Enrico Fabbro, l’ancien coach italien du MCA, estime que la venue d’Artur Jorge en milieu de saison est une erreur. Il explique pourquoi.

Suivez-vous l’actualité du MCA, votre ancienne équipe ?

Oui, je consulte tous les jours la presse sportive algérienne pour m’informer. Je pense que la décision de confier l’équipe à un technicien qui n’a jamais travaillé en Algérie est une erreur. De plus, c’est un entraîneur vieux qui court vers ses 70 ans. Ce n’est pas bien pour le Mouloudia. Il n’est pas aisé pour un entraîneur européen, qui vient pour la première fois en Algérie, de gérer la pression de l’environnement extérieur. C’est très différent.

Donc, Artur Jorge au MCA est une erreur ?

Quand on veut monter un projet avec un entraîneur européen, on le fait venir en début de saison pour qu’il puisse choisir ses joueurs et que ceux-ci aient le temps de s’adapter à sa méthode de travail. Ce n’est possible en février, surtout quand il est vieux et n’a jamais exercé en Algérie. 

En plus, cela faisait 7 ans qu’il était sans club…

Je ne comprends pas la décision des dirigeants du MCA. Je sais que ça peut ravir les supporters, qui pensent disposer d’un technicien ayant un curriculum vitae appréciable, mais on oublie que le football est très différent en Algérie, que ce soit au niveau de la pression médiatique que sur le plan technique et tactique. Cela n’a rien à voir avec le football en Europe. Cela reste mon avis.

Il aurait été préférable de faire appel à un technicien algérien ?

Oui, ou alors à Fabbro ! J’assurerai le maintien du MCA gratis puis je retournerai à la maison ! Ou bien je ne toucherai pas le moindre sou jusqu’à assurer ma mission. Non, sérieusement, je dis ça juste pour plaisanter. Le Mouloudia est le club le plus important en Algérie, il a une histoire et des millions de supporters. Personnellement, quand j’ai débarqué la première fois au club, je suis certes arrivé en janvier-février aussi. Mais j’avais l’avantage de disposer de Jacky Roche, le préparateur physique, qui me donnait beaucoup d’informations sur l’équipe. Ce n’est qu’après un temps que j’ai changé un peu les choses sur le plan tactique. En outre, j’avais aussi le précieux concours de Meguellati, qui connaissait aussi les joueurs, la situation et la politique du club. Ma tâche était ainsi facilitée. Mais on débarque pour la première fois, avec un nouveau staff, ce n’est pas évident.

Que doit faire maintenant le MCA pour éviter la relégation ?

Oui, j’y crois.

Même si tous les ingrédients de l’échec sont encore en place ?

Pour moi, il manque juste ce qu’on appelle un déclic. Avec tous les joueurs qu’a le Mouloudia, il est impossible qu’il demeure à la dernière place. Les dirigeants du MCA ne m’ont pas sollicité, mais s’ils le faisaient, je viendrai à pied. La clé maintenant n’est pas au niveau physique ou technique, mais sur le plan de la mentalité. Comme on ne peut pas changer tous les joueurs, il faut changer le staff technique, c’est l’histoire du football qui le dit.

H. D.