Avant de s’envoler pour le Québec pour donner des cours aux entraîneurs de ce pays, et achever son séjour hier par une conférence aux entraîneurs locaux, le sélectionneur de l’EN, Christian Gourcuff a préfacé un ouvrage de tactique rédigé par des amateurs.

 

Cela n’est pas passé inaperçu, puisque la presse bretonne s’y est intéressée et a interviewé le coach des Verts qui a expliqué ses idées et les raisons qui l’ont poussé à venir en aide à de jeunes amateurs : «J'ai accepté très rapidement car même si les auteurs sont amateurs, ils sont passionnés. La tactique est un domaine qui me passionne, c'est l'essence même de mon métier d'entraîneur, de m'intéresser à la façon de jouer d'une équipe.»

 

«Ne jamais confondre tactique et stratégie»

Adepte du 4-4-2, Gourcuff nous en a montré de toutes les couleurs, il a façonné son dispositif à maintes reprises et le voilà en train de nous l’expliquer en le décrivant comme étant son «code de vie» : «C'est ce qui permet de faire émerger le jeu. Il ne faut pas confondre ça avec la stratégie, qu'on adopte sur un match précis. La tactique, c'est bien plus profond. C'est un code de vie commun, de travail, d'animation pour créer une façon de jouer plus pérenne, au-delà des entraîneurs et des joueurs qui vont et viennent. L'exemple le plus remarquable étant le FC Barcelone. C'est une façon pour un groupe d'exister quel que soit l'adversaire. Disons que la tactique, ce sont les fondations d'une maison. Si ce n'est pas solide, la maison ne tient pas la route. Et on ne peut pas faire la décoration», a-t-il fait la comparaison sachant que les fondations de la sélection algérienne laissent à désirer.

 

«Comprendre les tactiques n’est pas intello et il est dur de décortiquer derrière un écran»

Après avoir classé les types de supporters qui existent louant les mérites des passionnés, il nous apprend que la tactique est du domaine que n’importe quel supporter peut comprendre. Ces propos pourraient avoir un lien avec la pression qu’il vit en Algérie, et ou la plupart lui reprochent la même chose, le peuple algérien étant un passionné et un connaisseur : «Ce n'est pas si compliqué que ça, la tactique. On peut vulgariser, ce n'est pas tellement intello. N'importe quel spectateur attentif peut voir si l'espace sur le terrain est bien occupé, si son équipe est bien coordonnée dans toutes les phases de jeu. La tactique fait émerger le jeu et la créativité, ce n'est pas obscure, au contraire.» Et d’enchaîner : «C'est toujours intéressant pour un spectateur de comprendre un bon ou un mauvais passage de son équipe dans le match. Cela permet de prendre du recul sur le seul résultat de la rencontre. Avoir des notions est une bonne chose. Mais quand on voit jouer le FC Barcelone, c'est le jeu qui nous transporte, pas la tactique.»

Gourcuff qui n’aime pas trop se rendre dans les stades algériens ou européens, pour dénicher des oiseaux rares, et qui se fie un peu trop aux rapports de ses adjoints, affirme le contraire à Ouest-France : «Être au stade est quand même une situation privilégiée. On observe mieux les déplacements, le jeu. Et il y a une dimension émotionnelle qui ne transpire pas dans le passage à la télé, qui se concentre souvent sur le ballon, les joueurs qui dribblent et les visages. Dans un stade, on voit tout en mieux», dira-t-il en donnant l’impression de lancer des fléchettes à ceux qu’il a surnommés les techniciens des plateaux télé qui l’ont copieusement critiqué.

S. M. A.