Tahmi : «Ce qui s’est passé au Caire est une mascarade»

Depuis mercredi dernier à 14h, le comité exécutif de la Confédération africaine de football a enterré les chances algériennes de se voir attribuer l’organisation de la prochaine édition de la CAN 2017.

Le «petit» pays pétrolier du Gabon a finalement été préféré à l’Algérie pour abriter ce tournoi. Que s’est-il passé au juste pour que l’Algérie soit déclassée de cette façon ? Est-ce réellement le jeu des coulisses qui a plaidé en faveur des Gabonais ? Est-ce que le dossier algérien était moins conséquent que celui du Gabon ? Ceux qui étaient chargés de faire aboutir notre candidature n’ont-ils pas bien rempli leur mission ? De nombreuses questions qui taraudent l’opinion publique locale toujours sous le choc de l’échec. Le ministre des Sports, Mohamed Tahmi, a tenté hier d’apporter des explications. Dans la salle des conférences du stade olympique du 5-Juillet, le ministre des Sports tente d’abord de dépassionner les débats soulignant avoir «oublié» le séisme cairote imputant la responsabilité du non-aboutissement de la candidature de l’Algérie au manque de transparence dans la désignation de la nation hôte de la coupe d’Afrique des nations. «Le fait que nous n’avons pas réussi à remporter l’organisation de la CAN n’est pas une défaite. Je crois plutôt que c’est l’échec de la Confédération africaine dont le système de vote fait apparaître des dysfonctionnements. Ce qui s’est passé mercredi dernier au Caire est une mascarade. Le dossier algérien était tellement solide et répondait bien au cahier des charges.  D’autres considérations sont rentrées en jeu dans le choix du pays organisateur. L’Algérie refuse le jeu des coulisses pour l’aboutissement de ses projets. Si nous avons maintenu notre candidature, c’est parce que nous avons eu des garanties quant à la transparence du vote», dira le ministre.

 

«L’Algérie a mis à nu les dysfonctionnements de la CAF»

Le premier responsable du secteur des sports en Algérie est allé jusqu’à affirmer le mérite algérien dans la démystification de l’opacité «cafienne». Il explique : «Avant le vote pour la désignation des pays organisateurs des coupes d’Afrique des nations de 2019 et de 2021, nous avons eu, la veille, des échos quant à leur attribution au Cameroun et à la Côte d’Ivoire. Des décisions prises dans les cercles légaux du comité exécutif de la CAF. A partir de là, nous avons demandé des garanties de Hayatou avant d’officialiser notre candidature pour la CAN 2017. Le fait de ne pas avoir remporté l’organisation de ce tournoi n’est nullement un échec, car l’Algérie aura réussi tout de même à mettre à nu les dysfonctionnements de la Confédération africaine. Cette structure est gérée loin de toute forme du respect des règlements.» Afin de souligner le manque de transparence de l’instance du Camerounais Issa Hayatou, l’invité du forum de l’Organisation nationale des journalistes sportifs algériens (ONJSA) évoque la désignation de la Guinée pour l’organisation de la CAN 2023. «La Guinée a été désignée dans l’ambiguïté totale. Il n’y avait même pas de dossier de candidature», stigmatise le conférencier.

 

«Nous ne comptons pas déposer un recours»

En dépit de «l’injustice et du sentiment de révolte» exprimé par le professeur Mohamed Tahmi devant le parterre de gens de la plume chargés de couverture, l’orateur affirme que l’Algérie n’a pas l’intention de déposer un recours auprès des parties compétentes pour la révision de la décision. «L’option de procéder à un recours n’est pas inscrite dans nos plans d’action. D’ailleurs, les règlements de la CAF sont tellement opaques qu’on ne prévoit pas une telle option», estime le professeur Tahmi estimant que cela ne sert à rien dans la mesure où la gestion de la structure continentale se fait de manière ne répondant pas à l’éthique sportive.

 

«Nous répondrons à Hayatou intelligemment»

Tout en soulignant que l’Algérie ne prévoit pas l’introduction d’un recours, il n’en demeure pas moins, selon les propos du ministre, qu’une réaction sera réfléchie pour des changements à l’avenir. Quelle sera la prochaine stratégie algérienne ? Tahmi ne donnera pas plus d’informations, se contentant de dire : «Il est clair que nous allons changer de politique à l’égard de la CAF. Cela ne doit pas cependant se faire dans la précipitation. Il faudra penser à une stratégie s’inscrivant dans la durée et qui doit mener à un changement. Les choses ne doivent plus rester en l’état, car le football africain a droit à une gestion plus saine.» Plusieurs acteurs de la scène sportive nationale sont montés au créneau appelant au durcissement des relations avec la CAF. Mohamed Mecherara, ancien président de la défunte LNF, a appelé même à une campagne pour déchoir Issa Hayatou de son poste de président de la Confédération africaine.

 

«J’en veux à Berraf»

Au sujet toujours de la désillusion algérienne dans l’organisation de la phase finale de la CAN 2017, Mohamed Tahmi n’a pas manqué de se plaindre du président du COA, Mustapha Berraf, assis à ses côtés. «J’en veux à Berraf d’avoir déclaré que la CAN 2017 risque de ne pas être donnée à l’Algérie», a-t-il dit. Le patron du COA avait lâché une bombe quelques mois avant la désignation du pays organisateur annonçant avoir des informations sur l’attribution du tournoi aux Gabonais.

M. F.

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