A la fin de la séance d’entraînement, le technicien franco-serbe du Chabab a accepté de répondre à nos questions. L’occasion pour lui de balayer l’actualité de son équipe marquée par la préparation de la réception de la JSS vendredi mais aussi par le souci éternel d’argent. L’EN a été évoquée et, cette fois, Todorov livre une analyse directe de la défaite au Cameroun tout en donnant un conseil à Alcaraz, partir de lui-même. Entretien.
A 2 jours du match face à la JSS. Comment se passe la préparation ?
Pour le moment, on fait avec ce qu’on a. Les problèmes existent mais je ne vais plus parler de cela puisque ça existe depuis la saison passée et ils vont exister jusqu’à la fin de saison. Il faudra gérer ça aussi. Donc, je parle aux joueurs chaque jour pendant 20 minutes pour qu’ils gardent le moral et qu’ils soient sérieux et qu’ils donnent tout. On va jouer face à une très bonne équipe qui m’a laissé une bonne impression lorsque je l’ai vue à la télé.
Le groupe est-il au complet ?
De ce côté-là, je suis soulagé car je récupère tous les blessés. Il reste Chebira sur lequel on doit trancher demain (aujourd’hui, ndlr) et Tariket qui a mal aux adducteurs. Les autres, j’ai pu les récupérer. Aujourd’hui, on travaille bien et il nous reste du temps pour se concentrer. On veut gagner le match et rester parmi les premiers.
Comment se présente cette rencontre face à la JSS dont vous vantiez les mérites ?
Ça se présente comme une rencontre très importante. Tous les matchs sont difficiles et celui-là le sera aussi. C’est une équipe qui presse bien et joue l’attaque. Ce sera à nous de gérer car on a une idée sur la manière avec laquelle aborder cette rencontre. On va essayer de répondre présent face à l’adversaire avec nos moyens. On va réfléchir à la meilleure solution pour les empêcher de développer leur jeu.
Après le dernier match de l’ESS, peut-on parler de réaction ou de rachat ?
Non, pas de réagir. C’était un bon match face à l’ESS contrairement à ce qui a été dit. Pour moi, à partir du moment que les joueurs donnent tout sur le terrain, c’est bien. Même si le résultat ne répond pas aux attentes, il faut oublier et penser au prochain match. De ce côté-là, le message est bien passé. Ceux qui ne sont pas en forme sont dans un bon esprit. Je suis désolé pour eux car j’aimerais qu’ils avancent mieux mais ils affichent un bon état d’esprit.
Vous avez évoqué les problèmes de l’équipe. Comment arrivez-vous à garder les joueurs concentrés ?
Je répète toujours la même chose. Il n’y a pas de magie. Il faut penser que le problème existe partout. Quand on a un problème dans la vie, il ne faut pas en inventer un autre. Il faut tout oublier et se dire qu’avec les problèmes, on a un terrain où s’entraîner. Il faut penser seulement au terrain qui nous donne du plaisir et rester parmi les premiers du classement.
Le championnat a observé une trêve. Pour vous c’est une bonne ou mauvaise chose ?
Ça casse un peu le rythme mais chaque club a sa propre situation. Ils gèrent ça et nous, quelque part, ça tombait bien puisqu’on avait des blessés. Ça nous a servi pour rattraper la baisse de forme de certains. Chaque club regarde par rapport à sa situation. Maintenant, je n’ai pas compris une chose.
Laquelle ?
La convocation de joueurs en équipe nationale, alors qu’il n’y a pas de matchs. Dans certains cas, on enlève les moyens de bien travailler aux clubs mais ça, ce n’est pas moi qui décide mais il faut s’adapter. Je ne cherche pas d’excuses. J’ai encore quelques jours et je vais sortir la meilleure équipe. Les joueurs m’ont fait plaisir depuis l’entame de la saison et j’espère que ça va continuer comme ça.
On imagine que vous avez suivi le match de l’équipe nationale. Quelle analyse faites-vous de cette rencontre face au Cameroun ?
Bien sûr, j’ai même pris des notes. Quand on est entraîneur, on cherche à progresser et analyser mais pas pour critiquer les collègues car c’est un métier compliqué. Moi, je pense que c’est trop tard. On a le droit de dire ce qu’on pense. Je pense qu’il y a des choses qui ont été flagrantes. Cette équipe elle a perdu le sourire et l’entraîneur a perdu confiance en lui-même. Quand vous arrivez à ça, c’est difficile. Chacun analyse à sa façon et trouve des problèmes mais ça c’est partout dans le monde. Je pense que quand on est entraîneur et qu’on fait de mauvais résultats, on doit changer la tactique ou changer les joueurs. Seulement, étant sélectionneur, je pense qu’Alcaraz a fait une faute de sa part en changeant la tactique.
Pourquoi ?
Pour choisir une tactique, on choisit par rapport aux joueurs et non pas en essayant d’imiter une autre équipe. Il fallait que notre ami Alcaraz comprenne la mentalité et la qualité du joueur algérien qui est basée sur la technique. Il faut les convaincre de défendre comme ils le font en club. D’un seul coup, on cherche à diminuer les espaces sur le terrain.
Qu’avez-vous remarqué ?
Au bout de 6 minutes de jeu, j’ai vu un plan aérien du placement des joueurs de l’EN avec les trois joueurs écartés et 25 mètres entre eux, je me suis dit, c’est un danger. Ils ont joué avec une tactique à laquelle les joueurs ne sont pas habitués et qu’ils n’ont pas eu le temps de travailler assez. Quand Feghouli dit qu’ils ont bien travaillé, c’est un bel état d’esprit. Sans critiquer les choix de l’entraîneur, on ne change pas une tactique comme ça. Il a fait jouer Feghouli latéral alors qu’en club, il est ailier et très dangereux. On a mis en avant-centre Soudani alors qu’il joue dans un autre poste en club. Feghouli ne pouvait collaborer avec son camarade. Comment avoir les liaisons entre les lignes ? Je pense que toutes les analyses sont faussées sur le rendement individuel. 85% des joueurs diront : «Je ne sais pas quoi faire sur le terrain.» Quand on arrive à ça, un cul de sac, c’est que la situation est grave. N’importe quel sélectionneur qui arrive pour diriger l’Algérie sera content car les résultats ont été catastrophiques et il ne pourra faire que mieux. S’il est intelligent, il remet les joueurs écartés et les responsabiliser. J’étais sélectionneur et je prenais des joueurs de 4e division et avoir des résultats.
Ce n’est pas la même chose avec l’Algérie…
Ici, il y a de la patte. Il y a 40 joueurs qui sont tous bons en clubs. Il faut les choisir et savoir qui sont bons et complémentaires et contents d’être ensemble. Il ne faut faire cadeau à personne, comme ça a été fait. C’est là que la différence s’est faite. Les joueurs c’est comme la soupe. Un entraîneur, c’est lui qui règle la cuisson et fait en sorte de ne pas la cramer. Parler qu’il faut tout reconstruire est une bêtise. Il faut structurer le championnat avant tout. N’importe quel entraîneur qui vient et s’il a le courage de ne pas écouter tous les connaisseurs et faire comme lui le voit, il pourra réussir. Il y a deux choses importantes.
Lesquelles ?
Le patron de la Fédération. Sa qualité première doit être de choisir l’entraîneur et ce dernier doit savoir choisir ses joueurs et ne pas se tromper dans ses messages. S’il y en a un qui s’est trompé, ça ne marchera pas. Cette équipe d’Algérie a un groupe intéressant. Parler qu’il faut tout changer c’est des bêtises. Il faut voir un entraîneur qui a du courage.
Ça parle beaucoup de l’avenir du sélectionneur national. Pensez-vous que son limogeage est la solution ?
Par principe, par solidarité et par respect du métier, je serai contre. Pour être honnête, si j’étais à la place d’Alcaraz, je partirais de moi-même.
- Z.
Lemhène : «Je réintègre le groupe dans 10 jours»
Le meneur de jeu du Chabab continue son travail en solo car il n’est pas encore remis de sa blessure. Cependant, il se porte beaucoup mieux. Accosté à l’entraînement hier, il espère revenir dans les 10 prochains jours : «Je me sens nettement mieux. Maintenant, je ne sais pas encore la date exacte de mon retour mais en principe je réintègre le groupe dans 10 jours.»
Badou Zaki à Alger depuis hier
L’ancien entraîneur des Rouge et Blanc Badou Zaki est arrivé hier à Alger pour participer à un évènement. D’ailleurs, le président du club, Hadj Mohamed, Chouchar et Todorov sont partis l’accueillir à son arrivée à l’aéroport. Ils n’étaient pas seuls puisqu’un groupe de supporters a également fait le déplacement pour revoir l’entraîneur qui a fait un très beau parcours avec la formation de Laâqiba.
Chebira fait durer le suspense
Le capitaine belouizdadi n’est pas tout à fait remis de sa blessure. Incertain pour la JSS, il fait durer le suspense puisque le coach ne veut prendre aucun risque avec lui s’il n’est pas à 100%. Dans ce sens, une décision finale sera prise aujourd’hui par rapport à sa participation à la rencontre ou pas.
Tariket sous la menace
Le jeune milieu de terrain algérois a déjà reçu 3 cartons jaunes et par conséquent, il devra faire attention vendredi s’il ne veut pas être suspendu puisqu’il est sous la menace.
Bonne ambiance à l’entraînement
Les joueurs du Chabab se sont entraînés hier matin au 20-Août. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’une bonne ambiance régnait. Un état d’esprit qui laisse optimiste pour un bon résultat face à la JSS.