Samir Zaoui, l’emblématique défenseur international de l’ASO Chlef, arrête sa carrière de footballeur. Il revient sur une saison qui a envoyé son club de toujours en Ligue 2 Mobilis.

La relégation de Chlef est-elle une catastrophe ?

Non, pas à ce point, comme dit, on recule des fois pour mieux sauter. Plusieurs facteurs ont contribué à cette descente. Il y a le changement de la politique au sein de l'équipe, le manque de moyens, la mauvaise préparation, etc. Mais quand on descend, il ne faut pas se dire que c'est cuit. Au contraire, il faut réagir comme des hommes. Il faut essayer de cerner les raisons qui ont abouti à l'échec et trouver les remèdes. On ne va pas continuellement pleurer notre sort. Si on y voit de plus près, on se rendra compte que nous sommes tous responsables de cette situation.

Le public de l'ASO est mécontent, il a même essayé d’organiser une marche pour réclamer le changement…

Ils ont essayé de faire une marche effectivement afin de mettre la pression sur les autorités locales pour qu'il y ait une autre équipe. Mais le problème n'est pas là. D'ailleurs, en début de saison, quand on voyait la qualité de notre effectif, on se disait que l'ASO allait jouait les premiers rôles. Il faut dire aussi que la chance n'était pas de notre côté. Regardez El-Eulma, elle est tombée en ayant la meilleure attaque d'un championnat très irrégulier. Je crois qu'il y a des équipes qui se sont maintenues mais qui ne sont pas plus fortes que les trois reléguées. Il y a aussi quelque chose qui a énormément pénalisé notre équipe.

Laquelle ?

Certains de nos joueurs étaient ciblés par le public, c'était toujours les mêmes qu'on insultait. Le match n'avait pas commencé qu'on les invectivait déjà, ce n'est pas normal ! Comment veut-on que ces joueurs aient ensuite un bon rendement ? Malheureusement, on a pris l'habitude de tout mettre sur le dos des joueurs. Qu'ont fait les supporters de leur côté ? Ont-ils joué pleinement leur rôle ? Aujourd'hui, je peux vous assurer que les éléments ciblés étaient ceux qui essayaient de se donner le plus sur le terrain. Malheureusement, on a tout fait tout pour les casser.

Le public de Chlef réclame une équipe constituée exclusivement de joueurs de la région...

Ils sont où ces joueurs natifs de Chlef qui font des merveilles dans notre championnat ? Qu'on nous les montre et on mettra en place l'équipe aussitôt. Arrêtons de nous leurrer. Chlef a cessé de s’occuper de la formation. Les joueurs passent d'une catégorie à l'autre, mais ils finissent en dernier par stagner. Il y a un problème quelque part, il faut le déterminer. Ceux qui font une telle revendication, je leur dis qu'il y a un seul joueur de la région qui brille : il s'appelle Soudani et il joue au Dynamo Zagreb ! Allez le recruter si vous le pouvez.

Votre discours ne risque pas de trouver un écho favorable auprès des fans du club...

C'est simple, le seul discours logique est que le maillot de l'ASO doit être porté par les plus méritants, qu'ils soient de la région ou d'ailleurs. Ensuite, nous avons les U18 et les U17 qui arrivent, il faudra qu'on se base là-dessus à l'avenir. Si on veut absolument des joueurs de la région, il faut désormais donner les moyens à ces deux catégories qui montent.

Quel est votre avenir à l'ASO ?

Le foot, c'est bon, je l'arrête. J'ai assez donné et, de toute façon, la blessure m'empêche de poursuivre. Et, en plus, je n'ai plus l'envie de continuer.

Allez-vous intégrer le staff technique ?

C'est hors de question en Algérie ! Je pourrais prendre une équipe de mongoles dans n'importe quel pays sauf diriger une équipe en Algérie. J'ai un seul objectif avec l'ASO : faire de mon mieux pour aider la progression des U17 et U18 de Chlef. Je ne veux aucun poste officiel, mais maintenant que j'ai du temps, je veux aider les jeunes de mon club de toujours.

H. D.