est impératif de retrouver un bon état d’esprit. Un état d’esprit qui a fait justement que l’Algérie passe pour la première fois de son histoire en huitième de finale d’une Coupe du monde. Un état d’esprit qui a aussi fait que les Verts battent la grande équipe d’Egypte au Soudan avec une équipe décimée puisqu’il y avait près de 9 blessés. Un état d’esprit qui a emmené aussi l’Algérie à s’imposer face à la grande sélection de la Côte d’Ivoire en 2010 à Cabinda en Angola pour atteindre le stade des demi-finales.
Il est clair que ce n’est pas évident pour des joueurs compétiteurs de rester sur le banc de touche et de ne pas jouer, mais dans un match de football seul onze éléments peuvent être alignés sur le terrain, et le maître à bord au sein de cette équipe algérienne c’est Christian Gourcuff. Lui seul peut décider, les joueurs, eux, doivent non seulement respecter ses choix mais aussi rester solidaires s’ils veulent que l’Algérie ait encore une chance de passer pour les quarts de finale de cette compétition, cinq ans après la CAN en Angola. Le mot d’ordre est donc clair : retrouver un bon état d’esprit qui fait les beaux jours des équipes comme la RDC ou même la Guinée en cette compétition et qui avait permis à une équipe comme la Zambie de remporter le titre continental en 2012.
A. H. A.