Bergui : «Notre arbitrage est manipulé»

Abderrahmane Bergui, l’ancien arbitre international algérien, sonne l’alerte. Pour lui, notre arbitrage est otage de certains manipulateurs qui tirent les ficelles.

En tant qu'ancien arbitre international, quel regard portez-vous sur l'arbitrage ?

Ces derniers temps, on voit que notre arbitrage est manipulé par des gens qui y ont des intérêts personnels. Tout cela doit cesser ! On a de très bons arbitres. Malheureusement, ils évoluent dans des conditions extrêmement difficiles. Il y a des gens qui ont une influence considérable sur la Ligue de football professionnel.

Pouvez-vous aller droit au but et livrer des noms ?

Malheureusement, je ne le peux pas, faute de preuves. Quand il s'agit d'inviter les gens à témoigner, elles se rétractent. Mais les personnes dont je parle sont connues dans le milieu du football, on sait qu'elles manipulent l'arbitrage.

L'affaire Haïmoudi a fait beaucoup de bruit, quel est votre avis à ce propos ?

Dans une Fédération qui se respecte, une invitation atterrit sur le bureau du secrétaire général, qui en informe le président, lequel en touche un mot ensuite au concerné pour voir s'il doit répondre ou non à l'invitation. Pourquoi recourir à la bassesse de cacher la convocation ? On est en inter-quartiers ? Je ne suis pas en train de défendre Haïmoudi, il est assez grand pour le faire tout seul, sauf que je trouve le procédé vil. J'ajoute que Khellil Hammoum, le président de la Commission fédérale des arbitres, n'a rien à voir dans ce dossier. Je n'ai pas compris pourquoi il s'est impliqué alors que ce n'est pas de son ressort. Aussi, malgré tout son passé glorieux, je me demande encore pourquoi Haïmoudi ne fait pas partie de la Commission fédérale des arbitres. Il faut qu'on nous dise ce qu'on lui reproche au juste.

Le phénomène de la violence a refait surface, qu'en dites-vous ?

On est en train de combattre ce problème uniquement par le huis clos. Les causes de la violence sont multiples et connues. Il y a d'abord les déclarations incendiaires des dirigeants, qui influent sur le comportement des jeunes supporters, qui sont très faciles à manipuler. Il y a ensuite la gestion des stades, une gestion parallèle imposée par des pseudo-supporters qui dictent leur loi. Ceux-là imposent leur diktat aux dirigeants. Qui est responsable de cette situation ? C'est la Fédération et la Ligue qui doivent prendre leurs responsabilités à l'intérieur du stade. Le DG de la police a déclaré qu'il n'assurerait plus la sécurité dans les stades et il a raison car, sur la scène internationale, on ne trouve pas des policiers dans les stades. Cela fait partie des prérogatives des stadiers et du commissaire au match, sous l'égide de la Fédération. Le travail du service d'ordre se fait à l'extérieur du stade.

Mais il faut définir aussi le rôle du stadier...

C'est vrai. Aujourd'hui, on a affaire à des videurs qui enfilent les chasubles et partent à la chasse des arbitres, des joueurs adverses et des journalistes qui n'ont pas rédigé des articles dans le sens souhaité par le club. Le club des supporters a un grand rôle à jouer quand il est élu, malheureusement il s'autoproclame chez nous. Où va-t-on comme ça ? Où sont la FAF et la Ligue dans tout ça et que font-elles pour remettre de l'ordre dans la maison ? Le huis clos ne résout pas la violence. On parle de professionnalisme aujourd'hui avec des esprits d'amateurs.

H. D.

 

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