L’hôtel où sont hébergés les Verts au Qatar a connu un mouvement inhabituel hier matin. La raison : l’information parue hier dans ces même colonnes relatant le tête-à-tête Raouraoua-Mesbah durant lequel ce dernier avait fait part au premier de son ras-le-bol d’être ignoré par Christian Gourcuff avant de lui annoncer son intention de décrocher définitivement et de quitter le stage pour rejoindre son équipe.
Raouraoua provoque une réunion d’urgence
Mohamed Raouraoua, vraisemblablement gêné et embarrassé de voir ce genre d’infos filtrer et sortir dans un journal national, a piqué une grosse colère. Comme à ses habitudes, il a provoqué une réunion d’urgence avec quelques membres des différents staffs dans le but de découvrir qui était la «taupe», pour reprendre ses propos. «C’est inconcevable ! Ce genre d’infos ne doit jamais sortir dans la presse. Ce qui se passe ici doit rester ici. Je ne sais pas pour le moment qui a fait sortir l’information, mais je le saurai…», menacera-t-il.
C’est Feghouli qui a calmé Mesbah
Convoqué, Djamel Mesbah s’est joint à la petite réunion. Le joueur surpris de voir tout ça sortir le lendemain dans la presse était très gêné. Embarrassé, lui aussi a reproché le manque de discrétion au sein de la sélection. Les débats ont duré quelques minutes. Les présents se sont vite mis d’accord pour que le joueur fasse lui-même un démenti. Hésitant au début, Djamel Mesbah a fini par accepter, et ce, même s’il savait que son démenti ne sera qu’une stratégie pour protéger le groupe et étouffer l’affaire. Il est important de signaler le grand rôle joué par Sofiane Feghouli dans cette affaire. Le numéro 10 de la sélection algérienne, très proche de Djamel Mesbah, est resté avec lui pendant un long moment. C’est lui qui l’a calmé et convaincu de ne pas se précipiter à prendre une décision. Il l’a même convaincu de monter dans sa chambre pour se remettre les idées en place.
Et si c’était la veille d’un match officiel
Que la FAF a décidé d’user de tous les moyens pour convaincre Djamel Mesbah de démentir l’information est tout à fait normal. Elle est dans son rôle. D’ailleurs, à Compétition, on savait dès le début qu’il y aurait démenti le lendemain. Le contraire aurait été anormal, voire révolutionnaire. Et si on avait décidé de publier cette affaire, c’est par devoir envers nos lecteurs, mais aussi et surtout pour le bien de notre sélection nationale. On aurait pu étouffer l’affaire ou au moins la mettre au frigo et laisser ce second match passer pour éviter de perturber le groupe si l’incident s’était produit la veille d’ un match officiel, mais parce qu’il ne s’agit que d’un match amical, sans enjeu aucun, on a choisi de tirer la sonnette d’alarme pour que ce genre d’incidents ne se reproduise pas.
Ce groupe ne vit pas bien
Raouraoua Mohamed a fait comprendre à Mesbah que ce genre d’informations pouvait nuire à l’équipe et surtout à son image vis-à-vis de ses partenaires. On ne sait pas avec détail ce qui s’était dit exactement entre les deux hommes lors de leur tête-à-tête samedi dernier dans la soirée, mais ce qu’on sait et ce dont on est certain, c’est que ce joueur a bel et bien pété un câble. Qu’il le regrette aujourd’hui est tout à fait normal. C’est même une bonne chose. Néanmoins, ce qui doit être dit, on le dira. Ce groupe ne vit pas bien. Ghilas, Soudani, Djabou, Bounedjah et maintenant Mesbah. Le malaise est là. La FAF doit prendre les devant pour remettre de l’ordre dans sa maison. Gourcuff, de son côté, se doit de revoir certaines choses, notamment dans sa gestion du groupe s’il veut éviter que ça lui explose un jour en pleine figure.
Le lapsus révélateur
Comme prévu donc, Djamel Mesbah s’est présenté devant la presse avant la séance d’entraînement d’hier pour faire son démenti. Mais avant, le joueurs de la Samp’ est resté en compagnie de Mohamed Adel Hadji, responsable du service presse à la FAF et Abdelkader Berdja, ancien responsable de la communication de la FAF, plusieurs minutes. Ces deux derniers lui faisaient certainement réciter ce qu’il devait dire et ce qu’il devait surtout ne pas dire. Djamel Mesbah, faisant mine de nier avoir piqué une colère en apprenant qu’il ne figurait pas dans le onze de départ du match d’aujourd’hui, dira au cours de son speech : «Cette information a été donnée une demi-heure après mon tête-à-tête avec un membre de la fédération…» Déjà là, Mesbah avoue qu’il y a eu bel et bien un tête-à-tête. Ensuite, comment Mesbah peut-il affirmer que «l’info» a été donnée une demi-heure après son rendez-vous, alors que le journal n’a paru que le lendemain !? Quoi qu’il en soit, Mesbah pourra faire 100 démentis, cela n’enlèvera en rien au fait que le latéral gauche de la Samp’ n’ayant pas joué le premier match de ce rassemblement de Doha, contre le pays hôte, et ayant bien vu après que même pour le match d’aujourd’hui il n’est pas dans le onze et pourrait même rester une heure et demie sur le banc a perdu son sang-froid.
Il fallait bien que quelqu’un tire la sonnette d’alarme !
Mesbah n’est pas content de son statut de remplaçant, ne jouant aucun match lors de la dernière CAN et voilà que même dans les matches amicaux il ne joue pas. C’est le requiem pour lui, c’est clair, sachant que Gourcuff parle de projet à moyen et long termes. C’est le glas qui sonne pour lui. Il est très fort probable que c’est son dernier stage avec les Verts. Quand on est énervé de ne pas voir son nom dans la liste des onze, on ne se confie pas à une tierce personne, on demande des explications au coach. Lui, il avoue en avoir fait part de son mécontentement à quelqu’un, nous on sait à qui et on l’a dit. Il faudra à la fin signaler que notre intention n’était pas de nuire au joueur, bien au contraire. On avait la responsabilité et le devoir envers nos lecteurs de dire la vérité et on l’a fait. Après tout, il fallait bien que quelqu’un tire la sonnette d’alarme !
A.B.