Les présidents de clubs de la Ligue 1 Mobilis se sont donc réunis avec le président de la FAF, Mohamed Raouraoua, pour parler de cette histoire de plafonnement des salaires à partir de la saison 2016/2017. Après des tractations, il a été décidé à l’unanimité d’appliquer cette décision qui vise à ne pas dépasser la barre des 100 millions de centimes par mois pour les joueurs. Tout le monde était satisfait par cette réunion puisque selon les présidents, cette mesure va permettre aux clubs de respirer face à une masse salariale qui ne cesse d’exploser d’année en année. C’est pour cela que les présidents ont décidé d’opter pour cette mesure drastique pour la saison prochaine.
L’échec de 2013/2014
Ce n’est pas la première fois que la tentative de plafonnement des salaires a été lancée. Il y a trois ans de cela, les dirigeants de club ont lancé cette mesure en plafonnant les salaires à hauteur de 120 millions. Si la LFP avait au départ pris partie dans cette décision, les joueurs ont eux protesté à l’ouverture du championnat contre cette décision et cela avait conduit la LFP à laisser tomber et même les présidents ont dû faire marche arrière. C’était un échec cuisant pour les présidents qui n’ont pas réussi leur coup. Maintenant, confrontés à la réalité économique et face aux difficultés, ils ont décidé de relancer la donne et tenter d’avancer en remportant cette fois-ci la victoire dans ce dossier.
Consensus
D’après tous les présidents, la donne est claire, on veut tous la même chose, à savoir faire baisser la masse salariale et mettre un frein aux salaires exorbitants que touchent les joueurs et qui ne cessent d’enfler de saison en saison. Cet accord conclu dont se sont félicités les responsables des clubs après leur réunion avec le président de la FAF fait que tout le monde accepte d’être sur la même longueur d’onde sur cette affaire et qui va selon eux faire avancer les choses dans le bon sens tout en garantissant une pérennité sur le plan financier sans avoir à s’endetter chaque saison.
Les dessous de table
Si les présidents ont accordé leur accordéon sur cette affaire, il n’en demeure pas moins que la crainte de revoir «la chkara» est bien réelle. Même si on a tous noté une réelle volonté de tous les présidents, ce point sensible demeure la seule inquiétude dans le sujet. Cependant, tout le monde se veut optimiste par rapport à cette question et les présidents se sont engagés à faire le nécessaire pour que cette seconde mesure soit une réussite.
Les joueurs doivent être partie prenante
Cette initiative des présidents se veut donc une porte de sortie pour survivre dans un contexte difficile. Cependant, il y a un bémol dans tout cela et il n’est pas des moindres. En effet, les joueurs et jusqu’à l’heure actuelle n’ont pas été conviés à assister aux discussions concernant le plafonnement des salaires. Une situation qui pourrait créer un climat malsain. Les joueurs doivent donc être partie prenante dans ce dossier qui demeure très sensible car il faudra un consensus total entre les différentes parties qui sont engagées dans cette affaire.
I. Z.
Mecherara : «Je ne pense pas que ça va marcher»
Connu pour sa grande connaissance dans ce domaine, l’ancien patron de la LFP que nous avons contacté à aimablement répondu à nos questions concernant le plafonnement des salaires. Pour lui, il y a beaucoup de choses qui entrent en compte et notamment le volet légal. De plus, il est plus que primordial d’associer les joueurs dans cette affaire car ils sont directement concernés par la mesure en question.
Que pensez-vous du plafonnement des salaires, surtout que dans un entretien accordé à Compétition vous faisiez savoir que c’était illégal ?
Je pense qu’on n’a pas le droit de légiférer un texte du gouvernement. Certes, on peut faire en sorte de créer un groupe de travail qui va se charger de faire des propositions pour le gouvernement. Cette dernière, dans le cas où elle serait d’accord, établirait un décret pour faire avancer les choses. Sinon, je continue de penser qu’il est impossible de plafonner les salaires. Par contre, je pense qu’il est possible de plafonner les cotisations.
Que voulez-vous dire par là ?
Au mois de novembre dernier, le gouvernement a établi un décret concernant les travailleurs non salariés (CASNOS) pour fixer le taux de leurs cotisations qui a été décidé et qui est de l’ordre de 20 fois le smic. Cependant, là, les joueurs de football n’ont pas été concernés par cette mesure. Maintenant, il y a un accord entre la FAF et la CNAS concernant le plafonnement des cotisations. Le joueur devra payer 9% tandis que le club devra s’acquitter de 26%. Donc, comme je l’ai déjà assuré, il faut faire des propositions au gouvernement et attendre un décret.
Les présidents disent s’être mis d’accord sur le sujet. Qu’en pensez-vous ?
Si les présidents se mettent d’accord et qu’ils décident de faire le nécessaire pour faire en sorte que tout le monde respecte l’engagement pris, alors ça pourrait marcher. Il faut qu’il y ait des sanctions contre ceux qui n’appliquent pas les engrangements pris. Par exemple, ils peuvent faire en sorte de refuser d’enregistrer le contrat d’un joueur dépassant le barème fixé. Donc, s’il y a une convention signée entre les différentes parties, il faudra avant tout faire le nécessaire pour que chacun la respecte.
Les joueurs vont-ils accepter pareille situation ?
Justement, c’est ce que je trouve anormal. Les joueurs doivent être appelés à participer au débat. On ne peut pas leur imposer ces décisions. Rappelez-vous, il y a deux ans, les joueurs avaient protesté et la ligue avait fait machine arrière. Si cela se reproduit, le championnat pourrait ne pas démarrer. En plus, il y a un point important.
Lequel ?
Comment faire pour imposer à un joueur une baisse de salaire alors qu’il a un contrat allant jusqu’en 2019 par exemple et qui a un gros salaire mentionné noir sur blanc dans son contrat. Non seulement si le joueur saisit la justice, il obtiendra gain de cause et récupérera sa libération. Donc, c’est compliqué.
Que faut-il faire ?
Il faut associer les joueurs à travers une association ou une autre formule et cela doit toucher tout le monde, pas seulement un joueur qui toucherait 200 millions ou plus. D’ailleurs, les salaires cités ne sont que 3% des joueurs. Sincèrement, je ne pense pas que ça va marcher pour cette histoire de plafonnement.
I. Z.
Bouhenni : «On fera tout pour que ça réussisse»
Le président du RCR qu’on a contacté est conscient que cette mesure prise fera beaucoup de bien aux joueurs et qu’elle permettra de faire avancer les choses dans le bon sens : «On s’est réunis entre présidents et on a pris les mesures nécessaires pour faire avancer les choses. Le plus important maintenant, c’est que tout se passe bien et qu’on puisse parvenir à régler ce cas. On va encore parler au cours de la prochaine réunion lors de l’AG de la FAF. Malek et Amani vont présenter ce qu’il faut pour qu’on puisse sortir avec des décisions fortes.»
Guellati : «On n’a pas été informés»
Du côté de la formation de la Ligue 2 Mobilis, la JSMB, le président béjaoui, Guellati, avoue ne pas avoir été informé par cette mesure pour le moment. «Actuellement, On n’a pas été saisis ni informés. Je pense toutefois que ce serait une bonne chose. On nous a suggéré une rencontre avec tous les clubs. On ne sait pas pour le moment si tous les clubs vont en faire de même.»
Bennaï : «100 millions, c’est déjà beaucoup»
Chez l’autre formation béjaouie à savoir le MOB, la donne est pratiquement la même. Arab Bennaï est pour cette mesure : «On est pour le plafonnement des salaires, je trouve que c’est quelque chose de positif que d’être arrivé à cette donne. Déjà, je trouve que 100 millions c’est déjà beaucoup.»
I. Z.
Hassani Krimo : «Si on l’applique, oui…»
Le téméraire dirigeant du MCO, qui est dans le circuit du football depuis plus de quarante ans, reconnaît que «c’est une bonne chose que de plafonner les salaires. Toutefois, il faudrait que tous les clubs s’y mettent, on craint les dessous de table», affirme Hassani Krimo qui salue aussi l’initiative des instances du football national de vouloir imposer le règlement intérieur aux joueurs. «Désormais, il y aura un seul prototype pour tous les clubs, ce règlement intérieur sera élaboré par la LFP. Il est temps de mettre fin à l’anarchie qui règne dans nos clubs», conclura Hassani.
M. S.