Que dites-vous du fait de se préparer durant le Ramadhan ?
C'est la troisième ou quatrième année de suite que le Ramadan coïncide avec l'intersaison, donc avec la période de préparation et en forte chaleur estivale. Là, justement, tous les acteurs du football chez nous sont interpellés sur le sujet. Je me demande comment on ne s'est pas encore penchés d'une manière sérieuse sur cette question, pourquoi on ne l’a pas traitée sur un plan scientifique. On a pourtant des médecins spécialisés dans le football en mesure de nous édifier sur la question.
Ce n’est pourtant pas la mer à boire…
Oui, des investigations poussées devraient nous permettre d'avoir un modèle type d'entraînement durant le Ramadan, surtout en saison estivale. Cette année, on pourrait dire que c'est demi-mal, puisque la préparation intervient durant la seconde moitié du mois sacré. Mais le problème reste posé. Les gens pensent avoir trouvé la formule en s'entraînant à partir de minuit. Sauf que cela n'a pas donné ses fruits sur le terrain.
C’est-à-dire ?
Il y a un problème de biorythme. Beaucoup d'équipes n'ont pas réussi à atteindre leurs sommets. C'est d'ailleurs ce qui explique le championnat inédit auquel nous avons assisté durant la saison qui s'est écoulée. Aucune équipe n'a pu se transcender et aller très loin dans sa préparation. C'est pour cela que j'invite tout le monde à se pencher sur cette épineuse question. J'en avais déjà parlé par le passé mais ça n'a toujours rien donné. C'est juste parce c'est Biskri qui en avait parlé. Si c'était Jean-Paul ou Benjamin qui l’avaient fait, les choses auraient sans doute bougé. A-t-on déjà vu une étude technique sur notre championnat ? Surtout pour cette saison qui a été exceptionnelle, tant en Ligue 1 qu'en Ligue 2 où on a enregistré beaucoup d'anomalies. Il fallait marquer une halte, en tirer les leçons pour donner des orientations aux clubs.
Il faudrait aussi que les techniciens du foot se penchent sur le problème, non ?
Mais les entraîneurs ne font pas de rassemblement, aucun technicien n'a présenté son bilan pour évoquer les difficultés de préparation durant le Ramadan. Mais la question est surtout à poser aux scientifiques. Les glucides, lipides et les protides proviennent de l'alimentation. Or, on sait tous que les apports nutritionnels diminuent pendant le mois sacré, et donc que le travail se fait en baisse. Et quand on travaille en baisse, il y a déficit, cela signifie qu'il y aura des conséquences néfastes sur l'organisme de chaque athlète. Il est temps aujourd'hui de faire une étude sérieuse pour bien cerner le sujet. Nous avons des médecins spécialistes et compétents qui n'ont jamais été sollicités, aujourd'hui on se pose toujours la même question : que se passe-t-il ?
Avez-vous une anecdote à nous raconter par rapport à l'effet du Ramadan sur l'entraînement ?
J'en ai eu une, c'est la meilleure. Une fois, j'avais en charge l'équipe du NAHD, on avait donné rendez-vous aux joueurs au stade du 5-Juillet pour s'entraîner le lendemain sur un des terrains annexes du complexe. Le moment venu, un joueur m'a appelé pour me dire : coach, je suis au stade Zioui mais je ne vois personne du groupe ! Quand je lui ai rappelé que la séance devait se tenir au stade olympique, il s'en est souvenu mais il a enchaîné en disant : ok, je commence l'échauffement, je vous attends à Zioui ! Bizarre, non ? Le lendemain, je ne l'ai même pas sanctionné, je savais pertinemment qu'il avait été sonné par l'effet du Ramadhan.
H. D.