Madjer : «Le sacre de l’EN U23, j’y crois !»

Rabah Madjer est particulièrement content de ce qu’accomplit l’EN U23. Il y voit le triomphe du joueur local marginalisé par les irresponsables locaux…

Votre génération a été la dernière sélection algérienne ayant participé aux JO, vous vous en souvenez ?

Oui, très bien même. C'était en 1980 aux JO de Moscou, on est allés jusqu'en quart de finale, ce qui n'est pas rien. C'est une génération qui est restée dans l'histoire, elle a été présente dans toutes les compétitions : JO, CAN, Mondial. C'était le début d'une grande aventure footballistique, avec des géants qui ont écrit l'histoire. L'an prochain, 36 ans après, une autre sélection algérienne participera aux JO, je suis doublement heureux pour eux.

Pourquoi doublement ?

D'une part, ils sont en finale de la CAN U23 et qualifiés aux JO. D'autre part, ils l'ont fait uniquement avec des joueurs locaux. Personnellement, cela fait de très longues années que je parle des joueurs locaux, en disant qu'il faut leur faire confiance. Dieu merci, le temps m'a donné raison et a mis en tort ceux qui les ont marginalisés. Ces jeunes ont répondu à ces gens-là, à leur manière, en disant à tout le monde : «Nous sommes de bons joueurs et nous sommes là !»

Peut-on oser dire que cette génération marche dans le sillage de la vôtre ?

En tout cas, ils ont envoyé un signal fort aux dirigeants en montrant qu'ils peuvent aller dans la direction de leurs illustres aînés. Il faut leur faire confiance.

Comment voyez-vous la finale contre le Nigeria ?

C'est une finale, ce ne sera pas facile pour nous comme pour eux. Nos jeunes ont tous les moyens de créer la surprise et brandir le trophée africain.

Quelles sont les joueurs algériens qui vous ont impressionné ?

Honnêtement, je n'ai pas retenu les noms. Cela dit, j'aimerais savoir comment on a fait pour monter cette équipe. Croyait-on vraiment en ces joueurs, au début ? Je ne le pense pas car la préparation a été effectuée à la va-vite. Ces joueurs, avec leur seule volonté, ont montré que le joueur local est là et qu'il peut faire de bonnes choses. Les gens ne pensaient qu'aux joueurs venus de l'autre côté du continent. Aujourd'hui, certains s'amusent, à travers des déclarations dans les journaux, en essayant de nous donner des leçons en laissant croire que ce sont eux qui ont fait cette équipe. Non, vous n'avez rien fait, monsieur ! Vous avez oublié ces gens-là. Le mérite revient à ces joueurs et leur staff technique.

C'est clair, votre propos vise Raouraoua, le président de la FAF...

Ça, c'est vous qui le dites. Moi, je ne cite jamais de nom. Seulement, je n'aime pas qu'on soit la risée des gens. On a oublié ces joueurs, maintenant qu'ils sont qualifiés aux JO et qu'ils vont jouer la finale de la CAN U23, chacun veut se montrer pour essayer d'en tirer une gloriole. Les seuls honneurs reviennent aux joueurs et leur staff technique, point à la ligne ! Je suis très content pour ces jeunes parce qu’ils ont mené un combat pour qu'on s'intéresse à eux. Mieux vaut tard que jamais.

Le sacre, vous y croyez ?

Oui ! Nous avons une très bonne équipe, je l'ai vue à l'œuvre justement contre le Nigeria, en match des poules. C'est une équipe qui s'organise très bien sur le terrain, en jouant les contres qui portent souvent leurs fruits. Les joueurs ont une chance qu'il ne faut pas laisser passer : brandir le trophée africain. Il faut jouer avec beaucoup de rigueur et en misant encore sur ce qui a toujours fait notre force : le football à l'algérienne. Il y a une année, l'ES Sétif a gagné la Ligue des champions avec des joueurs locaux, l'USMA s'est hissée récemment en finale de la même épreuve aussi avec des locaux, maintenant l'EN U23 est également aux premières loges avec un produit local, voilà trois preuves éclatantes que le football local a des valeurs à qui il faut faire confiance. Nous le disions depuis belle lurette, le temps ne nous a pas démentis, Dieu merci. Il est temps de s'intéresser à nos jeunes, qui sont délaissés et marginalisés par certains responsables.

H. D.

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