Quelques jours après l’élimination de l’USMA en Coupe de la CAF, le directeur général du club, Hakim Serrar, nous livre son sentiment, après qu’il a promis ce trophée à sa prise de fonction. Il évoque aussi les raisons de cet échec et envoie un message aux Rouge et Noir. Entretien.
Avant tout, comment s’est passé la reprise des entraînements après l’élimination inattendue en Coupe d’Afrique ?
Bien évidemment, nous sommes tous sous le coup de cette élimination, car comme vous venez de le préciser, on ne s’attendait pas à cela. Avant la reprise, on m’a appelé au siège du club pour me demander si on devait délocaliser la séance d’entraînement de mardi afin d’éviter les supporters…
Et quelle a été votre réponse ?
Et bien j’ai refusé. Pourquoi voulez-vous qu’on délocalise un entraînement après cette défaite. Les supporters ont tout à fait le droit de venir et de dire ce qu’ils pensent aux joueurs suite à cet échec. Ils ont le droit de le faire, car ce sont les premiers affectés. Il ne faut quand même pas exagérer et s’attendre à ce qu’ils viennent accueillir les joueurs à l’entraînement avec des roses après cette défaite. Et c’est pour cette raison que j’ai maintenu toutes les séances à Bologhine…
Le comportement de vos fans fut exemplaire, que ce soit pendant ou après le match, d’ailleurs il n’y a eu aucune réaction de leur part après cette élimination?
Je dirais plutôt qu’ils sont sous le choc de cette élimination. Ils ne s’attendaient pas à voir leur équipe sortir aussi tôt de cette compétition…
C’est sûrement parce que vous leur avez promis cette coupe justement ?
J’ai effectivement promis cette Coupe d’Afrique, mais en arrivant à l’USMA, qui avait disputé à maintes reprises cette compétition, atteint la finale de cette ligue des champions, joué les demi-finales de cette LDC dans son ancienne version, disputé la Coupe de la CAF qui est d’un niveau inférieur, et au vu de tous les moyens humains et financiers qui sont mis au niveau de ce club, que vouliez-vous que je promette, un quart ou une demi-finale ? il faut quand même rester réaliste. Il y a beaucoup de personnes qui m’ont fait le reproche d’avoir promis ce trophée…
Vous les comprenez ?
J’ai même reçu des messages me disant que j’avais menti et que je n’avais pas tenu ma promesse. Comme s’il s’agissait d’un lot de terrain ou d’une maison que je n’ai pas pu ramener à cette personne. Certes, j’ai promis, car au vu des joueurs dont nous disposons et des moyens de ce grand club, j’y ai cru. Ce n’était pas du tout une manière d’exercer une pression sur mes joueurs, bien au contraire. C’était dans le but de les encourager et de les motiver, en leur précisant que quand on joue dans une grand club comme l’USMA, l’objectif ne peut être autre que de gagner cette Coupe d’Afrique et d’autres titres d’ailleurs.
Au vu de ce qui s’est passé, regrettez-vous d’avoir promis ce trophée ?
Pas du tout. Je dirais mieux encore : si c’était à refaire, je le referai. J’ai promis certes, mais on parle de football, il y a malheureusement parfois des paramètres qu’on ne maîtrise pas. Vous savez, avec tout le respect que je dois à cette équipe de Port-Saïd, ce n’est pas une équipe qui nous sort de cette compétition. Et ce qui m’a fait le plus mal, car après les supporters, c’est moi qui suis directement le plus affecté, c’est la peine et la tristesse causés à nos fans. Ils se sont déplacés en très grande masse à Sétif pour nous encourager et nous soutenir, ils y ont vraiment cru et malheureusement ils sont revenus à Alger bredouilles.
Que s’est-il passé justement sur le terrain, pourquoi l’USMA est-elle passée complètement à côté lors de ce match ?
Et bien, nous n’avons pas vu des joueurs avec de la grinta, de la volonté décidés à gagner ce match, mais plutôt des hommes habillés en rouge et noir sur le terrain sans la moindre conviction jouer d’une manière complétement incompréhensible. Même le jeu de l’USMA, basé sur les passes et des combinaisons en attaque, on n’a rien vu de tout cela. C’était un jeu long, sans la moindre construction, et ça m’étonne fort que ce soit l’entraîneur Froger qui ait demandé cela.
Vous avez tenu à vous réunir avec vos joueurs après ce match ?
Oui, lors de la reprise, je me suis réuni avec les joueurs, car il fallait les mettre devant leurs responsabilités et leur dire les quatre vérités en face et c’est ce que j’ai fait. Nous sommes au mois de septembre, et tout le monde est payé jusqu’au moindre centime, donc ces joueurs ont des obligations envers leur employeur qui est l’USMA.
Vous savez, on a pu constater qu’après une élimination en Coupe d’Afrique, l’équipe a tendance à sombrer, comme ce fut d’ailleurs le cas la saison dernière. Toutes les équipes ont réussi à se refaire une santé chez nous à domicile en nous battant, et donc il est impératif que ce scénario ne se reproduise pas encore cette saison. Il faut vite relever la tête, à commencer par ce samedi face à une équipe qu’il n’est pas des moindres, le PAC.
Surtout que bientôt il y aura le grand derby algérois face au MCA qui traverse lui aussi une crise actuellement…
Je dirais que le MCA est dans le coma, encore plus malade que nous. Mais lorsque le match de l’USMA arrive, ils réussissent toujours à se surpasser et à faire un grand match. J’espère que cette fois-ci, leur sortie de crise ne se fera pas à l’occasion de ce grand derby algérois.
Pensez-vous avoir commis des erreurs au niveau du recrutement ?
Franchement non. Pour ce qui est des joueurs que nous avons ramenés, notamment les jeunes, ils renferment de grandes qualités. Ibara, le joueur congolais, est un vrai attaquant de surface, il n’a que 22 ans et je suis certain qu’il réussira de belles choses à l’USMA. Maintenant, le seul regret que je peux avoir, c’est de n’avoir pas renforcé l’arrière-garde de notre défense. Mais ça se fera prochainement avec la mise en place d’une vraie cellule de recrutement. Elle sera composée de quatre personnes, 3 ici en Algérie et 1 à l’étranger afin de travailler au quotidien pour tenter de dénicher la perle rare. L’USMA est un vrai club professionnel, et on devra agir en tant que tel même concernant le recrutement.
Sincèrement, avez-vous songé à démissionner ?
Croyez-moi, l’idée ne m’a même pas traversé l’esprit. C’est facile d’écrire une démission et de l’envoyer, mais ça ne fera qu’envenimer les choses et mettre le club dans une crise sans fin. Moi je suis un compétiteur qui travaille dans le but de gagner. Dire que je ne suis pas un enfant du club c’est n’importe quoi, car mon objectif au quotidien à l’USMA c’est de faire en sorte de tout gagner. J’ai eu la chance de présider l’ESS pendant 10 ans et quand je suis venu à l’USMA, j’ai pu constater une grande différence dans la gestion…
Dans quel sens ?
Ici à l’USMA tout est parfaitement organisé, même votre budget vous le connaissez en début de saison. Or à Sétif, regardez Hammar, il court au quotidien à droite et à gauche pour tenter de dénicher des sponsors et trouver de l’argent. Le niveau de gestion à l’USMA est bien supérieur…
L’ESS justement qui réussit encore une fois à attendre le carré final de la LDC ?
Je suis très content pour l’ESS. Cette équipe a réussi à se faire une identité africaine. Ils ont peiné pour cela en étant éliminés plusieurs fois par le passé, mais quand un joueur vient à Sétif, même s’il n’a jamais joué cette compétition, il est porté par ce club, à l’image des Redouani, Zeghba et autres pour aller le plus loin possible. Face au Ahly, ça ne sera pas facile, mais avec le bloc défensif sétifien, ils sont capables de réussir quelque chose. Je dirais aussi que Hammar fut par le passé un bon élève, à présent c’est lui qui donne les leçons aux autres présidents.
Malgré toutes les belles générations qui sont passées à l’USMA, aucune n’a réussi par le passé à gagner ce trophée, y a-t-il un complexe vis-à-vis de cette Coupe d’Afrique ?
Je ne dirais pas complexe, mais ce qui nous manque c’est peut-être cette caractéristique de club africain. Vous savez, l’USMA a perdu 7 finales consécutives en Coupe d’Algérie, mais après elle en a gagné 8 et détient le record avec l’ESS. Donc, avec toutes ces participations, ça va venir, et l’USMA se fera elle aussi un nom dans ce continent.
Un mot pour les supporters ?
Je leur demande pardon de n’avoir pas ramené ce trophée qu’ils attendaient depuis tant d’années. J’aurais tant aimé le faire. Mais bon, malgré cet échec, il faut qu’ils restent aux côtés de leur club. Moi je partirai un jour, ces joueurs partiront aussi, mais l’USMA demeurera toujours vivante et restera debout, donc protégez ce patrimoine et surtout restez positifs.
- H. A.